Prenons le large !

L’année dernière, Éléonore Dérisson vous proposait une conférence consacrée à la peinture de marine et vous aviez été nombreux à venir l’écouter.

De cette conférence avait découlé un article réalisé pour les mémoires 2020 de la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne.

Vous pouvez dès à présent retrouver cet article en le téléchargeant, pour cela il suffit de cliquer sur le tableau ci-dessous ! Bonne lecture !

Détail du mois d’avril : une armure et un mystérieux étendard flamand…

Le détail du mois d’avril provient d’un tableau intitulé Intérieur de corps de garde, signé François Duchâtel. Dit aussi François du Chastel (1616 / 1625-1679 / 1694), cet artiste flamand a travaillé à Bruxelles et peut-être aussi à Paris. Il est connu pour ses portraits et ses peintures de genre, avec une préférence pour les sujets paysans, les intérieurs de tavernes et les scènes de garde.
La scène du musée Jeanne d’Aboville dépeint une salle de garde, avec des soldats assis autour d’une table ronde jouant et fumant. Notre détail vous présente les pièces d’armure délaissées par les soldats trop occupés par le jeu. L’équipement représenté était déjà obsolète au moment où il est peint, car les armures métalliques de ce type, avec cuirasse et casque intégral ne sont plus utilisées à partir des années 1620. Il est possible que le peintre ait voulu insuffler une dimension moralisatrice à l’œuvre, l’armure faisant référence à la fugacité du pouvoir et de la renommée.
L’étendard de guerre, visible à l’arrière-plan, porte un motif proche de la croix de Bourgogne, qu’il faut rapprocher de certains pavillons marchands espagnols utilisés en Flandres.
Ce tableau est actuellement dans les réserves du musée et sera bientôt représenté quand celui-ci rouvrira ses portes !

L’école hollandaise du XVIIe siècle

Dans un intérieur rustique cinq élèves attendent la leçon de leur professeur assis à son pupitre. Alors qu’un enfant s’approche, le maître regarde par la fenêtre avec un air de lassitude, évoqué par sa position ramassée et sa tête posée négligemment sur sa main. Cette attitude s’oppose à la concentration du garçon blond à gauche de la composition, absorbé dans sa lecture. Une fillette portant un chien sur ses genoux se retourne et fixe l’observateur du tableau, prenant celui-ci à témoin du désintérêt de son professeur. Il s’agit d’une scène facétieuse destinée à distraire les spectateurs.

Ce tableau est l’œuvre de Harmen Hals (Haarlem, 1611 – Haarlem, 1669) l’aîné des fils de Frans Hals (Anvers, 1582/1583 – Haarlem, 1666) et de sa première épouse Anneke Harmensdr. Lui et quatre de ses demi-frères deviendront peintres après une formation dispensée par leur père. Le peintre a laissé une production majoritairement composée de tableaux représentant des scènes populaires.

Si quelques familles riches engagent des “pédagogues” pour diriger les études de leurs enfants, la plupart des bambins fréquentent les “petites écoles”. Les Pays-Bas ne possédaient aucun organisme central chargé d’administrer ou de contrôler l’enseignement, l’organisation des petites écoles, l’équivalent de nos écoles primaires et maternelles, était de l’initiative de particuliers ou d’associations privées qui agissaient avec l’approbation municipale. L’école à l’époque est souvent une annexe de l’église, et les écoles maternelles se trouve directement dans l’habitation de l’institutrice. Les écoles de village peuvent être installées dans des granges ou des étables, alors qu’en ville la population a accès à de véritables écoles avec des pupitres, des bancs, et du chauffage.

Dans les villes, des guildes de maîtres d’école se forment et exercent une surveillance sur le contenu des enseignements. Néanmoins beaucoup de parents se plaignent du faible niveau de ces maître d’école, un rapport de 1611 décrit des professeurs incapables de nommer correctement les lettres de l’alphabet ! Ce n’est qu’en 1665 qu’une ordonnance exigera des maîtres d’école une connaissance correcte de l’écriture et de la lecture. Malgré ses défauts, les petites écoles hollandaises vont permettre une large alphabétisation de la population, qui présente le meilleur taux d’Europe à cette époque.

