Retours d’exposition pour des marines de la Collection

le Naufrage de Simon de Vlieger

 

Les peintures de marines prêtées au musée de Bastia pour l’exposition sur les pirates et les corsaires ont réintégré les collections, vous pouvez dès à présent redécouvrir la scène de salve d’honneur de Kasper van Eyck et le Naufrage sur une côte rocheuse de Simon de Vlieger.
Pour la scène de naufrageurs du peintre Lacroix de Marseille, il faudra attendre un peu pour qu’elle réintègre la salle française…

Détail du mois de novembre : Attribution traditionnelle, boeuf et mugissement…

Le détail du mois de novembre vous présente un inédit des réserves ayant repris place dans les collections permanentes à l’occasion d’une rotation des collections. Il s’agit du « Bœuf et autres animaux ».
Ce tableau est attribué traditionnellement à Jan Kobell, un peintre d’Utrecht qui a pris Paul Potter pour modèle, acquérant son talent pour le travail animalier et paysager. On parle d’attribution traditionnelle car celle-ci est aujourd’hui remise en cause par les historiens de l’art : en effet, les pièces de bétails de Kobell étaient réputées pour la précision de leur dessin, ici la technique picturale est différente, très grasse et composée d’empâtements, notamment sur le museau du taureau, et semble bien éloignée du fini des oeuvres de Kobell… Les spécialistes n’ayant pas d’autre attribution à proposer dans l’immédiat, l’attribution ancienne demeure, même si on la sait douteuse.
La recherche manifeste de naturalisme de l’artiste, qui cherche à rendre le mouvement du bœuf, en plein mugissement, contribue à rendre cette œuvre vivante. Cette recherche apparaît encore dans le travail des artistes d’aujourd’hui, comme Steeven Labeau dont vous pouvez découvrir l’exposition la Nature source d’inspiration au musée jusque mars !

Mathias Withoos de retour au musée

Après un périple l’ayant conduit au museum Flehite d’Amersfoort, ville natale du peintre Mathias Withoos, le tableau Mors Omnia Vincit est de retour au musée !

Mors omnia vincit de Mathias Withoos

 

Pour en découvrir plus sur le tableau, vous pouvez télécharger l’article qui lui a été consacré à l’occasion de l’exposition en cliquant sur l’image ci dessous !

Détail du mois de septembre 2022 : artiste voyageur, dieu-fleuve et capridé…

Le détail du mois de septembre provient d’une huile sur toile intitulée Animaux à la fontaine. Œuvre d’Hendrick Mommers (Haarlem vers 1623 – Amsterdam, 1693), elle est caractéristique de la production de ce peintre de paysages méditerranéens. Il a probablement fait un voyage à Paris vers 1666-1668 puisque plusieurs vues du Palais du Louvre depuis le Pont Neuf lui sont attribuées. Mommers réalise principalement des paysages italianisants, c’est-à-dire des vues inspirées de l’ambiance méditerranéenne que les peintres nordiques en voyage rencontrent en Italie. Cette production se caractérise par le traitement doré de la lumière et ses représentations bucoliques.

La fontaine est ornée d’un dieu-fleuve, une statue allégorique représentant sous des traits humains un cours d’eau. Cette sculpture rappelle l’intérêt de l’artiste pour l’insertion de détails antiquisants. Le style largement esquissé des personnages, l’attention au rendu naturaliste des animaux et l’usage de la lumière du sud sont tout à fait caractéristiques de Mommers.

Pour découvrir l’œuvre entière, il faudra vous rendre à la Sous-Préfecture de Soissons à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine où elle sera exceptionnellement exposée en compagnie d’une sélection d’œuvres des collections du musée ! Rendez-vous les 17 et 18 septembre 2022 !

Détail du mois d’août : savant, fraise et manches interchangeables…

Le détail du mois d’août provient d’une œuvre inédite des réserves, une petite toile flamande du XVIIe siècle représentant la réunion de trois savants. On y voit l’un des trois intellectuels écoutant le débat qui occupent ses deux comparses, un rouleau de parchemin posé devant lui.
Ce personnage porte un costume qui va devenir l’uniforme de l’intellectuel au fil du temps, jusqu’à la caricature avec les médecins vêtus de noir des pièces de Molière. En effet, le noir devient à la Renaissance une couleur recherchée car elle est d’abord adoptée par les princes espagnols qui l’utilisent à des fins de propagande pour affirmer leur autorité par un rigorisme non dénué de luxe. Elle est ensuite utilisée dans les autres cours d’Europe avant de se diffuser à la bourgeoisie et aux cercles intellectuels humanistes. Si le savant représenté porte un costume noir, on peut voir que les manches de son vêtement sont d’une autre couleur, car à l’époque, les manches sont interchangeables et peuvent être rajoutées par des système de lacet ou cousues directement en fonction des besoins. Il peut s’agir également d’un pourpoint porté en dessous et dépassant d’une manche fendue.
Le chapeau qu’il porte est à la mode à la fin du XVIe siècle, il est sans doute réalisé en velours ou en brocard. Sobre, il ne comporte ni bijou ni aigrette contrairement à un chapeau de cour. Mais l’élément le plus caractéristique ici est sans doute la fraise : apparue dans la seconde moitié du XVIème siècle, ce nouveau type de col va être très à la mode dans les cours et se diffuser dans la bourgeoisie. La mode pour cet accessoire évolue rapidement et la forme visible ici est relativement sobre par son aspect et sa taille, loin de celles visibles sous Henri III, qui atteignent jusqu’à 40cm !
Ce tableau sera exceptionnellement présenté au musée durant le mois d’août, venez l’admirer ! Pour en découvrir plus sur le vêtement et sa représentation dans les peintures, rendez-vous les 13, 20 et 27 août à 14h30 pour « la Fashion Visit’ » ! Attention c’est uniquement sur réservation !

