Détail du mois de mars : de célestes Chérubins…

Le détail du mois provient d’une peinture actuellement en réserve représentant l’Extase de Saint François d’Assise. Cette peinture anonyme du XVIIIe siècle est pour le moment une énigme car sa provenance est incertaine : tour à tour ont été évoqués des peintres italiens, français ou encore flamands.

Le détail présenté ici montre deux têtes de bambins accompagnés de paires d’ailes. Cet assemblage incongru est une iconographie courante à partir du Moyen Age pour symboliser des anges bien particuliers : les Séraphins et les Chérubins.
Ces noms correspondent aux anges les plus proches de Dieu dans la hiérarchie céleste. Cette hiérarchie n’apparait pas dans la Bible, mais des fonctions précises sont parfois attribué à un ange en particulier. Cette hiérarchie est structuré à partir du VIe siècle : les Séraphins et les Chérubins sont placés au sommet et tendent à se confondre dans leur représentation, généralement pourvus de trois paires d’ailes. La Renaissance modifie considérablement leur aspect, les transformant en tête d’enfant pourvu d’une seule paire d’ailes, loin de la tradition iconographique médiévale. Cette représentation perdurera jusqu’au XVIIIe siècle.

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, venez la voir au musée Jeanne d’Aboville!

Détail du mois de février : un navire en détresse !

Le détail du mois de février vous présente une saisissante scène de naufrage attribuée à Simon de Vlieger (né en 1601 à Rotterdam, et mort en 1653 à Weesp). Peintre de marines du Siècle d’or néerlandais parmi les plus réputés, Simon Vlieger travaille successivement à Delft et Amsterdam où il livre des scènes de port, de tempête ou de naufrage.
Le détail choisi ici fait penser par l’unité de la gamme des couleurs à ses œuvres de jeunesse où il est influencé par le style monochrome de Jan Porcellis et Willem Van de Velde l’Ancien. On retrouve déjà ici une de ses particularités, qui est le souci apporté aux petits éléments, avec les personnages qui viennent souligner le tragique de la scène représentée puisque le navire pris dans un orage va aller se fracasser sur les rochers de la côte toute proche. Un des marins semble vouloir échapper à ce destin funeste en montant désespérément sur le mât, pour se réfugier sur la hune, la plate-forme intermédiaire.

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, rendez-vous au musée où elle est exposée dans la section des marines nordiques. Vous pouvez également découvrir cette œuvre lors de la conférence consacrée à la peinture de marine hollandaise le 22 février prochain !

Détail du mois de janvier 2020 : main d’ange et un lys…

Le détail du mois de janvier vous présente la main de l’ange de l’Annonciation de Simone Peterzano. Elève du Titien, il devient l’un des peintres maniéristes les plus représentatif de la Contre-Réforme à Venise. Il est surtout connu pour avoir été le maître de Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage, entre 1584 et 1592.
La main de l’archange Gabriel présenté ici tient le traditionnel lys blanc qu’il présente à Marie lors de la visite de l’Annonciation. Symbole de pureté et de chasteté, Pline l’Ancien évoque déjà sa blancheur immaculée, il est également associé à la fécondité depuis l’Antiquité en raison de sa capacité à se multiplier. Devenue la fleur de la Vierge dans l’iconographie catholique, on le retrouve également représenté sur le tombeau vide de Marie après son Assomption.
Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, il faudra vous rendre à Bergame à partir du 6 février où il sera exposé à l’Accademia Carrara dans le cadre d’une exposition consacré à son peintre : Tiziano e Caravaggio in Peterzano  !

Détail du mois de décembre : Hélène enlevée !

Le détail du mois de décembre vous révèle une peinture inédite des réserves, une jolie copie de l’Enlèvement d’Hélène par Lubin Baugin (1612, Pithiviers – 1663, Paris), dont l’original est visible au musée des Beaux-Arts de Dijon. D’assez bonne facture, notre copie est peut-être une deuxième version confiée à l’atelier du peintre.

