Un inédit des réserves : Vanité au crâne, masque et gel hydroalcoolique, de Jan van Kronaviruck

On vous propose aujourd’hui de découvrir un inédit des réserves !

Cette Vanité au crâne, masque et gel hydroalcoolique est une œuvre de Jan van Kronaviruck, un peintre du Siècle d’Or hollandais, connu pour ses natures mortes très marquées par la pensée calviniste. Après avoir étudié la peinture auprès des Maîtres de Haarlem, Jan van Kronaviruck voyage, principalement en Chine et en Italie, où il se confronte aux peintures de la Renaissance classique : il est particulièrement frappé par les fresques de l’église Santa Quarantena, qui vont laisser leur empreinte sur sa manière.
Cette vanité provient d’une série de cinq peintures relativement bien documentées, car réalisées pendant que le peintre était cloîtré dans sa maison de Kleinerustigstad suite à une épidémie de peste, auquel il n’échappa que grâce à sa parfaite connaissance des gestes barrières.
La composition de cette peinture témoigne de l’influence de l’école de Kleinerustigstad, dont les peintres étaient appelés les Maîtres du Confinement, par leur tendance à resserrer au maximum le cadre sur le sujet.
Les objets représentés renvoient à la vanité des biens terrestres, avec les livres incarnant le Savoir, et pourtant terrassés par la maladie, symbolisée par le crâne qui trône au-dessus. Ce crâne se situe au sommet d’une composition pyramidale avec les deux alternatives que propose le peintre à la maladie : le masque et le gel hydroalcoolique.
La présence du #poisson à droite du crâne est énigmatique, des historiens de l’Art ont supposé qu’il renvoyait aux vertus chrétiennes, mais sans certitude. On suppose qu’il a un autre sens mais cela reste hypothétique……

Un inédit des réserves restauré ! Un Portrait de famille nordique…

Un grand portrait de famille anonyme issu de la Collection vient de finir sa restauration dans l’atelier de Marie-Paule Barrat et sera visible à la réouverture du musée. Délesté de ces vernis anciens, sa transformation est impressionnante !

le portrait en avant/après la restauration (photos : MP Barrat)

Tous habillés sobrement sans renoncer aux signes, discrets, d’une certaine richesse, cette famille, sans doute hollandaise, provient de la frange calviniste de la population et témoigne du resserrement de la cellule familiale, proche de la famille moderne, et bien différent des clans multigénérationnels connus auparavant.

Ce portrait de famille sera une des pièces phare de l’exposition l’Art du Portrait qui se tiendra au musée en septembre… En attendant, retrouvez le portrait sur les réseaux sociaux du musée, où l’on vous met au défi de réaliser votre portrait de famille confinée !

Détail du mois de février : un navire en détresse !

Le détail du mois de février vous présente une saisissante scène de naufrage attribuée à Simon de Vlieger (né en 1601 à Rotterdam, et mort en 1653 à Weesp). Peintre de marines du Siècle d’or néerlandais parmi les plus réputés, Simon Vlieger travaille successivement à Delft et Amsterdam où il livre des scènes de port, de tempête ou de naufrage.
Le détail choisi ici fait penser par l’unité de la gamme des couleurs à ses œuvres de jeunesse où il est influencé par le style monochrome de Jan Porcellis et Willem Van de Velde l’Ancien. On retrouve déjà ici une de ses particularités, qui est le souci apporté aux petits éléments, avec les personnages qui viennent souligner le tragique de la scène représentée puisque le navire pris dans un orage va aller se fracasser sur les rochers de la côte toute proche. Un des marins semble vouloir échapper à ce destin funeste en montant désespérément sur le mât, pour se réfugier sur la hune, la plate-forme intermédiaire.

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, rendez-vous au musée où elle est exposée dans la section des marines nordiques. Vous pouvez également découvrir cette œuvre lors de la conférence consacrée à la peinture de marine hollandaise le 22 février prochain !