Les écoles maternelles sont tenues par des femmes qui exerce d’autres profession en même temps telles que couturières ou dentellières. Cette école est fréquentée par des enfants de trois  à sept ans.   L’enseignement s’y limite généralement à l’apprentissage des prières et de l’alphabet.

Le programme de l’enseignement de l’école se réduit a l’histoire sainte, la lecture l’écriture et au calcul. L’arithmétique élémentaire à cause de son importance commerciale fait l’objet d’un soin particulier de la plupart des maîtres. L’écriture et en savoir prestigieux et la calligraphie un véritable art esthétique. La renommée des maîtres hollandais en la matière dépassera les frontières du pays.

 

Nous remercions Eléonore Dérisson pour sa contribution scientifique à cet article.

Les Hollandais au jardin

Le Printemps s’avance doucement et les jardins se réveillent ! Aujourd’hui on vous propose d’explorer le jardin des Hollandais du XVIIe siècle.

La Hollande est alors le pays le plus urbanisé d’Europe, les citadins gardent néanmoins l’habitude d’un petit carré de verdure situé à l’arrière de leur maison. Si certains artisans font de leur jardin une dépendance d’atelier ou un entrepôt, la plupart des bourgeois, même modestes, aménagent leur jardin, parfois en dépit de son exiguïté.
On y retrouve généralement une pelouse de gazon accompagnée de parterres fleuris. Quand les dimensions le permettent des arbres, comme le sureau ou le cytise, sont laissés à vocation ornementale. Des arbres fruitiers peuvent également être installés. Les grandes maisons ont à cœur d’avoir leur propre production de fruits on cultive surtout le pommier le poirier mais aussi le cerisier et le prunier.

Détail d’une nature morte de fruits, anonyme néerlandais, XVIIe siècle

On y ajoute des espèces rampantes comme les melons et les fraisiers. on installe également des palissades pour récolter les mûres et les framboises. Les plus riches vont avoir des serres de bois pour y faire croître des abricotiers, des pêchers et même de la vigne.
Si certains fruits n’arrive pas à maturité à cause du climat, on les garde à but d’observation scientifique : les amateurs ont accès à une vaste littérature de manuels botaniques comme l’Arboretum sacrum de Joan van der Meurs, paru en 3 volumes en 1643.
Les Néerlandais nourrissent une véritable passion pour les fleurs. On cultive notamment les roses, l’iris, les lys, la jacinthe et l’églantier. Les espèces sont présentées à la manière d’un panel scientifique, rigoureusement séparées dans des cases en planche de bois.
Jusque 1615, la reine des fleurs est la rose mais elle va voir le public se détourner d’elle pour lui préférer la tulipe. La tulipomanie atteint son paroxysme en 1636, avec une crise de spéculation sur les bulbes de cette fleur. Les plus recherchée est une variété appelée Semper augustus, visible au musée sur la vanité de Coenraet Roepel, dont le prix peut atteindre 5500 florin pièce ! L’effondrement du prix des bulbes par la suite causera de nombreuses ruines chez les spéculateurs : parmi ces victimes figurent le peintre Jan van Goyen.

Tulipe sur une vanité de Coenraet Roepel

Les jardins urbains, même dans les grandes maisons bourgeoises, restent relativement petits et les habitants sont dépendants des fleuristes et horticulteurs présents dans toutes les villes hollandaises pour se fournir en fleurs et plantes diverses. La bourgeoisie prend alors l’habitude dans la seconde moitié du siècle d’acheter un second jardin aux environs de la ville pour s’y rendre en famille sur les jours chômés de la belle saison.

