Ce n’est pas moins de cinq peintures qui ont quitté les réserves pour être présentées dans les vitrines de l’exposition permanente du musée. Vous pourrez notamment découvrir le Jeu du Canard de Thomas Heermans en salle Siècle d’Or.
Le détail du mois de février provient de Berger assis et son troupeau de chèvres, œuvre anonyme d’un artiste italien ou hollandais de la première moitié du XVIIe siècle. En effet, la forte influence de la peinture du Caravage sur cette toile pourrait aussi bien être l’œuvre d’un peintre italien que d’un des membres des Caravagesques d’Utrecht, un groupe de peintres qui a exporté les techniques du Maître en Hollande.
L’artiste semble en tout cas se situer dans le mouvement du caravagisme, diffusé bien au-delà de l’Italie. Rome est au début du XVIIe siècle le centre artistique par excellence et des artistes de tous les pays viennent y travailler et découvrent l’œuvre du Caravage. Dans l’atmosphère de révolution picturale qu’il incarne, beaucoup d’artistes européens suivent la voie qu’il établit et appliquent avec succès la fameuse Manfrediana Methodus qui est une recette pour imiter le style du Caravage, relayée par son premier disciple, Manfredi.
La thématique de notre toile renvoie également au style caravagesque par son sujet naturaliste, qui s’inspire des personnages des classes populaires italiennes, traité avec réalisme. Comme souvent à cette époque, on peut également trouver une connotation religieuse à cette peinture. Le Christ est souvent comparé à la figure du bon pasteur, et saint Jean-Baptiste est également berger : ses attributs sont la houlette de berger et le troupeau. L’animal guidé par le pâtre est une personnification du fidèle, tout comme l’animal, élevé pour sa chair ou son lait, pourrait aussi évoquer le sacrifice du Christ.
Pour découvrir cette peinture, rendez-vous au musée Jeanne d’Aboville, où l’on attirera tout spécifiquement votre attention sur cette oeuvre dans le cadre de l’exposition Des Collections révélées à partir du 29 février !
Vous n’avez pas encore découvert l’exposition Miroir réalisée par l’artiste Kévin Auber pour le musée? Il est encore temps ! L’exposition est visible jusqu’au 27 janvier inclus, et Kévin Auber vous propose une dernière visite en sa compagnie où il présentera son travail samedi 20 janvier à 14h30 ! Vous pouvez réserver votre place auprès du musée !
Le détail du mois vous présente une œuvre attribuée à Petrus Gerardus van Os (1776-1839) représentant un berger et son troupeau dans un paysage. Van Os est un peintre de La Haye, formé par son père lui-même peintre et spécialiste des natures-mortes. Il suit les pas de son père après un passage dans l’armée (il participe notamment au siège de Naarden pendant les Guerres napoléoniennes), et devient professeur de dessin jusqu’à sa mort. II s’est exercé dans tous les genres et dans toutes les disciplines, passant de la peinture à l’aquarelle, la gravure, la lithographie ou la miniature.
Petrus Gerardus van Os appréciait dans son travail les effets de lumière contrastés. Ici il renforce tout particulièrement cet effet en faisant se côtoyer une vache blanche et une vache noire. L’attention au détail se perçoit dans l’ombre portée de la corne de la seconde vache. Une autre caractéristique de son travail est le rendu naturaliste des animaux, typique des peintres tardifs de La Haye, soucieux de rendre les anatomies et les volumes avec exactitudes.
Ce tableau provient des réserves et n’est actuellement pas visible dans l’exposition permanente mais d’autres œuvres représentant des paysages animés sont bien sûr exposées au musée. On vous propose même de revenir sur le rôle du bœuf de la crèche de Noël à l’occasion de la visite du 23 décembre !
En ce 25 novembre, nous fêtons les Catherine, en référence à la figure de Sainte Catherine d’Alexandrie.
Vierge et martyre qui aurait vécu aux IIIe et IVe siècles en Egypte, son culte fut très populaire au Moyen-Age, importé en Occident par les Croisés. Sa fête donne maintenant lieu à diverses célébrations populaires, dont celles des jeunes filles à marier, appelées les Catherinettes. Cette fête religieuse a disparu du calendrier romain en 1969, « en raison du caractère fabuleux de sa passion » et du doute qui pèse sur l’existence même de la sainte. Le thème inspira de nombreux peintres de la Renaissance italienne. Le musée possède plusieurs exemples intéressants présentant le moment de la vie de la sainte le plus intense, celui de son mariage mystique avec Jésus.
La légende de sainte Catherine d’Alexandrie
Cette légende nous est connue principalement par la Légende dorée de Jacques de Voragine.
