Détail du mois de juillet : ruines, baroque romain et nostalgie…

 

Le détail du mois provient d’une toile intitulée Prière et offrande aux dieux dans un palais en ruine, et est l’œuvre de Giovanni Ghisolfi (1623-1683).
Né à Milan, il s’est d’abord formé avec son oncle Antonio Volpino, un petit maitre, et son style ne s’affirme que tardivement après 1650, à vingt-sept ans, avec son départ pour Rome et sa confrontation avec le style baroque en plein avènement. Giovanni Ghisolfi a également l’occasion de connaître la peinture et l’approche architecturale de Pierre de Cortone, un des artistes théoriciens du Baroque. Ghisolfi se spécialise alors dans les paysages avec des ruines antiques, en s’inspirant des vestiges visibles à Rome et ses alentours.
Notre détail montre la mise en scène extrêmement théâtrale répondant bien au goût du Baroque où semble se jouer une tragédie antique dans ce décor de ruines, avec un groupe de personnages. Leur gestuelle se rapproche de celle des statues dont ils se différencient par la couleur. On peut y voir une vision nostalgique et sublimée de l’Antiquité héritée de la Renaissance, dont les ruines sont les seuls vestiges physiques d’un âge d’or disparu. Une réflexion importante est menée sur le temps qui passe : la méditation s’axe sur ces ruines, vestiges du plus grand Empire que l’Occident ait connu, peu à peu reconquit par la Nature.

Ce tableau des réserves sera exceptionnellement visible à l’occasion des visites VIP le samedi matin pendant l’été, attention c’est uniquement sur réservation !

Des Visites VIP au musée pendant l’été

Pendant l’été les samedis matins, le musée vous proposent des visites guidées exclusives en dehors des horaires d’ouverture classiques : venez profiter des collections en mode VIP le temps d’une visite guidée exclusive des Collections avec présentation de tableaux inédits !

Réalisé en très petit groupe, ces visites sont uniquement sur réservation préalable et les places sont très limitées !

En bref :
Visite VIP du musée Jeanne d’Aboville
8 juillet, 22 juillet, 5 août, 19 août 2023 à 10h30
Durée : environ 1h30
Sur réservation uniquement auprès du musée au téléphone au 03 23 56 71 91

Le Son des tableaux, animation familiale

edit : l’animation affiche complet. 

Animation familiale avec le duo de musiciennes Les Voyageuses autour des instruments de musique et leurs représentations à partir de 6 ans.

Laurence Pottier et Cécile Robert font chanter leurs instruments pour inviter le public à une escapade musicale joyeuse et rythmée au cœur des Collections du musée Jeanne d’Aboville à la rencontre des tableaux représentant musiciens et instruments.
Via la présentation de différents instruments (flûtes, viole de gambe, vièle, psaltérion, accordéon, guitares, ukulélé, percussions…) et de jeux musicaux et chansons, elles créeront un lien entre ce que les visiteurs voient et ce qu’ils pourraient entendre.

Les musiciennes présentes :

Le Duo “les voyageuses”

Médaille d’or à l’unanimité de flûte à bec du CNR de Douai, Laurence Pottier enseigne la flûte à bec ainsi que la musique de chambre au Conservatoire de Paris IXe.
1er prix de flûte à bec au Conservatoire National de Région d’Aubervilliers, Cécile Robert est professeur d’éducation musicale de la ville de Paris, avec une spécialité d’enseignante à l’hôpital.

 

Détails pratiques
Animation musicale au musée “le Son des tableaux”
24 juin et 1er juillet 2023 à 14h30
Durée environ 1h, sur réservation
5€, gratuit pour les enfants

Réservations au 03 23 56 71 91 ou musee-daboville@ville-lafere.fr

Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et leurs abolitions

 

