Détail du mois de novembre : faux Sénèque, stoïcisme et repentir…

Le détail du mois de novembre provient de la vanité Mors Omnia Vincit, soit la Mort triomphe de tout, de Mathias Withoos (Amersfoort, 1627 – Hoorn, 1703), peintre hollandais spécialiste des représentations de sous-bois.

Le détail vous présente la pièce maîtresse de sa composition, un buste placé sur un autel. Ce buste pose aujourd’hui problème car, s’il était considéré comme une représentation crédible de Sénèque au temps de Mathias Withoos, nous savons aujourd’hui qu’il ne s’agit pas du célèbre philosophe stoïcien. Le peintre s’est basé sur des reproduction d’une statue visible à Rome dans la collection Farnèse, pour illustrer l’importance de la pensée stoïcienne pour les intellectuels et les artistes : cette philosophie fut remise au goût du jour par Lipsius (ou Juste Lipse, Overijse, 1547 – Louvain, 1606) et actualisée pour être compatible avec le dogme chrétien. Les préceptes stoïciens incitent à se détacher de la matérialité des choses pour se consacrer à sa vie spirituelle et être libéré des passions : ce détachement permet selon Sénèque d’accéder à un état de félicité car on ne craint plus la mort, celle-ci étant inévitable.
Ce buste cache un autre secret : on peut percevoir dans le drapé sous le visage un changement de couleur trahissant un repentir, c’est-à-dire un endroit où le peintre a repeint car il a voulu changer sa composition. Ce repentir a fait l’objet d’une campagne infrarouge qui a révélé qu’une tout autre chose se trouvait en lieu et place du buste de Sénèque…

Pour découvrir cet objet mystérieux, il faudra suivre la conférence du 6 novembre à l’espace Drouot de La Fère : le guide du musée évoquera les surprises qu’a réservé le tableau et en explicitera le sens. Dépêchez-vous également d’aller voir ou revoir le tableau au musée car il sera ensuite absent pour l’exposition Ander licht op Withoos au museum Flehite d’Amersfoort, ville natale du peintre, du 12 décembre 2021 au 8 mai 2022.

Après la radio, la TV !

Retrouvez un court reportage sur la venue de Fabian Müllers au musée Jeanne d’Aboville sur le site internet de France 3 Picardie !

Il vous suffira de choisir l’émission du 19/20 du 30 octobre et d’avancer le curseur de la vidéo à 11mn05. Cliquez sur l’image ci dessous pour accéder au site de France 3 !

Merci à l’éqpuipe de France 3 Picardie pour ce partage et rendez-vous le 13 novembre pour une seconde après-midi culinaire au musée !

CONFERENCE Sénèque, sous-bois et crâne de singe

CONFERENCE
Sénèque, sous-bois et crâne de singe
Une vanité de Mathias Withoos décryptée

par Mariel Hennequin, médiateur du musée

A l’occasion du départ en exposition du chef d’œuvre de Mathias Withoos Mors Omnia Vincit en exposition aux Pays-Bas, le musée Jeanne d’Aboville vous propose d’aller à la découverte des symboliques complexes de ce tableau au prisme d’éléments nouveaux découverts via une campagne de photographie infrarouge.
Ce tableau, œuvre-jalon dans la production du peintre, sera une pièce maîtresse de l’exposition Anderlicht op Withoos (Nouvelle lumière sur Withoos), au museum Flehite d’Amersfoort, ville de naissance de Mathias Withoos, qui va retracer la vie et l’œuvre de l’artiste du 12 décembre 2021 au 8 mai 2022.

Mors omnia vincit de Mathias Withoos

A cette occasion, Albert Boersma, historien de l’art spécialiste des peintres néerlandais et régisseur de l’exposition d’Amersfoort, et Mariel Hennequin, médiateur du musée ont réalisé un travail de recherche autour de ce tableau, s’appuyant notamment sur les images réalisées par la société Artéka. L’imagerie multispectrale a révélé des informations invisibles à l’œil nu sur la composition de l’œuvre, permettant de la découvrir sous un nouveau jour. Ces informations sont venues compléter les connaissances actuelles et la recontextualisation de ces symboliques complexes permettent de mieux comprendre le propos de son auteur.

En bref :
Conférence Sénèque, sous-bois et crâne de singe 
6 novembre 2021 à 17h, espace Drouot, rue des Bigors, à La Fère. Ouverture des portes à 16h30.
Gratuit dans la limite des places disponibles, présentation du pass sanitaire obligatoire

Détail du mois d’octobre : luxe, coquilles et mollusque préhistorique…

Le détail du mois d’octobre est un élément original et un peu à part présenté à l’occasion de l’exposition Instants Suspendus. Il s’agit d’une huître préhistorique !

La Gryphaea (gryphée en français) est un genre éteint de mollusques, ancêtre de l’huître, ayant vécu principalement du Trias supérieur au Jurassique, à l’époque des dinosaures. Il existe de nombreuses sous-espèces mais elle est généralement recouverte de stries de croissance bien visibles qui permettent de l’identifier dans les bancs de pierre calcaire. Les paléontologues retrouvent régulièrement d’ailleurs des accumulations massives de coquilles d’ostréidés très épaisses.

