Détail du mois de juillet : un retour de chasse arrosé…

Le détail du mois de juin est extrait d’une nature morte au lièvre, sans doute réalisée par un suiveur de Claude François Desportes, peintre français du début du XVIIIe siècle. Le détail s’attarde sur l’arrière-plan où l’on trouve le roboratif en-cas d’un chasseur, constitué de vin rouge, de vin blanc, de saucisson, de pain et d’une large tranche de fromage.

Apparentée aux scène de cuisine et au motif du garde-manger, la nature morte de chasse est l’occasion d’une caractérisation sociale qui servent les intérêts princiers et aristocratiques, en renvoyant au privilège du droit de chasse. Ces natures mortes sont généralement de grand format et destinées à des palais, ou du moins des intérieurs spacieux.

Si le pain et le vin peuvent renvoyer à l’eucharistie, il s’agit ici de fêter plus prosaïquement la nourriture paysanne, acceptable dans le contexte d’un retour de chasse dans une arrière-cuisine, mais qui ne pourrait être présenté sur une table de château, où fromage et cochonnailles sont considérés comme trop rustre pour les estomacs délicats de la noblesse. Les mets transformés peuvent néanmoins avoir une signification spirituelle, car ils sont issus de l’élevage et de l’agriculture, travail obligé d’Adam après le péché originel alors qu’auparavant il lui suffisait de cueillir les fruits du paradis.

Vous pouvez découvrir cette peinture restaurée à l’occasion de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte, vous pourrez également participer aux ateliers photos pour découvrir ce genre autrement et composer votre propre nature-morte ! Attention, c’est sur réservation et les places sont limitées !

La vaisselle dans les natures mortes

Si les natures mortes font la part belle aux denrées alimentaires, celles-ci sont mise en valeur généralement dans des contenants : du rustique panier d’osier à la délicate porcelaine importée de Chine, les artistes ont puisé largement dans les celliers et vaisseliers pour agrémenter leurs compositions.

L’étain

Détail d’un gobelet en étain sur la nature morte de homard, Johannes Hannot

Métal domestique par excellence, l’étain est le roi des tables bourgeoises au XVIe siècle, imitation bon marché des plats d’argent de la noblesse. Différents types de vaisselle du XVIe au XIXe siècle illustrent la diversité et l’évolution des usages culinaires. La channe (broc à vin à couvercle) et le grellet (écuelle) sont les formes les plus caractéristiques de cette production présente sur toutes les tables au XVIIe siècle, période à laquelle cet art atteignit son apogée.

L’étain est un métal plutôt souple et se caractérise par une usure assez rapide, les pots et ustensiles sont alors refondus pour couler le métal de nouveau.

 

Le cuivre

Détail avec bassine en cuivre et pot de terre cuite, sur intérieur de célier hollandais du XVIIe siècle

Le cuivre est le tout premier métal utilisé par l’homme. Son utilisation date du néolithique et la production n’a cessé d’évoluer. Dès l’âge de Bronze, le cuivre est allié avec de l’étain ou du zinc pour faire des marmites. Il dispose de la meilleure conductivité thermique après l’argent, c’est à dire qu’il transmet bien la chaleur et la répartit de manière uniforme et rapide. Il possède des qualités antibactériennes naturelles qui aident à lutter contre toute contamination par des champignons et autres bactéries responsables du pourrissement des aliments. D’ailleurs dans les pays chauds, le lait est conservé dans des pots en cuivre.

Le cuivre a néanmoins un défaut : il s’oxyde et nécessite un entretien spécifique pour éviter que le vert-de-gris qui se développe n’empoisonne les aliments, c’est ce fastidieux travail qui est représenté sur le tableau de l’Ecureuse.

L’Ecureuse, anonyme hollandais du XVIIIe siècle

La faïence

Pichet en faïence de Delft et roemer sur le portrait de famille hollandais du milieu du XVIIe siècle

Les manufactures de faïences de Delft furent réputées à partir du début du XVIIe siècle. La faïence de Delft  la plus ancienne est une petite carafe à eau aromatique conservée au musée de Nienburg (Allemagne). Elle est datée de l’année 1609.

