Détail du mois de novembre : ange, phylactère et vaisselle flamande…

Le détail du mois provient d’un triptyque de la salle des Primitifs représentant sur son panneau central une adoration des Mages réalisée par l’atelier anversois de Pieter Coecke van Aelst, actif dans la première moitié du XVIe siècle. Notre détail provient du volet gauche représentant l’Annonciation.

On y voit la représentation de Gabriel, l’ange de l’Annonciation qui désigne le ciel et déploie un phylactère. Un phylactère est un moyen graphique semblable à une petite banderole, sur laquelle se déploient les paroles prononcées par le personnage dépeint, ici on peut y lire Ave gratia plena, dominus tecum, soit « Je te salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec toi ». L’ange est somptueusement vêtu et paré car les peintures de l’atelier de Pieter Coecke van Aelst était célèbre pour leurs détails décoratifs d’une certaine préciosité.
A l’arrière-plan, on peut voir de la vaisselle d’étain posée sur une armoire, que l’on s’attend davantage à retrouver dans une maison bourgeoise des Flandres que dans l’habitat de Marie en Palestine, les peintres interprètent alors le décor des scènes bibliques avec une grande liberté et les scènes de l’annonciation sont généralement l’occasion d’expérimentation sur la profondeur avec des jeux de perspectives.

Ce tableau était parti en restauration et revient au cours du mois de novembre et vous aurez l’occasion de le redécouvrir nettoyé et consolidé. En effet, on peut voir une fissure qui court dans le bois et dont l’état a nécessité une intervention des restaurateurs. A bientôt au musée pour le voir en entier !

Détail du mois d’octobre : Roi, chasse et lièvre…

Le détail du mois d’octobre est consacré à la représentation du roi sans doute le plus emblématique de l’histoire de France, Louis XIV ! Ici peint par l’atelier florissant d’Adam François van der Meulen (1632-1690), il témoigne du style baroque adopté par ce peintre, bruxellois d’origine mais entrée au service du roi de France en 1662. Spécialiste des chevaux et des paysages, il est célèbre pour ses scènes de chasse et de bataille : son talent est reconnu par le Roi en personne qui lui accorde une pension. Il accompagne Louis XIV dans tous ses voyages, dans toutes ses résidences, et dans toutes ses guerres.

Le détail ici présenté évoque un départ de chasse, Louis XIV est figuré sur un cheval blanc, vêtu d’un habit de chasse somptueux. La pratique de la chasse était alors un loisir réservé à la noblesse, qui en détenait le privilège. Le roi devait donc marquer son rang devant la cour en étant un chasseur assidu. Il s’agit alors de chasse à courre, et le roi va se déplacer accompagné d’un équipage de vénerie nombreux, pouvant atteindre trois-cents personnes ! On peut voir des nobles qui l’assistent à pied ou à cheval, à l’image du second cavalier sur le détail qui tient un lièvre par les pattes-arrières.

Pour découvrir cette œuvre magistrale en entier, une date à retenir : le 7 octobre prochain ! En effet le tableau sera dévoilé au public à l’issue de sa restauration lors de l’après-midi avec Louis XIV où restaurateurs et historiens vous en dévoileront tous les secrets !

Détail du mois : une abbaye, des nuages et beaucoup de talent…

Le détail du mois de septembre vous présente l’un des plus beaux paysages réalisés par Salomon Ruysdael (Naarden, vers 1600– Haarlem, 1670), un des grands maîtres de ce genre au XVIIe siècle. Spécialiste des paysages de rivières, d’estuaires ou de dunes, Salomon Ruysdael commence sa carrière à Haarlem et restera toute sa vie aux Pays-Bas. Oncle du célèbre Jacob van Ruisdael (Haarlem, 1628 – Amsterdam, 1682), il entreprend sa formation.

Ce détail est tout à fait typique de son style, avec les effets atmosphériques du ciel et le troupeau venant animer le paysage, mais il est surtout remarquable par la présence de ruines de deux édifices religieux. En effet, le bâtiment semi-détruit est identifié comme l’abbaye d’Egmond, ou abbaye Saint-Adalbert, un monastère bénédictin, situé en Hollande-Septentrionale. L’abbaye fut détruite en 1573, pendant la guerre des quatre-vingts ans qui voit les Hollandais lutter contre les Espagnols. L’abbaye sera laissée à l’état de ruines par les Gueux de mer, une milice hollandaise protestante de corsaires et d’aventuriers qui agit pour le compte de Guillaume d’Orange, le principal constructeur de l’indépendance néerlandaise. Le clocher de l’arrière-plan appartient, lui, à l’ancienne église paroissiale, la Buurkerk, du village voisin de Binnen.

