Un combat de cavalerie près d’une rivière
toile, 75 x 106 cm
Jan Jabosz van der Stoffe (1611-1682)
photo : L. Feys/Ville de La Fère
Site officiel | Un concentré d'art et d'histoire à découvrir !
Un combat de cavalerie près d’une rivière
toile, 75 x 106 cm
Jan Jabosz van der Stoffe (1611-1682)
photo : L. Feys/Ville de La Fère
C’est bientôt la rentrée, on vous propose d’observer ce tableau intitulé l’école du village !
Attribué à Harmen Hals (Haarlem, 1611 – 1669), cet artiste est le fils aîné de Frans Hals, qui lui dispense sa formation dans son atelier de Haarlem.
Harmen Hals a laissé une production majoritairement composée de tableaux représentant des scènes populaires, à l’image de cette petite école installé dans un bâtiment rustique. La gamme de couleurs ocres est typique de sa production et les visages mal dégrossis des personnages témoigne de l’influence de son père, célèbre pour ses tronies, représentant les expressions des personnages de manière caricaturale et exagérée.
On y voit l’école d’un village hollandais, typique du système de petites écoles qui se développe en Hollande septentrionale durant la période moderne. Les Pays-Bas ne possédaient aucun organisme central chargé d’administrer ou de contrôler l’enseignement, l’organisation des petites écoles, l’équivalent de nos écoles primaires et maternelles, était de l’initiative de particuliers ou d’associations privées, qui agissaient avec l’approbation municipale. L’école à la campagne est souvent installée dans une annexe de l’église, voire dans une grange un ou une étable, alors qu’en ville la population a accès à de véritables écoles avec des pupitres, des bancs, et du chauffage.
Le professeur placé au centre du tableau adopte une posture de découragement destiné à produire un effet comique. Dans les petites écoles de village, le maître a parfois plutôt fonction de simple surveillant. Des guildes de maîtres d’école se forment peu à peu au XVIIe siècle et exercent un contrôle sur le contenu des enseignements. Néanmoins beaucoup de parents se plaignent du faible niveau de ces maître d’école, un rapport de 1611 décrit des professeurs incapables de nommer correctement les lettres de l’alphabet ! Ce n’est qu’en 1665 qu’une ordonnance exigera des maîtres d’école une connaissance correcte de l’écriture et de la lecture. Malgré ses défauts, les petites écoles hollandaises vont permettre une large alphabétisation de la population, qui présente le meilleur taux d’Europe à cette époque, car les écoles hollandaises accueillent les garçons comme les filles.
Le garçon placé dans la lumière à gauche semble lire à voix haute. Le programme de l’enseignement de l’école se réduit a l’histoire sainte, la lecture l’écriture et au calcul. L’arithmétique élémentaire à cause de son importance commerciale fait l’objet d’un soin particulier de la plupart des maîtres. L’écriture et en savoir prestigieux et la calligraphie un véritable art esthétique. La renommée des maîtres hollandais en la matière dépassera les frontières du pays.
On souhaite une excellente rentrée à tous les élèves ainsi qu’à leurs professeurs ! Le service éducatif du musée les attend pour une sortie à La Fère pour découvrir tous les secrets de la peinture hollandaise !
Le musée va vous proposer un programme riche en termes de conférences cet automne : en effet, des conférenciers vont se succéder pour vous proposer des sujets variés et tous passionnants !
Autre avantage : ces conférences sont gratuites et sont accessibles à tous car elles auront lieu dans des espaces accessible aux personnes à mobilité réduite. On vous donne rendez-vous les :
Conférence Le monde gravé d’Albrecht Dürer
Par Aude Briau, historienne de l’art et co-commissaire de l’exposition Naissance d’un influenceur (EPHE-PSL (Saprat), Paris / Université d’Heidelberg)
Durée environ 1h
Si l’exposition au musée Jeanne d’Aboville vous a permis de découvrir la peinture attribuée à Albrecht Dürer conservée à La Fère, Aude Briau vous propose d’approfondir le sujet en découvrant ce qui fera de Dürer une véritable star de la Renaissance : ses gravures !
