Les Hollandais au jardin

Le Printemps s’avance doucement et les jardins se réveillent ! Aujourd’hui on vous propose d’explorer le jardin des Hollandais du XVIIe siècle.

La Hollande est alors le pays le plus urbanisé d’Europe, les citadins gardent néanmoins l’habitude d’un petit carré de verdure situé à l’arrière de leur maison. Si certains artisans font de leur jardin une dépendance d’atelier ou un entrepôt, la plupart des bourgeois, même modestes, aménagent leur jardin, parfois en dépit de son exiguïté.
On y retrouve généralement une pelouse de gazon accompagnée de parterres fleuris. Quand les dimensions le permettent des arbres, comme le sureau ou le cytise, sont laissés à vocation ornementale. Des arbres fruitiers peuvent également être installés. Les grandes maisons ont à cœur d’avoir leur propre production de fruits on cultive surtout le pommier le poirier mais aussi le cerisier et le prunier.

Détail d’une nature morte de fruits, anonyme néerlandais, XVIIe siècle

On y ajoute des espèces rampantes comme les melons et les fraisiers. on installe également des palissades pour récolter les mûres et les framboises. Les plus riches vont avoir des serres de bois pour y faire croître des abricotiers, des pêchers et même de la vigne.
Si certains fruits n’arrive pas à maturité à cause du climat, on les garde à but d’observation scientifique : les amateurs ont accès à une vaste littérature de manuels botaniques comme l’Arboretum sacrum de Joan van der Meurs, paru en 3 volumes en 1643.
Les Néerlandais nourrissent une véritable passion pour les fleurs. On cultive notamment les roses, l’iris, les lys, la jacinthe et l’églantier. Les espèces sont présentées à la manière d’un panel scientifique, rigoureusement séparées dans des cases en planche de bois.
Jusque 1615, la reine des fleurs est la rose mais elle va voir le public se détourner d’elle pour lui préférer la tulipe. La tulipomanie atteint son paroxysme en 1636, avec une crise de spéculation sur les bulbes de cette fleur. Les plus recherchée est une variété appelée Semper augustus, visible au musée sur la vanité de Coenraet Roepel, dont le prix peut atteindre 5500 florin pièce ! L’effondrement du prix des bulbes par la suite causera de nombreuses ruines chez les spéculateurs : parmi ces victimes figurent le peintre Jan van Goyen.

Tulipe sur une vanité de Coenraet Roepel

Les jardins urbains, même dans les grandes maisons bourgeoises, restent relativement petits et les habitants sont dépendants des fleuristes et horticulteurs présents dans toutes les villes hollandaises pour se fournir en fleurs et plantes diverses. La bourgeoisie prend alors l’habitude dans la seconde moitié du siècle d’acheter un second jardin aux environs de la ville pour s’y rendre en famille sur les jours chômés de la belle saison.

Détail du mois de février : vaches, chien et fromages…

Le détail du mois de février provient d’un tableau intitulé le Marché aux bestiaux, d’un peintre anonyme hollandais et dont l’attribution est difficile. Si les jeux d’ombre et les nuances sur la robe des animaux suggèrent un peintre italianisant, le décor fait plutôt penser à une approche locale. Les disparités entre l’arrière-plan et les figures font supposer un tableau à quatre mains, peut être un maître qui aurait confié un arrière-plan à un élève malhabile avant de s’occuper des animaux représentés au premier plan. La facture du tableau le place en tout cas à la fin du XVIIe siècle.

On y voit des vaches, menées par un chien de bouvier dont la race n’est pas identifiable : il existe alors de nombreuses races qui ont pour la plupart disparues au XIXe siècle quand les déplacements de troupeaux ont été de plus en plus limités avec l’urbanisation croissante des Pays-Bas.

La faible surface disponible pour le pâturage aux Pays-Bas a conduit à une sélection très rigoureuse dès le Moyen-Age au sein des cheptels bovins et les vaches hollandaises sont connues comme d’excellentes productrices de lait, qui leurs permettent d’exporter leur fromage. En a résulté la diffusion de la race Holstein et une riche tradition fromagère. Ainsi la Hollande nous régale d’une infinité de spécialités : si le Gouda et l’Edam sont les plus célèbres, il faut aussi compter sur le Frison, le Limbourg, le Kernhem, le Bluefort, le Subenhara, le Maasdam, l’Old Amsterdam, l’Old Alkmaar, la Mimolette, le Maasland, le Texelaar-Kollumer, le Leyden, le Leerdammer…

Vous pourrez retrouver cette œuvre au sein de l’exposition permanente à la réouverture du musée !

