Journée de la bière : à la rencontre d’une scène de taverne…

En cette journée internationale de la Bière, on vous propose de découvrir cet inédit des réserves : il s’agit d’une scène de taverne, d’un artiste hollandais du XVIIe siècle, peut-être David Teniers le jeune, que nous avons déjà évoqué il y a quelques temps à propos d’une autre scène du même genre.


De très petite taille, 13 cm sur 11, cette scène présente les abords d’une taverne avec un buveur attablé à l’extérieur. Sans surprise la bière était une boisson très populaire en Flandre et en Hollande, elle fait même figure de boisson nationale. Durant le XVIIe siècle, si les riches apprécient le vin exporté, une grande partie de la population a pour seul breuvage la bière, parfois coupée d’eau. On en boit alors à tous les repas et en tout lieu. Il en existe deux sortes différentes, dites simple ou double, selon la teneur en alcool. La consommation est énorme, on en boit pas moins de 250 000 hectolitres dans les seules brasseries de Haarlem, produite bien sûr par la guilde locale.

Cette consommation importante de bière a laissé son empreinte dans le paysage avec l’excellente réputation des bières belges et hollandaises, le musée vous invite néanmoins à les consommer avec modération… 🙂

Détail du mois d’août : Vierge, faussaire et couronne…

Ne vous fiez pas à l’aspect vaguement médiéval du détail du mois d’août car il s’agit vraisemblablement de l’œuvre d’un faussaire allemand du XIXe siècle ! On parle alors de « faux » car il s’agit de faire passer ce tableau pour une œuvre ancienne et originale, et non pas un peintre imitateur cherchant à copier le style.
Il représente l’Adoration des Mages dans un style proche du Gothique international, une phase tardive de l’art gothique au XVe siècle, qui laissera peu à peu sa place au style Renaissance.

Le faussaire ici reprend les codes de ce style, notamment dans l’exaltation de la figure féminine, inspirée de l’esthétique courtoise. La Vierge y est représentée avec un grand front typique des critères aristocratiques de beauté médiévaux. Elle est également représentée avec une couronne, pour renvoyer à la tradition de la Vierge Marie, couronnée aux Cieux. Le thème est présent à partir du Moyen-Âge, mais ne fait pas l’objet d’un dogme reconnu par l’Église. Cette couronne, symbole de puissance, évoque à la fois le fait que Marie est choisie par Dieu et son lignage royal, car elle est une descendante du roi David. Cet accessoire implique que la Vierge, mère de Dieu, sans être elle-même divine, est placée par Dieu au-dessus de toutes les créatures, anges, démons et hommes.

Si la thématique de la Vierge vous intéresse, la Compagnie Hymnalaya vous propose deux lectures théâtrales de « Gaby, ou le pardon de Marie » au musée les 11 et 15 août à 15h30. Attention c’est uniquement sur réservation !

Un dauphin antique…

A l’occasion de la Journées mondiale du Dauphin, le musée met à l’honneur une des très belles pièces qui fut découvertes lors des fouilles de Versigny dans l’Aisne. Cette fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze et fer recouvert d’argent date du IIIe siècle. Son exécution montre une stylisation bien éloignée des représentations romaines classiques. Si on peut rapprocher sa silhouette sinueuse d’exemples du Haut Empire, la fibule de Versigny est néanmoins dans son trait très influencée par une certaine barbarisation des pratiques cultuelles romaines. Souvent figuré en dehors de tout contexte aquatique, le dauphin est associé à la protection des foyers.

Fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze recouvert d’argent du IIIe siècle, fouilles de Versigny, Inv. 2006.0.13.27

Une flotte sur le départ et un Flamand parmi les Hollandais…

Envie de bord de mer ? Nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire d’un peintre qui lui consacré son œuvre : en effet, le 23 juillet 1614 naquit à Anvers Bonaventura Peeters, artiste baroque flamand qui est connu pour ses paysages maritimes.

Issu d’une famille d’artistes, il apprend auprès de son père, qui est maitre à Anvers et membre de la guilde de Saint-Luc, avec sa fratrie :  Jan Peeters I, Gillis Peeters, et Catharina Peeters qui furent également peintres. Il devient lui-même membre de la guilde de Saint-Luc en 1634 et peint avec son frère Gillis, une vue de la bataille de Calloo pour la municipalité d’Anvers qui veut célébrer la victoire de la couronne espagnole sur les Hollandais qui voulaient encercler la ville.

Ses premières œuvres illustrant des paysages sont influencées par l’école hollandaise qui détient alors un presque monopole de la peinture de marine. Il peint des naufrages sur des mers agitées et des vues plus calmes de l’Escaut et du littoral, d’une palette subtile et nuancée.

