Journée mondiale du Chien

En cette journée mondiale des chiens, voici un détail de la Halte durant la chasse de Jean-Baptiste Lallemand (1716-1803), peintre paysagiste français également connu pour ces eaux-fortes. Le détail vous présente une partie de la meute qui accompagnait à la chasse la noblesse. Il s’agit visiblement de chiens courants, c’est-à-dire destinés à poursuivre le gibier, de type anglo-français. On désigne par anglo-français plusieurs races de chiens de chasse issues de l’alliance de chiens anglais et français dont la sélection et le croisement été réalisé à partir du XVIe siècle.

photo : Franck Boucourt / Les musées des Hauts-de-France

Retrouvez également l’article de  2020 qui avait été consacré à un aperçu des canidés des collections du musée.

Détail du mois de mai : Mythologie, oeuvre collaborative et cochon-d’inde…

Le détail du mois vous présente une huile sur toile, intitulée Vertumne et Pomone, œuvre de Jan Pauwel Gillemans le Jeune (1651 – 1704), peintre flamand spécialiste des natures mortes et des représentations d’oiseaux. Il a collaboré avec des peintres de figures pour réaliser des scènes mythologiques et allégoriques comme la toile dont est extraite notre détail, dont les personnages sont peut-être du néerlandais Pieter Abrahamsz Ykens (1648 – 1695) qui a fréquemment collaboré avec Gillemans.

Vertumne et Pomone est un thème artistique classique, venant de la mythologie romaine : le dieu des jardins Vertumne recourt à des déguisements, notamment celui d’une vieille femme, pour séduire la nymphe des fruits Pomone. Si la scène prend traditionnellement place dans un jardin, la présence de nombreux animaux exotique sur ce tableau est assez originale. Parmi ces animaux, on trouve sur notre détail un dodo et un cochon-d’inde.

Le cochon-d’inde animal de compagnie aujourd’hui courant, a été exporté d’Amérique du Sud au XVIème siècle par les conquistadors espagnols. Domestiqué par les Incas il y a plus de 3000 ans, le cochon-d’inde était utilisé pour sa viande avant de devenir une curiosité dans les ménageries européennes.
Le dodo a une histoire plus tumultueuse : espèce d’oiseau endémique de l’île Maurice, elle a disparue dès la fin du XVIIe siècle avec l’arrivée des Européens. Il est aujourd’hui souvent cité comme un archétype de l’espèce éteinte car sa disparition, survenue à l’époque moderne, est directement imputable à l’activité humaine.. La représentation approximative du bec et du plumage de l’oiseau par le peintre est sans doute due à sa reproduction d’après gravure, le peintre n’ayant jamais vu un tel oiseau de ses yeux.

Ce tableau, provenant des réserves, sera présenté exceptionnellement au mois de mai, venez le découvrir !

La forêt à l’honneur en ce 21 mars !

En l’honneur de la Journée internationale des Forêts qui a lieu ce jour, on vous présente un tableau forestier de la Collection !  Cette journée est une occasion de célébrer la forêt, l’arbre et le bois, et sensibiliser à la multifonctionnalité des forêts. En effet, elles rendent de nombreux services, tant pour l’environnement, l’économie ou la société ce qui en fait une ressource essentielle pour le développement durable. On vous propose d’explorer le lien qui unit l’Homme à la forêt au prisme de cet Intérieur de forêt d’Alexander Keirinckx.

Peintre de la guilde d’Anvers, Keirinckx séjourna en Angleterre vers 1625 et 1641. Peintre de paysages, surtout de forêts, il aime les décors luxuriants mais a une tendance à la monochromie car il n’est pas totalement libéré de la tradition (trois plans en brun-vert-bleuté, la profondeur étant donnée par la variations des tons). Il annonce des peintres de paysages anversois aux tendances plus baroques.
C’est un moment où change la manière de présenter les paysages dans les pays septentrionaux, passant d’une conception panoramique traditionnelle à une représentation plus réaliste et intime de la nature, sous l’influence du peintre Coninxloo, qui introduit le modèle de l’intérieur de forêt avec une agitation maniériste et décorative se chargeant d’accents lyriques.

Cette toile appartient à la période la plus originale de l’artiste, où le sous-bois tend à être habité d’une présence fantastique (feuillages denses, troncs noueux et tourmentés). Mais le tableau montre aussi le souci de réalisme poussé de son auteur par le détail.


Le personnage au premier plan en train de dessiner est peut être un autoportrait de l’auteur. L’autre écoute les bruits de la forêt. Les deux personnages présents sont à placer en opposition, symbolisant vie active et vie contemplative.

Du 11 au 16 avril, les lapins de Pâques envahissent le musée !

Un groupe de lapins de Pâques a prévu d’envahir le musée les 11, 13, 14, 15 et 16 avril ! Les services secrets du musée ont également découvert qu’un contingent de poussins de Pâques va prendre place en salle archéologique en soutien aux lapins.  L’équipe du musée demande l’aide de ses plus jeunes visiteurs pour retrouver les lapins et poussins cachés  !