L’étude des huîtres fossiles montre que ces mollusques ont joué un rôle écologique important, contribuant notamment au cycle du carbone. Avant l’élevage des huîtres, leurs récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques, comme en attestent les amas coquilliers retrouvés sur les littoraux. Ce sont également des sentinelles écologiques qui alertent sur la sédimentation, la pollution marine et l’érosion du littoral.

Les Grecs et les Romains furent très friands de l’huître plate, l’espèce indigène européenne. L’importation à Rome des huîtres des côtes européennes aussi bien atlantiques que méditerranéennes, a laissé de nombreux témoins archéologiques, montrant un important réseaux de négociants et de transporteurs. Cette tradition perdure pendant le Moyen-Age. On ramasse ainsi les huîtres pour les écailler et les mettre en baril. Vers la fin du XVIIe siècle apparaît chez les nobles la mode de manger les huîtres « tout en vie », mais cela restera un privilège de la partie la plus riche de la population, fait qui a assis sa réputation d’aliment de luxe.

Pour découvrir d’autres éléments sur l’histoire de la cuisine, nous vous invitons à venir au musée les 30 octobre et 13 novembre prochains pour « Le musée passe à table », des après-midis consacrées à l’Histoire de la Cuisine animées par Fabian Müllers, historien de l’Alimentation !

La mer depuis la plage…

En cette journée mondiale de la mer, on vous propose de découvrir ce tableau inédit des réserves, œuvre d’un artiste anonyme influencé par le style du peintre de marine néerlandais Ludolf Bakhuizen (Emden, 1630 – Amsterdam, 1708). Si l’artiste a emprunté au style de Ludolf Bakhuizen son tracé précis, la relative faiblesse des figures du premier plan, l’anatomie du chien et du cheval présentant quelques défauts, font penser à un suiveur dont l’œuvre serait postérieure, sans doute la génération suivante. En effet, le costume du cavalier évoque le XVIIIe siècle.

Une mer d’huile est représentée depuis la plage, évoquant une atmosphère calme loin des tempêtes et naufrages qu’aiment représenter les peintres hollandais. Il s’agit ici de mettre en valeur le commerce maritime florissant de la Hollande. C’est donc sans surprise que le genre maritime a été très populaire pendant l’âge d’or de la peinture hollandaise et fut porté à son apogée par des artistes néerlandais, qui font fièrement battre pavillon hollandais aux bateaux.

Journées européennes du Patrimoine 2021

La Ville de La Fère est de nouveau présente sur l’événement majeur dans le paysage culturel français que sont les Journées Européennes du Patrimoine. Visant à permettre au public le plus large possible d’accéder à son Patrimoine, une approche privilégiée aux lieux d’art et de culture est proposée.
Les 18 et 19 septembre 2021, le Public pourra découvrir de manière totalement gratuite l’église Saint-Montain, édifice classé très important pour le patrimoine architectural axonais et exceptionnellement ouvert pour l’occasion, ainsi que le musée Jeanne d’Aboville, une des plus belles collections Beaux-Arts des Hauts-de-France.
Ce sera aussi l’occasion d’aller à la rencontre du riche patrimoine militaire de la ville en flânant dans les rues, en admirant les perspectives des casernes du XVIIIe siècle ou encore en se promenant aux abords des fortifications, si imprenables qu’il fallut qu’Henri IV inonda la ville pour les prendre lors d’un siège !

Statue de l’artilleur du Pont de l’Alma

 

Voici le programme de l’événement :

/!\ Attention il vous sera demandé votre pass sanitaire pour visiter les lieux.

Eglise Saint Montain
Ouvert samedi 18 et dimanche 19 septembre 2021 de 14h à 17h30
Parcours découverte du bâtiment revenant sur son histoire et ses aspects remarquables.

Collatéral de l’église Saint Montain, marqué par le style Renaissance

 

Musée Jeanne d’Aboville
Ouvert samedi 18 et dimanche 19 septembre 2021 de 10h à 17h30 sans interruption

Visite libre des collections permanentes.
Découverte de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte : consacrée aux représentations et pratiques alimentaires dans la nature morte, elle présente des inédits des réserves et des tableaux restaurés pour l’occasion.

Conférence Le message de l’hospitalité dans les compositions nordiques au XVIIème s.

Conférence

Le message de l’hospitalité dans les compositions symboliques flamandes et hollandaises au XVIIème siècle, par Alain Tapié

A l’occasion de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte, le musée Jeanne d’Aboville propose au public une conférence gratuite où Monsieur Alain Tapié explicitera le message de l’hospitalité dans les compositions symboliques flamandes et hollandaises du XVIIème siècle.

