Départ en restauration pour la toile “la chasse de Louis XIV”

Adam François Van Der Meulen ou atelier
La chasse de Louis XIV

D’origine bruxelloise, peintre de l’école d’Anvers, Van der Meulen est spécialisé dans la peinture de bataille et de chasse. Connu du grand public comme peintre officiel de Louis XIV, sa renommée traverse les frontières en 1662 avant d’être appelé par Charles Le Brun auprès du roi Il l’accompagnera dans tous ces voyages, ses résidences et ses guerres.

Cette huile sur toile de style baroque représente la Chasse de Louis XIV à Vincennes. Le château de Vincennes est un élément important pour le roi puisqu’il y a passé une partie de sa jeunesse, comme son père Louis XIII avant lui.

Ce tableau met en scène une chasse à courre le Roi Louis XIV à cheval entouré de veneurs, de cavaliers, d’écuyer et d’une meute de chiens. La scène se déroule dans l’actuelle rue de Paris avec à l’arrière-plan la forêt, le château de Vincennes et ses jardins et le village de Vincennes.

Le restaurateur applique un papier japon pour protéger une zone fragile durant le transport dans son atelier.

Ce tableau part aujourd’hui en restauration chez Igor Kozak, spécialiste de la couche picturale, qui sera secondé de Tatiana Ullois, spécialiste support, qui s’occupera de l’entretien de la toile.
Cette restauration à l’initiative de la ville de La Fère, reçoit le soutien de la DRAC Hauts-de-France.
Ce tableau se trouvait jusqu’à présent dans les réserves du musée et n’était pas présenté au public. Il fera l’objet d’un raccrochage dans l’exposition permanente en 2023.

Détail du mois de mai : Mythologie, oeuvre collaborative et cochon-d’inde…

Le détail du mois vous présente une huile sur toile, intitulée Vertumne et Pomone, œuvre de Jan Pauwel Gillemans le Jeune (1651 – 1704), peintre flamand spécialiste des natures mortes et des représentations d’oiseaux. Il a collaboré avec des peintres de figures pour réaliser des scènes mythologiques et allégoriques comme la toile dont est extraite notre détail, dont les personnages sont peut-être du néerlandais Pieter Abrahamsz Ykens (1648 – 1695) qui a fréquemment collaboré avec Gillemans.

Vertumne et Pomone est un thème artistique classique, venant de la mythologie romaine : le dieu des jardins Vertumne recourt à des déguisements, notamment celui d’une vieille femme, pour séduire la nymphe des fruits Pomone. Si la scène prend traditionnellement place dans un jardin, la présence de nombreux animaux exotique sur ce tableau est assez originale. Parmi ces animaux, on trouve sur notre détail un dodo et un cochon-d’inde.

Le cochon-d’inde animal de compagnie aujourd’hui courant, a été exporté d’Amérique du Sud au XVIème siècle par les conquistadors espagnols. Domestiqué par les Incas il y a plus de 3000 ans, le cochon-d’inde était utilisé pour sa viande avant de devenir une curiosité dans les ménageries européennes.
Le dodo a une histoire plus tumultueuse : espèce d’oiseau endémique de l’île Maurice, elle a disparue dès la fin du XVIIe siècle avec l’arrivée des Européens. Il est aujourd’hui souvent cité comme un archétype de l’espèce éteinte car sa disparition, survenue à l’époque moderne, est directement imputable à l’activité humaine.. La représentation approximative du bec et du plumage de l’oiseau par le peintre est sans doute due à sa reproduction d’après gravure, le peintre n’ayant jamais vu un tel oiseau de ses yeux.

Ce tableau, provenant des réserves, sera présenté exceptionnellement au mois de mai, venez le découvrir !

La forêt à l’honneur en ce 21 mars !

En l’honneur de la Journée internationale des Forêts qui a lieu ce jour, on vous présente un tableau forestier de la Collection !  Cette journée est une occasion de célébrer la forêt, l’arbre et le bois, et sensibiliser à la multifonctionnalité des forêts. En effet, elles rendent de nombreux services, tant pour l’environnement, l’économie ou la société ce qui en fait une ressource essentielle pour le développement durable. On vous propose d’explorer le lien qui unit l’Homme à la forêt au prisme de cet Intérieur de forêt d’Alexander Keirinckx.

Peintre de la guilde d’Anvers, Keirinckx séjourna en Angleterre vers 1625 et 1641. Peintre de paysages, surtout de forêts, il aime les décors luxuriants mais a une tendance à la monochromie car il n’est pas totalement libéré de la tradition (trois plans en brun-vert-bleuté, la profondeur étant donnée par la variations des tons). Il annonce des peintres de paysages anversois aux tendances plus baroques.
C’est un moment où change la manière de présenter les paysages dans les pays septentrionaux, passant d’une conception panoramique traditionnelle à une représentation plus réaliste et intime de la nature, sous l’influence du peintre Coninxloo, qui introduit le modèle de l’intérieur de forêt avec une agitation maniériste et décorative se chargeant d’accents lyriques.