Anniversaire d’un paysagiste hollandais

Personnages dans un paysage boisé bordé d’une rivière, Jan HACKAERT (attr traditionnelle)

Aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire du peintre Jan Hackaert, né le 1er février 1628 à Amsterdam.
Connu pour ses peintures de paysages, il entreprend un voyage en Allemagne et en Suisse, où il esquisse ou peint de nombreux paysages. Il tente de peindre des mineurs en train de travailler, mais ces derniers portent plainte car ils le prennent pour un espion !
Il collabore avec de nombreux peintres tels que Nicolas Berchem and Adriaen van de Velde, qui lui confient les paysages en arrière-plan. Un paysage du musée animé de personnages lui est traditionnellement attribué car il explore la même veine italianisante que les paysages qu’il produisit en Suisse.
Il meurt en 1685 à Amsterdam.

Recherche scientifique en cours au musée

Une équipe de spécialistes de l’imagerie est intervenue au musée Jeanne d’Aboville le 8 janvier pour photographier le tableau « Mors Omnia Vincit », du peintre hollandais Mathias Withoos (1627-1703).

Cette œuvre va être au cœur de l’actualité du musée fin 2021 :

– Elle sera une pièce maîtresse de l’exposition ANDERLICHT OP WITHOOS, au museum Flehite d’Amersfoort, ville de naissance de Mathias Withoos, qui va retracer la vie et l’œuvre de l’artiste du  12 décembre 2021 au 8 mai 2022.

– Elle va faire l’objet d’un article qui paraîtra sans doute en décembre 2021, coécrit par Mariel Hennequin, guide du musée et Albert Boersma, historien de l’art spécialiste des peintres néerlandais et régisseur de l’exposition d’Amersfoort.

– Une conférence, en novembre ou début décembre 2021 autour des enseignements tirés des photos infrarouges et d’investigations sur l’iconographie rendra compte au public des dernières recherches.

L’intervention sur le tableau avait deux objectifs principaux :

– Examiner le repeint sous la statue de Sénèque, figure centrale du tableau : l’artiste semble avoir changé d’idée en cours de route et il faut comprendre qu’elle était sa première idée pour suivre son cheminement artistique et symbolique.

– La date indiquée par le peintre à côté de sa signature est en partie illisible, et l’imagerie multispectrale pourra peut-être permettre de connaitre la date indiquée.

L’équipe du musée remercie la société Artéka qui est intervenue, notamment Cyrille Chaidron, archéologue et Sébastien Lermenier, spécialiste de l’imagerie.  Ils utilisent le système Arkéotéka, qui permet par l’imagerie multispectrale de révéler des informations invisibles à l’œil nu sur la composition des œuvres et leur état sanitaire.

Détail du mois de janvier : un navire pris dans la tempête

Le détail du mois de janvier provient de la peinture sur bois Navires pris dans la tempête de Jan Porcellis (1583/5, Gand – 29 janvier 1632, Zoeterwoude), peintre hollandais dont le style est typique de l’importante production de tableaux du genre de marine du Siècle d’Or. Formé auprès de Hendrik Vroom dont on retrouve l’influence dans son goût pour la représentation de mers déchainées, Jan Porcellis va être un voyageur infatigable qui ne se contente pas de peindre les bateaux mais les utilise également : il est successivement documenté à Rotterdam, à Londres, à Middelburg (Zélande), à Anvers, à Gand, à Haarlem, à Amsterdam, à Voorburg pour finalement se fixer à Zoeterwoude-Dorp pour les dernières années de sa vie.

À l’époque de Porcellis, le navire était considéré comme une métaphore de l’âme et le voyage en mer était un symbole de la destinée humaine, malmenée par les événements. Les thèmes marins avec des naufrages et des tempêtes avaient pour objectif de rappeler au spectateur, en particulier aux marins et aux armateurs, la fragilité humaine et la puissance divine.

La forme typique des vagues représentées sur le tableau répond à la convention de l’époque dans leur représentation, on les appelle “vagues fantastiques” car elles sont issues de l’imagination du peintre qui cherche à fixer en atelier un mouvement en perpétuel changement : ce défi artistique souligne l’impermanence des choses.

Ce tableau est visible au sein de l’exposition permanente, vous pourrez le (re)découvrir à la réouverture du musée !

Demandez le programme culturel 2021 du musée !

Il était annoncé et le voici  arrivant juste avant Noël.

Vous pouvez télécharger le programme culturel 2021 du musée en cliquant sur l’image ci-dessous :

Ce programme est bien sûr diffusé à titre indicatif et de nombreuses animations sont encore en suspens, contexte sanitaire oblige, nous espérons néanmoins pouvoir vous proposer ce contenu, comprenant de nombreuses animations inédites qui vous feront voir le musée autrement.

Départ en restauration groupé !

Au musée Jeanne d’Aboville, on est en déjà en 2021 ! En effet, le musée prend de l’avance en démarrant dès lundi son programme de restauration de l’année prochaine. Le restaurateur de tableaux Igor Kozak est venu au musée chercher quatre peintures choisies pour être restaurées cette année.

