Détail du mois de juillet : épines, turban et paysage flamand

Le détail du mois de juillet provient d’une Déploration du Christ : il s’agit de l’épisode qui suit la Descente de croix dans l’histoire de la Crucifixion. Œuvre d’un peintre anonyme, il est à situer dans le cercle des Maniéristes anversois : ce groupe de peintres est actif à Anvers entre 1500 et 1530 et se caractérise par l’exubérance de la décoration et des drapés et par les expressions des personnages. Revendiquant à la fois l’héritage du style gothique tardif et intégrant les innovations italiennes de la Renaissance, les peintres de cette école emploient de larges gammes de couleurs et introduisent beaucoup de mouvement.
Le détail présenté ici montre un homme récupérant la couronne d’épines portée par le Christ durant la Passion. Ce personnage est identifié comme Joseph d’Arimathie, présenté dans le Nouveau Testament comme l’homme chargé de réclamer la dépouille de Jésus aux autorités romaines, pour lui offrir un enterrement décent, dans son propre caveau familial. La tradition médiévale l’a souvent représenté coiffé d’un turban comme une incarnation de l’Orient, tradition reprise dans l’œuvre de La Fère. Ce personnage gagnera en importance au XIIe siècle, en étant identifié comme le premier propriétaire du Graal dans les romans de chevalerie du cycle arthurien.
Le paysage présent à l’arrière-plan du détail est également intéressant car son choix de couleurs, typique de la peinture flamande montre l’influence de la génération de peintres célèbres, notamment Joachim Patinier et Henri Bles.
Ce tableau est présenté en salle des Primitifs au musée, vous pouvez également le découvrir à l’occasion de la visite consacrée aux Renaissances à La Fère en juillet et en août uniquement sur réservation !

Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et leurs abolitions

 

En ce 10 mai 2024, à l’occasion de la 18ème Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et leurs abolitions et en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, le musée vous présente cette représentation d’esclave, visible sur l’Allégorie du Goût, issu de l’atelier anversois de la famille Brueghel. Le raffinement affiché des détails montre l’influence de Rubens, qui possédait également un atelier dans cette ville.
Réalisé à une époque florissante, où Anvers est l’un des grands ports commerciaux à l’échelle mondiale, ce détail illustre l’importance du tristement célèbre commerce triangulaire dans la réussite économique de la ville. Si le port d’Anvers n’était pas un port négrier à proprement parler, il a néanmoins alimenté ce commerce, en armant des navires espagnols notamment.
La représentation de l’esclave noir symbolise les terres exotiques qui font la richesse des commerçants anversois, il incarne l’allégorie de l’Afrique. Il est représenté avec une coupe à boire et à proximité des contenants pour la boisson, indiquant qu’il est utilisé comme domestique. Les représentations de domestiques noirs restent rares dans la peinture flamande du XVIIe siècle car leur présence était exceptionnelle : avoir un Noir à son service était un signe extérieur de richesse car on l’avait fait venir à prix d’or depuis les comptoirs de Guinée.

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Détail du mois de mai : nuages, faux monogramme et pêche à pied…

Le détail du mois de mai provient d’un paysage fluvial avec une tour en ruine, œuvre d’un peintre anonyme hollandais du XVIIIe siècle. Ce tableau montre la grande, et durable, influence de Jan van Goyen (1596 –1656) sur la manière de faire des paysages en Hollande. Ce tableau a d’ailleurs été longtemps pris pour une production du Maître, les observateurs s’appuyant sur un monogramme VG au premier plan du tableau qui s’avère être une fausse signature, ajoutée, sans doute par un marchand d’art peu scrupuleux du XIXe siècle, pour donner plus d’importance au tableau.

Si l’influence de Van Goyen sur cette oeuvre est incontestable, avec la forte présence du ciel et des effets atmosphériques produits par les nuages, la lumière chaude qui en émane témoigne également d’influences plus tardives, notamment celles des peintres italianisants, qui insufflent à leur production une ambiance méditerranéenne.
Si des pêcheurs sont présents sur le voilier, on retrouve également un pêcheur à pied au premier plan, un motif très courant dans la peinture hollandaise. En effet, en plus d’animer les abords de la rivière, la représentation des activités de pêche renvoie au quotidien pour les possibles acheteurs du tableau : met essentiel en temps de Carême, le poisson est également un secteur économique important, qu’il s’agisse des poissons d’eaux douce dont regorgent alors les rivières et canaux des Pays-Bas, ou de morues et harengs péchés en haute-mer.

Vous pouvez découvrir ce tableau dans la salle consacrée au Siècle d’Or hollandais du musée, à bientôt !

Détail du mois d’avril : craquelures, militaire et porcelaine…

Le détail du mois d’avril provient d’une œuvre des réserves. Il s’agit d’une scène militaire, imitant le style d’un peintre français de la fin du XVIIIe siècle, célèbre pour ses scènes de batailles à cheval : Jacques Swebach-Desfontaine. Il fut le premier peintre de la manufacture de Sèvres de 1802 à 1813, créant de nombreux cartons pour celle-ci : ses œuvres reproduites sur porcelaine ont été abondamment diffusées et ont contribué à sa popularité.

Cette popularité va provoquer la convoitise des faussaires du XIXe siècle : en effet, son style est copié pour vendre les peintures produites comme étant de sa main. C’est le cas de la scène militaire visible ici, qu’un faussaire a artificiellement vieilli. Ce vieillissement est perceptible dans le réseau de craquelure prononcé qui parcourt le tableau : larges et en surface, ces craquelures sont réalisés de manière artificielle pour faire paraitre le tableau plus ancien qu’il ne l’est réellement.
Les craquelures d’âge ont plutôt tendance à être fines et profondes et les craquelures feintes sont relativement faciles à identifier tant par leur aspect irrégulier que par leur étendue homogène sur le tableau. Le faussaire provoque ce type de craquelures par des chocs thermiques – parfois en passant le tableau au four ! – ainsi qu’en exposant successivement le tableau à une forte humidité puis à un brusque séchage. Il peut également ajouter des produits desséchants dans ses pigments pour que la peinture se craquelle.