Pour découvrir le reste du tableau, il faudra vous rendre au musée pour le voir parmi d’autres chefs-d’œuvre du Siècle d’Or hollandais. Pensez notamment au week-end des Journées Européennes du Patrimoine les 16 et 17 septembre, où le musée sera ouvert gratuitement le samedi et le dimanche de 10h à 17h30 !

Journées européennes du Patrimoine : le programme 2023

En septembre, nous fêtons le patrimoine !

Le musée sera à la fête avec l’ouverture de l’exposition Miroir par Kévin Auber, à cette occasion l’artiste sera présent tout le week-end pour vous présenter sa démarche et son travail lors de visite flash. Il présentera également ses techniques de dessin lors de démonstration durant la journée.

Kévin Auber dans son atelier, crédit photo : Marie-Pierre Duval

Vous pouvez également profiter de cette halte à La Fère pour aller à la rencontre de son patrimoine ! Le château de la Fère sera ouvert à la visite ainsi que l’église Saint Montain qui propose comme petite nouveauté cette année de revenir sur la figure de Saint Montain, personnage légendaire qui aurait évangélisé la région !

Toutes les infos ci-dessous :

Musée Jeanne d’Aboville
samedi et dimanche, en continu de 10h à 17h30
Week-end inaugural de l’exposition “Miroir par Kévin Auber”
Démonstration par l’artiste en continu sur la journée
Visite-flash de l’exposition avec l’artiste, à 11h, 14h et 16h.

Château de La Fère
samedi et dimanche, 9h-12h /14h-17h
Visite du parc et de la salle capitulaire du château

Eglise Saint-Montain de La Fère
samedi et dimanche de 14h à 17h30
Circuit de visite dans l’église et sa sacristie

Détail du mois de juillet : ruines, baroque romain et nostalgie…

 

Le détail du mois provient d’une toile intitulée Prière et offrande aux dieux dans un palais en ruine, et est l’œuvre de Giovanni Ghisolfi (1623-1683).
Né à Milan, il s’est d’abord formé avec son oncle Antonio Volpino, un petit maitre, et son style ne s’affirme que tardivement après 1650, à vingt-sept ans, avec son départ pour Rome et sa confrontation avec le style baroque en plein avènement. Giovanni Ghisolfi a également l’occasion de connaître la peinture et l’approche architecturale de Pierre de Cortone, un des artistes théoriciens du Baroque. Ghisolfi se spécialise alors dans les paysages avec des ruines antiques, en s’inspirant des vestiges visibles à Rome et ses alentours.
Notre détail montre la mise en scène extrêmement théâtrale répondant bien au goût du Baroque où semble se jouer une tragédie antique dans ce décor de ruines, avec un groupe de personnages. Leur gestuelle se rapproche de celle des statues dont ils se différencient par la couleur. On peut y voir une vision nostalgique et sublimée de l’Antiquité héritée de la Renaissance, dont les ruines sont les seuls vestiges physiques d’un âge d’or disparu. Une réflexion importante est menée sur le temps qui passe : la méditation s’axe sur ces ruines, vestiges du plus grand Empire que l’Occident ait connu, peu à peu reconquit par la Nature.

Ce tableau des réserves sera exceptionnellement visible à l’occasion des visites VIP le samedi matin pendant l’été, attention c’est uniquement sur réservation !

Des Visites VIP au musée pendant l’été

Pendant l’été les samedis matins, le musée vous proposent des visites guidées exclusives en dehors des horaires d’ouverture classiques : venez profiter des collections en mode VIP le temps d’une visite guidée exclusive des Collections avec présentation de tableaux inédits !

Réalisé en très petit groupe, ces visites sont uniquement sur réservation préalable et les places sont très limitées !

En bref :
Visite VIP du musée Jeanne d’Aboville
8 juillet, 22 juillet, 5 août, 19 août 2023 à 10h30
Durée : environ 1h30
Sur réservation uniquement auprès du musée au téléphone au 03 23 56 71 91

Le Son des tableaux, animation familiale

edit : l’animation affiche complet. 