Détail du mois de mars : vierges, lumière et maniérisme

Le détail du mois de mars provient d’un tableau flamand Les vierges sages et les vierges folles, œuvre de Martin de Vos. Né en 1532 à Anvers, où il meurt le 4 décembre 1603, Martin de Vos se spécialise dans les sujets religieux, allégoriques, historiques et de portraits, qu’il mêle fréquemment.
Comme nombre de peintres de son temps, il s’est rendu en Italie où il a résidé entre 1550 et 1558. Après ce voyage, Martin de Vos se définit comme un Romaniste, terme qui désigne les artistes étrangers, et plus particulièrement les artistes nordiques, ayant étudié et travaillé à Rome au XVIe siècle. L’œuvre de De Vos montre une forte influence des couleurs des Vénitiens : il aurait en particulier travaillé dans l’atelier du Tintoret à Venise qui l’initie à l’art maniériste. Le maniérisme se caractérise par des lignes sinueuses et un allongement totalement exagéré des corps, dont ce détail présente un bel exemple avec la silhouette portant une robe rose et bleue.
Ce tableau représente la parabole des dix vierges, que l’on trouve dans l’Evangile selon Mathieu : on y voit dix fiancées qui attendent leur époux, éclairées par des lampes : cinq vierges sages ont pris de l’huile pour alimenter leur lampe, symbolisant la Foi ou les Vertus en fonction des interprétations des exégètes, cinq autres vierges n’ont pas pris d’huile pour leur lampe et se retrouvent perdues dans l‘obscurité. On voit sur le détail les cinq vierges sages qui, éclairées par leur lampe, trouvent la porte du banquet de mariage, et sont accueillies par l’Epoux, symbolisant un mariage spirituel avec Dieu ou son Eglise.
Vous pourrez découvrir le reste du tableau à la réouverture du musée dans la salle consacrée aux peintres anversois !

Détail du mois de février : vaches, chien et fromages…

Le détail du mois de février provient d’un tableau intitulé le Marché aux bestiaux, d’un peintre anonyme hollandais et dont l’attribution est difficile. Si les jeux d’ombre et les nuances sur la robe des animaux suggèrent un peintre italianisant, le décor fait plutôt penser à une approche locale. Les disparités entre l’arrière-plan et les figures font supposer un tableau à quatre mains, peut être un maître qui aurait confié un arrière-plan à un élève malhabile avant de s’occuper des animaux représentés au premier plan. La facture du tableau le place en tout cas à la fin du XVIIe siècle.

On y voit des vaches, menées par un chien de bouvier dont la race n’est pas identifiable : il existe alors de nombreuses races qui ont pour la plupart disparues au XIXe siècle quand les déplacements de troupeaux ont été de plus en plus limités avec l’urbanisation croissante des Pays-Bas.

La faible surface disponible pour le pâturage aux Pays-Bas a conduit à une sélection très rigoureuse dès le Moyen-Age au sein des cheptels bovins et les vaches hollandaises sont connues comme d’excellentes productrices de lait, qui leurs permettent d’exporter leur fromage. En a résulté la diffusion de la race Holstein et une riche tradition fromagère. Ainsi la Hollande nous régale d’une infinité de spécialités : si le Gouda et l’Edam sont les plus célèbres, il faut aussi compter sur le Frison, le Limbourg, le Kernhem, le Bluefort, le Subenhara, le Maasdam, l’Old Amsterdam, l’Old Alkmaar, la Mimolette, le Maasland, le Texelaar-Kollumer, le Leyden, le Leerdammer…

Vous pourrez retrouver cette œuvre au sein de l’exposition permanente à la réouverture du musée !

Anniversaire d’un paysagiste hollandais

Personnages dans un paysage boisé bordé d’une rivière, Jan HACKAERT (attr traditionnelle)

Aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire du peintre Jan Hackaert, né le 1er février 1628 à Amsterdam.
Connu pour ses peintures de paysages, il entreprend un voyage en Allemagne et en Suisse, où il esquisse ou peint de nombreux paysages. Il tente de peindre des mineurs en train de travailler, mais ces derniers portent plainte car ils le prennent pour un espion !
Il collabore avec de nombreux peintres tels que Nicolas Berchem and Adriaen van de Velde, qui lui confient les paysages en arrière-plan. Un paysage du musée animé de personnages lui est traditionnellement attribué car il explore la même veine italianisante que les paysages qu’il produisit en Suisse.
Il meurt en 1685 à Amsterdam.