Cette toile appartient à la période la plus originale de l’artiste, où le sous-bois tend à être habité d’une présence fantastique (feuillages denses, troncs noueux et tourmentés). Mais le tableau montre aussi le souci de réalisme poussé de son auteur par le détail.


Le personnage au premier plan en train de dessiner est peut être un autoportrait de l’auteur. L’autre écoute les bruits de la forêt. Les deux personnages présents sont à placer en opposition, symbolisant vie active et vie contemplative.

Détail du mois de mars : déesse, fruits et fleurs printanières

Le détail du mois de mars provient d’un tableau de Bon Boullogne dit Boullogne l’aîné (Paris, 1649 – 1717). Peintre et graveur, il travailla pour le roi Louis XIV, et remporta le Premier prix de Rome en 1669. Marqué par son séjour en Italie, il se spécialise dans les représentations mythologiques, inspirées des grands maîtres. Son art du pastiche est tel qu’il trompe ses contemporains en imitant les fresques de Raphael.

Notre détail provient d’une scène mythologique où plusieurs divinités entourent Cybèle, déesse de nature sauvage, qui personnifie le cycle des saisons. Chaque divinité correspond à une saison et celle présente sur notre détail est la déesse Flore. On la reconnait aisément à la couronne de fleurs qu’elle porte dans les cheveux accompagnée d’une guirlande, rappelant qu’elle maîtrise la floraison des végétaux, incarnant de ce fait le Printemps.

A ces côtés, on voit une autre déesse placée en arrière-plan vers qui elle tend la main. Il s’agit peut-être de Pomone protectrice des jardins et des arbres fruitiers, ou alors la nymphe Carpo, qui veille sur les fruits et les fleurs. Cette seconde divinité incarne l’Automne, qui boucle le cycle de vie des végétaux après la floraison au printemps avant la morte saison.

Vous pouvez découvrir ce tableau en salle de peinture française, il sera également présenté dans la visite « Femmes et peintures » le 8 mars à 14h puis 16h ! C’est gratuit pour les femmes et la réservation est conseillée !

Jeux Olympiques, patinage et paysage d’hiver…

Les Jeux Olympiques d’Hiver ont commencé et parmi les épreuves présentées, on trouve le patinage. Pratique ancienne, le patinage se développe dès la Préhistoire, où des os d’animaux sont utilisés comme lame de patin pour glisser sur la glace. Le  patinage est illustré sur un tableau du musée, avec la Vente de Poissons de Salomon van Rhuysdael (vers 1602, Naarden – 1670, Harlem).

Si des personnages semblent juste flâner, d’autres s’amusent sur la glace. Comme une large part des paysages d’hiver de l’époque, Rhuysdael fait figurer des patineurs sur sa toile, glissant sur le lac gelé. Chez les Hollandais, l’activité hivernale par excellence était le patinage et durant les quelques semaines où lacs et canaux étaient gelés, personne ne quittait plus ses patins. Jeunes et vieux, hommes et femmes, prédicants, magistrats, princes, tout le monde vivait sur la glace. Il y avait des patineurs célèbres pour leur performance, tradition qui a perduré jusqu’à aujourd’hui avec la présence des patineurs de vitesse hollandais dans les compétitions sportives, notamment les Jeux Olympiques.

Les représentations de ses loisirs d’hiver sont l’objet de nombreux tableaux de peintres flamands et néerlandais des XVIe et XVIIe siècles. Dans l’art occidental, le peintre Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569) peut être considéré comme le créateur de la tradition du paysage hivernal, particulièrement développée en Hollande par Hendrick Avercamp (1585-1634). Le succès de cette thématique en fait le paysage hollandais par excellence car les peintres des Pays-Bas ont rencontré peu de concurrence sur ce terrain.
Les paysages d’hiver fascinent car ils offrent une image relativement dépouillée qui rend la présence de l’homme moins discrète, souvent l’occasion de scènes pittoresques liées aux activités de la morte-saison. Néanmoins si l’homme est toujours présent, il ne joue pas le premier rôle, laissant place à une fascination pour la Nature, en état de mouvement suspendu lors de la saison froide.
Il est aussi intéressant de constater que la mode du paysage d’hiver correspond à une oscillation climatique connue sous le nom de Petit âge glaciaire (entre 1350 et 1860, avec un climax entre 1565 et 1665).

Détail du mois de février : homard, citron et querelles religieuses…

Le détail du mois de février est extrait d’une Nature morte de homard, œuvre de Johannes Hannot, né à Leyde en 1633 et mort dans la même ville en 1684. Spécialiste des natures mortes de fruits, il incorpore souvent un homard chatoyant dans ses compositions, mais nous avons peu d’éléments sur sa vie, excepté qu’il fut admis à la guilde de Saint-Luc de Leyde en 1650.
Si le homard est très présent dans la peinture nordique, il prend un sens bien différent, en fonction qu’il soit représenté par un peintre protestant ou catholique, car l’Europe est alors déchirée par les querelles religieuses. Le homard, rouge après sa cuisson, apporte de la chaleur à la composition et rappelle la couleur des princes de l’église que sont les cardinaux. Il est également vu comme un symbole de résurrection du Christ, car les homards perdent leur enveloppe au printemps pour prendre une nouvelle carapace. Chez les protestants, la démarche à reculons du homard symbolise l’inconstance et l’instabilité, les peintres évoquent par ce biais la déviance morale des catholiques.
Ce tableau est pétri de référence symbolique bien au-delà de l’auguste homard qui y trône : le citron, dont la peau s’entortille, rappelle la vie qui se déroule et la montre, placée entre les pinces du homard, nous rappelle que notre temps est compté…

