Détail du mois de janvier : des mages généreux…

Le détail du mois de janvier revient sur un épisode d’actualité avec une Adoration des Mages ! Œuvre d’un faussaire allemand du milieu du XIXe siècle, son style imite les œuvres du XIVe siècle produites en Bavière, en Autriche et en Bohême.

On y voit les trois rois-mages différenciés par la couleur de leur robe et la nature de leur présent. Les mages sont nommés à partir du IXe siècle après Jésus Christ et se voit rattacher chacun un présent de manière spécifique : Melchior offrit l’or de la royauté ; Gaspard l’encens pour évoquer la divinité ; Balthasard apporte la myrrhe, un parfum qui servait à embaumer les morts dans l’Antiquité faisant allusion à la mort du Christ, mais aussi à sa résurrection.
Un récit oriental de l’Antiquité tardive explique à ce propos que les mages entendent mettre Jésus à l’épreuve afin de connaître sa nature exacte : s’il est roi, il choisira l’or, s’il est prêtre, l’encens, et s’il est médecin, il optera pour la myrrhe. L’enfant déconcerte les trois sages en choisissant les trois présents.
Les mages sont également représentés avec des barbes de longueur différentes pour suggérer des différences d’âges : les trois réunis symbolisent les trois âges de la Vie.

Ce tableau des réserves n’est actuellement pas visible mais vous pouvez découvrir une autre spectaculaire Adoration des Mages en salle anversoise ! On vous souhaite une belle fête de l’épiphanie, n’abusez pas (trop) de la galette !

Détail du mois de décembre : contraste, guerre napoléonienne et vaches…

Le détail du mois vous présente une œuvre attribuée à Petrus Gerardus van Os (1776-1839) représentant un berger et son troupeau dans un paysage. Van Os est un peintre de La Haye, formé par son père lui-même peintre et spécialiste des natures-mortes. Il suit les pas de son père après un passage dans l’armée (il participe notamment au siège de Naarden pendant les Guerres napoléoniennes), et devient professeur de dessin jusqu’à sa mort. II s’est exercé dans tous les genres et dans toutes les disciplines, passant de la peinture à l’aquarelle, la gravure, la lithographie ou la miniature.

Petrus Gerardus van Os appréciait dans son travail les effets de lumière contrastés. Ici il renforce tout particulièrement cet effet en faisant se côtoyer une vache blanche et une vache noire. L’attention au détail se perçoit dans l’ombre portée de la corne de la seconde vache. Une autre caractéristique de son travail est le rendu naturaliste des animaux, typique des peintres tardifs de La Haye, soucieux de rendre les anatomies et les volumes avec exactitudes.

Ce tableau provient des réserves et n’est actuellement pas visible dans l’exposition permanente mais d’autres œuvres représentant des paysages animés sont bien sûr exposées au musée. On vous propose même de revenir sur le rôle du bœuf de la crèche de Noël à l’occasion de la visite du 23 décembre !

Détail du mois de novembre : ange, phylactère et vaisselle flamande…

Le détail du mois provient d’un triptyque de la salle des Primitifs représentant sur son panneau central une adoration des Mages réalisée par l’atelier anversois de Pieter Coecke van Aelst, actif dans la première moitié du XVIe siècle. Notre détail provient du volet gauche représentant l’Annonciation.

On y voit la représentation de Gabriel, l’ange de l’Annonciation qui désigne le ciel et déploie un phylactère. Un phylactère est un moyen graphique semblable à une petite banderole, sur laquelle se déploient les paroles prononcées par le personnage dépeint, ici on peut y lire Ave gratia plena, dominus tecum, soit « Je te salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec toi ». L’ange est somptueusement vêtu et paré car les peintures de l’atelier de Pieter Coecke van Aelst était célèbre pour leurs détails décoratifs d’une certaine préciosité.
A l’arrière-plan, on peut voir de la vaisselle d’étain posée sur une armoire, que l’on s’attend davantage à retrouver dans une maison bourgeoise des Flandres que dans l’habitat de Marie en Palestine, les peintres interprètent alors le décor des scènes bibliques avec une grande liberté et les scènes de l’annonciation sont généralement l’occasion d’expérimentation sur la profondeur avec des jeux de perspectives.

