Bonne fête aux Hélène ! A cette occasion, on vous propose de découvrir cette jolie copie de l’Enlèvement d’Hélène par Lubin Baugin (1612, Pithiviers – 1663, Paris), dont l’original est visible au musée des Beaux-Arts de Dijon.
Hélène était la fille de Léda et de Zeus. Son époux se nommait Ménélas. Hélène émut le coeur de Pâris, prince de Troie. Il l’enleva. Les Grecs décidèrent de venger l’affront des Troyens et la longue guerre de Troie allait commencer. L’œuvre représente le moment de l’enlèvement d’Hélène, contrainte à monter dans un bateau à destination de Troie par Pâris.
Si dans le récit original Hélène cède facilement à Pâris, l’Occident médiéval va dans ses réécritures déculpabiliser Hélène et présenter qu’elle a bel et bien été enlevée. Ces mêmes récits ont sans doute influencé la réalisation de cet enlèvement, mettant en valeur la jeune femme comme figure centrale, celle par qui le récit commence….
Le détail du mois de mars provient d’un tableau de Bon Boullogne dit Boullogne l’aîné (Paris, 1649 – 1717). Peintre et graveur, il travailla pour le roi Louis XIV, et remporta le Premier prix de Rome en 1669. Marqué par son séjour en Italie, il se spécialise dans les représentations mythologiques, inspirées des grands maîtres. Son art du pastiche est tel qu’il trompe ses contemporains en imitant les fresques de Raphael.
Notre détail provient d’une scène mythologique où plusieurs divinités entourent Cybèle, déesse de nature sauvage, qui personnifie le cycle des saisons. Chaque divinité correspond à une saison et celle présente sur notre détail est la déesse Flore. On la reconnait aisément à la couronne de fleurs qu’elle porte dans les cheveux accompagnée d’une guirlande, rappelant qu’elle maîtrise la floraison des végétaux, incarnant de ce fait le Printemps.
A ces côtés, on voit une autre déesse placée en arrière-plan vers qui elle tend la main. Il s’agit peut-être de Pomone protectrice des jardins et des arbres fruitiers, ou alors la nymphe Carpo, qui veille sur les fruits et les fleurs. Cette seconde divinité incarne l’Automne, qui boucle le cycle de vie des végétaux après la floraison au printemps avant la morte saison.
Le détail du mois de décembre provient d’une curieuse petite huile sur cuivre qui a la particularité d’être peinte sur les deux faces ! Le détail choisi vient de la face représentant la délivrance de saint Pierre, copiée d’après la gravure de Michel Dorigny en 1638 qui s’inspire lui-même d’un tableau de Simon Vouet, aujourd’hui disparu mais que nous connaissons par un dessin préparatoire.
Ce tableau représente l’épisode décrit dans les actes des Apôtres où Pierre, arrêté par le roi Hérode, réussit à s’enfuir de sa prison guidée par un ange qui fait tomber ses chaines et ouvre les portes devant lui alors que tous les gardes sont miraculeusement endormis.
L’ange n’est pas sans rappeler les représentations nombreuses que l’on trouve au moment des fêtes de Noël. Personnage positif, il est à la fois le symbole de l’intervention divine et du dénouement d’une situation compliquée. Sa représentation ici est relativement archétypale : muni d’un visage aux traits doux, il est blond, androgyne et ailé. Il est également entouré d’un nimbe flamboyant, qui se diffuse en rayons autour de lui : le nimbe est une représentation artistique visant à matérialiser la lumière de nature spirituelle qui émane des êtres liés au divin. De sa représentation découle l’auréole que l’on retrouve au-dessus de la tête des saints.
Ce tableau est inédit dans nos réserves mais son état de conversation ne permet pas de le présenter pour le moment. D’autres tableaux vous attendent au musée, en particulier ceux d’Instants suspendus, visibles jusqu’au 15 décembre 2021 ! Dépêchez-vous !
Retrouvez le musée dans le dernier numéro d’Axone – Le magazine culturel gratuit axonais : le guide du musée y évoque les œuvres des peintres ayant perpétré l’héritage des frères Le Nain, présents au sein des Collections.
Retrouvez la liste des endroits où vous pouvez vous procurer le magazine en cliquant ici.