Conférence sur les Marines hollandaises le 22 février 2020

Le musée Jeanne d’Aboville vous invite à la

CONFERENCE SUR LA PEINTURE DE MARINE HOLLANDAISE

ANIMEE PAR ELEONORE DERISSON

le 22 février 2020 à 17h

Eléonore Dérisson, aujourd’hui historienne de l’Art travaillant comme Chargée des collections au sein de la Fondation des Artistes, découvre le musée Jeanne d’Aboville en 2014 durant ses études à l’École du Louvre. Elle consacre son mémoire de fin d’études à l’histoire de ce musée et réalise le catalogue des tableaux hollandais de la collection.
Le 22 février 2020, elle proposera une conférence sur les peintures de marines du XVIIe siècle hollandais, en s’appuyant notamment sur les exemples des tableaux du Musée Jeanne d’Aboville. Des canaux tranquilles aux océans tourmentés, cette présentation sera l’occasion de comprendre la signification de ces œuvres autant appréciées des contemporains néerlandais du Siècle d’Or que des collectionneurs français du XIXe siècle, parmi lesquels figure Gabrielle-Uranie d’Héricourt, fondatrice du musée.

Informations pratiques :
La conférence aura lieu à l’Espace Drouot, à 5mn à pied du musée. Il se trouve rue des Bigors à La Fère.
La conférence aura lieu à 17h, ouverture des portes à 16h30, entrée gratuite
[En cas d’aléas climatiques (neige ou verglas), la conférence peut être annulée ou reportée, n’hésitez pas à contacter le musée les jours précédents pour vous faire confirmer sa tenue.]

Retour de restauration du Petit Joueur de Flûte

Le tableau “le Petit Joueur de Flute” d’Abraham Willemsens (Anvers ?, vers 1610 – Anvers, 1672), est revenu de restauration !
Peintre de sujets religieux et mythologiques et de scènes de la vie paysanne, Abraham Willemsens est mentionné dans les registres de la guilde de Saint-Luc d’Anvers entre 1627 et 1654. Il fut doyen de la guilde des arbalétriers d’Anvers. Il est surtout connu  pour ses tableaux de genre représentant pour la plupart une famille de paysans accomplissant en plein air des tâches ménagères parmi les animaux domestiques, des tas de légumes et des objets quotidiens.

Le tableau avant et après sa restauration, photos de MP Barrat

Ici le tableau représente une scène a priori quotidienne avec son petit berger accompagné d’une femme âgée gardant les animaux au pâturage, dans un paysage campagnard passablement réinventé, car transposé parmi des ruines antiquisantes. Un personnage, vêtu à l’antique, fait irruption dans la scène, attiré par la musique que joue le petit berger : il s’agit peut être du Dieu Apollon , ou d’un faune représenté sous des traits humains.

La restauration de ce tableau a été réalisé par Marie-Paule Barrat dans son atelier, et a consisté à retirer les anciens vernis et les repeints réalisé par les restaurations précédentes. Ces restaurations, réalisées sans doute au XIXe siècle étaient désaccordées par rapport à la couche picturale d’origine et un “vernis musée” (vernis qui jaunit artificiellement le tableau pour lui donner un air ancien) avait été posé. Une fois ce vernis retiré, le tableau a retrouvé de la netteté et des couleurs franches. les zones de lacunes ont été mastiquées et des retouches ont été pratiquées pour rendre au tableau son unité.

Après allègement du vernis et suppression des retouches, photo : MP Barrat

Détail du mois de novembre : le Christ à Emmaüs

Le détail du mois de novembre célèbre la Journée mondiale de la Gentillesse qui a lieu ce jour en vous présentant un détail d’une copie de Pierre-Paul Rubens (1577–1640) : Le Christ à Emmaüs. L’original est conservé au musée du Prado à Madrid.

