Roestraten, un peintre et un orfèvre…

Il y a 321 ans nous quittait un grand peintre du Siècle d’or hollandais : Pieter Gerritsz van Roestraten.


Elève de Frans Hals dont il épousa la fille en 1654, il vécut à Harlem et Amsterdam avant de déménager à Londres à une date incertaine entre 1660 et 1666, où il sera grièvement blessé lors du grand incendie de la ville. On suppose qu’il a été présenté au roi Charles II par l’intermédiaire du peintre Peter Lely, un autre néerlandais, installé à Londres et spécialiste des portraits. Roestraten abandonna sa spécialité d’alors, les scènes de genre, pour se consacrer aux natures mortes, mettant en scène principalement des orfèvreries et des matières précieuses. Ces natures mortes d’apparat rencontrent un grand succès par le talent de Pieter Gerritsz van Roestraten à rendre les textures sur les métaux et les bijoux. Il va souvent représenter les mêmes objets en changeant seulement la composition pour mettre en exergue un aspect plutôt qu’un autre selon l’effet recherché.

Photo Franck Boucourt

Le musée possède de ce peintre une majestueuse nature morte aux orfèvreries qui montre ce goût pour les objets récurrents car le grand pot à couvercle en argent orné de mascarons et de décors végétaux travaillés au repoussé se retrouve comme sujet principal de deux autres natures mortes conservées au Rijksmuseum et au Victoria and Albert Museum de Londres. Pour découvrir l’œuvre laféroise du peintre, il faudra vous rendre à l’exposition du Musée de la Nacre de Méru « Coquillages, de la science au kitsch » visible jusqu’au 2 janvier 2022.
Roestraten meurt le 10 juillet 1700 et est enterré à Londres.

La recherche continue au musée

C’est l’été mais le musée reste actif dans l’étude et la conservation de ses oeuvres !

David Lainé, de l’PARC (International Platform for Art Research and Conservation) est venu réaliser une étude scientifique préalable à la restauration du triptyque de l’Adoration des mages réalisée par l’atelier du peintre Pieter Coecke van Aelst.

Les panneaux du triptyque présentent des fentes dans le bois qui doivent être surveillées par l’oeil exercé d’un restaurateur, et David Lainé a étudié le phénomène par des clichés utilisant les ultra-violet et les infrarouges.  Des radiographies à rayons X ont également été réalisées.


Ces investigations préalables vont permettre de réaliser u n schéma des altérations pour envisager la restauration de l’oeuvre dans de bonnes conditions.

Détail du mois de juillet : un retour de chasse arrosé…

Le détail du mois de juin est extrait d’une nature morte au lièvre, sans doute réalisée par un suiveur de Claude François Desportes, peintre français du début du XVIIIe siècle. Le détail s’attarde sur l’arrière-plan où l’on trouve le roboratif en-cas d’un chasseur, constitué de vin rouge, de vin blanc, de saucisson, de pain et d’une large tranche de fromage.

Apparentée aux scène de cuisine et au motif du garde-manger, la nature morte de chasse est l’occasion d’une caractérisation sociale qui servent les intérêts princiers et aristocratiques, en renvoyant au privilège du droit de chasse. Ces natures mortes sont généralement de grand format et destinées à des palais, ou du moins des intérieurs spacieux.

Si le pain et le vin peuvent renvoyer à l’eucharistie, il s’agit ici de fêter plus prosaïquement la nourriture paysanne, acceptable dans le contexte d’un retour de chasse dans une arrière-cuisine, mais qui ne pourrait être présenté sur une table de château, où fromage et cochonnailles sont considérés comme trop rustre pour les estomacs délicats de la noblesse. Les mets transformés peuvent néanmoins avoir une signification spirituelle, car ils sont issus de l’élevage et de l’agriculture, travail obligé d’Adam après le péché originel alors qu’auparavant il lui suffisait de cueillir les fruits du paradis.

Vous pouvez découvrir cette peinture restaurée à l’occasion de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte, vous pourrez également participer aux ateliers photos pour découvrir ce genre autrement et composer votre propre nature-morte ! Attention, c’est sur réservation et les places sont limitées !

La vaisselle dans les natures mortes

Si les natures mortes font la part belle aux denrées alimentaires, celles-ci sont mise en valeur généralement dans des contenants : du rustique panier d’osier à la délicate porcelaine importée de Chine, les artistes ont puisé largement dans les celliers et vaisseliers pour agrémenter leurs compositions.