Le conférencier
Alain Tapié est titulaire d’un doctorat d’histoire de l’art et d’une licence d’études hispaniques. Il commence sa carrière à l’Inspection générale des musées de la Direction des musées de France. Nommé en 1984 conservateur et directeur du musée des Beaux-Arts de Caen, poste qu’il occupera jusqu’en 2003, il est en parallèle chargé d’enseignement en muséologie à l’Ecole du Louvre et professeur invité à l’UFR d’histoire de l’université de Caen. Il obtient en 1993 le titre de conservateur en chef du patrimoine. C’est en 2003 qu’il est nommé directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille et de l’Hospice Comtesse, poste qu’il occupera jusqu’en 2012. Conservateur en chef honoraire des musées de France, il a assuré le commissariat de plusieurs expositions de référence comme Les vanités dans la peinture au XVIIe siècle (1990) au musée des Beaux-Arts de Caen, ou L’hospitalité dans les natures mortes flamandes et hollandaises au XVIIe siècle à la fondation Glénat (2016, Grenoble).

La conférence
Un art national hollandais s’affirme depuis l’autonomie reconnue contre l’Espagne en 1579 et l’indépendance en 1648, sous la forme d’une République des Provinces-Unies. Les deux principes fondamentaux qui l’animent sont le réalisme de situation pour le sujet et la conception d’une beauté fondée sur l’exactitude descriptive pour la manière. Ces notions sont profondément redevables au naturalisme flamand, populaire et truculent. Un esprit rationnel et pratique, individuel et optimiste, en est le socle commun dont les lointains ressorts se rencontrent dans la poétique de la devotio moderna.
Du côté d’Anvers, l’ascèse peut être joyeuse et l’excès assumé, tandis qu’autour d’Amsterdam, l’austérité se fait tranquillité et l’abondance est accueillie avec sérénité. Le souvenir des banquets breugheliens du nord se retrouve dans la quête des images de victuailles, volailles, gibiers et poissons. L’imaginaire d’un devenir gourmand entretient le désir – c’est la conception typique du plaisir catholique. Les tableaux de tables dressées ou défaites, sont destinés aux visiteurs de la maison. Ce sont des offrandes et des dons symboliques. Dans cette nouvelle approche des biens naturels, ou les acteurs du tableau sont désormais les objets – présentés dans un équilibre établi pour la mémoire eucharistique et la prescription morale – la tentation se fait désir et appétence.
Ces tables ont ainsi une double fonction : une offrande symbolique et un lieu de délectation. Elles réalisent les nouvelles formes culturelles d’adhésion au présent. Plus allusives qu’explicites, elles sont les héritières des représentations de xenia – rencontrées sur les fresques et mosaïques des maisons antiques, simulant dons d’aliments et boissons comme marques d’hospitalité.

 

Infos pratiques

La conférence aura lieu le samedi 25 septembre 2021 à 17h.

Ouverture des portes à 16h30.

Elle se déroulera à l’espace Drouot, rue des Bigors à la Fère.

Gratuit dans la limite des places disponibles.

Présentation d’un Pass sanitaire valide et port du masque obligatoire.

Journée de la bière : à la rencontre d’une scène de taverne…

En cette journée internationale de la Bière, on vous propose de découvrir cet inédit des réserves : il s’agit d’une scène de taverne, d’un artiste hollandais du XVIIe siècle, peut-être David Teniers le jeune, que nous avons déjà évoqué il y a quelques temps à propos d’une autre scène du même genre.


De très petite taille, 13 cm sur 11, cette scène présente les abords d’une taverne avec un buveur attablé à l’extérieur. Sans surprise la bière était une boisson très populaire en Flandre et en Hollande, elle fait même figure de boisson nationale. Durant le XVIIe siècle, si les riches apprécient le vin exporté, une grande partie de la population a pour seul breuvage la bière, parfois coupée d’eau. On en boit alors à tous les repas et en tout lieu. Il en existe deux sortes différentes, dites simple ou double, selon la teneur en alcool. La consommation est énorme, on en boit pas moins de 250 000 hectolitres dans les seules brasseries de Haarlem, produite bien sûr par la guilde locale.

Cette consommation importante de bière a laissé son empreinte dans le paysage avec l’excellente réputation des bières belges et hollandaises, le musée vous invite néanmoins à les consommer avec modération… 🙂

Un dauphin antique…

A l’occasion de la Journées mondiale du Dauphin, le musée met à l’honneur une des très belles pièces qui fut découvertes lors des fouilles de Versigny dans l’Aisne. Cette fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze et fer recouvert d’argent date du IIIe siècle. Son exécution montre une stylisation bien éloignée des représentations romaines classiques. Si on peut rapprocher sa silhouette sinueuse d’exemples du Haut Empire, la fibule de Versigny est néanmoins dans son trait très influencée par une certaine barbarisation des pratiques cultuelles romaines. Souvent figuré en dehors de tout contexte aquatique, le dauphin est associé à la protection des foyers.

Fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze recouvert d’argent du IIIe siècle, fouilles de Versigny, Inv. 2006.0.13.27