On y voit représenté une des figures les plus célèbres des textes d’Homère : Hélène. Celle-ci est à l’origine de la fameuse Guerre de Troie et des récits épiques de l’Iliade, car c’est suite à son enlèvement par le troyen Pâris, que l’on voit représenté, enlaçant Hélène pour l’emporter sur son bateau, que va avoir lieu le siège de la ville de Troie. Si dans le récit original Hélène cède facilement à Pâris, l’Occident médiéval va dans ses réécritures déculpabiliser Hélène et présenter qu’elle a bel et bien été enlevée. Ces mêmes récits ont sans doute influencé la réalisation de cet enlèvement, mettant en valeur la jeune femme comme figure centrale à l‘origine de la Guerre de Troie, et renforce le préjugé commun pour l’époque de la Femme comme source de conflits et d’intrigues.

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, venez la voir au musée Jeanne d’Aboville ! Vous pouvez également la découvrir dans un article paru ce mois-ci dans le mémoire 2019 de la Fédération des Société d’Histoire et d’Archéologie de l’Aisne, disponible auprès des librairies et des Archives départementales.

Détail du mois de novembre : le Christ à Emmaüs

Le détail du mois de novembre célèbre la Journée mondiale de la Gentillesse qui a lieu ce jour en vous présentant un détail d’une copie de Pierre-Paul Rubens (1577–1640) : Le Christ à Emmaüs. L’original est conservé au musée du Prado à Madrid.

Détail du mois de novembre 2019

L’épisode des Pèlerins d’Emmaüs a pour texte-source l’Evangile de Luc : après sa mise au tombeau du Christ, deux apôtres marchent sur la route allant de Jérusalem au village d’Emmaüs, ignorant la résurrection de Jésus. Ils croisent un homme qui les accompagnent sur le chemin et ils le prient de partager leur repas. Quand l’inconnu bénit le pain du repas, l’Evangile dit que « leurs yeux s’ouvrirent, et ils reconnurent le Christ, mais il disparut à leurs regards. »

Le détail sélectionné vous présente le moment clef de cet épisode quand Jésus les deux doigts levés en geste de bénédiction, s’apprête à leur tendre le pain et ainsi se révéler aux yeux de ses anciens disciples, qui croyaient juste rendre service à un inconnu. Leur gentillesse désintéressée devient source de Révélation, et l’épisode va être abondamment représenté par les peintres de cette période pour encourager la pratique de la Charité.

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, venez la voir au musée Jeanne d’Aboville !

Détail du mois d’octobre 2019 : des mains et un crâne…

Le détail du mois provient d’un tableau tout juste revenu au musée, après un prêt à la Préfecture de l’Aisne dans le cadre des Journées du Patrimoine. Il s’agit de Saint Jérôme méditant sur un crane de Joseph Marie Vien. Précurseur du néoclassicisme, Vien est un passionné de peinture antique suite à sa visite d’Herculanum, nouvellement découverte. Sous cette influence il arbore dans sa peinture un style sévère, d’abord peu apprécié mais Boucher, qui reconnait ses mérites, le fait entrer à l’Académie de peinture. À sa mort en 1809, Napoléon lui fait l’honneur de funérailles nationales au Panthéon, où il est le seul artiste peintre à reposer.

Sur ce détail on peut apercevoir les mains de Jérôme de Stridon, un moine mystique considéré comme l’un des Pères de l’Église. Il tient un crane symbolisant la mort et la précarité de l’existence, commune à tout humain. Ce tableau reprend les principes des Vanités nordiques en confrontant l’humain à sa destinée prochaine et témoigne de l’approche austère de la religion qui est adoptée par une frange de la population de l’époque, en opposition aux Libertins.

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, venez la voir au musée Jeanne d’Aboville !

Détail du mois d’août : une Vierge de lait

Le détail du mois d’août vous présente une peinture sur bois du XVIe siècle d’un artiste anonyme sous l’influence du peintre flamand Hans Memling dont l’école fut active à Bruges dans la deuxième moitié du XVe siècle.

D’une facture nordique appuyée, mais néanmoins influencée par la manière italienne, on y voit ce qui est appelé une Vierge de Lait, c’est-à-dire la Vierge Marie présentant son sein à Jésus. L’anatomie étrange de Jésus est liée au fait qu’il y a pour les artistes de cette époque un dilemme car il est difficile de tendre à une représentation naturaliste d’un enfant quand celui-ci est l’incarnation divine : on a alors tendance à mêler des éléments de corps adultes et enfantins qui forment un ensemble composite. La Vierge présente une expression figée et presque déçue : c’est la manière de l’artiste pour suggérer la prescience de la Vierge, qui connait déjà par certains signes le destin de son fils.