L’étain

Détail d’un gobelet en étain sur la nature morte de homard, Johannes Hannot

Métal domestique par excellence, l’étain est le roi des tables bourgeoises au XVIe siècle, imitation bon marché des plats d’argent de la noblesse. Différents types de vaisselle du XVIe au XIXe siècle illustrent la diversité et l’évolution des usages culinaires. La channe (broc à vin à couvercle) et le grellet (écuelle) sont les formes les plus caractéristiques de cette production présente sur toutes les tables au XVIIe siècle, période à laquelle cet art atteignit son apogée.

L’étain est un métal plutôt souple et se caractérise par une usure assez rapide, les pots et ustensiles sont alors refondus pour couler le métal de nouveau.

 

Le cuivre

Détail avec bassine en cuivre et pot de terre cuite, sur intérieur de célier hollandais du XVIIe siècle

Le cuivre est le tout premier métal utilisé par l’homme. Son utilisation date du néolithique et la production n’a cessé d’évoluer. Dès l’âge de Bronze, le cuivre est allié avec de l’étain ou du zinc pour faire des marmites. Il dispose de la meilleure conductivité thermique après l’argent, c’est à dire qu’il transmet bien la chaleur et la répartit de manière uniforme et rapide. Il possède des qualités antibactériennes naturelles qui aident à lutter contre toute contamination par des champignons et autres bactéries responsables du pourrissement des aliments. D’ailleurs dans les pays chauds, le lait est conservé dans des pots en cuivre.

Le cuivre a néanmoins un défaut : il s’oxyde et nécessite un entretien spécifique pour éviter que le vert-de-gris qui se développe n’empoisonne les aliments, c’est ce fastidieux travail qui est représenté sur le tableau de l’Ecureuse.

L’Ecureuse, anonyme hollandais du XVIIIe siècle

La faïence

Pichet en faïence de Delft et roemer sur le portrait de famille hollandais du milieu du XVIIe siècle

Les manufactures de faïences de Delft furent réputées à partir du début du XVIIe siècle. La faïence de Delft  la plus ancienne est une petite carafe à eau aromatique conservée au musée de Nienburg (Allemagne). Elle est datée de l’année 1609.

Appelée de façon erronée la Hollants Porcelyn, elle concurrence les importations de porcelaine de Chine avec des imitations à moindre coût. Très logiquement, les premières pièces produites furent décorées de bleu à décor de chinoiseries. On ne connaît généralement des faïences de Delft que les blanches à décor bleu, appelées « Bleu de Delft ». Il en existe cependant de nombreuses variétés à vive polychromie.

La manufacture De Koninklijke Porceleyne Fles ou « Royal Delft », fondée en 1653, est la plus ancienne encore en activité.

 

Le verre

Détail de nature morte de homard avec un roemer à pastillage

Le verre concurrence en partie l’étain et la production concerne surtout les contenants pour boire. On retrouve notamment les imposants roemers, fabriqués en Allemagne ou aux Pays-Bas, reconnaissables à leur partie centrale décorées de pastilles, parfois en verre coloré. On trouve également des hautes flûtes étroites réalisées en verre soufflé. La verrerie la plus recherchée est produite évidemment à Venise, même si le cristal de Bohème commence à s’imposer.

 

La terre cuite

Pot de terre cuite dans la nature morte de poisson de Pieter de Putter

Les pots de terre cuite évoquent des atmosphères rustiques ou paysannes, ou renvoient à la vie domestique car il s’agit d’objet utilitaires en cuisine, en opposition aux objets d’apparat placés sur la table.

Les tout premiers objets de terre cuite datent du Paléolithique supérieur : les hommes ont fabriqué des cruches, des plats, des urnes en argile cuite sous un feu de bois, en plein air. D’un faible coût mais relativement fragile, la terre cuite est un objet modeste qui avoisine souvent les travaux de vannerie.

 

Paniers et corbeilles

Détail de scène de cuisine par J. Nollens

Les tables rustiques mise en scène par les peintres présentent généralement au moins un travail de vannerie, réalisé en osier, saule ou châtaignier. Il témoigne de savoir-faire ruraux qui ont alors une importance économique cruciale, aujourd’hui disparu. On a peu de trace historique de ces objets purement utilitaires, à cause de la putrescibilité de leurs matériaux.

La simplicité de ces matériaux, n’empêche en rien la virtuosité des peintres, comme le montre le fameux panier de prunes de Pierre Dupuis.

L’exceptionnel panier de prunes de Pierre Dupuis

 

En espérant que cette brève évocation vous aura donné envie de découvrir l’exposition Instant suspendus !

