Marie-Madeleine prépare son voyage…

La salle des Primitifs contient un très bel exemple de l’oeuvre de Jan Massys,  un peintre anverois du XVIe siècle avec une Marie-Madeleine en prière. Ce tableau a attiré l’attention de l’équipe scientifique du musée San Domenico de Forli, et il va quitter la France début mars pour rejoindre l’exposition “Marie-Madeleine. Le mystère et l’image”, qui a aura lieu du 4 mars au 26 juin 2022.

Madeleine en prière, Jan Massys
MJA 336 bois, 91 x 73

Cette exposition a l’ambition d’explorer les différents avatars de la sainte, via l’étude des légendes à son propos et en explorant l’iconographie du personnage. Le tableau du musée de La Fère apparaîtra notamment dans une section consacrée à la tension formelle du XVIe siècle entre le classicisme et les nouvelles inquiétudes, où Marie-Madeleine est représentée comme une sainte pécheresse, caractérisée par sa repentance et son extase.

En vue de son voyage, la Madeleine de La Fère avait besoin de subir quelques petites restaurations, pour permettre une bonne conservation de cette peinture de presque 500 ans : en effet l’œuvre est peinte sur bois et craint les chocs et les changements climatiques.

Juliette Mertens travaillant sur le support

Pour cela, les restauratrices Juliette Mertens et Angélique Bigolet sont intervenues sur place au musée du 17 au 19 janvier 2022 pour s’assurer que Marie-Madeleine fasse bon voyage : Juliette Mertens spécialiste de la restauration des supports en bois a intervenu sur le cadre et les pièces de bois ajoutées à l’arrière du panneau, Angélique Bigolet, spécialiste de la couche picturale a refixé de soulèvements qui se trouvaient sur les jointures des planches du panneau.

Angélique Bigolet intervenant sur la couche picturale

L’opération  est entièrement financée par le musée emprunteur.

Départ en exposition pour Mors Omnia Vincit

C’était annoncé et le voilà parti, le chef-d’oeuvre de Mathias Withoos a quitté le musée  pour un périple le conduisant à Amersfoort, ville natale du peintre aux Pays-Bas.

Mors omnia vincit de Mathias Withoos

Il rejoint l’exposition Ander Licht Op Withoos, organisée par le musée Flehite d’Amersfoort.  Le musée Flehite présente la première grande rétrospective du maître néerlandais Mathias Withoos du 12 décembre 2021 au 8 mai 2022.  Il y figurera en bonne place, comme l’une des vanités les plus réussies de l’artiste, offrant un éventail représentatifs des motifs graphiques appréciés par le peintre allié à une composition très équilibrée.

Une des particularités de  l’exposition est de proposer le travail de trois générations de Withoos : du père Mathias, de ses enfants et du photographe contemporain et descendant Hans Withoos. L’exposition donne un aperçu représentatif de l’œuvre de Mathias Withoos et de ses enfants.

L’exposition est accompagnée d’une vaste monographie et d’un catalogue raisonné . Le travail a été compilé par le commissaire de l’exposition et expert de Mathias Withoos, Albert Boersma, et est publié par Boiten Boek Projecten.

 

Après la radio, la TV !

Retrouvez un court reportage sur la venue de Fabian Müllers au musée Jeanne d’Aboville sur le site internet de France 3 Picardie !

Il vous suffira de choisir l’émission du 19/20 du 30 octobre et d’avancer le curseur de la vidéo à 11mn05. Cliquez sur l’image ci dessous pour accéder au site de France 3 !

Merci à l’éqpuipe de France 3 Picardie pour ce partage et rendez-vous le 13 novembre pour une seconde après-midi culinaire au musée !

Détail du mois d’octobre : luxe, coquilles et mollusque préhistorique…

Le détail du mois d’octobre est un élément original et un peu à part présenté à l’occasion de l’exposition Instants Suspendus. Il s’agit d’une huître préhistorique !

La Gryphaea (gryphée en français) est un genre éteint de mollusques, ancêtre de l’huître, ayant vécu principalement du Trias supérieur au Jurassique, à l’époque des dinosaures. Il existe de nombreuses sous-espèces mais elle est généralement recouverte de stries de croissance bien visibles qui permettent de l’identifier dans les bancs de pierre calcaire. Les paléontologues retrouvent régulièrement d’ailleurs des accumulations massives de coquilles d’ostréidés très épaisses.

L’étude des huîtres fossiles montre que ces mollusques ont joué un rôle écologique important, contribuant notamment au cycle du carbone. Avant l’élevage des huîtres, leurs récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques, comme en attestent les amas coquilliers retrouvés sur les littoraux. Ce sont également des sentinelles écologiques qui alertent sur la sédimentation, la pollution marine et l’érosion du littoral.