Conférence Sénèque, sous-bois et crâne de singe : une vanité de Mathias Withoos décryptée
Par Mariel Hennequin, directeur du musée Jeanne d’Aboville
Durée environ 1h, attention conférence hors les murs dans le cadre d’un cycle en partenariat avec la Micro Folie de Tergnier autour de la nature-morte
Le musée Jeanne d’Aboville possède dans ses collections une des vanités les plus achevées de Mathias Withoos, un peintre du Siècle d’Or néerlandais célèbre pour ses peintures de sous-bois. D’une composition complexe, ce tableau sera explicité et replacé dans son contexte et il réserve quelques petites surprises soigneusement cachées par l’artiste…
Conférence sur Gabrielle d’Héricourt de Valincourt, créatrice du musée de La Fère
Par Éléonore Dérisson, historienne de l’art et chargée des Collections à la Fondation des Artistes
Durée environ 1h, cette conférence a lieu dans le cadre de la journée consacrée à l’anniversaire des 150 ans la mort de la Comtesse d’Héricourt, créatrice du musée de La Fère
La Collection exceptionnelle que l’on peut aujourd’hui admirer à La Fère est l’œuvre d’une femme, Gabrielle-Uranie d’Héricourt de Valincourt, qui a patiemment constitué cet ensemble pour ensuite l’offrir à sa ville natale. Eléonore Dérisson reviendra sur le travail d’enquête qu’elle a mené pour mieux connaitre la genèse de cette collection étonnante.
Conférence A la rencontre de Théophile Eck, archéologue et homme de lettres axonais 1841-1917
par Grégoire Masson, historien
Durée environ 1h
Amédée Théophile Eck a, tout au long de son existence, manifesté un intérêt pour de multiples disciplines littéraires et scientifiques. Il fut à la fois écrivain, historien, dramaturge, chroniqueur, polémiste mais également conservateur du musée Antoine Lécuyer, collectionneur émérite, excellent dessinateur et archéologue. Grégoire Masson vous convie à la découverte de cet axonais, singulier à bien des égards.
Départ en restauration pour ce tableau présentant une bergère et son troupeau du peintre Johannes van der Bent (Amsterdam, 1649/1651 – 1690). Reconnaissable par l’allure italianisante du paysage, cette œuvre se caractérise par ses couleurs chaudes.
A redécouvrir au musée en 2026 !
Le 13 décembre, retour d’une œuvre de la campagne de restauration 2024 au musée Jeanne d’Aboville : il s’agit d’une œuvre flamande du XVIIe siècle représentant une scène mythologique.
Vertumne et Pomone est un mythe romain qui évoque la nymphe protectrice des arbres fruitiers, Pomone qui est poursuivie par les assiduités du dieu des changements, Vertumne. Celui-ci a le pouvoir de se transformer à volonté et va prendre la forme de plusieurs personnages pour faire son propre éloge auprès de Pomone, mais celle-ci reste indifférente. Il prend finalement la forme d’une vieille femme qui peut approcher plus facilement Pomone et lui vante les vertus de l’amour et du mariage. Une fois Pomone convaincue, il change de forme et lui présente son vrai visage : elle tombe instantanément amoureuse.
Ce mythe a été représenté de nombreux fois dans l’art et il a pu être réattribué à Jan Pauwel Gillemans (1651-1704) grâce à des recherches menées par le musée. Le tableau a notamment pu être comparé sur photo avec un autre tableau de l’artiste sur le même thème passé en salle des ventes récemment.
Jan Pauwel Gillemans le jeune réalise des tableaux décoratifs mettant en scène des fleurs et des animaux. Il fut élève de Joris van Son, également spécialiste des natures mortes, tout spécifiquement des représentations de fleurs et de fruits.
Il a travaillé en collaboration avec des peintres de paysage et des peintres de figures, et on peut supposer que Peter Ykens, un autre peintre anversois, spécialiste des représentations humaines a réalisé sur cette peinture Vertumne, sous les traits d’une vieille femme, et Pomone.
Jan Pauwel Gillemans le Jeune a multiplié les déplacements entre les Flandres et la Hollande, il meurt lors d’un de ses voyages en tombant ivre dans un canal.