Recherche scientifique en cours au musée

Une équipe de spécialistes de l’imagerie est intervenue au musée Jeanne d’Aboville le 8 janvier pour photographier le tableau « Mors Omnia Vincit », du peintre hollandais Mathias Withoos (1627-1703).

Cette œuvre va être au cœur de l’actualité du musée fin 2021 :

– Elle sera une pièce maîtresse de l’exposition ANDERLICHT OP WITHOOS, au museum Flehite d’Amersfoort, ville de naissance de Mathias Withoos, qui va retracer la vie et l’œuvre de l’artiste du  12 décembre 2021 au 8 mai 2022.

– Elle va faire l’objet d’un article qui paraîtra sans doute en décembre 2021, coécrit par Mariel Hennequin, guide du musée et Albert Boersma, historien de l’art spécialiste des peintres néerlandais et régisseur de l’exposition d’Amersfoort.

– Une conférence, en novembre ou début décembre 2021 autour des enseignements tirés des photos infrarouges et d’investigations sur l’iconographie rendra compte au public des dernières recherches.

L’intervention sur le tableau avait deux objectifs principaux :

– Examiner le repeint sous la statue de Sénèque, figure centrale du tableau : l’artiste semble avoir changé d’idée en cours de route et il faut comprendre qu’elle était sa première idée pour suivre son cheminement artistique et symbolique.

– La date indiquée par le peintre à côté de sa signature est en partie illisible, et l’imagerie multispectrale pourra peut-être permettre de connaitre la date indiquée.

L’équipe du musée remercie la société Artéka qui est intervenue, notamment Cyrille Chaidron, archéologue et Sébastien Lermenier, spécialiste de l’imagerie.  Ils utilisent le système Arkéotéka, qui permet par l’imagerie multispectrale de révéler des informations invisibles à l’œil nu sur la composition des œuvres et leur état sanitaire.

Détail du mois de janvier : un navire pris dans la tempête

Le détail du mois de janvier provient de la peinture sur bois Navires pris dans la tempête de Jan Porcellis (1583/5, Gand – 29 janvier 1632, Zoeterwoude), peintre hollandais dont le style est typique de l’importante production de tableaux du genre de marine du Siècle d’Or. Formé auprès de Hendrik Vroom dont on retrouve l’influence dans son goût pour la représentation de mers déchainées, Jan Porcellis va être un voyageur infatigable qui ne se contente pas de peindre les bateaux mais les utilise également : il est successivement documenté à Rotterdam, à Londres, à Middelburg (Zélande), à Anvers, à Gand, à Haarlem, à Amsterdam, à Voorburg pour finalement se fixer à Zoeterwoude-Dorp pour les dernières années de sa vie.

À l’époque de Porcellis, le navire était considéré comme une métaphore de l’âme et le voyage en mer était un symbole de la destinée humaine, malmenée par les événements. Les thèmes marins avec des naufrages et des tempêtes avaient pour objectif de rappeler au spectateur, en particulier aux marins et aux armateurs, la fragilité humaine et la puissance divine.

La forme typique des vagues représentées sur le tableau répond à la convention de l’époque dans leur représentation, on les appelle “vagues fantastiques” car elles sont issues de l’imagination du peintre qui cherche à fixer en atelier un mouvement en perpétuel changement : ce défi artistique souligne l’impermanence des choses.

Ce tableau est visible au sein de l’exposition permanente, vous pourrez le (re)découvrir à la réouverture du musée !

Demandez le programme culturel 2021 du musée !

Il était annoncé et le voici  arrivant juste avant Noël.

Vous pouvez télécharger le programme culturel 2021 du musée en cliquant sur l’image ci-dessous :

Ce programme est bien sûr diffusé à titre indicatif et de nombreuses animations sont encore en suspens, contexte sanitaire oblige, nous espérons néanmoins pouvoir vous proposer ce contenu, comprenant de nombreuses animations inédites qui vous feront voir le musée autrement.