Catherine serait née vers 290 dans une famille noble d’Alexandrie et reçoit une éducation soignée. Un jour, elle voit une séance d’apostasie (abandon et reniement de sa foi) de Chrétiens organisée par l’empereur Maxence ; elle s’adresse à lui et argumente dans un débat contre lui de façon remarquable où elle tente de convaincre l’empereur de l’existence du dieu unique des Chrétiens. Celui-ci constatant qu’il ne pourrait trouver de parade à la sagesse de Catherine convoque une assemblée de cinquante doctes grammairiens et rhéteurs. Catherine, encouragée par un ange du Seigneur lui recommandant de résister avec constance, s’adresse à l’empereur devant les orateurs puis elle réussit à les faire taire par la pertinence de son argumentation, et à les convertir. L’empereur les fait aussitôt brûler au milieu de la cité. Séduit par sa jeunesse et son « incroyable beauté » l’Empereur lui propose une place dans son palais, en second rang après la reine. Elle répond : « Cesse de tenir de tels propos. Je me suis donnée comme épouse au Christ. Rien ne pourra m’éloigner de l’amour que j’ai pour lui. ». L’empereur la fait alors dévêtir, frapper à coups de croc de fer, et jeter dans une prison obscure sans alimentation pendant douze jours. Le Christ envoie une colombe blanche qui nourrit la prisonnière « d’un aliment céleste ». À son retour, l’empereur lui propose une nouvelle fois d’être sa compagne, ce qu’elle refuse à nouveau. Un préfet conseille alors au roi un supplice féroce pour la vierge afin d’effrayer les autres Chrétiens. Quatre roues entourées de scies de fer et de clous doivent lui déchirer et broyer le corps. Alors Catherine pria le Seigneur de détruire cette machine. « Et voilà qu’un ange du Seigneur frappa et brisa cette meule avec tant de force qu’il tua quatre mille païens. » L’empereur propose une dernière fois à Catherine de devenir son épouse. Elle refuse encore et il la condamne à être décapitée. Quand elle est conduite au lieu d’exécution, elle prie Dieu puis, quand elle est décapitée, du lait jaillit de son cou en guise de sang. Alors des anges prennent son corps, l’emportent jusqu’au mont Sinaï, et l’ensevelissent avec beaucoup d’honneurs jusqu’à sa redécouverte au VIIIe siècle par des moines établis sur le Mont.
Sainte Catherine au musée
Le musée possède plusieurs représentations du mariage mystique de la sainte, en voici deux exemples puisés dans les collections italiennes :
Mariage Mystique de sainte Catherine Biagio Pupini, dit Biagio delle Lame (Bologne, actif 1511 – après 1575)
Peintre principalement actif à Bologne, il plane plusieurs zones d’ombre sur la vie de Biagio delle Lame. On lui connait néanmoins de nombreuses collaborations avec d’autres artistes et une place importante au sein de la guilde des peintres et sculpteurs de sa ville natale.
Si les visages et les mains aux longs doigts évoquent l’influence du peintre Le Parmesan, les figures ont surtout ici un usage symbolique, sainte Catherine, l’enfant Jésus et enfin saint Joseph, voient leurs têtes alignées dans une évocation des trois âges de la vie.
Le moment que présente le tableau est donc le mariage mystique avec le Christ, puisque Catherine a déclaré qu’elle lui était destinée. Il s’agit d’une élévation spirituelle, qui atteint une forme d’union avec le Christ assimilable à un mariage. Celui-ci est symbolisé par l’anneau que Jésus lui présente.
Mariage mystique de sainte Catherine Girolamo da Santa Croce (Santacroce, 1480 – Venise 1556)
Peintre vénitien du XVIe siècle, Girolamo fut un élève de Giovanni Bellini par lequel il acquit la maitrise du style Renaissance. S’il travailla principalement dans et autour de Venise, on trouve également trace de son oeuvre en Dalmatie, notamment un retable situé à l’église paroissiale de Blato (Croatie).
On voit généralement transparaitre dans les oeuvres de ce peintre l’influence de Bellini, dans ce tableau, on remarque plutôt sa volonté de se placer en suiveur d’un autre grand maitre vénitien en la personne de Titien. L’intégration de détails est inspirée des scènes pastorales de celui-ci : la vieille femme juchée sur sa mule à gauche et le vacher à droite, tous deux placés dans le paysage, créent un climat évocateur qui répond à l’aspect verdoyant de l’ensemble.
Les figures principales, la Vierge à l’enfant et Sainte Catherine, semblent quant à elles inspirées de travaux familiaux, Girolamo venant d’une famille de peintres bergamasques. Elles s’inscrivent dans un cadre représentatif typiquement vénitien.
Le détail du mois d’octobre est consacré à la représentation du roi sans doute le plus emblématique de l’histoire de France, Louis XIV ! Ici peint par l’atelier florissant d’Adam François van der Meulen (1632-1690), il témoigne du style baroque adopté par ce peintre, bruxellois d’origine mais entrée au service du roi de France en 1662. Spécialiste des chevaux et des paysages, il est célèbre pour ses scènes de chasse et de bataille : son talent est reconnu par le Roi en personne qui lui accorde une pension. Il accompagne Louis XIV dans tous ses voyages, dans toutes ses résidences, et dans toutes ses guerres.