Un peu plus tard, ses œuvres sont marquées par les couleurs fortes et rappellent les tons propres au classicisme italien. Ce changement de style reflète la demande internationale croissante de paysages italianisants.

La peinture détenue par le musée Jeanne d’Aboville témoigne plutôt de cette deuxième période avec une impressionnante escadrille de bateaux qui séjourne à l’entrée d’un port. S’agit-il d’une flotte de guerre se préparant à l’assaut ou d’un plus lucratif départ en expédition commerciale ?  Les éléments présents n’ont pour le moment pas permis de le déterminer, car nous sommes dans le contexte de la Guerre de Quatre-vingt ans mais également dans un moment d’expansion commerciale important.

Bonaventure Peeters meurt le 25 juillet 1652 dans le village d’Hoboken (en Belgique) où il s’était retiré à cause de sa santé délicate, il n’avait que 38 ans. Son fils Bonaventura II devient également peintre de paysage, mais préfère les rivières et les canaux.

 

Envie d’en savoir plus sur la peinture de marine ? Retrouvez l’article de l’historienne de l’art Eléonore Dérisson consacré aux marines de la collection du musée en cliquant ici !

“Le petit escargonaute” un conte kamishibaï au musée

 

Le musée vous propose, le jeudi 22 juillet de 15h à 16h, de partir à l’aventure avec la comédienne Chloé Duong de la Compagnie Le Compost. Cette artiste polyvalente vous contera « les aventures gourmandes d’un petit gastéropode, qui à force de manger deviendra le premier escargot lunaire de l’histoire, grâce à un prout coincé dans sa coquille! Profitant d’une sieste au soleil, la dilatation du gaz lui fait atteindre des sommets, pour un voyage spatial extraordinaire. Du potager à un jardin d’étoiles, des carottes aux anneaux de saturne, il n’est pas au bout de ses surprises… ».

Cette animation se fera dans le cadre du projet culturel « Que fait-on dans l’Aisne ». Initié pendant la pandémie par Madame Fatima Bendif, directrice de maison de la culture et des loisirs de Gauchy et Agnès Renaud, de la Compagnie l’Esprit de la Forge, ce projet a pour mission de créer du lien entre les différents acteurs culturels du département, les compagnies théâtrales et la population. Piloté par la ville de Gauchy, « Que fait-on dans l’Aisne » est financé par le département de l’Aisne, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et la région des Hauts de France.
Après des centres sociaux, de loisirs, des villes, des bibliothèques, des médiathèques, des EHPAD, des IME et des foyers médicalisés, le musée Jeanne d’Aboville est la première institution muséale à s’inscrire dans ce cet ambitieux projet !

N’hésitez plus, et réservez pour que vos enfants puissent profiter de ce nouveau voyage au musée Jeanne d’Aboville.

En bref :
Conte kamishibaï “Le petit escargonaute”
Illustration et interprétation Chloé Duong
Texte Catherine Bernadoux et Chloé Duong
co-production compagnie Le Compost

Jeudi 22 juillet de 15h à 16h
Public : enfants de 4 à 12 ans (accompagnés de leurs parents)
Tarif : Gratuit
Réservation obligatoire auprès du musée au 03.23.56.71.91

Dryade, Napoléon et duel qui tourne mal…

Aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire d’Antoine Dubost, né le 16 juillet 1769 à Lyon.

Antoine Dubost a un destin singulier : monté à Paris pour ses études, il se retrouve à servir dans l’armée révolutionnaire française. Il parvient au grade de capitaine-adjoint du Génie avant de donner sa démission en 1796 pour poursuivre une carrière artistique. Il suit une formation prodiguée par François-André Vincent, l’un des principaux rivaux de Jacques-Louis David.

Il expose au Salon dès 1799. Il s’y distingue tout particulièrement en 1804, où l’une de ses toiles rejoint la Collection privée de Napoléon Ier : il s’agit d’une scène pastorale (avec des bergers), dont le sujet est tiré de l’Idylle d’Amyntas, un conte bucolique de Salomon Gessner, poète suisse qui relança le genre idyllique par ses poèmes et historiettes. La scène saisie par Dubost évoque le destin du berger Amyntas qui, par son aide désintéressée apportée à une dryade (une nymphe protectrice des arbres), reçoit la santé et la protection de ses troupeaux, dons symbolisés par une corbeille pleine de fruits mûrs pour renvoyer à l’Abondance.

photo : Franck Boucourt/ACMHDF

Cette scène pastorale, peinte par Dubost, est saisie avec le reste de la collection impériale lors de l’abdication de Napoléon et rejoint les Collections du Louvre. Le musée parisien placera ensuite cette toile en dépôt au musée de La Fère, alors nouvellement fondé, en 1872, où vous pouvez l’admirer en salle de peinture française.