A l’occasion de l’anniversaire des 900 ans de l’ordre de Prémontré, on vous propose de découvrir un tableau de l’église Saint-Montain actuellement en dépôt au musée Jeanne d’Aboville !
Il s’agit d’un portrait de l’abbé Guillaume Manoury, qui fut abbé général de l’ordre des Prémontrés de 1769 à 1780. Si l’on sait peu de choses sur cet abbé, la Biographie universelle de Louis Gabriel Michaud indique que Guillaume Manoury, né à Elbeuf, cinquante-sixième abbé de Prémontré, mort à Paris, le 18 juillet 1780, à l’âge de 60 ans, était un homme instruit et d’un jugement exquis.
Ce type de portait s’inscrit dans la tradition d’établir des galeries, souvent au sein de la salle du Chapitre où les abbés sont représentés avec leur prédécesseurs pour marquer la continuité du pouvoir et l’ancienneté de l’Ordre. Le portrait de l’abbé Manoury témoigne d’une volonté double : insister sur la dignité de la charge et mettre en valeur son érudition. La tenue de l’abbé se compose de matières précieuses, blanches à l’image de l’habit traditionnel de l’Ordre, avec une tunique de dentelle et un camail (pèlerine couvrant le torse) doublé de soie. Son autorité est marquée par les insignes de sa charge : une croix pectorale accrochée à un col de soie et l’anneau pastoral, qui servait à sceller d’un cachet des courriers adressés par l’abbé. Au XVIIIe siècle, cet accessoire était devenu plus symbolique qu’utilitaire, mais notre portrait montre encore son usage avec une lettre cachetée posée devant l’abbé. La présence d’un livre, de lettres et d’un encrier vise à mettre en valeur les activités intellectuelles auxquelles se livrent Guillaume Manoury, qui semble interrompu dans sa lecture.
On trouve également un portrait similaire, sans doute une copie de notre version, conservé au Musée d’Art et d’Archéologie du Pays de Laon, témoignant de l’importance de cet ordre religieux dans le paysage local. En effet, c’est en 1120 que l’évêque de Laon, Barthélemy de Jur donne à Norbert de Xanten un terrain dans la forêt de Voas (aujourd’hui la forêt de Saint-Gobain) au lieu-dit Presmontré pour y fonder une abbaye. Norbert y installe une communauté de chanoines réguliers, soumis à la règle de saint Augustin. Plus tard, ces chanoines réguliers seront appelés Prémontrés ou Norbertins.
Les prémontrés ont une double mission : l’apostolat, en tant que clercs, c’est-à-dire l’action auprès des fidèles dans les paroisses, et l’Office divin, comme les moines. Cette double mission répond à la devise augustine sanctitatem et clericatum (de sainteté et d’apostolat). Ils sont parfois considérés comme des précurseurs des ordres mendiants.
Aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire d’Antoine Dubost, né le 16 juillet 1769 à Lyon.
Antoine Dubost a un destin singulier : monté à Paris pour ses études, il se retrouve à servir dans l’armée révolutionnaire française. Il parvient au grade de capitaine-adjoint du Génie avant de donner sa démission en 1796 pour poursuivre une carrière artistique. Il suit une formation prodiguée par François-André Vincent, l’un des principaux rivaux de Jacques-Louis David.
Il expose au Salon dès 1799. Il s’y distingue tout particulièrement en 1804, où l’une de ses toiles rejoint la Collection privée de Napoléon Ier : il s’agit d’une scène pastorale (avec des bergers), dont le sujet est tiré de l’Idylle d’Amyntas, un conte bucolique de Salomon Gessner, poète suisse qui relança le genre idyllique par ses poèmes et historiettes. La scène saisie par Dubost évoque le destin du berger Amyntas qui, par son aide désintéressée apportée à une dryade (une nymphe protectrice des arbres), reçoit la santé et la protection de ses troupeaux, dons symbolisés par une corbeille pleine de fruits mûrs pour renvoyer à l’Abondance.
photo : Franck Boucourt/ACMHDF
Cette scène pastorale, peinte par Dubost, est saisie avec le reste de la collection impériale lors de l’abdication de Napoléon et rejoint les Collections du Louvre. Le musée parisien placera ensuite cette toile en dépôt au musée de La Fère, alors nouvellement fondé, en 1872, où vous pouvez l’admirer en salle de peinture française.