Ce tableau était parti en restauration et revient au cours du mois de novembre et vous aurez l’occasion de le redécouvrir nettoyé et consolidé. En effet, on peut voir une fissure qui court dans le bois et dont l’état a nécessité une intervention des restaurateurs. A bientôt au musée pour le voir en entier !

Détail du mois d’octobre : Roi, chasse et lièvre…

Le détail du mois d’octobre est consacré à la représentation du roi sans doute le plus emblématique de l’histoire de France, Louis XIV ! Ici peint par l’atelier florissant d’Adam François van der Meulen (1632-1690), il témoigne du style baroque adopté par ce peintre, bruxellois d’origine mais entrée au service du roi de France en 1662. Spécialiste des chevaux et des paysages, il est célèbre pour ses scènes de chasse et de bataille : son talent est reconnu par le Roi en personne qui lui accorde une pension. Il accompagne Louis XIV dans tous ses voyages, dans toutes ses résidences, et dans toutes ses guerres.

Le détail ici présenté évoque un départ de chasse, Louis XIV est figuré sur un cheval blanc, vêtu d’un habit de chasse somptueux. La pratique de la chasse était alors un loisir réservé à la noblesse, qui en détenait le privilège. Le roi devait donc marquer son rang devant la cour en étant un chasseur assidu. Il s’agit alors de chasse à courre, et le roi va se déplacer accompagné d’un équipage de vénerie nombreux, pouvant atteindre trois-cents personnes ! On peut voir des nobles qui l’assistent à pied ou à cheval, à l’image du second cavalier sur le détail qui tient un lièvre par les pattes-arrières.

Pour découvrir cette œuvre magistrale en entier, une date à retenir : le 7 octobre prochain ! En effet le tableau sera dévoilé au public à l’issue de sa restauration lors de l’après-midi avec Louis XIV où restaurateurs et historiens vous en dévoileront tous les secrets !

Détail du mois : une abbaye, des nuages et beaucoup de talent…

Le détail du mois de septembre vous présente l’un des plus beaux paysages réalisés par Salomon Ruysdael (Naarden, vers 1600– Haarlem, 1670), un des grands maîtres de ce genre au XVIIe siècle. Spécialiste des paysages de rivières, d’estuaires ou de dunes, Salomon Ruysdael commence sa carrière à Haarlem et restera toute sa vie aux Pays-Bas. Oncle du célèbre Jacob van Ruisdael (Haarlem, 1628 – Amsterdam, 1682), il entreprend sa formation.

Ce détail est tout à fait typique de son style, avec les effets atmosphériques du ciel et le troupeau venant animer le paysage, mais il est surtout remarquable par la présence de ruines de deux édifices religieux. En effet, le bâtiment semi-détruit est identifié comme l’abbaye d’Egmond, ou abbaye Saint-Adalbert, un monastère bénédictin, situé en Hollande-Septentrionale. L’abbaye fut détruite en 1573, pendant la guerre des quatre-vingts ans qui voit les Hollandais lutter contre les Espagnols. L’abbaye sera laissée à l’état de ruines par les Gueux de mer, une milice hollandaise protestante de corsaires et d’aventuriers qui agit pour le compte de Guillaume d’Orange, le principal constructeur de l’indépendance néerlandaise. Le clocher de l’arrière-plan appartient, lui, à l’ancienne église paroissiale, la Buurkerk, du village voisin de Binnen.

Pour découvrir le reste du tableau, il faudra vous rendre au musée pour le voir parmi d’autres chefs-d’œuvre du Siècle d’Or hollandais. Pensez notamment au week-end des Journées Européennes du Patrimoine les 16 et 17 septembre, où le musée sera ouvert gratuitement le samedi et le dimanche de 10h à 17h30 !

