Détail du mois de mai : nuages, faux monogramme et pêche à pied…

Le détail du mois de mai provient d’un paysage fluvial avec une tour en ruine, œuvre d’un peintre anonyme hollandais du XVIIIe siècle. Ce tableau montre la grande, et durable, influence de Jan van Goyen (1596 –1656) sur la manière de faire des paysages en Hollande. Ce tableau a d’ailleurs été longtemps pris pour une production du Maître, les observateurs s’appuyant sur un monogramme VG au premier plan du tableau qui s’avère être une fausse signature, ajoutée, sans doute par un marchand d’art peu scrupuleux du XIXe siècle, pour donner plus d’importance au tableau.

Si l’influence de Van Goyen sur cette oeuvre est incontestable, avec la forte présence du ciel et des effets atmosphériques produits par les nuages, la lumière chaude qui en émane témoigne également d’influences plus tardives, notamment celles des peintres italianisants, qui insufflent à leur production une ambiance méditerranéenne.
Si des pêcheurs sont présents sur le voilier, on retrouve également un pêcheur à pied au premier plan, un motif très courant dans la peinture hollandaise. En effet, en plus d’animer les abords de la rivière, la représentation des activités de pêche renvoie au quotidien pour les possibles acheteurs du tableau : met essentiel en temps de Carême, le poisson est également un secteur économique important, qu’il s’agisse des poissons d’eaux douce dont regorgent alors les rivières et canaux des Pays-Bas, ou de morues et harengs péchés en haute-mer.

Vous pouvez découvrir ce tableau dans la salle consacrée au Siècle d’Or hollandais du musée, à bientôt !

Un autre départ en restauration

Le tableau Flotte à l’entrée d’un port est parti en restauration !

Œuvre de Bonaventura Peeters (1614-1652), peintre spécialiste des marines qui évolue dans un atelier à Anvers où travaille toute sa fratrie : Jan Peeters I, Gillis Peeters, et Catharina Peeters. Bonventura est célèbre pour ses scènes de naufrage mais réalise également des peintures plus apaisées, en s’inspirant du trafic maritime sur l’Escaut alors florissant grâce au développement des flottes marchandes flamandes et hollandaises.

Gravure avec le portrait de Bonaventura Peeters

Cette grande toile décorative ornée de multiples bateaux souffrait d’un état de présentation plutôt médiocre : la toile a été rentoilée par le passé, c’est-à-dire doublé d’une autre toile pour soutenir la première, et la sous-couche de la peinture présente des faiblesses qui ont causé par le passé des lacunes avec des pertes de matières, heureusement très localisées.
Plusieurs fois restaurée par le passé cette œuvre présente plusieurs retouches anciennes qui se sont désaccordées avec le temps car les matériaux employés par les restaurateurs des XIXe et XXe siècle ne vieillissent pas au même rythme que la peinture d’origine. Elle présente également plusieurs couches d’un vernis, aujourd’hui oxydé et encrassé. Le vernis est également atteint par les chancis, des matités blanchâtres résultant de la désolidarisation du vernis fissuré et de la couche picturale.
Confié au restaurateur Igor Kozak, la toile va être traitée pour retrouver une bonne qualité de lecture : après un nettoyage, un mastic sera appliqué sur les lacunes, les repeints désaccordés seront retirés puis un travail de réintégration illusionniste sera fait sur les zones des repeints et des mastics.

Le tableau sera finalement reverni avant son retour au musée dans quelques mois !

Retours d’exposition pour des marines de la Collection

le Naufrage de Simon de Vlieger

 

Les peintures de marines prêtées au musée de Bastia pour l’exposition sur les pirates et les corsaires ont réintégré les collections, vous pouvez dès à présent redécouvrir la scène de salve d’honneur de Kasper van Eyck et le Naufrage sur une côte rocheuse de Simon de Vlieger.
Pour la scène de naufrageurs du peintre Lacroix de Marseille, il faudra attendre un peu pour qu’elle réintègre la salle française…

Détail du mois de décembre : PACA, épave et naufrageurs…

Le détail du mois de décembre vous présente Tempête et naufrage, une œuvre de Charles François Lacroix de Marseille (né vers 1700 à Marseille, mort à Berlin en 1779 ou 1782), réalisé à Rome en 1761. Peintre de paysage et de marines il fut élève de Joseph Vernet dont il imita le style. Il séjourna plusieurs fois à Rome à partir de 1754 et eut beaucoup de succès dans les années 1770, ce qui l’amène à beaucoup voyager au gré des commandes.
La scène de naufrage représenté ici est typique de son style, influencé à la fois par Vernet et par Jean-Joseph Kapeller au vu du ciel tourmenté déployant une gamme de bleus puissants. La scène représentée montre un navire venu se fracasser sur une côte rocheuse, où un naufragé, à droite de notre détail, s’accroche au rocher pour résister à la furie marine. Le personnage au dessus, qui semble de pencher vers l’épave, est sans doute la représentation d’un naufrageur : le terme de naufrageur désigne principalement certains habitants du littoral qui, autrefois, auraient cherché à tromper les navires suivant le rivage pour les attirer sur des récifs, afin de s’enrichir en s’emparant de leur cargaison. Il semble que ce type de pratique s’apparente plutôt à une légende, mais elle a été représentée plusieurs fois par les peintres de marines.
Ce tableau sera bientôt de retour au musée après l’exposition Mare furioso au musée de Bastia qui se termine le 17 décembre ! A redécouvrir en 2023 dans l’exposition permanente du musée !

Des départs en exposition qui sentent bon les embruns

Le musée a vu partir cette semaine trois marines parties rejoindre le musée de Bastia pour l’exposition Mare Furioso, Pirates et corsaires en Méditerranée du XVIe  au XIXe siècle, qui aura lieu du 2 juillet au 17 décembre 2022.