Les visiteurs petits et grands sont invités à une chasse aux lapins de la Collection, mais aussi de quelques autres à découvrir sur place…
Les participants qui trouveront tous les lapins et poussins visibles gagneront un sachet de chocolats de Pâques ! Nécessitant juste un peu d’observation, cette visite peut se faire en famille pour aborder la peinture d’un point de vue ludique.

Le musée sera ouvert de 14h à 17h30 les 11, 13, 14, 15 et 16 avril 2022. La chasse aux lapins et aux poussins se fait en visite libre en continu durant l’ouverture du musée. Fermeture de billetterie à 17h.
Entrée du musée payante (4 €), gratuit pour les enfants.

 

Détail du mois de février : homard, citron et querelles religieuses…

Le détail du mois de février est extrait d’une Nature morte de homard, œuvre de Johannes Hannot, né à Leyde en 1633 et mort dans la même ville en 1684. Spécialiste des natures mortes de fruits, il incorpore souvent un homard chatoyant dans ses compositions, mais nous avons peu d’éléments sur sa vie, excepté qu’il fut admis à la guilde de Saint-Luc de Leyde en 1650.
Si le homard est très présent dans la peinture nordique, il prend un sens bien différent, en fonction qu’il soit représenté par un peintre protestant ou catholique, car l’Europe est alors déchirée par les querelles religieuses. Le homard, rouge après sa cuisson, apporte de la chaleur à la composition et rappelle la couleur des princes de l’église que sont les cardinaux. Il est également vu comme un symbole de résurrection du Christ, car les homards perdent leur enveloppe au printemps pour prendre une nouvelle carapace. Chez les protestants, la démarche à reculons du homard symbolise l’inconstance et l’instabilité, les peintres évoquent par ce biais la déviance morale des catholiques.
Ce tableau est pétri de référence symbolique bien au-delà de l’auguste homard qui y trône : le citron, dont la peau s’entortille, rappelle la vie qui se déroule et la montre, placée entre les pinces du homard, nous rappelle que notre temps est compté…

A partir du 16 février, vous pourrez découvrir ce tableau en compagnie d’une œuvre de Gabriel Martinet, artiste qui présentera son travail nourris par l’observation des tableaux de la Collection dans l’exposition Confrontation/Inspirations, jusqu’au 30 mai !

Détail du mois de janvier : peintre-décorateur, âne déguisé et paganisme…

Le détail du mois de janvier provient d’une toile récemment restaurée et intitulée la Marche des animaux et peinte par Michiel Carrée (1657 – 1727), peintre hollandais, élève de Nicolas Berchem. Il réalise sa carrière principalement comme décorateur en réalisant des fresques et des plafonds, mais il était également connu pour sa peinture de chevalet et excellait dans les représentations d’animaux.

Typique de son style, mêlant différentes espèces au sein du même cortège, on peut voir sur notre détail un âne monté par une jeune femme, et bizarrement harnaché de tissus colorés. Le peintre fait sans doute ici référence à la Fête de l’Âne, invention paraliturgique qui visait à célébrer l’âne qui a porté Marie durant la fuite en Egypte et qui fut très populaire durant le Moyen-Age. Elle était fêtée le 15 janvier à la cathédrale de Beauvais par exemple. On introduisait l’animal magnifiquement caparaçonné dans l’église pour le bénir. Renvoyant aux cultes profanes adorant des animaux, cette fête plus folklorique que canonial est bannie progressivement de la liturgie mais perdure jusqu’au XVIIe siècle.

Vous pouvez découvrir le tableau complet au musée au sein du nouvel accrochage mis en place ce mois-ci !

Détail du mois d’octobre : luxe, coquilles et mollusque préhistorique…

Le détail du mois d’octobre est un élément original et un peu à part présenté à l’occasion de l’exposition Instants Suspendus. Il s’agit d’une huître préhistorique !

La Gryphaea (gryphée en français) est un genre éteint de mollusques, ancêtre de l’huître, ayant vécu principalement du Trias supérieur au Jurassique, à l’époque des dinosaures. Il existe de nombreuses sous-espèces mais elle est généralement recouverte de stries de croissance bien visibles qui permettent de l’identifier dans les bancs de pierre calcaire. Les paléontologues retrouvent régulièrement d’ailleurs des accumulations massives de coquilles d’ostréidés très épaisses.

L’étude des huîtres fossiles montre que ces mollusques ont joué un rôle écologique important, contribuant notamment au cycle du carbone. Avant l’élevage des huîtres, leurs récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques, comme en attestent les amas coquilliers retrouvés sur les littoraux. Ce sont également des sentinelles écologiques qui alertent sur la sédimentation, la pollution marine et l’érosion du littoral.

Les Grecs et les Romains furent très friands de l’huître plate, l’espèce indigène européenne. L’importation à Rome des huîtres des côtes européennes aussi bien atlantiques que méditerranéennes, a laissé de nombreux témoins archéologiques, montrant un important réseaux de négociants et de transporteurs. Cette tradition perdure pendant le Moyen-Age. On ramasse ainsi les huîtres pour les écailler et les mettre en baril. Vers la fin du XVIIe siècle apparaît chez les nobles la mode de manger les huîtres « tout en vie », mais cela restera un privilège de la partie la plus riche de la population, fait qui a assis sa réputation d’aliment de luxe.