A partir du 16 février, vous pourrez découvrir ce tableau en compagnie d’une œuvre de Gabriel Martinet, artiste qui présentera son travail nourris par l’observation des tableaux de la Collection dans l’exposition Confrontation/Inspirations, jusqu’au 30 mai !

Détail du mois de janvier : peintre-décorateur, âne déguisé et paganisme…

Le détail du mois de janvier provient d’une toile récemment restaurée et intitulée la Marche des animaux et peinte par Michiel Carrée (1657 – 1727), peintre hollandais, élève de Nicolas Berchem. Il réalise sa carrière principalement comme décorateur en réalisant des fresques et des plafonds, mais il était également connu pour sa peinture de chevalet et excellait dans les représentations d’animaux.

Typique de son style, mêlant différentes espèces au sein du même cortège, on peut voir sur notre détail un âne monté par une jeune femme, et bizarrement harnaché de tissus colorés. Le peintre fait sans doute ici référence à la Fête de l’Âne, invention paraliturgique qui visait à célébrer l’âne qui a porté Marie durant la fuite en Egypte et qui fut très populaire durant le Moyen-Age. Elle était fêtée le 15 janvier à la cathédrale de Beauvais par exemple. On introduisait l’animal magnifiquement caparaçonné dans l’église pour le bénir. Renvoyant aux cultes profanes adorant des animaux, cette fête plus folklorique que canonial est bannie progressivement de la liturgie mais perdure jusqu’au XVIIe siècle.

Vous pouvez découvrir le tableau complet au musée au sein du nouvel accrochage mis en place ce mois-ci !

Détail du mois de décembre : cuivre, nimbe et évasion de prison…

Le détail du mois de décembre provient d’une curieuse petite huile sur cuivre qui a la particularité d’être peinte sur les deux faces ! Le détail choisi vient de la face représentant la délivrance de saint Pierre, copiée d’après la gravure de Michel Dorigny en 1638 qui s’inspire lui-même d’un tableau de Simon Vouet, aujourd’hui disparu mais que nous connaissons par un dessin préparatoire.

Ce tableau représente l’épisode décrit dans les actes des Apôtres où Pierre, arrêté par le roi Hérode, réussit à s’enfuir de sa prison guidée par un ange qui fait tomber ses chaines et ouvre les portes devant lui alors que tous les gardes sont miraculeusement endormis.

L’ange n’est pas sans rappeler les représentations nombreuses que l’on trouve au moment des fêtes de Noël. Personnage positif, il est à la fois le symbole de l’intervention divine et du dénouement d’une situation compliquée. Sa représentation ici est relativement archétypale : muni d’un visage aux traits doux, il est blond, androgyne et ailé. Il est également entouré d’un nimbe flamboyant, qui se diffuse en rayons autour de lui : le nimbe est une représentation artistique visant à matérialiser la lumière de nature spirituelle qui émane des êtres liés au divin. De sa représentation découle l’auréole que l’on retrouve au-dessus de la tête des saints.

Ce tableau est inédit dans nos réserves mais son état de conversation ne permet pas de le présenter pour le moment. D’autres tableaux vous attendent au musée, en particulier ceux d’Instants suspendus, visibles jusqu’au 15 décembre 2021 ! Dépêchez-vous !

Départ en exposition pour Mors Omnia Vincit

C’était annoncé et le voilà parti, le chef-d’oeuvre de Mathias Withoos a quitté le musée  pour un périple le conduisant à Amersfoort, ville natale du peintre aux Pays-Bas.

Mors omnia vincit de Mathias Withoos

Il rejoint l’exposition Ander Licht Op Withoos, organisée par le musée Flehite d’Amersfoort.  Le musée Flehite présente la première grande rétrospective du maître néerlandais Mathias Withoos du 12 décembre 2021 au 8 mai 2022.  Il y figurera en bonne place, comme l’une des vanités les plus réussies de l’artiste, offrant un éventail représentatifs des motifs graphiques appréciés par le peintre allié à une composition très équilibrée.

Une des particularités de  l’exposition est de proposer le travail de trois générations de Withoos : du père Mathias, de ses enfants et du photographe contemporain et descendant Hans Withoos. L’exposition donne un aperçu représentatif de l’œuvre de Mathias Withoos et de ses enfants.

L’exposition est accompagnée d’une vaste monographie et d’un catalogue raisonné . Le travail a été compilé par le commissaire de l’exposition et expert de Mathias Withoos, Albert Boersma, et est publié par Boiten Boek Projecten.