Détail du mois de novembre 2019

L’épisode des Pèlerins d’Emmaüs a pour texte-source l’Evangile de Luc : après sa mise au tombeau du Christ, deux apôtres marchent sur la route allant de Jérusalem au village d’Emmaüs, ignorant la résurrection de Jésus. Ils croisent un homme qui les accompagnent sur le chemin et ils le prient de partager leur repas. Quand l’inconnu bénit le pain du repas, l’Evangile dit que « leurs yeux s’ouvrirent, et ils reconnurent le Christ, mais il disparut à leurs regards. »

Le détail sélectionné vous présente le moment clef de cet épisode quand Jésus les deux doigts levés en geste de bénédiction, s’apprête à leur tendre le pain et ainsi se révéler aux yeux de ses anciens disciples, qui croyaient juste rendre service à un inconnu. Leur gentillesse désintéressée devient source de Révélation, et l’épisode va être abondamment représenté par les peintres de cette période pour encourager la pratique de la Charité.

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, venez la voir au musée Jeanne d’Aboville !

Spectaculaire retour de restauration pour la scène de naufrage de Vlieger

Parti en restauration en août 2018, le tableau était alors encrassé et noirci au point de ne plus être lisible, il avait également subi de nombreux accidents qui avaient déformé sa toile. L’oeuvre est revenue totalement transformée de Reims, où se situe l’atelier de Christian Vibert, le restaurateur qui a eu la lourde charge de rendre un peu de lustre à cette oeuvre quatre fois centenaire : beaucoup plus claire, on distingue à présent les nuances subtiles du ciel d’orage et les détails du bateau pris dans la tempête.

Le restaurateur Christian Vibert et la toile restaurée

Cette toile a été réattribuée à son auteur en 2016 par l’historienne de l’art Eléonore Dérisson, qui a décelé dans la toile le style si particulier de Simon de Vlieger, un grand peintre de marines du Siècle d’Or néerlandais (né en 1601 à Rotterdam, et mort en 1653 à Weesp). Ce peintre a travaillé à Delft et Amsterdam, et fut l’un des peintres les plus réputés pour les représentations de navires : on trouve aujourd’hui ses toiles dans des musées prestigieux, comme la National Gallery of Art de Washington ou le Museum de Vienne. Le nettoyage de la toile va permettre une meilleure lecture de celle-ci pour les historiens de l’art et a notamment faire apparaître une signature à demie effacée.

Naufrage de Simon de Vlieger avant et après restauration

La toile sera bientôt ré-encadrée pour être exposée au musée, mais vous pouvez déjà en avoir un aperçu ce samedi 16 février, car la toile sera exceptionnellement exposée l’après-midi à l’occasion de la conférence sur la restauration d’Orphée charmant les animaux, qui a lieu à l’espace Drouot à 17h. Vous pourrez découvrir le Naufrage tout en allant voir Orphée en amont de la conférence (entrée gratuite au musée pendant une heure à partir de 15h30).

Détail du mois de décembre 2018

Ce détail provient de la fuite en Egypte, dont l’auteur ne nous est pas connu mais qu’il faut placer dans l’entourage de Henri Blès à la fin du XVe siècle dans la région d’Anvers.

C’est alors un moment de transition, entre les innovations de Breughel l’Ancien et les Maniéristes, en particulier dans le style naissant du paysage. Les figures sont traitées rapidement, de manière parfois presque naïves, pour se concentrer davantage sur les effets de paysage. C’est visible ici avec le visage esquissé du Jésus dans les bras de Marie, représentée durant la fuite en Egypte. Ce thème fut souvent repris par Henri Blès, ensuite copié par les suiveurs avec une iconographie stéréotypée.

La Fuite en Egypte est un épisode évoqué dans l’évangile selon Matthieu :  le roi Hérode Ier envoya tuer tous les enfants de moins de deux ans qui se trouvaient dans la ville de Bethléem. Joseph, prévenu par un songe, s’enfuit avec l’enfant Jésus et sa mère en Égypte, où ils restèrent jusqu’à la mort d’Hérode.

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre, venez la voir au musée Jeanne d’Aboville à partir du 2 janvier 2019 !