Fin du récolement des Collections Beaux-arts

Après plusieurs mois de travail, le récolement décennal des collections beaux-arts du musée Jeanne d’Aboville est terminé !

La vente de poissons de Salomon Rhuysdael a été la dernière oeuvre à être recensée, recevant le numéro de fiche 377.

Le récolement est obligatoire depuis la loi Musée de 2002 et doit être réalisé tous les dix ans : il permet de vérifier que toutes les pièces constituant le fonds du musée sont bien présentes, vérifier leur état, les dépoussiérer si besoin et vérifier que les objets sont bien munis d’un numéro correspondant à l’inventaire et lisible. C’est aussi l’occasion de mettre à jour des données concernant les avancées scientifiques sur les œuvres , en affinant notamment leur attribution.

Le récolement permet également de planifier des programmes d’amélioration des conditions de gestion et de conservation : un bilan sanitaire des œuvres les plus endommagées va être réalisé en complément à l’automne. Des restaurateurs vont examiner les œuvres, procéder à des opérations d’urgence si besoin et proposer des solutions pour optimiser leur conservation.

Détail du mois : une abbaye, des nuages et beaucoup de talent…

Le détail du mois de septembre vous présente l’un des plus beaux paysages réalisés par Salomon Ruysdael (Naarden, vers 1600– Haarlem, 1670), un des grands maîtres de ce genre au XVIIe siècle. Spécialiste des paysages de rivières, d’estuaires ou de dunes, Salomon Ruysdael commence sa carrière à Haarlem et restera toute sa vie aux Pays-Bas. Oncle du célèbre Jacob van Ruisdael (Haarlem, 1628 – Amsterdam, 1682), il entreprend sa formation.

Ce détail est tout à fait typique de son style, avec les effets atmosphériques du ciel et le troupeau venant animer le paysage, mais il est surtout remarquable par la présence de ruines de deux édifices religieux. En effet, le bâtiment semi-détruit est identifié comme l’abbaye d’Egmond, ou abbaye Saint-Adalbert, un monastère bénédictin, situé en Hollande-Septentrionale. L’abbaye fut détruite en 1573, pendant la guerre des quatre-vingts ans qui voit les Hollandais lutter contre les Espagnols. L’abbaye sera laissée à l’état de ruines par les Gueux de mer, une milice hollandaise protestante de corsaires et d’aventuriers qui agit pour le compte de Guillaume d’Orange, le principal constructeur de l’indépendance néerlandaise. Le clocher de l’arrière-plan appartient, lui, à l’ancienne église paroissiale, la Buurkerk, du village voisin de Binnen.

Pour découvrir le reste du tableau, il faudra vous rendre au musée pour le voir parmi d’autres chefs-d’œuvre du Siècle d’Or hollandais. Pensez notamment au week-end des Journées Européennes du Patrimoine les 16 et 17 septembre, où le musée sera ouvert gratuitement le samedi et le dimanche de 10h à 17h30 !

Détail du mois de février : chevrier, paysage et ami de Rubens…

Le détail du mois provient d’un paysage forestier avec chevriers, œuvre de Lucas van Uden (1595-1672). Peintre anversois où il réalisera la majeure partie de sa carrière, il se spécialise dans le paysage, qu’il restitue sous forme de peintures et de gravures. Ami et collaborateur de Rubens, ce dernier a parfois intervenu sur les oeuvres de van Uden pour y ajouter des figures.

Les paysages de van Uden sont reconnaissables aux nuances subtiles qu’il emploie, en intégrant des pigments bleus dans les zones de vert permettant à l’artiste des jeux de lumière. Son oeuvre montre l’influence des apports de la famille Breughel au genre du paysage de la brillante école anversoise : un naturalisme rigoureux empêche un trop grand idyllisme et les figures rythment la composition.
La forme tourmentée de certains arbres et autres végétaux témoigne également de l’influence du maniérisme qui apprécie les lignes serpentines, apportant mouvement et complexité à l’œuvre.

Vous pouvez découvrir cette œuvre dans son intégralité en salle anversoise, aux côtés d’une paysage de Breughel de Velours !