Les Grecs et les Romains furent très friands de l’huître plate, l’espèce indigène européenne. L’importation à Rome des huîtres des côtes européennes aussi bien atlantiques que méditerranéennes, a laissé de nombreux témoins archéologiques, montrant un important réseaux de négociants et de transporteurs. Cette tradition perdure pendant le Moyen-Age. On ramasse ainsi les huîtres pour les écailler et les mettre en baril. Vers la fin du XVIIe siècle apparaît chez les nobles la mode de manger les huîtres « tout en vie », mais cela restera un privilège de la partie la plus riche de la population, fait qui a assis sa réputation d’aliment de luxe.

Pour découvrir d’autres éléments sur l’histoire de la cuisine, nous vous invitons à venir au musée les 30 octobre et 13 novembre prochains pour « Le musée passe à table », des après-midis consacrées à l’Histoire de la Cuisine animées par Fabian Müllers, historien de l’Alimentation !

Le musée passe à table

Le musée passe à table,

Après-midis consacrées à l’Histoire de la Cuisine

Dans le cadre de l’événement régional MuséoSciences, le musée Jeanne d’Aboville propose une exposition sur les natures mortes représentant de la nourriture et à cette occasion a convié Fabian Müllers à confronter les tableaux à l’expérimentation culinaire.
Gourmet gourmand, Fabian Müllers est historien de l’Alimentation (Université de Tours), chercheur associé au Programme CoReMA (Corpus des Recettes culinaires du Moyen Âge) et directeur du collectif “Cuisine Historique “.
Spécialisé dans l’interprétation des Recettes culinaires du passé, alliant recherche scientifique et cuisine, on peut habituellement le rencontrer au Musée Arkéos, où il s’occupe notamment de la Taverne Médiévale, somptueux édifice en bois, unique au monde.

Présent au musée Jeanne d’Aboville les 30 octobre et 13 novembre, il sera mis au défi par les équipes du musée de réaliser des Recettes historiques du passé, inspirées par les natures mortes d’hospitalité présentées dans l’exposition.
Un voyage passionnant mêlant histoire, art et gastronomie.

En bref :
Le musée passe à table, animations autour de la cuisine historique par Fabian Müllers au musée Jeanne d’Aboville, à La Fère
30 octobre et 13 novembre 2021 de 14h à 17h30
Entrée gratuite en continu dans la limite des capacités de l’établissement, présentation obligatoire du pass sanitaire pour accéder au musée.

Détail du mois de septembre : fruits, insectes et ex-taulard…

Le détail du mois de septembre vous invite à vous arrêter sur de petites choses pas forcément perceptibles au premier coup d’œil avec une nature morte de fruits, œuvre d’Ernst Stuven (vers 1657–1712). Né à Hambourg, Stuven s’installe à Amsterdam à dix-huit ans, où il fréquente plusieurs ateliers. Se dirigeant vers la peinture de fleurs, il rejoint l’atelier d’Abraham Mignon (1640-1679), grand spécialiste des natures mortes. Il est surtout célèbre pour avoir été emprisonné dans une maison de correction d’Amsterdam à cause de relations abusives avec un de ses apprentis, Willem Grasdorp. Après avoir déménagé à Rotterdam, il a trouvé un mécène qui le finança jusqu’à sa mort en 1712.

Notre détail représente des insectes attirés par de succulents fruits, ici une grappe de raisin noir et des pêches. Au XVIIe siècle, les raisins noirs étaient principalement importés depuis l’Espagne et le climat imposait de cultiver les pêches sous serres, ces deux fruits étaient donc luxueux, sinon rares. Les raisins montrent les premiers signes de décomposition et sont déjà la cible des insectes, évoquant le concept de la fugacité de la vie, au centre de la vanité.

Le carabe des bois et les fourmis qui courent sur les pêches sont représentés avec une grande minutie et témoigne du souci de naturalisme du peintre. Le plus souvent liés à l’idée de souillure les insectes ont une charge symbolique plutôt négative, ils symbolisent le mal qui peut s’immiscer partout.

Vous pouvez découvrir ce tableau et plusieurs autres dans l’exposition Instants Suspendus, regards sur la nature morte, et aller à la rencontre des insectes présents sur les toiles au Musée des papillons de Saint-Quentin. N’oubliez pas non plus la conférence sur la notion d’hospitalité qui sera présentée à la fin du mois par Alain Tapié à l’Espace Drouot de La Fère !

Conférence Le message de l’hospitalité dans les compositions nordiques au XVIIème s.

Conférence

Le message de l’hospitalité dans les compositions symboliques flamandes et hollandaises au XVIIème siècle, par Alain Tapié

A l’occasion de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte, le musée Jeanne d’Aboville propose au public une conférence gratuite où Monsieur Alain Tapié explicitera le message de l’hospitalité dans les compositions symboliques flamandes et hollandaises du XVIIème siècle.