Cette peinture provient des réserves du musée et vous sera dévoilée de manière exclusive à l’occasion de la visite guidée spéciale du 15 août, pour cela, rendez-vous à 14h ou 15h30 au musée pour partir à la découverte des représentations de la Vierge dans les Collections !

Détail du mois de juillet : un choc de cavalerie

Le détail du mois de juillet vous présente un choc de cavalerie, tout à fait typique de la peinture hollandaise du XVIIe siècle.
On a longtemps cru que cette toile était l’œuvre Palamede Palamedesz. I, un des plus célèbres peintres hollandais spécialisé dans le genre des scènes militaires, mais des différences stylistiques fortes ont conduit récemment à le réattribuer à Jan Jacobsz. van der Stoffe, un des principaux peintres hollandais de bataille du milieu du XVIIe siècle. Stoffe naît à Leyde vers 1610 ou 1611 et meurt dans cette même ville en 1682. Ses premiers tableaux connus sont datés de 1635. On reconnait son type de composition aux grandes diagonales qui parcourent la toile et la présence d’une rivière comme point de fuite.
Ce type de peinture est souvent l’occasion pour le peintre de créer un effet spectaculaire par l’enchevêtrement des corps qui traduit le chaos de l’assaut. Le détail vous présente des cavaliers, armes à la main, poursuivants des combattants à pieds qui cherchent à se réfugier près de la rivière.
Cette toile inédite, issue des réserves du musée, est dans un état de conservation médiocre : elle est actuellement observée par des restaurateurs pour envisager une future remise en état de présentation en 2020, pour que vous puissiez venir l’admirer au musée Jeanne d’Aboville !

Détail du mois de juin 2019 : un fossile d’ammonite

Le détail du mois de juin vous présente le fossile d’un animal aujourd’hui disparu mais qui a été présent dans les océans durant des millions d’années : l’ammonite. Il s’agit d’une espèce de mollusque céphalopode (qui a des tentacules reliés à sa tête) à la coquille enroulée, qui pouvait mesurer de quelques millimètres à deux mètres de diamètre.
Espèce très répandue dans les océans, le fossile ici présenté sert souvent de marqueur chronologique car il permet de dater aisément les couches de sol dans lesquelles il se trouve. Connus depuis l’Antiquité, les fossiles d’ammonites doivent leur nom au fait qu’ils évoquaient pour les hommes d’alors des cornes de béliers. Pline l’Ancien parle d’Ammonis cornua (corne d’Ammon) à leur propos parce que le dieu égyptien Ammon était généralement représenté portant des cornes de bélier.
Vous pouvez découvrir ce fossile dans son intégralité à l’occasion des Journées de l’Archéologie les 15 et 16 juin où il sera exposé avec d’autres pièces inédites des réserves ! On vous propose à cette occasion de suivre une conférence le dimanche 17 juin à 16h, animée par François Duchaussois, secrétaire de la Société Laonnoise et Axonaise de Paléontologie pour mieux connaitre les fossiles !

Détail du mois de mai 2019 : une lecture crépusculaire…

Le détail du mois est extrait d’un panneau nommé la Lecture. Il s’agit vraisemblablement d’un pastiche du genre d’Egbert van Heemskerk (Haarlem, 1634/1635 – Londres, 1704), réalisé par un peintre imitateur au XIXe siècle.
Une famille, rassemblée autour d’une unique bougie, écoute la lecture qui est faite, nous rappelant que les habitations étaient, jusqu’à l’arrivée de la lumière électrique, souvent très sombres. Les bougies étaient utilisées avec parcimonie à cause de leur coût et de l’enfumage qu’elles provoquaient. Beaucoup de maisons avaient jusqu’à la période contemporaine comme unique source de lumière après le coucher du soleil la lueur des flammes du foyer.
Ce tableau se caractérise donc par son fort clair-obscur, qui évoque les tableaux néerlandais de genre éclairés à la chandelle, appréciés pour leur effet de contraste. La lumière de la bougie prend souvent le sens de la présence divine, source d’espoir dans les ténèbres, ou son contraire, symbolisant la fugacité de la vie par sa flamme vacillante.
Ce tableau nocturne est une invitation à venir découvrir le musée à une heure crépusculaire, comme il sera possible de le faire pour la Nuit des Musées le 18 mai, l’entrée sera gratuite de 18h à 22h30 !