Détail du mois de juin : Bodegones et panier qui déborde…

Le détail du mois de juin est une nature morte inédite des réserves, exposée à l’occasion de la nouvelle exposition Instants suspendus, présentée à partir du 15 juin 2021. Un artiste anonyme, sans doute espagnol y présente des fruits dans le style des bodegones.

Ce terme désigne dans la peinture espagnole, entre la fin du XVIe et le XVIIIe siècle, un genre séparé de la nature morte. Un bodegón met en scène des éléments ayant trait à l’alimentation (vaisselle, gibier…) et aux scènes de cuisine. Il se caractérise par l’utilisation systématique du clair-obscur et par la recherche de naturalisme. Le terme provient de bodega, un lieu de stockage et de vente du vin.

La toile du XVIIe siècle présente divers fruits et légumes, notamment les cerises, dont la sensualité de la chair évoque à la fois le péché et le Paradis. Le citron est ambivalent, sa longue conservation en fait un symbole de temps qui passe et son acidité peut renvoyer aux difficultés de la vie ici-bas. Le panier d’osier, matière naturelle brute à peine modifiée par l’homme, célèbre la simplicité du quotidien.

Cette nature morte sera à découvrir dans son intégralité avec l’exposition Instants supendus ! Venez vous régaler d’art durant l’été !

Réouverture du musée confirmée

L’équipe a le plaisir de vous confirmer la réouverture du musée Jeanne d’Aboville le  19 mai à 14h.  Le musée rouvrira selon ses horaires habituels avec une jauge réduite puisque seulement  dix visiteurs pourront s’y trouver simultanément.

Le musée ne proposera pas dans l’immédiat de visite guidée qui seront rétablies, si le contexte le permet, dans le courant du mois de juin. Il n’est pas nécessaire de réserver pour accéder aux collections, mais le strict respect des gestes barrières et des consignes quant à la circulation dans le musée doit être appliqué.

Nous vous rappelons la prolongation exceptionnelle de l’exposition temporaire la Peinture dévisagée jusqu’au 31 mai 2021, ce sera la dernière chance pour découvrir l’expo et  les portraits inédits en provenance des réserves qui sont présentés.

Dans l’attente de vous accueillir, l’équipe vous souhaite un bon week end prolongé !

Des tableaux de retour de restauration !

Aujourd’hui la restauratrice Florence Adam a ramené au musée deux tableaux confiés à ses soins : Le Calvaire, attribué à Peter Aertsen (Amsterdam, 1508-1575) et la nature morte Fruits et Fleurs de Nicolaes van Veerendael (Anvers, 1640 – 1691).

Le tableau raccroché en Salle des Primitifs après restauration

L’œuvre de Pieter Aertsen, surnommé Pierre le Long à cause de sa grande taille représente une Crucifixion. C’est un exemple plutôt rare de cet artiste car beaucoup de ses peintures ont disparu durant les Guerres de Religions. Ce tableau nécessitait une intervention car il fallait reprendre les restaurations anciennes qu’il a subi et le nettoyer. L’intervention a également permis de faire apparaître un détail, un crane e cheval caché sous un repeint. Le panneau a également fait l’objet d’une intervention de Juliette Mertens, restauratrice spécialisée dans le traitement des supports en bois.

Un détail disparu sous les repeints réapparaît.

Le deuxième tableau restauré témoigne de la dernière période de  de Nicolas Veerendael (1640-1691) artiste anversois spécialisé dans les peintures de vases floraux, où il complexifie sa composition autour d’une diagonale avec un jeu subtil d’effet miroir. Le tableau était victime de plusieurs problèmes de conservation : ayant fait l’objet de restaurations anciennes également, il a été rentoilé, c’est-à-dire que la toile d’origine a été doublée d’une seconde toile pour la renforcer. Le restaurateur spécialiste du support Emmanuel Joyerot est intervenu pour retirer cette seconde toile et la remplacer. Florence Adam a nettoyé la couche picturale et remplacé les repeints devenus discordants.