Appelée de façon erronée la Hollants Porcelyn, elle concurrence les importations de porcelaine de Chine avec des imitations à moindre coût. Très logiquement, les premières pièces produites furent décorées de bleu à décor de chinoiseries. On ne connaît généralement des faïences de Delft que les blanches à décor bleu, appelées « Bleu de Delft ». Il en existe cependant de nombreuses variétés à vive polychromie.

La manufacture De Koninklijke Porceleyne Fles ou « Royal Delft », fondée en 1653, est la plus ancienne encore en activité.

 

Le verre

Détail de nature morte de homard avec un roemer à pastillage

Le verre concurrence en partie l’étain et la production concerne surtout les contenants pour boire. On retrouve notamment les imposants roemers, fabriqués en Allemagne ou aux Pays-Bas, reconnaissables à leur partie centrale décorées de pastilles, parfois en verre coloré. On trouve également des hautes flûtes étroites réalisées en verre soufflé. La verrerie la plus recherchée est produite évidemment à Venise, même si le cristal de Bohème commence à s’imposer.

 

La terre cuite

Pot de terre cuite dans la nature morte de poisson de Pieter de Putter

Les pots de terre cuite évoquent des atmosphères rustiques ou paysannes, ou renvoient à la vie domestique car il s’agit d’objet utilitaires en cuisine, en opposition aux objets d’apparat placés sur la table.

Les tout premiers objets de terre cuite datent du Paléolithique supérieur : les hommes ont fabriqué des cruches, des plats, des urnes en argile cuite sous un feu de bois, en plein air. D’un faible coût mais relativement fragile, la terre cuite est un objet modeste qui avoisine souvent les travaux de vannerie.

 

Paniers et corbeilles

Détail de scène de cuisine par J. Nollens

Les tables rustiques mise en scène par les peintres présentent généralement au moins un travail de vannerie, réalisé en osier, saule ou châtaignier. Il témoigne de savoir-faire ruraux qui ont alors une importance économique cruciale, aujourd’hui disparu. On a peu de trace historique de ces objets purement utilitaires, à cause de la putrescibilité de leurs matériaux.

La simplicité de ces matériaux, n’empêche en rien la virtuosité des peintres, comme le montre le fameux panier de prunes de Pierre Dupuis.

L’exceptionnel panier de prunes de Pierre Dupuis

 

En espérant que cette brève évocation vous aura donné envie de découvrir l’exposition Instant suspendus !

Un été photogénique au Musée !

 

Dans le cadre de l’exposition Instants suspendus, le musée Jeanne d’Aboville de La Fère continue son exploration des différentes disciplines artistiques : après le théâtre avec la troupe Hymnalaya, c’est la photographie qui rencontre la peinture durant l’été à La Fère.

En effet, le club photo le Zoom laonnois va proposer un atelier photo sur la création de nature morte photographique à plusieurs occasions durant l’été pour inciter les visiteurs à devenir des créateurs de nature morte du XXIe siècle en préférant l’appareil photo aux pinceaux ! Se déroulant sur réservation uniquement et en petits groupes, ces visites-ateliers seront l’occasion de découvrir à travers l’exposition cet art, plus compliqué qu’il n’y parait, avant de composer sa propre nature morte et l’immortaliser sur papier glacé !

A l’issue d’une découverte de l’exposition où les grands principes de la nature morte seront évoqués, des objets typiques des peintures classiques seront mis à disposition du public pour composer leur propre nature-morte. Les apprentis photographes sont néanmoins incités à apporter un ou des objet(s) personnel(s) à intégrer à leur composition pour les rendre plus originales. L’atelier s’adresse à tous, à partir de 12 ans (les mineurs doivent être accompagnés).

Ces visites ateliers seront proposés uniquement sur réservation les 3 juillet, 17 juillet, 7 août, 21 août 2021 de 14h à 17h. Pour réserver, il faut appeler auprès du musée au 03 23 56 71 91.