En ce 10 mai 2023, à l’occasion de la 18ème Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et leurs abolitions et en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, le musée vous présente cette représentation d’esclave, visible sur l’Allégorie du Goût, issu de l’atelier anversois de la famille Brueghel. Le raffinement affiché des détails montre l’influence de Rubens, qui possédait également un atelier dans cette ville.
Réalisé à une époque florissante, où Anvers est l’un des grands ports commerciaux à l’échelle mondiale, ce détail illustre l’importance du tristement célèbre commerce triangulaire dans la réussite économique de la ville. Si le port d’Anvers n’était pas un port négrier à proprement parler, il a néanmoins alimenté ce commerce, en armant des navires espagnols notamment.
La représentation de l’esclave noir symbolise les terres exotiques qui font la richesse des commerçants anversois, il incarne l’allégorie de l’Afrique. Il est représenté avec une coupe à boire et à proximité des contenants pour la boisson, indiquant qu’il est utilisé comme domestique. Les représentations de domestiques noirs restent rares dans la peinture flamande du XVIIe siècle car leur présence était exceptionnelle : avoir un Noir à son service était un signe extérieur de richesse car on l’avait fait venir à prix d’or depuis les comptoirs de Guinée.
Vous pouvez également découvrir jusqu’au 3 juin au musée l’exposition temporaire #CestNotreHistoire consacrée à l’histoire de l’esclavage et de ses abolitions en France.

#PatrimoinesDechaines #journéedemémoiredelesclavage #abolition #droitsdelhomme #esclavage #mémoire

Détail du mois de mai : un faussaire nocturne…

Le détail du mois de mai vous présente une imitation des productions d’Aert van der Neer, peintre paysagiste du Siècle d’or hollandais, spécialiste des paysages d’hiver et des vues nocturnes. Sa maîtrise des effets de lumière a rendu ses scènes nocturnes célèbres et il a connu plusieurs imitateurs, dont certains n’hésitaient pas à apposer des fausses signatures sur leur travail pour lui donner plus de valeur. C’est le cas ici puisque la peinture comporte un faux monogramme.
Le peintre anonyme réalise ici un pastiche : il imite à la fois le style et la composition des œuvres d’Aert van der Neer, en reprenant les motifs les plus poncifs de sa production et  l’agencement des éléments. Néanmoins, le peintre faussaire devait être moins habile sur les effets atmosphériques que celui qu’il souhaitait imiter, car il a caché le clair de lune derrière un arbre.
Si on ignore l’identité du faussaire, les craquelures irrégulières de la couche picturale prenant l’apparence du cuir sont typique du XIXe siècle, par le vieillissement du mélange des pigments et de l’huile employés à cette époque.
Ce tableau inédit des réserves sera présenté exceptionnellement à l’occasion de la Nuit des musées le 13 mai prochain, venez le découvrir en entier !

Détail du mois d’avril : Golgotha, rédemption et parallèle contemporain…

Le détail du mois d’avril provient d’un panneau réalisé par un artiste du Sud de l’Italie au XVIe siècle. Il représente une crucifixion.

Le détail choisi représente le crâne placé traditionnellement au pied de la croix dans la plupart des représentations de la crucifixion de Jésus avec une vocation double. Il signifie le lieu de la Crucifixion, le mont Golgotha que l’on peut traduire par « Mont du crâne » ou « Lieu du crâne » : c’est une colline située à l’extérieur de Jérusalem, sur laquelle les Romains exécutaient les condamnés à mort. C’est le lieu où Jésus fut crucifié, mais aussi où il aurait été enterré après son exécution. La référence au crâne provient également d’une tradition qui dit que les os d’Adam, le premier homme auraient été enterrés sur le lieu et que le sang de Jésus lors de son supplice aurait coulé sur les os pour racheter les péchés d’Adam.
Le crâne représente également le passage de la mort à la résurrection, l’abandon de l’enveloppe charnelle, le retour à la matière. Il est dans la vision des artistes le symbole de la rédemption du péché originel.

Ce tableau inédit des réserves est exceptionnellement dévoilé à l’occasion de l’exposition d’œuvres de l’Artothèque de l’Aisne au musée jusqu’au 15 avril 2023, où il est mis en rapport avec une vanité contemporaine de Pierre Collin. A découvrir au musée !

Les lapins de Pâques envahissent le musée !

Pour inciter les (jeunes) visiteurs à pousser sa porte à l’occasion de la semaine de Pâques les 1er, 5 et 8 avril prochains, le musée Jeanne d’Aboville propose une animation familiale. Les visiteurs petits et grands sont invités à une chasse à la recherche des lapins de la Collection, mais aussi de quelques autres à découvrir sur place…

Les participants qui trouveront tous les lapins visibles sur les tableaux et ailleurs gagneront un sachet de chocolats de Pâques ! Nécessitant juste un peu d’observation, cette visite peut se faire en famille pour aborder la peinture d’un point de vue ludique.