Retour de restauration pour la chasse au canards

Le musée a eu le plaisir d’accueillir la restauratrice Marie-Paule Barrat venue ramener une oeuvre d’un artiste rare du Siècle d’Or : Louwijs Aernouts Elsevier
(Leyde, 1617/1618 – Delft, 1675). Louwijs Aernouts Elsevier est formé par son père, Aernout Elsevier, peintre mais aussi marchand d’art et tenancier d’une auberge leydoise fréquentée par des artistes tels que Jan van Goyen, Jan van de Velde, Jacob Pynas ou Johannes Torrentius.

Comme son père, il devait aussi exercer le métier de marchand d’art. On ne connait qu’un nombre très restreint de tableaux d’Elsiever et ceux-là, fait rare, appartiennent à des genres de peinture très variés, de la nature morte de gibier à la scène de genre en passant par le paysage mais aussi un intérieur d’église. Peu de peintures ont survécu jusqu’à nous, on en dénombre  quatre attribués dans le monde.

La chasse aux canards avant restauration

Le tableau du musée de La Fère est l’un des trois paysages connus de sa main et représente une chasse aux canards, une iconographie répandue dans les Pays-Bas septentrionaux. Le paysage de La Fère
présente de nombreuses similitudes tant iconographiques que
stylistiques avec une autre chasse aux canards d’Elsevier : celui du musée de Dessau en Allemagne.

Tableau similaire visible à Dessau, reproduit avec l’aimable autorisation de Mischa Steidl, droits réservés

Ce tableau de La Fère a fait l’objet d’une restauration importante car il avait fait l’objet par le passé de nombreuses retouches de sa couche picturale. Maire-Paule Barrat a procédé à la suppression des vernis et au retrait d’une partie de ses repeints pour mettre à nu les lacunes. Ses lacunes ont été reprises ensuite après un contrôle du support examiné par Juliette Mertens, restauratrice des tableaux sur bois qui a verifié les taquets retenant les planches entre elles et adapté le cadre.

La chasse aux canards, après restauration

Vous pouvez le redécouvrir dès aujourd’hui dans l’exposition permanente en salle Siècle d’Or.

Vous pouvez découvrir le déballage du tableau sur le compte tiktok du musée en cliquant ici.

Merci à Éléonore Dérisson pour l’apport scientifique à cet article. 

Détail du mois de mai : Mythologie, oeuvre collaborative et cochon-d’inde…

Le détail du mois vous présente une huile sur toile, intitulée Vertumne et Pomone, œuvre de Jan Pauwel Gillemans le Jeune (1651 – 1704), peintre flamand spécialiste des natures mortes et des représentations d’oiseaux. Il a collaboré avec des peintres de figures pour réaliser des scènes mythologiques et allégoriques comme la toile dont est extraite notre détail, dont les personnages sont peut-être du néerlandais Pieter Abrahamsz Ykens (1648 – 1695) qui a fréquemment collaboré avec Gillemans.

Vertumne et Pomone est un thème artistique classique, venant de la mythologie romaine : le dieu des jardins Vertumne recourt à des déguisements, notamment celui d’une vieille femme, pour séduire la nymphe des fruits Pomone. Si la scène prend traditionnellement place dans un jardin, la présence de nombreux animaux exotique sur ce tableau est assez originale. Parmi ces animaux, on trouve sur notre détail un dodo et un cochon-d’inde.

Le cochon-d’inde animal de compagnie aujourd’hui courant, a été exporté d’Amérique du Sud au XVIème siècle par les conquistadors espagnols. Domestiqué par les Incas il y a plus de 3000 ans, le cochon-d’inde était utilisé pour sa viande avant de devenir une curiosité dans les ménageries européennes.
Le dodo a une histoire plus tumultueuse : espèce d’oiseau endémique de l’île Maurice, elle a disparue dès la fin du XVIIe siècle avec l’arrivée des Européens. Il est aujourd’hui souvent cité comme un archétype de l’espèce éteinte car sa disparition, survenue à l’époque moderne, est directement imputable à l’activité humaine.. La représentation approximative du bec et du plumage de l’oiseau par le peintre est sans doute due à sa reproduction d’après gravure, le peintre n’ayant jamais vu un tel oiseau de ses yeux.