Nuit des musées 2021 : découvrir la nouvelle exposition en nocturne

La Nuit des Musées à La Fère
Le Samedi 03 Juillet 2021 de 17h30 à 22h30

Dans le cadre de la Nuit des Musées, événement national qui a lieu traditionnellement en mai mais décalé à cause du contexte sanitaire, le musée Jeanne d’Aboville de La Fère va proposer une ouverture exceptionnelle en nocturne le 3 juillet 2021.
Le public est invité à aller à la rencontre des tableaux nouvellement restaurés ou sortis des réserves ou encore explorer la collection archéologique.

Visites de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte

Les guides du musée proposeront une visite découverte consacrée à l’exposition Instants suspendus, qui met en avant les natures mortes de nourriture. Cette visite d’une demi-heure environ sera l’occasion de découvrir les différents mets représentés dans les natures mortes, entre le XVIIe et le XIXe siècle au prisme de l’identification scientifique des espèces en abordant à la fois leur symbolique et leur usage culinaire.

En bref :

Ouverture en visite libre du musée de 17h30 à 22h30 le 3 juillet 2021.
Visites guidées à 18h, 19h, 20h et 21h. Sans réservation, dans la limite des capacités d’accueil de l’établissement.
Port du masque obligatoire durant toute la durée de la visite.

Un été photogénique au Musée !

 

Dans le cadre de l’exposition Instants suspendus, le musée Jeanne d’Aboville de La Fère continue son exploration des différentes disciplines artistiques : après le théâtre avec la troupe Hymnalaya, c’est la photographie qui rencontre la peinture durant l’été à La Fère.

En effet, le club photo le Zoom laonnois va proposer un atelier photo sur la création de nature morte photographique à plusieurs occasions durant l’été pour inciter les visiteurs à devenir des créateurs de nature morte du XXIe siècle en préférant l’appareil photo aux pinceaux ! Se déroulant sur réservation uniquement et en petits groupes, ces visites-ateliers seront l’occasion de découvrir à travers l’exposition cet art, plus compliqué qu’il n’y parait, avant de composer sa propre nature morte et l’immortaliser sur papier glacé !

A l’issue d’une découverte de l’exposition où les grands principes de la nature morte seront évoqués, des objets typiques des peintures classiques seront mis à disposition du public pour composer leur propre nature-morte. Les apprentis photographes sont néanmoins incités à apporter un ou des objet(s) personnel(s) à intégrer à leur composition pour les rendre plus originales. L’atelier s’adresse à tous, à partir de 12 ans (les mineurs doivent être accompagnés).

Ces visites ateliers seront proposés uniquement sur réservation les 3 juillet, 17 juillet, 7 août, 21 août 2021 de 14h à 17h. Pour réserver, il faut appeler auprès du musée au 03 23 56 71 91.

Le tarif est de 5 € pour assister à l’atelier, une gratuité exceptionnelle est proposée le 3 juillet pour la première date. Places limitées !

Un concours photo où présenter votre propre nature morte !

Dans le cadre de l’exposition Instants suspendus, les musées de La Fère et Saint-Quentin vous propose un concours photo ouvert à tous du 14 juin au 29 août 2021, pour vous permettre de faire partie d’une exposition consacrée à la nature morte, inaugurée à l’occasion des Journées du Patrimoine.

Pour participer, envoyez-nous votre plus belle nature morte photographique !  Attention, pour être reçue, votre participation devra obligatoirement contenir au moins une fleur et un aliment.

Retrouvez le règlement complet sur la page consacrée au concours .

Vous pouvez également télécharger le bulletin de participation ici. 

 

Lorent Deutsch au musée !

Dans le cadre de la valorisation de l’EuroVelo3 et des sites incontournables qui jalonnent son itinéraire, l’agence Aisne Tourisme a développé un partenariat avec le célèbre acteur et passionné d’histoire Lorent Deutsch, qui va produire une série de vidéos dans le Chaunois et la Thiérache. L’EuroVelo 3, également dénommée « Scandibérique », est une véloroute faisant partie d’un programme d’aménagement de voie cyclable à l’échelle européenne. Longue de 5 300 km, elle relie Trondheim, en Norvège, à Saint-Jacques-de-Compostelle. Passant à proximité de La Fère, elle fait de la ville une étape incontournable pour les cyclotouristes.

Les vidéos de Lorent Deutsch s’inscrivent dans la série « A toute Berzingue » disponible sur Youtube où Lorent Deutsch se livre à des visites survitaminées de villes et lieux historiques. Il est passé à La Fère pour y évoquer le riche passé militaire de la Ville et la Collection du musée Jeanne d’Aboville.

L’équipe du musée remercie chaleureusement Lorent Deustch, son cameraman et l’équipe de l’agence Aisne Tourisme pour leur enthousiasme et leur disponibilité.