Cette animation reçoit le soutien financier de l’association des Amis du musée Jeanne d’Aboville (AMJA), merci à tous ces membres !

En bref : 

Chasse au lapin de Pâques de 14h à 17h30 les 1er, 5 et 8 avril 2023.
Entrée du musée payante (4 €), gratuit pour les enfants.
Sans réservation
Infos au 03 23 56 71 91

Le musée sur Ma Télé !

Retrouvez le musée et particulièrement ses collections flamandes et hollandaises mis à l’honneur dans un court reportage que lui a consacré la chaîne Ma Télé, merci à Gabriel, le journaliste, pour son intérêt et son professionnalisme.

Cliquez sur l’image pour voir la vidéo :

Les Femmes du musée : la visite thématique du 8 mars

Officialisée par les Nations Unies en 1977, la Journée Internationale du Droit des Femmes trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote.
Fondée par une femme, la comtesse Gabriel-Uranie d’Héricourt de Valincourt au XIXe siècle qui choisit par testament de lui donner le nom de sa mère, le musée Jeanne d’Aboville s’inscrit dans cette manifestation en proposant le 8 mars 2022, une visite thématique sur le thème de la représentation féminine dans les arts. En revenant sur l’utilisation des figures féminines dans les œuvres des différentes écoles, la visite permettra d’avoir un aperçu des enjeux de la représentation des vices et vertus féminins par les peintres concourant à renforcer la vision acceptée par la société.
La visite sera également l’occasion d’évoquer le statut longtemps difficile de la femme-artiste, ou encore du rôle des collectionneuses et du mécénat au féminin.
En bref :
Visites guidées thématiques “Les Femmes du musée”
8 mars à 14h et 16h, durée : environ 45mn
Entrée au musée : 4€, exceptionnellement gratuit pour les femmes à cette occasion
Réservation conseillée au 03 23 56 71 91

Une tabagie

Ce tableau est décrit comme un Intérieur de taverne du XVIIe siècle, peint par un peintre flamand anonyme, qui gravitait sans doute autour de l’atelier bruxellois de David Teniers le Jeune (1610-1690). En effet, Tenier est le plus connu des peintres de genre de son époque, il a particulièrement développé le genre paysan, dont les scènes de taverne, créant de véritable recettes de composition que les autres peintres appliquaient.
Dans ces scènes de taverne on peut voir des hommes buvant, jouant et fumant, renvoyant au rôle éminemment social du tabac à cette époque : il est déjà source de polémique et soulève des problématiques qui nous sont totalement contemporaines.
L’herbe à Nicot, du nom de l’ambassadeur qui introduisit le tabac en Europe, était connue au Pays-Bas en qualité de plante médicinale dès la fin du XVIe siècle. On prit l’habitude dans priser et d’en fumer les feuilles assez rapidement et cette pratique avait gagné toutes les couches de la population des Pays-Bas avant 1625. Associés aux boissons dans les tavernes, les fumeurs sont assimilés au buveur d’alcool, on utilise alors l’expression boire une pipe de fumée.
Le tabac à priser devient très courant, accessible même aux couches les plus pauvres de la population. D’abord vendu par les apothicaires, il devient l’objet d’un commerce spécialisé. Les aubergistes en tenaient dépôt pour leurs clients.
On fume le tabac à l’aide de longues pipes de terre cuite au fourneau étroit. Plus rarement on utilise des pipes en argent, qui produisent une fumée âcre, comme sur notre tableau. Il existait dans les seuls Pays-Bas du Nord une dizaine de fabrique de pipes, les plus illustres était celles de Gouda.


Le tabac connait alors un tel succès qu’on cherche à limiter les endroits où fumer, car seules les églises y échappent. Les princes et les villes ont frappé de lourdes taxes le commerce du tabac et organisent des campagnes d’affichage pour mettre la population en garde. Seules les dames de la noblesse et de la grande bourgeoisie répugnent  à cette pratique, jugée malpropre. On a même trace de contrat de mariage entre deux nobles ou l’épousée introduit une clause interdisant à son mari de fumer dans la maison.
On commence alors à associer le tabac à la vie dissolue menée par les messieurs qui vont fumer dans des tavernes appeler tabagies, où l’on jouait et buvait. Le tabac devient alors un signe de rébellion et de débauche.

L’usage du tabac est encore largement répandu dans le monde,  aujourd’hui 13% des décès en France sont imputables au tabac.