Le conférencier
Alain Tapié est titulaire d’un doctorat d’histoire de l’art et d’une licence d’études hispaniques. Il commence sa carrière à l’Inspection générale des musées de la Direction des musées de France. Nommé en 1984 conservateur et directeur du musée des Beaux-Arts de Caen, poste qu’il occupera jusqu’en 2003, il est en parallèle chargé d’enseignement en muséologie à l’Ecole du Louvre et professeur invité à l’UFR d’histoire de l’université de Caen. Il obtient en 1993 le titre de conservateur en chef du patrimoine. C’est en 2003 qu’il est nommé directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille et de l’Hospice Comtesse, poste qu’il occupera jusqu’en 2012. Conservateur en chef honoraire des musées de France, il a assuré le commissariat de plusieurs expositions de référence comme Les vanités dans la peinture au XVIIe siècle (1990) au musée des Beaux-Arts de Caen, ou L’hospitalité dans les natures mortes flamandes et hollandaises au XVIIe siècle à la fondation Glénat (2016, Grenoble).

La conférence
Un art national hollandais s’affirme depuis l’autonomie reconnue contre l’Espagne en 1579 et l’indépendance en 1648, sous la forme d’une République des Provinces-Unies. Les deux principes fondamentaux qui l’animent sont le réalisme de situation pour le sujet et la conception d’une beauté fondée sur l’exactitude descriptive pour la manière. Ces notions sont profondément redevables au naturalisme flamand, populaire et truculent. Un esprit rationnel et pratique, individuel et optimiste, en est le socle commun dont les lointains ressorts se rencontrent dans la poétique de la devotio moderna.
Du côté d’Anvers, l’ascèse peut être joyeuse et l’excès assumé, tandis qu’autour d’Amsterdam, l’austérité se fait tranquillité et l’abondance est accueillie avec sérénité. Le souvenir des banquets breugheliens du nord se retrouve dans la quête des images de victuailles, volailles, gibiers et poissons. L’imaginaire d’un devenir gourmand entretient le désir – c’est la conception typique du plaisir catholique. Les tableaux de tables dressées ou défaites, sont destinés aux visiteurs de la maison. Ce sont des offrandes et des dons symboliques. Dans cette nouvelle approche des biens naturels, ou les acteurs du tableau sont désormais les objets – présentés dans un équilibre établi pour la mémoire eucharistique et la prescription morale – la tentation se fait désir et appétence.
Ces tables ont ainsi une double fonction : une offrande symbolique et un lieu de délectation. Elles réalisent les nouvelles formes culturelles d’adhésion au présent. Plus allusives qu’explicites, elles sont les héritières des représentations de xenia – rencontrées sur les fresques et mosaïques des maisons antiques, simulant dons d’aliments et boissons comme marques d’hospitalité.

 

Infos pratiques

La conférence aura lieu le samedi 25 septembre 2021 à 17h.

Ouverture des portes à 16h30.

Elle se déroulera à l’espace Drouot, rue des Bigors à la Fère.

Gratuit dans la limite des places disponibles.

Présentation d’un Pass sanitaire valide et port du masque obligatoire.

Détail du mois de juillet : un retour de chasse arrosé…

Le détail du mois de juin est extrait d’une nature morte au lièvre, sans doute réalisée par un suiveur de Claude François Desportes, peintre français du début du XVIIIe siècle. Le détail s’attarde sur l’arrière-plan où l’on trouve le roboratif en-cas d’un chasseur, constitué de vin rouge, de vin blanc, de saucisson, de pain et d’une large tranche de fromage.

Apparentée aux scène de cuisine et au motif du garde-manger, la nature morte de chasse est l’occasion d’une caractérisation sociale qui servent les intérêts princiers et aristocratiques, en renvoyant au privilège du droit de chasse. Ces natures mortes sont généralement de grand format et destinées à des palais, ou du moins des intérieurs spacieux.

Si le pain et le vin peuvent renvoyer à l’eucharistie, il s’agit ici de fêter plus prosaïquement la nourriture paysanne, acceptable dans le contexte d’un retour de chasse dans une arrière-cuisine, mais qui ne pourrait être présenté sur une table de château, où fromage et cochonnailles sont considérés comme trop rustre pour les estomacs délicats de la noblesse. Les mets transformés peuvent néanmoins avoir une signification spirituelle, car ils sont issus de l’élevage et de l’agriculture, travail obligé d’Adam après le péché originel alors qu’auparavant il lui suffisait de cueillir les fruits du paradis.

Vous pouvez découvrir cette peinture restaurée à l’occasion de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte, vous pourrez également participer aux ateliers photos pour découvrir ce genre autrement et composer votre propre nature-morte ! Attention, c’est sur réservation et les places sont limitées !