Après avoir tenté sa chance entre 1806 et 1813 en Angleterre, Dubost revient à Paris où il est surtout connu pour ses représentations de chevaux de course. En 1825, suite à un différend avec l’un de ses voisins, Dubost participe à un duel où il sera mortellement blessé au cœur. Transporté chez lui, il meurt le 6 septembre 1825.

Une lecture théatrale pour l’Assomption

Après une première intervention en juin pour inaugurer l’ouverture de la nouvelle exposition Instants suspendus, la compagnie théâtrale professionnelle laonnoise Hymnalaya revient au musée Jeanne d’Aboville pour proposer cette fois une visite mêlant l’observation des peintures avec celle de la performance théâtrale. Ils proposeront deux représentations d’un ensemble d’extraits de leur pièce Gaby, ou le pardon de Marie, établissant quelques audacieuses correspondances avec les peintures des Collections à l’occasion de la fête de l’Assomption de la Vierge. Suite à cette heure théâtrale, le public sera invité à apprécier les nombreuses peintures religieuses du musée. En effet, la Vierge Marie est une figure importante dans l’iconographie, et elle est présente sur pas moins de 10% des tableaux du musée !
La compagnie Hymnalaya et ses deux acteurs Lucie Geloën et Bernard Namura porteront par la lecture théâtrale un regard inédit sur les collections, avec des passages écrits pour l’occasion. Un événement à ne rater au moins d’août pour les mordus de théâtre, les passionnés d’art ou les curieux qui ont envie de découvrir le musée autrement !

Les intervenants

droits réservés : Compagnie Hymnalaya

La Compagnie « Hymnalaya », avec son répertoire de théâtre à deux, une comédienne et un comédien, pouvant certes interpréter l’une et l’autre plusieurs personnages, signe sa démarche artistique, naturellement tournée vers la création permanente. La symbolique hymnalayenne relève d’une volonté des artistes de conjuguer dans leurs créations des thèmes d’une grande actualité, d’un indéniable universalisme et d’une non-moins incontestable spiritualité, le tout dans une simplicité n’excluant pas la virtuosité et dans une multitude de contextes se prêtant à cette trilogie permanente.
www.hymnalaya.fr

En bref :
11 et 15 août à 15h30 : visites théâtrales sur le thème de la Vierge Marie
Tarif : 5€
Réservation obligatoire auprès du musée au 03 23 56 71 91

Roestraten, un peintre et un orfèvre…

Il y a 321 ans nous quittait un grand peintre du Siècle d’or hollandais : Pieter Gerritsz van Roestraten.


Elève de Frans Hals dont il épousa la fille en 1654, il vécut à Harlem et Amsterdam avant de déménager à Londres à une date incertaine entre 1660 et 1666, où il sera grièvement blessé lors du grand incendie de la ville. On suppose qu’il a été présenté au roi Charles II par l’intermédiaire du peintre Peter Lely, un autre néerlandais, installé à Londres et spécialiste des portraits. Roestraten abandonna sa spécialité d’alors, les scènes de genre, pour se consacrer aux natures mortes, mettant en scène principalement des orfèvreries et des matières précieuses. Ces natures mortes d’apparat rencontrent un grand succès par le talent de Pieter Gerritsz van Roestraten à rendre les textures sur les métaux et les bijoux. Il va souvent représenter les mêmes objets en changeant seulement la composition pour mettre en exergue un aspect plutôt qu’un autre selon l’effet recherché.

Photo Franck Boucourt

Le musée possède de ce peintre une majestueuse nature morte aux orfèvreries qui montre ce goût pour les objets récurrents car le grand pot à couvercle en argent orné de mascarons et de décors végétaux travaillés au repoussé se retrouve comme sujet principal de deux autres natures mortes conservées au Rijksmuseum et au Victoria and Albert Museum de Londres. Pour découvrir l’œuvre laféroise du peintre, il faudra vous rendre à l’exposition du Musée de la Nacre de Méru « Coquillages, de la science au kitsch » visible jusqu’au 2 janvier 2022.
Roestraten meurt le 10 juillet 1700 et est enterré à Londres.

La recherche continue au musée

C’est l’été mais le musée reste actif dans l’étude et la conservation de ses oeuvres !

David Lainé, de l’PARC (International Platform for Art Research and Conservation) est venu réaliser une étude scientifique préalable à la restauration du triptyque de l’Adoration des mages réalisée par l’atelier du peintre Pieter Coecke van Aelst.

Les panneaux du triptyque présentent des fentes dans le bois qui doivent être surveillées par l’oeil exercé d’un restaurateur, et David Lainé a étudié le phénomène par des clichés utilisant les ultra-violet et les infrarouges.  Des radiographies à rayons X ont également été réalisées.


Ces investigations préalables vont permettre de réaliser u n schéma des altérations pour envisager la restauration de l’oeuvre dans de bonnes conditions.