Jan Pauwel le jeune développe un style qui lui est spécifique, manifestant une appétence pour la représentation d’animaux exotiques : on trouve par exemple beaucoup de perroquets dans sa production. L’œuvre ici présentée comprend plusieurs espèces de perroquets mais également de manière plus incongrue un dodo, le célèbre oiseau de l’île Maurice dont l’espèce a aujourd’hui disparu.
Les représentations de dodo sont très à la mode au XVIIe siècle et on les retrouve dans de nombreuses œuvres flamandes et hollandaises.
La représentation de l’oiseau circule sous forme de gravure où il est généralement accompagné d’un cochon-d’inde. Gillemans semble s’être inspiré d’une de ces gravures car l’oiseau est représenté en compagnie d’un de ces petits rongeurs que l’artiste a l’habitude de représenter pour animer le premier plan de certaines de ses natures-mortes.
On trouve également sur cette peinture un kiwi, espèce en provenance de Nouvelle-Zélande.
Le tableau a fait l’objet d’une restauration complète dans l’atelier du restaurateur Igor Kozak : celui-ci a changé le rentoilage ainsi que le châssis tendant la toile. Il a également traité la couche picturale encombrée de nombreux repeints, couvrant la peinture originale. Il a également retiré les vernis anciens qui s’étaient oxydés avec le temps, permettant de révéler aux yeux du public les couleurs d’origine de cette peinture inédite des réserves.
Vous pouvez redécouvrir le tableau dès aujourd’hui au musée !
Le détail du mois de novembre provient d’un Intérieur d’église d’un artiste anonyme flamand du XVIIe siècle, mais visiblement sous l’influence de l’atelier anversois des peintres Pieter Neefs I et II, un père et son fils qui se sont spécialisés dans les vues d’architecture. La production de Pieter Neefs le Vieux fut très abondante et il est très difficile de la distinguer de celle de son fils. On a pu recenser plus de 400 tableaux qu’il réalisa avec des collaborateurs et ses deux fils Lodewijk et Peeter.
Le peintre anonyme se place dans leur sillage, avec cet intérieur d’église, sujet alors à la mode qui permet à la fois de représenter des perspectives, animées par la minutie des détails et des jeux de lumière. Ce peintre n’atteint néanmoins pas le degré de précisions des œuvres sortant de l’atelier Neefs et l’on constate rapidement de nombreuses erreurs dans le rendu des perspectives, dues à la démultiplication des points de fuite.
Le staffage, soit l’ajout de personnages pour animer la scène, est sans doute réalisé par un autre artiste spécialiste de ce sujet : on peut voir deux hommes élégamment vêtus discuter ensemble tandis qu’en arrière-plan un groupe de fidèles écoutent un homme d’église monté en chaire pour prêcher. Cette scène tend à rendre l’atmosphère qui était celle des églises, à la fois lieu de spiritualité et de sociabilité.
Cette peinture est à découvrir en intégralité au musée, on vous souhaite un beau mois de novembre !
Le détail du mois vous présente une nature morte de fleurs œuvre du peintre néerlandais Carel de Vogelaer (Maastricht, 1653 – Rome, 1695). Peintre de natures mortes dont le nom est essentiellement associé à des tableaux de fleurs, bien qu’il ait également représenté des fruits et des natures mortes de gibier, son style évolue quand il quitte les Pays-Bas pour l’Italie vers 1675, où il sera connu sous le nom de Carlo dei Fiori.
La nature morte de ce peintre présente au sein des collections frappe par les tons chauds qui la caractérise, en effet, au lieu d’un fond noir, le peintre a choisi un fond brun, avec un travail subtil de la lumière rendu par des touches blanches sur les fleurs, en particulier le chrysanthème.
Le rendu délicat des fleurs, typique de la manière du peintre est accentué par la présence d’un vase de pierre sculpté de personnages à l’antique. La recherche d’un rendu illusionniste du vase est assez inédite dans la production de cet artiste qui représente dans ses autres productions des vases plus simples. Il s’agit sans doute de l’influence italienne sur son travail par le contact avec les représentations antiques qu’il peut aisément étudier à Rome. Cette influence est également perceptible dans la composition, les Italiens appréciant les bouquet plus tourmentés avec les fleurs disposées de manière naturelle et tournées dans des directions différentes.