Cette toile sera prêtée dès le mois prochain au musée des Beaux-arts Antoine Lécuyer  pour l’exposition réalisée en partenariat entre les musées de Saint-Quentin et La Fère sur les natures mortes qui commencera à la mi-juin, bientôt d’autres informations suivront, restez connecté !

Détail du mois de mai : 400e anniversaire, pyramide et bergère…

Le détail du mois est l’œuvre d’un artiste dont nous fêtons cette année le quadri-centenaire de la naissance : Jan Baptist Weenix (Amsterdam, 1621 – De Haar vers 1659/1661). Fils d’un architecte, Jan Baptist Weenix suit un apprentissage auprès du peintre Jan Christiaensz. Micker. Il se rend en Italie en 1643 où il travaille pour de grands commanditaires comme Giovani Battista Pamphili, le futur pape Innocent X. Après son retour aux Pays Bas vers 1647, il s’établit à Amsterdam puis Utrecht où il devient célèbre pour ses paysages fortement marqués par son voyage italien.

Le détail du mois s’inscrit dans cette veine italianisante et presque nostalgique avec une vue imaginaire mêlant divers monuments romains appréciés des peintres du XVIIe siècle. Le château Saint-Ange, dont la forme ronde est reconnaissable, et la pyramide de Cestius, un monument funéraire situé à Rome près de la porta San Paolo, un des édifices romains les mieux conservés à l’époque. Une bergère vient animer l’ensemble, surveillant des animaux, qui sont toujours présent dans les paysages de Weenix.

Ce détail vous a donné envie d’escapade italienne ? On vous donne rendez-vous, sous réserve de faisabilité bien sûr, le 29 mai 2021 à 17h pour On dirait le Sud, une conférence consacrée aux voyages italiens des peintres hollandais par l’historienne de l’art Eléonore Dérisson.

Et si on vous conviait à une promenade en Italie?

On dirait le Sud

L’Italie vue par les peintres hollandais dans les Collections du musée Jeanne d’Aboville

Conférence animée par Eléonore Dérisson

 

A l’occasion du 400e anniversaire de la naissance de Jan-Baptist Weenix, célèbre peintre hollandais de paysages italianisants dont le musée conserve un tableau, Eléonore Dérisson propose une conférence autour des œuvres néerlandaises de la collection inspirées par l’Italie. A partir de la Renaissance, ce pays apparait comme l’épicentre de la culture européenne et de nombreux artistes de l’école hollandaise s’y rendent pour s’inspirer des ruines antiques ou copier les grands maîtres, tandis que d’autres représentent dans leurs tableaux une Italie rêvée, sans jamais quitter les Pays-Bas. La conférence sera l’occasion de revenir sur les apports de ces voyages et leurs influences variées sur les thèmes et styles mis en œuvre par les artistes nordiques. Entre lumière méditerranéenne et évocations de la Rome antique, la peinture hollandaise a su réinventer l’art du paysage idyllique et pittoresque.

Eléonore Dérisson est historienne de l’art, chargée des collections à la Fondation des Artistes et spécialiste de la peinture hollandaise.

 

En bref :

La conférence se tiendra à l’espace Drouot, rue des Bigors à La Fère, le 29 mai 2021 à 17h.

Ouverture des portes à 16h30.

L’entrée est libre dans la limite des places disponibles et le port du masque est obligatoire durant toute la durée de la conférence.

Prenons le large !

L’année dernière, Éléonore Dérisson vous proposait une conférence consacrée à la peinture de marine et vous aviez été nombreux à venir l’écouter.

De cette conférence avait découlé un article réalisé pour les mémoires 2020 de la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne.

Vous pouvez dès à présent retrouver cet article en le téléchargeant, pour cela il suffit de cliquer sur le tableau ci-dessous ! Bonne lecture !

16 avril 1755, une portraitiste est née…

Le 16 avril 1755 naissait à Paris Louise-Élisabeth Vigée, fille de Louis Vigée, pastelliste, et promise à un grand avenir. Dès ses six ans, son talent précoce pour le dessin s’exprime : dans ses cahiers, sur les murs du couvent où elle reçoit son éducation. C’est à cette époque que Louis Vigée s’extasie un jour devant un dessin d’homme barbu de sa petite fille prodige. Il prophétise dès lors qu’elle sera peintre.