Après avoir tenté sa chance entre 1806 et 1813 en Angleterre, Dubost revient à Paris où il est surtout connu pour ses représentations de chevaux de course. En 1825, suite à un différend avec l’un de ses voisins, Dubost participe à un duel où il sera mortellement blessé au cœur. Transporté chez lui, il meurt le 6 septembre 1825.
Le détail du mois de juin est extrait d’une nature morte au lièvre, sans doute réalisée par un suiveur de Claude François Desportes, peintre français du début du XVIIIe siècle. Le détail s’attarde sur l’arrière-plan où l’on trouve le roboratif en-cas d’un chasseur, constitué de vin rouge, de vin blanc, de saucisson, de pain et d’une large tranche de fromage.
Apparentée aux scène de cuisine et au motif du garde-manger, la nature morte de chasse est l’occasion d’une caractérisation sociale qui servent les intérêts princiers et aristocratiques, en renvoyant au privilège du droit de chasse. Ces natures mortes sont généralement de grand format et destinées à des palais, ou du moins des intérieurs spacieux.
Si le pain et le vin peuvent renvoyer à l’eucharistie, il s’agit ici de fêter plus prosaïquement la nourriture paysanne, acceptable dans le contexte d’un retour de chasse dans une arrière-cuisine, mais qui ne pourrait être présenté sur une table de château, où fromage et cochonnailles sont considérés comme trop rustre pour les estomacs délicats de la noblesse. Les mets transformés peuvent néanmoins avoir une signification spirituelle, car ils sont issus de l’élevage et de l’agriculture, travail obligé d’Adam après le péché originel alors qu’auparavant il lui suffisait de cueillir les fruits du paradis.
Le 16 avril 1755 naissait à Paris Louise-Élisabeth Vigée, fille de Louis Vigée, pastelliste, et promise à un grand avenir. Dès ses six ans, son talent précoce pour le dessin s’exprime : dans ses cahiers, sur les murs du couvent où elle reçoit son éducation. C’est à cette époque que Louis Vigée s’extasie un jour devant un dessin d’homme barbu de sa petite fille prodige. Il prophétise dès lors qu’elle sera peintre.
Louise Élisabeth Vigée Le Brun, Autoportrait de 1790 (Florence, Corridor de Vasari)
Après le décès de son père, Gabriel-François Doyen, ami de la famille encourage Elisabeth à persévérer dans le pastel et dans l’huile ; conseil qu’elle suivra et deviendra la plus grande portraitiste de son temps, souvent comparée à Quentin de La Tour ou Jean-Baptiste Greuze.
Son art et sa carrière exceptionnelle en font un témoin privilégié des bouleversements de la fin du XVIIIe siècle, de la Révolution Française et de la Restauration. Fervente royaliste, elle sera successivement peintre de la cour de France, de Marie-Antoinette et de Louis XVI, du Royaume de Naples, de la Cour de l’empereur de Vienne, de l’empereur de Russie et de la Restauration.
Portrait de Madame Adélaide par Elisabeth Vigée-Lebrun
Des dix enfants de Louis XV, seulement deux ont survécu à la Révolution : ses filles Adélaïde et Victoire. Ce portrait d’Adelaïde (1732-1800) fut réalisé alors que celle-ci s’était exilée en Italie en 1791, rejoignant l’ancien palais de l’ambassadeur de France au Vatican.
Ce tableau à la fois sobre dans sa composition et rappelant des fastes royaux disparus par la finesse du rendu des étoffes témoigne de l’état d’esprit mélancolique qui devait sans doute habiter son modèle, qui mourra en exil quelques années plus tard à Trieste.
Élisabeth Vigée Le Brun meurt à Paris à son domicile de la rue Saint-Lazare le 30 mars 1842.
Dans le cadre du projet MuséoSciences, l’association des Conservateurs des musées des Hauts-de-France a réalisé une campagne de numérisation au musée Jeanne d’Aboville. En l’espace de trois jours seulement, c’est plus d’une centaine de clichés d’œuvres, pour la plupart provenant des réserves, qui ont été réalisés !
La campagne a été menée par le photographe, Franck Boucourt. Ces reproductions HD vont être un outil précieux pour évaluer l’état de conservation des tableaux et les diffuser auprès du public, des historiens de l’art et des restaurateurs.