Animation familiale avec le duo de musiciennes Les Voyageuses autour des instruments de musique et leurs représentations à partir de 6 ans.

Laurence Pottier et Cécile Robert font chanter leurs instruments pour inviter le public à une escapade musicale joyeuse et rythmée au cœur des Collections du musée Jeanne d’Aboville à la rencontre des tableaux représentant musiciens et instruments.
Via la présentation de différents instruments (flûtes, viole de gambe, vièle, psaltérion, accordéon, guitares, ukulélé, percussions…) et de jeux musicaux et chansons, elles créeront un lien entre ce que les visiteurs voient et ce qu’ils pourraient entendre.

Les musiciennes présentes :

Le Duo “les voyageuses”

Médaille d’or à l’unanimité de flûte à bec du CNR de Douai, Laurence Pottier enseigne la flûte à bec ainsi que la musique de chambre au Conservatoire de Paris IXe.
1er prix de flûte à bec au Conservatoire National de Région d’Aubervilliers, Cécile Robert est professeur d’éducation musicale de la ville de Paris, avec une spécialité d’enseignante à l’hôpital.

 

Détails pratiques
Animation musicale au musée “le Son des tableaux”
24 juin et 1er juillet 2023 à 14h30
Durée environ 1h, sur réservation
5€, gratuit pour les enfants

Réservations au 03 23 56 71 91 ou musee-daboville@ville-lafere.fr

Détail du mois de mai : un faussaire nocturne…

Le détail du mois de mai vous présente une imitation des productions d’Aert van der Neer, peintre paysagiste du Siècle d’or hollandais, spécialiste des paysages d’hiver et des vues nocturnes. Sa maîtrise des effets de lumière a rendu ses scènes nocturnes célèbres et il a connu plusieurs imitateurs, dont certains n’hésitaient pas à apposer des fausses signatures sur leur travail pour lui donner plus de valeur. C’est le cas ici puisque la peinture comporte un faux monogramme.
Le peintre anonyme réalise ici un pastiche : il imite à la fois le style et la composition des œuvres d’Aert van der Neer, en reprenant les motifs les plus poncifs de sa production et  l’agencement des éléments. Néanmoins, le peintre faussaire devait être moins habile sur les effets atmosphériques que celui qu’il souhaitait imiter, car il a caché le clair de lune derrière un arbre.
Si on ignore l’identité du faussaire, les craquelures irrégulières de la couche picturale prenant l’apparence du cuir sont typique du XIXe siècle, par le vieillissement du mélange des pigments et de l’huile employés à cette époque.
Ce tableau inédit des réserves sera présenté exceptionnellement à l’occasion de la Nuit des musées le 13 mai prochain, venez le découvrir en entier !

Détail du mois d’avril : Golgotha, rédemption et parallèle contemporain…

Le détail du mois d’avril provient d’un panneau réalisé par un artiste du Sud de l’Italie au XVIe siècle. Il représente une crucifixion.

Le détail choisi représente le crâne placé traditionnellement au pied de la croix dans la plupart des représentations de la crucifixion de Jésus avec une vocation double. Il signifie le lieu de la Crucifixion, le mont Golgotha que l’on peut traduire par « Mont du crâne » ou « Lieu du crâne » : c’est une colline située à l’extérieur de Jérusalem, sur laquelle les Romains exécutaient les condamnés à mort. C’est le lieu où Jésus fut crucifié, mais aussi où il aurait été enterré après son exécution. La référence au crâne provient également d’une tradition qui dit que les os d’Adam, le premier homme auraient été enterrés sur le lieu et que le sang de Jésus lors de son supplice aurait coulé sur les os pour racheter les péchés d’Adam.
Le crâne représente également le passage de la mort à la résurrection, l’abandon de l’enveloppe charnelle, le retour à la matière. Il est dans la vision des artistes le symbole de la rédemption du péché originel.

Ce tableau inédit des réserves est exceptionnellement dévoilé à l’occasion de l’exposition d’œuvres de l’Artothèque de l’Aisne au musée jusqu’au 15 avril 2023, où il est mis en rapport avec une vanité contemporaine de Pierre Collin. A découvrir au musée !