Le détail ici présenté évoque un départ de chasse, Louis XIV est figuré sur un cheval blanc, vêtu d’un habit de chasse somptueux. La pratique de la chasse était alors un loisir réservé à la noblesse, qui en détenait le privilège. Le roi devait donc marquer son rang devant la cour en étant un chasseur assidu. Il s’agit alors de chasse à courre, et le roi va se déplacer accompagné d’un équipage de vénerie nombreux, pouvant atteindre trois-cents personnes ! On peut voir des nobles qui l’assistent à pied ou à cheval, à l’image du second cavalier sur le détail qui tient un lièvre par les pattes-arrières.
Pour découvrir cette œuvre magistrale en entier, une date à retenir : le 7 octobre prochain ! En effet le tableau sera dévoilé au public à l’issue de sa restauration lors de l’après-midi avec Louis XIV où restaurateurs et historiens vous en dévoileront tous les secrets !
Alors que les derniers détails et les mises sous cadre sont en cours, au musée on réfléchit aux emplacements et aux mouvements pour l’accrochage de l’exposition Miroir par Kévin Auber. Une dizaine de création seront présentées, accompagnées de leurs croquis préparatoires pour montrer le processus artistique de l’artiste.
Vous pourrez découvrir cette exposition totalement inédite à partir du 16 septembre ! A bientôt au musée !
L’ Exposition A Travers le Temps et l’Espace a été inaugurée le 4 juillet. Elle permet de découvrir la production de deux artistes aux approches, à la fois différentes et complémentaires.
D’abord WANG JINFANG. Si elle a étudié à l’école des beaux-arts de Chine, on ressent dans ses productions ce très fort apport du dessin classique traditionnel à l’encre de Chine, avec un goût marqué pour le paysage. Il se dégage une atmosphère très poétique de son travail et nous sommes véritablement immergés dans les mondes créés par ses productions.
WEN WENWU est diplômé de l’académie centrale des beaux-arts de Pékin, où il s’est fait une spécialité de la peinture à l’huile. Très influencé par le classicisme et le romantisme qu’il réinterprète dans une veine contemporaine, son art n’est pas dénué de message sociaux et politiques. Sa peinture est énergique, parfois incisive, et peut tendre à l’expressionisme.
Vous pouvez découvrir l’exposition aux heures d’ouvertures normaux du musée jusqu’au 2 septembre 2023.
Le détail du mois provient d’une toile intitulée Prière et offrande aux dieux dans un palais en ruine, et est l’œuvre de Giovanni Ghisolfi (1623-1683).
Né à Milan, il s’est d’abord formé avec son oncle Antonio Volpino, un petit maitre, et son style ne s’affirme que tardivement après 1650, à vingt-sept ans, avec son départ pour Rome et sa confrontation avec le style baroque en plein avènement. Giovanni Ghisolfi a également l’occasion de connaître la peinture et l’approche architecturale de Pierre de Cortone, un des artistes théoriciens du Baroque. Ghisolfi se spécialise alors dans les paysages avec des ruines antiques, en s’inspirant des vestiges visibles à Rome et ses alentours.
Notre détail montre la mise en scène extrêmement théâtrale répondant bien au goût du Baroque où semble se jouer une tragédie antique dans ce décor de ruines, avec un groupe de personnages. Leur gestuelle se rapproche de celle des statues dont ils se différencient par la couleur. On peut y voir une vision nostalgique et sublimée de l’Antiquité héritée de la Renaissance, dont les ruines sont les seuls vestiges physiques d’un âge d’or disparu. Une réflexion importante est menée sur le temps qui passe : la méditation s’axe sur ces ruines, vestiges du plus grand Empire que l’Occident ait connu, peu à peu reconquit par la Nature.
C’est l’oeuvre d’un peintre anonyme allemand de la fin du XVe siècle, sans doute originaire d’Augsbourg selon les recherches effectuées par Isabelle Dubois-Brinkmann au sein de l’Institut National d’Histoire de l’art En vue d’établir un répertoire des tableaux de la Renaissance allemande dans les collections françaises.
Cet artiste anonyme s’inspire très largement du travail d’Albrecht Dürer, notamment de cette gravure du martyr des dix mille.
Mais pour pouvoir voyager correctement, cette oeuvre de cinq-cents ans nécessite une restauration préalable : il a donc été confié aux soins de Juliette Mertens et Igor Kozak, qui vont s’occuper respectivement du support et d ela couche picturale de l’oeuvre.
C’est parti pour un travail de plusieurs mois pour les restaurateurs…
Affaire à suivre…
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