Pour découvrir d’autres éléments sur l’histoire de la cuisine, nous vous invitons à venir au musée les 30 octobre et 13 novembre prochains pour « Le musée passe à table », des après-midis consacrées à l’Histoire de la Cuisine animées par Fabian Müllers, historien de l’Alimentation !

Découverte, couleurs et signature cachée….

Le restaurateur de peintures anciennes Igor Kozak, déjà intervenu cette année au musée Jeanne d’Aboville pour la restauration de deux œuvres présentes dans l’exposition Instants Suspendus était de retour aujourd’hui pour ramener deux autres toiles du musée, pour le moment inédites car conservées dans les réserves.

Igor Kozak durant le déballage des toiles.

La première œuvre intitulée La Marche des animaux du peintre Michiel Carrée (1657-1727), peintre hollandais qui devint peintre du Roi de Prusse, a réservé une très bonne surprise car lors du nettoyage, Igor Kozak a retrouvé la signature de l’artiste, sur un rocher au premier plan de la toile. Le nettoyage a également permis de redécouvrir les couleurs intenses de ce peintre de paysages italianisants, baignant le décor fantaisiste de son paysage d’une lumière dorée.

Marche des animaux, huile sur toile, 70 x 85cm, Michiel Carrée,
avant et après restauration

Le second est une scène très dynamique, un combat de cavalerie, œuvre de Jan Jabosz van der Stoffe (1611-1682), un des principaux peintres hollandais de bataille du milieu du XVIIe siècle. Présentant des manques et des enfoncements, le tableau a subi une grosse restauration pour rendre une certaine planéité à sa toile. Il revient également métamorphosé, débarrassé des vernis jaunis qui le recouvraient.

Combat de cavalerie, huile sur toile, 75 x 106cm, Jan Jabosz van der Stoffe
Avant et après restauration

Si la Marche des animaux sera présentée ce samedi en prélude de la conférence d’Alain Tapié à 17h à l’Espace Drouot de La Fère, il faudra patienter un peu pour le combat de cavalerie qui va devoir bénéficier des soins de l’encadreur avant d’être présenté…

Détail du mois de septembre : fruits, insectes et ex-taulard…

Le détail du mois de septembre vous invite à vous arrêter sur de petites choses pas forcément perceptibles au premier coup d’œil avec une nature morte de fruits, œuvre d’Ernst Stuven (vers 1657–1712). Né à Hambourg, Stuven s’installe à Amsterdam à dix-huit ans, où il fréquente plusieurs ateliers. Se dirigeant vers la peinture de fleurs, il rejoint l’atelier d’Abraham Mignon (1640-1679), grand spécialiste des natures mortes. Il est surtout célèbre pour avoir été emprisonné dans une maison de correction d’Amsterdam à cause de relations abusives avec un de ses apprentis, Willem Grasdorp. Après avoir déménagé à Rotterdam, il a trouvé un mécène qui le finança jusqu’à sa mort en 1712.

Notre détail représente des insectes attirés par de succulents fruits, ici une grappe de raisin noir et des pêches. Au XVIIe siècle, les raisins noirs étaient principalement importés depuis l’Espagne et le climat imposait de cultiver les pêches sous serres, ces deux fruits étaient donc luxueux, sinon rares. Les raisins montrent les premiers signes de décomposition et sont déjà la cible des insectes, évoquant le concept de la fugacité de la vie, au centre de la vanité.

Le carabe des bois et les fourmis qui courent sur les pêches sont représentés avec une grande minutie et témoigne du souci de naturalisme du peintre. Le plus souvent liés à l’idée de souillure les insectes ont une charge symbolique plutôt négative, ils symbolisent le mal qui peut s’immiscer partout.

Vous pouvez découvrir ce tableau et plusieurs autres dans l’exposition Instants Suspendus, regards sur la nature morte, et aller à la rencontre des insectes présents sur les toiles au Musée des papillons de Saint-Quentin. N’oubliez pas non plus la conférence sur la notion d’hospitalité qui sera présentée à la fin du mois par Alain Tapié à l’Espace Drouot de La Fère !

Un dauphin antique…

A l’occasion de la Journées mondiale du Dauphin, le musée met à l’honneur une des très belles pièces qui fut découvertes lors des fouilles de Versigny dans l’Aisne. Cette fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze et fer recouvert d’argent date du IIIe siècle. Son exécution montre une stylisation bien éloignée des représentations romaines classiques. Si on peut rapprocher sa silhouette sinueuse d’exemples du Haut Empire, la fibule de Versigny est néanmoins dans son trait très influencée par une certaine barbarisation des pratiques cultuelles romaines. Souvent figuré en dehors de tout contexte aquatique, le dauphin est associé à la protection des foyers.

Fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze recouvert d’argent du IIIe siècle, fouilles de Versigny, Inv. 2006.0.13.27