Ce tableau, provenant des réserves, sera présenté exceptionnellement au mois de mai, venez le découvrir !

Les primitifs allemands à l’honneur

Le musée a reçu ce vendredi la visite d’Isabelle Dubois-Brinkmann, pensionnaire à l’Institut national d’Histoire de l’art, accompagnée de Aude Briau, chargée d’études et de recherche, et de Bodo Brinkmann, conservateur au Kunstmuseum de Bâle.

Leur visite avait pour but de recenser au sein des collections du musée les peintures germaniques datant d’entre 1300 et 1550 pour les ajouter à un répertoire des collections françaises.

A cette occasion, la grande huile sur bois le Martyr de Saint Acace et les dix-mille soldats  a été déplacée pour dévoiler son revers qui comporte une peinture lacunaire représentant une adoration des mages.

Cette visite est l’occasion de revoir les attributions, souvent imprécises, et de mieux connaitre le contexte de création de ces œuvres.

Isabelle Dubois-Brinkmann reviendra à La Fère  à l’automne  2022 pour une conférence sur le sujet qui sera peut être l’occasion de découvrir de nouvelles attributions pour les collections du musée, à bientôt pour plus d’information !

Jeux Olympiques, patinage et paysage d’hiver…

Les Jeux Olympiques d’Hiver ont commencé et parmi les épreuves présentées, on trouve le patinage. Pratique ancienne, le patinage se développe dès la Préhistoire, où des os d’animaux sont utilisés comme lame de patin pour glisser sur la glace. Le  patinage est illustré sur un tableau du musée, avec la Vente de Poissons de Salomon van Rhuysdael (vers 1602, Naarden – 1670, Harlem).

Si des personnages semblent juste flâner, d’autres s’amusent sur la glace. Comme une large part des paysages d’hiver de l’époque, Rhuysdael fait figurer des patineurs sur sa toile, glissant sur le lac gelé. Chez les Hollandais, l’activité hivernale par excellence était le patinage et durant les quelques semaines où lacs et canaux étaient gelés, personne ne quittait plus ses patins. Jeunes et vieux, hommes et femmes, prédicants, magistrats, princes, tout le monde vivait sur la glace. Il y avait des patineurs célèbres pour leur performance, tradition qui a perduré jusqu’à aujourd’hui avec la présence des patineurs de vitesse hollandais dans les compétitions sportives, notamment les Jeux Olympiques.

Les représentations de ses loisirs d’hiver sont l’objet de nombreux tableaux de peintres flamands et néerlandais des XVIe et XVIIe siècles. Dans l’art occidental, le peintre Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569) peut être considéré comme le créateur de la tradition du paysage hivernal, particulièrement développée en Hollande par Hendrick Avercamp (1585-1634). Le succès de cette thématique en fait le paysage hollandais par excellence car les peintres des Pays-Bas ont rencontré peu de concurrence sur ce terrain.
Les paysages d’hiver fascinent car ils offrent une image relativement dépouillée qui rend la présence de l’homme moins discrète, souvent l’occasion de scènes pittoresques liées aux activités de la morte-saison. Néanmoins si l’homme est toujours présent, il ne joue pas le premier rôle, laissant place à une fascination pour la Nature, en état de mouvement suspendu lors de la saison froide.
Il est aussi intéressant de constater que la mode du paysage d’hiver correspond à une oscillation climatique connue sous le nom de Petit âge glaciaire (entre 1350 et 1860, avec un climax entre 1565 et 1665).

Détail du mois de février : homard, citron et querelles religieuses…

Le détail du mois de février est extrait d’une Nature morte de homard, œuvre de Johannes Hannot, né à Leyde en 1633 et mort dans la même ville en 1684. Spécialiste des natures mortes de fruits, il incorpore souvent un homard chatoyant dans ses compositions, mais nous avons peu d’éléments sur sa vie, excepté qu’il fut admis à la guilde de Saint-Luc de Leyde en 1650.
Si le homard est très présent dans la peinture nordique, il prend un sens bien différent, en fonction qu’il soit représenté par un peintre protestant ou catholique, car l’Europe est alors déchirée par les querelles religieuses. Le homard, rouge après sa cuisson, apporte de la chaleur à la composition et rappelle la couleur des princes de l’église que sont les cardinaux. Il est également vu comme un symbole de résurrection du Christ, car les homards perdent leur enveloppe au printemps pour prendre une nouvelle carapace. Chez les protestants, la démarche à reculons du homard symbolise l’inconstance et l’instabilité, les peintres évoquent par ce biais la déviance morale des catholiques.
Ce tableau est pétri de référence symbolique bien au-delà de l’auguste homard qui y trône : le citron, dont la peau s’entortille, rappelle la vie qui se déroule et la montre, placée entre les pinces du homard, nous rappelle que notre temps est compté…

A partir du 16 février, vous pourrez découvrir ce tableau en compagnie d’une œuvre de Gabriel Martinet, artiste qui présentera son travail nourris par l’observation des tableaux de la Collection dans l’exposition Confrontation/Inspirations, jusqu’au 30 mai !