Si dans l’imaginaire collectif, pirates et corsaires sont liés aux espaces maritimes pacifiques et atlantiques, ces phénomènes ont aussi existé dans tout le bassin méditerranéen et ce durant des siècles. Leurs conséquences dans de nombreux domaines – politiques, sociaux, diplomatiques, militaires, économiques – en font des marqueurs des évolutions transfrontalières maritimes mais aussi de la construction des identités nationales de l’Europe du Sud et du rapport que celles-ci entretiennent non seulement entre elles mais aussi avec l’empire ottoman.

Pour cette exposition, le musée Jeanne d’Aboville a contribué avec trois toiles, dont deux ont été restaurées récemment :

  • Une scène de Naufrage de Charles Lacroix de Marseille (MJA 88)

 

  • Un autre Naufrage sur une côte rocheuse,  de Simon de Vlieger  (MJA 250)

 

  • Une scène de salve d’honneur de Kasper van Eyck (MJA183)

Pour redécouvrir ses toiles au musée Jeanne d’Aboville, il faudra attendre  2023, ou faire un petit détour par la Corse entre deux !

La mer depuis la plage…

En cette journée mondiale de la mer, on vous propose de découvrir ce tableau inédit des réserves, œuvre d’un artiste anonyme influencé par le style du peintre de marine néerlandais Ludolf Bakhuizen (Emden, 1630 – Amsterdam, 1708). Si l’artiste a emprunté au style de Ludolf Bakhuizen son tracé précis, la relative faiblesse des figures du premier plan, l’anatomie du chien et du cheval présentant quelques défauts, font penser à un suiveur dont l’œuvre serait postérieure, sans doute la génération suivante. En effet, le costume du cavalier évoque le XVIIIe siècle.

Une mer d’huile est représentée depuis la plage, évoquant une atmosphère calme loin des tempêtes et naufrages qu’aiment représenter les peintres hollandais. Il s’agit ici de mettre en valeur le commerce maritime florissant de la Hollande. C’est donc sans surprise que le genre maritime a été très populaire pendant l’âge d’or de la peinture hollandaise et fut porté à son apogée par des artistes néerlandais, qui font fièrement battre pavillon hollandais aux bateaux.

Un dauphin antique…

A l’occasion de la Journées mondiale du Dauphin, le musée met à l’honneur une des très belles pièces qui fut découvertes lors des fouilles de Versigny dans l’Aisne. Cette fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze et fer recouvert d’argent date du IIIe siècle. Son exécution montre une stylisation bien éloignée des représentations romaines classiques. Si on peut rapprocher sa silhouette sinueuse d’exemples du Haut Empire, la fibule de Versigny est néanmoins dans son trait très influencée par une certaine barbarisation des pratiques cultuelles romaines. Souvent figuré en dehors de tout contexte aquatique, le dauphin est associé à la protection des foyers.

Fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze recouvert d’argent du IIIe siècle, fouilles de Versigny, Inv. 2006.0.13.27

Une flotte sur le départ et un Flamand parmi les Hollandais…

Envie de bord de mer ? Nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire d’un peintre qui lui consacré son œuvre : en effet, le 23 juillet 1614 naquit à Anvers Bonaventura Peeters, artiste baroque flamand qui est connu pour ses paysages maritimes.

Issu d’une famille d’artistes, il apprend auprès de son père, qui est maitre à Anvers et membre de la guilde de Saint-Luc, avec sa fratrie :  Jan Peeters I, Gillis Peeters, et Catharina Peeters qui furent également peintres. Il devient lui-même membre de la guilde de Saint-Luc en 1634 et peint avec son frère Gillis, une vue de la bataille de Calloo pour la municipalité d’Anvers qui veut célébrer la victoire de la couronne espagnole sur les Hollandais qui voulaient encercler la ville.

Ses premières œuvres illustrant des paysages sont influencées par l’école hollandaise qui détient alors un presque monopole de la peinture de marine. Il peint des naufrages sur des mers agitées et des vues plus calmes de l’Escaut et du littoral, d’une palette subtile et nuancée.

Un peu plus tard, ses œuvres sont marquées par les couleurs fortes et rappellent les tons propres au classicisme italien. Ce changement de style reflète la demande internationale croissante de paysages italianisants.

La peinture détenue par le musée Jeanne d’Aboville témoigne plutôt de cette deuxième période avec une impressionnante escadrille de bateaux qui séjourne à l’entrée d’un port. S’agit-il d’une flotte de guerre se préparant à l’assaut ou d’un plus lucratif départ en expédition commerciale ?  Les éléments présents n’ont pour le moment pas permis de le déterminer, car nous sommes dans le contexte de la Guerre de Quatre-vingt ans mais également dans un moment d’expansion commerciale important.

Bonaventure Peeters meurt le 25 juillet 1652 dans le village d’Hoboken (en Belgique) où il s’était retiré à cause de sa santé délicate, il n’avait que 38 ans. Son fils Bonaventura II devient également peintre de paysage, mais préfère les rivières et les canaux.

 

Envie d’en savoir plus sur la peinture de marine ? Retrouvez l’article de l’historienne de l’art Eléonore Dérisson consacré aux marines de la collection du musée en cliquant ici !

Prenons le large !

L’année dernière, Éléonore Dérisson vous proposait une conférence consacrée à la peinture de marine et vous aviez été nombreux à venir l’écouter.

De cette conférence avait découlé un article réalisé pour les mémoires 2020 de la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne.

Vous pouvez dès à présent retrouver cet article en le téléchargeant, pour cela il suffit de cliquer sur le tableau ci-dessous ! Bonne lecture !