Louise Élisabeth Vigée Le Brun, Autoportrait de 1790 (Florence, Corridor de Vasari)

Après le décès de son père, Gabriel-François Doyen, ami de la famille encourage Elisabeth à persévérer dans le pastel et dans l’huile ; conseil qu’elle suivra et deviendra la plus grande portraitiste de son temps, souvent comparée à Quentin de La Tour ou Jean-Baptiste Greuze.

Son art et sa carrière exceptionnelle en font un témoin privilégié des bouleversements de la fin du XVIIIe siècle, de la Révolution Française et de la Restauration. Fervente royaliste, elle sera successivement peintre de la cour de France, de Marie-Antoinette et de Louis XVI, du Royaume de Naples, de la Cour de l’empereur de Vienne, de l’empereur de Russie et de la Restauration.

Le musée de La Fère possède un portrait réalisé par cette artiste, celui de Madame Adélaïde. Vous pouvez le retrouver sur youtube également.

Portrait de Madame Adélaide par Elisabeth Vigée-Lebrun

Des dix enfants de Louis XV, seulement deux ont survécu à la Révolution : ses filles Adélaïde et Victoire. Ce portrait d’Adelaïde (1732-1800) fut réalisé alors que celle-ci s’était exilée en Italie en 1791, rejoignant l’ancien palais de l’ambassadeur de France au Vatican.

Ce tableau à la fois sobre dans sa composition et rappelant des fastes royaux disparus par la finesse du rendu des étoffes témoigne de l’état d’esprit mélancolique qui devait sans doute habiter son modèle, qui mourra en exil quelques années plus tard à Trieste.

Élisabeth Vigée Le Brun meurt à Paris à son domicile de la rue Saint-Lazare le 30 mars 1842.

Joyeux anniversaire il Padovanino !

Il y a 433 ans, naissait à Padoue le petit Alessandro Varotari, connu plus tard sous son nom d’artiste Il Padovanino. Fils de l’architecte et peintre Dario Varotari l’Ancien, il fut l’élève de son père, qui s’occupa de la formation de Chiara Varotari (1584 – 1663), sa sœur elle aussi peintre. Il fut par la suite élève d’un disciple de Titien, Damiano Mazza, et les peintures de ses débuts montrent l’influence du Maitre vénitien.

En 1614, il emménage d’ailleurs à Venise, mais voyage également à Rome à deux reprises (vers le milieu de l’an 1610 et en 1625), où il a été souvent employé dans la production de copies de grands tableaux des artistes de la Renaissance classique. Son style influencé par le maniérisme tardif cherche néanmoins l’inspiration dans la gamme chromatique propre à la peinture vénitienne et annonce le baroque.

Portrait gravé d’Alessandro Varotari paru dans Het Gulden Cabinet de Cornelis de Bie (1662)

Le musée possède un joli exemple de la production de ce peintre : l’Allégorie de la Charité. Le sujet allégorique est ici rendu à l’essentiel par un cadrage très serré et une gamme de couleurs limitée. La figure féminine allaite un enfant en même temps qu’elle joue avec un autre, plus âgé et juché sur ses épaules. Loin des codes qui prévalent dans ce genre de scène, la Charité de Padovanino est une célébration prosaïque de l’amour filial, inspirée sans doute des exemples vus durant ses voyages, notamment à Rome. Il a traité à diverses reprises ce thème.

Il meurt à Venise en 1648, s’affirmant jusqu’au bout comme un continuateur du Titien.

L’œuvre est actuellement en dépôt à la Préfecture de l’Aisne.