La campagne 2021 va viser à la remise en état de présentation de deux tableaux déjà exposés, et trois provenant des réserves, qui pourront à terme faire varier le contenu de l’exposition permanente.

Le restaurateur Igor Kozak applique des papiers japon pour protéger des parties fragilisées de la peinture pour le transport.

Des natures mortes à réanimer

Nature morte au lièvre, huile sur toile, 97 x 129cm, entourage de Snyders
Nature morte aux venaisons, huile sur toile, 95x120cm, Suiveur de Fyt

Les deux tableaux déjà présentés au musée sont deux natures mortes de venaison, c’est-à-dire présentant des produits de la chasse :
– Le premier de format vertical, est une œuvre à placer dans l’entourage du peintre flamand Frans Snyders (1579 – 1657). Très assombri, ce tableau spectaculaire a besoin de récupérer de la visibilité. Avec une restauration, il pourra être mieux étudié et son attribution pourra être revue par des spécialistes.

– Le deuxième, est à situer dans l’entourage Jan Fyt (1611-1661), apprenti du peintre précédent. Présentant des soulèvements, ce tableau est considéré en péril par les restaurateurs. Un gros travail de re-fixation de la couche picturale va être effectué par le restaurateur Igor Kozak.
Ces tableaux font l’objet d’une prise en charge rapide car l’équipe espère les voir revenir assez tôt dans l’année 2021 pour qu’ils participent à un événement sur lequel le musée communiquera bientôt…

Des inédits des réserves

Marche des animaux, huile sur toile, 70 x 85cm, Michiel Carrée
Combat de cavalerie, huile sur toile, 75 x 106cm, Jan Jabosz van der Stoffe

Les deux autres tableaux confiés au soin du restaurateur proviennent des réserves :
– Le premier intitulé La Marche des animaux est une œuvre du peintre
Michiel Carrée (1657-1627), peintre hollandais qui travailla à Amsterdam, en Angleterre pour finir peintre du Roi de Prusse. L’attribution a été confirmée par l’historienne Eléonore Dérisson qui a travaillé sur la partie hollandaise de la collection. Ce tableau présente donc une composition typique des œuvres rapides et animées du début de la carrière de Michiel Carrée : les vernis très oxydés masquent une palette de couleurs acidulée qui sera à découvrir après restauration.

– Le second est une scène très dynamique, un combat de cavalerie, œuvre de Jan Jabosz van der Stoffe (1611-1682), un des principaux peintres hollandais de bataille du milieu du XVIIe siècle. Présentant des manques et des enfoncements, cette toile inédite va être remise en état de présentation pour que le public puisse la découvrir avant fin 2021.

 

Il y a 342 ans nous quittait Karel Dujardin…

Ce paysage est peint par Karel Dujardin. 

Artiste accompli du Siècle d’Or hollandais, il est principalement connu pour ses paysages italianisants, mais a également réalisé des portraits, des bambochades, des scènes historiques et des gravures. Il commence la peinture auprès de son père, Guilliam Du Gardin, puis devient probablement l’élève de Nicolaes Berchem. Il entame ensuite des années de voyage, l’Italie autour de 1646, Lyon entre 1648 et 1649, Paris, où il se marie en 1650 puis revient en 1651, dans sa ville natale, à Amsterdam. Ces voyages lui permettent de développer sa technicité et son œil : ses paysages maladroits deviennent plus équilibrés et minutieux, néanmoins ses personnages sont parfois assez flous. Il côtoie également Paulus Potter dont c’est l’anniversaire aujourd’hui ! Sa technique se retrouve grandement dans les œuvres de Dujardin : la chaleur représentée avec des couleurs brillantes et de nombreux contrastes d’ombre et de lumière. Notre œuvre est quant à elle vraisemblablement réalisée à la fin de sa carrière suite à son dernier voyage en Italie entrepris en 1675. Karel Dujardin embarque à Amsterdam, longe les côtes atlantiques et méditerranéenne avant de rejoindre Rome en 1678. Il réinvente son style, les teintes sont plus sombres, les bruns dominent la campagne romaine rehaussée par quelques touches de couleurs vives notamment sur les personnages. Il meurt à l’apogée de son art à Venise, le 20 novembre 1678.

342 ans et pas un pétale de perdu !

Aujourd’hui, nous célébrons les 342 ans de Coenraet Roepel !

D’abord destiné à la peinture de portraits, sa santé délicate le poussa à s’installer à la campagne. Il tomba alors amoureux de la nature et plus particulièrement des fleurs qui deviendront son domaine de prédilection! Admirons ces tulipes Rembrandt dont un phytovirus (virus de plantes) crée leurs panachures.

Retrouvez l’histoire de la tulipe dans cet article !