Le tarif est de 5 € pour assister à l’atelier, une gratuité exceptionnelle est proposée le 3 juillet pour la première date. Places limitées !

Lecture théâtrale par la Compagnie Hymnalaya

Edit du 16 juin 2021 : les réservations sont complètes.

Lecture théâtrale autour de la nature morte par la Compagnie Hymnalaya, accompagnement musical de Robert Lamouret

Le 15 juin s’ouvre au public l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte qui mettra en avant les œuvres parmi les plus célèbres du musée : les compositions ayant trait à la nourriture.
Pour inaugurer la découverte de l’exposition, les acteurs de la compagnie Hymnalaya vous proposent de les suivre dans une visite pas comme les autres : un dialogue entre les acteurs sera prétexte à rapprocher art pictural et poésie. Ils apporteront un regard sensible sur le thème de la nature morte en puisant dans le répertoire classique et contemporain. Ils seront accompagnés par le musicien Robert Lamouret qui viendra ponctuer de virgules musicales les textes des comédiens.

La compagnie Hymnalaya est une compagnie professionnelle constituée de deux acteurs : Lucie Geloen et Bernard Namura.
La symbolique hymnalayenne relève d’une volonté des artistes de conjuguer dans leurs créations des thèmes d’une grande actualité, d’un indéniable universalisme et d’une non-moins incontestable spiritualité, le tout dans une simplicité n’excluant pas la virtuosité et dans une multitude de contextes.

Robert Lamouret est musicien, il a été membre de groupes de musique folk, notamment Yakafolker, et travaille régulièrement sur des instruments anciens.

 

En bref : 

Visite théâtrale au musée Jeanne d’Aboville le 19 juin 2021.
Visite à 14h puis 16h, gratuit sur réservation uniquement, places limitées.
Le port du masque durant toute la durée de la visite est obligatoire.

Des tableaux de retour de restauration !

Aujourd’hui la restauratrice Florence Adam a ramené au musée deux tableaux confiés à ses soins : Le Calvaire, attribué à Peter Aertsen (Amsterdam, 1508-1575) et la nature morte Fruits et Fleurs de Nicolaes van Veerendael (Anvers, 1640 – 1691).

Le tableau raccroché en Salle des Primitifs après restauration

L’œuvre de Pieter Aertsen, surnommé Pierre le Long à cause de sa grande taille représente une Crucifixion. C’est un exemple plutôt rare de cet artiste car beaucoup de ses peintures ont disparu durant les Guerres de Religions. Ce tableau nécessitait une intervention car il fallait reprendre les restaurations anciennes qu’il a subi et le nettoyer. L’intervention a également permis de faire apparaître un détail, un crane e cheval caché sous un repeint. Le panneau a également fait l’objet d’une intervention de Juliette Mertens, restauratrice spécialisée dans le traitement des supports en bois.

Un détail disparu sous les repeints réapparaît.

Le deuxième tableau restauré témoigne de la dernière période de  de Nicolas Veerendael (1640-1691) artiste anversois spécialisé dans les peintures de vases floraux, où il complexifie sa composition autour d’une diagonale avec un jeu subtil d’effet miroir. Le tableau était victime de plusieurs problèmes de conservation : ayant fait l’objet de restaurations anciennes également, il a été rentoilé, c’est-à-dire que la toile d’origine a été doublée d’une seconde toile pour la renforcer. Le restaurateur spécialiste du support Emmanuel Joyerot est intervenu pour retirer cette seconde toile et la remplacer. Florence Adam a nettoyé la couche picturale et remplacé les repeints devenus discordants.

Cette toile sera prêtée dès le mois prochain au musée des Beaux-arts Antoine Lécuyer  pour l’exposition réalisée en partenariat entre les musées de Saint-Quentin et La Fère sur les natures mortes qui commencera à la mi-juin, bientôt d’autres informations suivront, restez connecté !