Détail du mois d’avril : une armure et un mystérieux étendard flamand…

Le détail du mois d’avril provient d’un tableau intitulé Intérieur de corps de garde, signé François Duchâtel. Dit aussi François du Chastel (1616 / 1625-1679 / 1694), cet artiste flamand a travaillé à Bruxelles et peut-être aussi à Paris. Il est connu pour ses portraits et ses peintures de genre, avec une préférence pour les sujets paysans, les intérieurs de tavernes et les scènes de garde.
La scène du musée Jeanne d’Aboville dépeint une salle de garde, avec des soldats assis autour d’une table ronde jouant et fumant. Notre détail vous présente les pièces d’armure délaissées par les soldats trop occupés par le jeu. L’équipement représenté était déjà obsolète au moment où il est peint, car les armures métalliques de ce type, avec cuirasse et casque intégral ne sont plus utilisées à partir des années 1620. Il est possible que le peintre ait voulu insuffler une dimension moralisatrice à l’œuvre, l’armure faisant référence à la fugacité du pouvoir et de la renommée.
L’étendard de guerre, visible à l’arrière-plan, porte un motif proche de la croix de Bourgogne, qu’il faut rapprocher de certains pavillons marchands espagnols utilisés en Flandres.
Ce tableau est actuellement dans les réserves du musée et sera bientôt représenté quand celui-ci rouvrira ses portes !

L’école hollandaise du XVIIe siècle

Dans un intérieur rustique cinq élèves attendent la leçon de leur professeur assis à son pupitre. Alors qu’un enfant s’approche, le maître regarde par la fenêtre avec un air de lassitude, évoqué par sa position ramassée et sa tête posée négligemment sur sa main. Cette attitude s’oppose à la concentration du garçon blond à gauche de la composition, absorbé dans sa lecture. Une fillette portant un chien sur ses genoux se retourne et fixe l’observateur du tableau, prenant celui-ci à témoin du désintérêt de son professeur. Il s’agit d’une scène facétieuse destinée à distraire les spectateurs.

Ce tableau est l’œuvre de Harmen Hals (Haarlem, 1611 – Haarlem, 1669) l’aîné des fils de Frans Hals (Anvers, 1582/1583 – Haarlem, 1666) et de sa première épouse Anneke Harmensdr. Lui et quatre de ses demi-frères deviendront peintres après une formation dispensée par leur père. Le peintre a laissé une production majoritairement composée de tableaux représentant des scènes populaires.

Si quelques familles riches engagent des “pédagogues” pour diriger les études de leurs enfants, la plupart des bambins fréquentent les “petites écoles”. Les Pays-Bas ne possédaient aucun organisme central chargé d’administrer ou de contrôler l’enseignement, l’organisation des petites écoles, l’équivalent de nos écoles primaires et maternelles, était de l’initiative de particuliers ou d’associations privées qui agissaient avec l’approbation municipale. L’école à l’époque est souvent une annexe de l’église, et les écoles maternelles se trouve directement dans l’habitation de l’institutrice. Les écoles de village peuvent être installées dans des granges ou des étables, alors qu’en ville la population a accès à de véritables écoles avec des pupitres, des bancs, et du chauffage.

Dans les villes, des guildes de maîtres d’école se forment et exercent une surveillance sur le contenu des enseignements. Néanmoins beaucoup de parents se plaignent du faible niveau de ces maître d’école, un rapport de 1611 décrit des professeurs incapables de nommer correctement les lettres de l’alphabet ! Ce n’est qu’en 1665 qu’une ordonnance exigera des maîtres d’école une connaissance correcte de l’écriture et de la lecture. Malgré ses défauts, les petites écoles hollandaises vont permettre une large alphabétisation de la population, qui présente le meilleur taux d’Europe à cette époque.

Les écoles maternelles sont tenues par des femmes qui exerce d’autres profession en même temps telles que couturières ou dentellières. Cette école est fréquentée par des enfants de trois  à sept ans.   L’enseignement s’y limite généralement à l’apprentissage des prières et de l’alphabet.

Le programme de l’enseignement de l’école se réduit a l’histoire sainte, la lecture l’écriture et au calcul. L’arithmétique élémentaire à cause de son importance commerciale fait l’objet d’un soin particulier de la plupart des maîtres. L’écriture et en savoir prestigieux et la calligraphie un véritable art esthétique. La renommée des maîtres hollandais en la matière dépassera les frontières du pays.

 

Nous remercions Eléonore Dérisson pour sa contribution scientifique à cet article.