Détail du mois d’août : Vierge, palmier et miracle…

Le détail du mois d’août est extrait de la Fuite en Egypte produite par un artiste flamand du XVIIe siècle. Cette œuvre est rapprochée du style de l’anversois Abraham Govaerts (1589-1626), un spécialiste des vues de forêt, qui aurait pu être secondé par un autre artiste, Pieter van Avont (1600-1652), qui réalisait souvent les figures sur ses tableaux. La présence de nombreux anges et putti (anges enfantins) sur le tableau renforce cette hypothèse.

Le tableau représente la Sainte Famille se reposant durant la Fuite en Egypte, épisode cité dans l’évangile de Mathieu, où Joseph fuit avec Marie et Jésus en Egypte pour que Jésus échappe au Massacre des Innocents. La Sainte Famille est souvent représentée durant une halte sur le parcours vers l’Egypte, se reposant à l’ombre des arbres. Des anecdotes de nature apocryphes, c’est à dire ne faisant pas partie du canon officiel, sont ajoutées avec par exemple la présence d’un arbre fruitier visible au-dessus de la Sainte Famille qui fait référence au « Miracle du palmier ». Selon la tradition, durant la fuite en Egypte, la Vierge désirait manger les fruits d’un palmier sous lequel elle était assise mais les fruits étaient trop haut. Alors le Christ ordonna au palmier de se courber pour permettre à sa mère de se nourrir, ce qu’il fit. Une fois les fruits cueillis, le Christ ordonna au palmier de se redresser et lui promit une place au Paradis de son père. Le palmier obtempéra et d’entre ses racines surgit une source d’eau claire et fraîche.

Ce tableau des réserves sera présenté exceptionnellement dans le cadre des visites de l’Assomption les 16, 17 et 18 août prochains à 14h30. La réservation est recommandée.

Détail du mois de juillet : ruines, baroque romain et nostalgie…

 

Le détail du mois provient d’une toile intitulée Prière et offrande aux dieux dans un palais en ruine, et est l’œuvre de Giovanni Ghisolfi (1623-1683).
Né à Milan, il s’est d’abord formé avec son oncle Antonio Volpino, un petit maitre, et son style ne s’affirme que tardivement après 1650, à vingt-sept ans, avec son départ pour Rome et sa confrontation avec le style baroque en plein avènement. Giovanni Ghisolfi a également l’occasion de connaître la peinture et l’approche architecturale de Pierre de Cortone, un des artistes théoriciens du Baroque. Ghisolfi se spécialise alors dans les paysages avec des ruines antiques, en s’inspirant des vestiges visibles à Rome et ses alentours.
Notre détail montre la mise en scène extrêmement théâtrale répondant bien au goût du Baroque où semble se jouer une tragédie antique dans ce décor de ruines, avec un groupe de personnages. Leur gestuelle se rapproche de celle des statues dont ils se différencient par la couleur. On peut y voir une vision nostalgique et sublimée de l’Antiquité héritée de la Renaissance, dont les ruines sont les seuls vestiges physiques d’un âge d’or disparu. Une réflexion importante est menée sur le temps qui passe : la méditation s’axe sur ces ruines, vestiges du plus grand Empire que l’Occident ait connu, peu à peu reconquit par la Nature.

Ce tableau des réserves sera exceptionnellement visible à l’occasion des visites VIP le samedi matin pendant l’été, attention c’est uniquement sur réservation !