Pour découvrir ce tableau en entier, rendez-vous au musée en salle Siècle d’Or !
Après plusieurs mois de travail, le récolement décennal des collections beaux-arts du musée Jeanne d’Aboville est terminé !
La vente de poissons de Salomon Rhuysdael a été la dernière oeuvre à être recensée, recevant le numéro de fiche 377.
Le récolement est obligatoire depuis la loi Musée de 2002 et doit être réalisé tous les dix ans : il permet de vérifier que toutes les pièces constituant le fonds du musée sont bien présentes, vérifier leur état, les dépoussiérer si besoin et vérifier que les objets sont bien munis d’un numéro correspondant à l’inventaire et lisible. C’est aussi l’occasion de mettre à jour des données concernant les avancées scientifiques sur les œuvres , en affinant notamment leur attribution.
Le récolement permet également de planifier des programmes d’amélioration des conditions de gestion et de conservation : un bilan sanitaire des œuvres les plus endommagées va être réalisé en complément à l’automne. Des restaurateurs vont examiner les œuvres, procéder à des opérations d’urgence si besoin et proposer des solutions pour optimiser leur conservation.
En ce 10 mai 2024, à l’occasion de la 18ème Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et leurs abolitions et en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, le musée vous présente cette représentation d’esclave, visible sur l’Allégorie du Goût, issu de l’atelier anversois de la famille Brueghel. Le raffinement affiché des détails montre l’influence de Rubens, qui possédait également un atelier dans cette ville.
Réalisé à une époque florissante, où Anvers est l’un des grands ports commerciaux à l’échelle mondiale, ce détail illustre l’importance du tristement célèbre commerce triangulaire dans la réussite économique de la ville. Si le port d’Anvers n’était pas un port négrier à proprement parler, il a néanmoins alimenté ce commerce, en armant des navires espagnols notamment.
La représentation de l’esclave noir symbolise les terres exotiques qui font la richesse des commerçants anversois, il incarne l’allégorie de l’Afrique. Il est représenté avec une coupe à boire et à proximité des contenants pour la boisson, indiquant qu’il est utilisé comme domestique. Les représentations de domestiques noirs restent rares dans la peinture flamande du XVIIe siècle car leur présence était exceptionnelle : avoir un Noir à son service était un signe extérieur de richesse car on l’avait fait venir à prix d’or depuis les comptoirs de Guinée.
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Le tableau Flotte à l’entrée d’un port est parti en restauration !
Œuvre de Bonaventura Peeters (1614-1652), peintre spécialiste des marines qui évolue dans un atelier à Anvers où travaille toute sa fratrie : Jan Peeters I, Gillis Peeters, et Catharina Peeters. Bonventura est célèbre pour ses scènes de naufrage mais réalise également des peintures plus apaisées, en s’inspirant du trafic maritime sur l’Escaut alors florissant grâce au développement des flottes marchandes flamandes et hollandaises.
Cette grande toile décorative ornée de multiples bateaux souffrait d’un état de présentation plutôt médiocre : la toile a été rentoilée par le passé, c’est-à-dire doublé d’une autre toile pour soutenir la première, et la sous-couche de la peinture présente des faiblesses qui ont causé par le passé des lacunes avec des pertes de matières, heureusement très localisées.
Plusieurs fois restaurée par le passé cette œuvre présente plusieurs retouches anciennes qui se sont désaccordées avec le temps car les matériaux employés par les restaurateurs des XIXe et XXe siècle ne vieillissent pas au même rythme que la peinture d’origine. Elle présente également plusieurs couches d’un vernis, aujourd’hui oxydé et encrassé. Le vernis est également atteint par les chancis, des matités blanchâtres résultant de la désolidarisation du vernis fissuré et de la couche picturale.
Confié au restaurateur Igor Kozak, la toile va être traitée pour retrouver une bonne qualité de lecture : après un nettoyage, un mastic sera appliqué sur les lacunes, les repeints désaccordés seront retirés puis un travail de réintégration illusionniste sera fait sur les zones des repeints et des mastics.
Le tableau sera finalement reverni avant son retour au musée dans quelques mois !