Remaniement du calendrier culturel 2021 du musée

La prolongation de la fermeture des lieux publics, en particulier des lieux culturels, impacte la programmation 2021 du musée Jeanne d’Aboville. L’équipe reste mobilisée néanmoins pour offrir dès qu’elle le pourra des animations de qualité visant à mettre en lumière la riche collection d’Héricourt de Valincourt, dont elle est la gardienne.

Pour permettre aux animations de se dérouler dans la sérénité, quelques aménagements ont d’ores et déjà été prévus :

– L’exposition Confrontations/Inspiration de l’artiste Gabriel Martinet, qui devait ouvrir courant mars, va être repoussée à l’année 2022. Si l’équipe regrette de retarder cette incursion de l’art contemporain au sein de son musée classique, c’est avant tout pour permettre à cette exposition de se tenir dans de bonnes conditions, avec une fréquentation à la hauteur de la qualité du travail de l’artiste, et qui permettra une véritable médiation autour de l’événement, pour le grand public et pour le public scolaire.

L’exposition la Peinture dévisagée a vu sa durée réduite à peau de chagrin avec le second confinement et se retrouve prolongée jusqu’au 31 mai 2021, pour donner l’occasion au public de la découvrir avant décrochage. Au programme plusieurs portraits inédits sortis des réserves pour l’occasion ! Elle sera visible dès la réouverture du musée.

– L’événement théâtral de la Compagnie Hymnalaya pour le Printemps des Poètes, qui devait avoir lieu en mars, a été malheureusement annulé : vous pourrez retrouver la troupe en deux autres occasions cet été.

– Si les événements de mai sont pour le moment maintenus, ils seront suspendus aux décisions gouvernementales, concernant les rassemblements : Nuit des musées et conférence dans l’expectative.

– L’exposition Instants suspendus qui débutera en juin, en collaboration avec les musées de Saint-Quentin, et les animations estivales qui en découlent sont pour le moment maintenues dans la forme annoncée par le calendrier culturel.

Le musée reste fermé au public, dans l’attente d’une autorisation de réouverture. L’équipe ne manquera pas de vous tenir informée des suites bien sûr. Le public peut comme d’habitude retrouver le musée sur le web et les réseaux sociaux qui sont régulièrement mis à jour : détail du mois, anniversaire d’artiste, tableaux inédits… Découvrez le musée autrement !

Demandez le programme culturel 2021 du musée !

Il était annoncé et le voici  arrivant juste avant Noël.

Vous pouvez télécharger le programme culturel 2021 du musée en cliquant sur l’image ci-dessous :

Ce programme est bien sûr diffusé à titre indicatif et de nombreuses animations sont encore en suspens, contexte sanitaire oblige, nous espérons néanmoins pouvoir vous proposer ce contenu, comprenant de nombreuses animations inédites qui vous feront voir le musée autrement.

Le portait de madame Adélaïde à l’honneur

Pour clôturer la petite série de vidéos YouTube consacrées aux portraits de l’exposition la Peinture dévisagée, on finit avec unE artiste, l’excellente Elisabeth Vigée-Lebrun !
Vous pourrez découvrir dans la vidéo le portrait sensible qu’elle livre de madame Adélaïde, l’une des filles de Louis XV, célèbre dans la région puisque le Chemin des Dames est nommé en référence à elle et sa sœur !
Pour découvrir la vidéo, cliquez le portrait :

La peinture dévisagée, la visite de l’exposition !

L’équipe du musée vous propose de partir à la rencontre de l’exposition la Peinture dévisagée qui revient sur les portraits de la Collection avec plusieurs peintures inédites, puisées dans les réserves.

Les guides, durant cette visite d’une trentaine de minutes, vous feront parcourir l’exposition via les portraits présentés, pour saisir les enjeux du portrait classique et ses mutations. En bonus, si les conditions de conservation le permettent, cette visite sera l’occasion de la présentation exclusive d’un autre inédit des réserves.

 

Infos pratiques :

Ces visites auront lieu les 28 novembre, 19 décembre 2020, 9 et 30 janvier 2021 prochains à 15h. La réservation pour y participer est obligatoire, car le nombre de place est limité.

Entrée : 4€

Port du masque obligatoire durant toute la durée de la visite.