Détail du mois de juin : un concert d’archiluth…

Le détail du mois de juin est extrait d’une copie d‘après Caspar Netscher intitulée le Concert. Si l’original est conservé à l’Alte Pinacothek de Munich, notre version est l’œuvre d’un peintre anonyme de la fin du XVIIe siècle, issu de l’entourage du Maître.
On connait au moins onze copies répertoriées, prouvant ainsi l’intérêt pour l’œuvre originale pour les peintres de l’entourage de Netscher. Certaines copies présentant des variantes sont attribuées à Netscher lui-même, comme celle visible au musée d’art de l’Université du Michigan depuis 2011. La copie de La Fère présente certaines qualités picturales, notamment dans le rendu des étoffes, une des caractéristiques de Netscher : les vêtements tombent en plis fluides et les motifs du tapis de table sont effectués avec précision.
On y voit un joueur d’archiluth. Cet instrument dérive du luth et se caractérise par des cordes supplémentaires permettant de produire des sons graves. La représentation du luth et ses dérivés est assez courante dans la peinture classique, on le rencontre chez Veermer ou Le Caravage. Il peut être employé comme une allégorie de l’ouïe, et symbolise parfois la poésie lyrique ou la notion d’inspiration. Ici le musicien est plus prosaïquement le participant d’une soirée musicale, dépeinte comme une scène de genre, même si un apport symbolique n’est pas exclu.
Pour découvrir ce tableau des réserves en entier, il faudra venir le découvrir au musée durant le mois de juin, où il sera exceptionnellement présenté dans le cadre des animations le Son des tableaux, qui invite nos plus jeunes visiteurs à découvrir les œuvres du musée en musique !

Détail du mois de mai : un faussaire nocturne…

Le détail du mois de mai vous présente une imitation des productions d’Aert van der Neer, peintre paysagiste du Siècle d’or hollandais, spécialiste des paysages d’hiver et des vues nocturnes. Sa maîtrise des effets de lumière a rendu ses scènes nocturnes célèbres et il a connu plusieurs imitateurs, dont certains n’hésitaient pas à apposer des fausses signatures sur leur travail pour lui donner plus de valeur. C’est le cas ici puisque la peinture comporte un faux monogramme.
Le peintre anonyme réalise ici un pastiche : il imite à la fois le style et la composition des œuvres d’Aert van der Neer, en reprenant les motifs les plus poncifs de sa production et  l’agencement des éléments. Néanmoins, le peintre faussaire devait être moins habile sur les effets atmosphériques que celui qu’il souhaitait imiter, car il a caché le clair de lune derrière un arbre.
Si on ignore l’identité du faussaire, les craquelures irrégulières de la couche picturale prenant l’apparence du cuir sont typique du XIXe siècle, par le vieillissement du mélange des pigments et de l’huile employés à cette époque.
Ce tableau inédit des réserves sera présenté exceptionnellement à l’occasion de la Nuit des musées le 13 mai prochain, venez le découvrir en entier !

Détail du mois d’avril : Golgotha, rédemption et parallèle contemporain…

Le détail du mois d’avril provient d’un panneau réalisé par un artiste du Sud de l’Italie au XVIe siècle. Il représente une crucifixion.

Le détail choisi représente le crâne placé traditionnellement au pied de la croix dans la plupart des représentations de la crucifixion de Jésus avec une vocation double. Il signifie le lieu de la Crucifixion, le mont Golgotha que l’on peut traduire par « Mont du crâne » ou « Lieu du crâne » : c’est une colline située à l’extérieur de Jérusalem, sur laquelle les Romains exécutaient les condamnés à mort. C’est le lieu où Jésus fut crucifié, mais aussi où il aurait été enterré après son exécution. La référence au crâne provient également d’une tradition qui dit que les os d’Adam, le premier homme auraient été enterrés sur le lieu et que le sang de Jésus lors de son supplice aurait coulé sur les os pour racheter les péchés d’Adam.
Le crâne représente également le passage de la mort à la résurrection, l’abandon de l’enveloppe charnelle, le retour à la matière. Il est dans la vision des artistes le symbole de la rédemption du péché originel.

Ce tableau inédit des réserves est exceptionnellement dévoilé à l’occasion de l’exposition d’œuvres de l’Artothèque de l’Aisne au musée jusqu’au 15 avril 2023, où il est mis en rapport avec une vanité contemporaine de Pierre Collin. A découvrir au musée !