Pour en savoir plus sur le vieillissement naturel ou non des œuvres, vous pouvez découvrir au musée l’exposition Des Collections révélées consacrée aux restaurations réalisées au musée !

Détail du mois de mars : vedute, cheval et staffage…

Le détail du mois de mars provient d’un paysage de ruines, œuvres du vénitien Francesco Albotto (vers 1721 – 1757). Il a été élève de Michele Marieschi et à la mort de ce dernier (1743) il en épousa la veuve, Angela Fontana. Excellent copiste et d’une grande maîtrise technique, la grande majorité de sa production s’inspire de l’œuvre des maîtres de vedute de la première moitié du XVIIIe siècle.
Les vedute (de veduta, qui signifie « vue ») sont d’un genre pictural basé sur la représentation de paysages urbains dans laquelle de nombreux peintres vénitiens se spécialisent. Le rigorisme géométrique des perspectives des vedute laisse parfois place aux caprices, c’est-à-dire la représentation d’un paysage imaginaire ou partiellement imaginaire, combinant des bâtiments, des ruines et autres éléments architecturaux de façon fictive et souvent fantastique. C’est le cas de cette production d’Albotto, combinant des ruines antiques et un étrange cheval empaillé posé sur un piédestal.
La scène est complétée par des personnages, aux tenues fantaisistes pouvant être orientalisantes ou pittoresques, ajoutés pour animer la scène : on parle alors de staffage. Le mot staffage (du mot allemand stafferen, décorer) désigne les figures humaines d’une scène, en particulier dans les paysages, qui ne sont pas le sujet principal de l’œuvre.
Ce tableau est présenté dans le cadre de l’exposition Des Collections révélées et vous pourrez découvrir le tableau avant restauration via votre smartphone. A bientôt au musée !

Détail du mois de février : un berger caravagesque…

Le détail du mois de février provient de Berger assis et son troupeau de chèvres, œuvre anonyme d’un artiste italien ou hollandais de la première moitié du XVIIe siècle. En effet, la forte influence de la peinture du Caravage sur cette toile pourrait aussi bien être l’œuvre d’un peintre italien que d’un des membres des Caravagesques d’Utrecht, un groupe de peintres qui a exporté les techniques du Maître en Hollande.

L’artiste semble en tout cas se situer dans le mouvement du caravagisme, diffusé bien au-delà de l’Italie. Rome est au début du XVIIe siècle le centre artistique par excellence et des artistes de tous les pays viennent y travailler et découvrent l’œuvre du Caravage. Dans l’atmosphère de révolution picturale qu’il incarne, beaucoup d’artistes européens suivent la voie qu’il établit et appliquent avec succès la fameuse Manfrediana Methodus qui est une recette pour imiter le style du Caravage, relayée par son premier disciple, Manfredi.

La thématique de notre toile renvoie également au style caravagesque par son sujet naturaliste, qui s’inspire des personnages des classes populaires italiennes, traité avec réalisme. Comme souvent à cette époque, on peut également trouver une connotation religieuse à cette peinture. Le Christ est souvent comparé à la figure du bon pasteur, et saint Jean-Baptiste est également berger : ses attributs sont la houlette de berger et le troupeau. L’animal guidé par le pâtre est une personnification du fidèle, tout comme l’animal, élevé pour sa chair ou son lait, pourrait aussi évoquer le sacrifice du Christ.

Pour découvrir cette peinture, rendez-vous au musée Jeanne d’Aboville, où l’on attirera tout spécifiquement votre attention sur cette oeuvre dans le cadre de l’exposition Des Collections révélées à partir du 29 février !

Fermeture exceptionnelle du musée le 17 janvier

A cause des conditions météorologiques, le musée ne sera pas accessible ce jour. Prenez garde au verglas et limitez vos déplacements pour éviter de vous retrouver comme ce patineur issu du tableau “la Vente de poissons” de Salomon Ruysdael.

Ce tableau répond à la définition d’un paysage d’hiver, qui représente un horizon enneigé animé de personnages se livrant à des activités typiques de l’hiver.

Dans l’art occidental, le peintre flamand Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569) peut être considéré comme le créateur de la tradition du paysage hivernal, particulièrement développée en Hollande ensuite. En effet, les peintres du Siècle d’or vont souvent représenter des patineurs évoluant sur les lacs et canaux gelés, activité courante et très populaire.

Il est aussi intéressant de constater que cette mode du paysage d’hiver correspond à la phase paroxystique du Petit âge glaciaire, situé entre 1565 et 1665.

Détail du mois de janvier : des mages généreux…

Le détail du mois de janvier revient sur un épisode d’actualité avec une Adoration des Mages ! Œuvre d’un faussaire allemand du milieu du XIXe siècle, son style imite les œuvres du XIVe siècle produites en Bavière, en Autriche et en Bohême.

On y voit les trois rois-mages différenciés par la couleur de leur robe et la nature de leur présent. Les mages sont nommés à partir du IXe siècle après Jésus Christ et se voit rattacher chacun un présent de manière spécifique : Melchior offrit l’or de la royauté ; Gaspard l’encens pour évoquer la divinité ; Balthasard apporte la myrrhe, un parfum qui servait à embaumer les morts dans l’Antiquité faisant allusion à la mort du Christ, mais aussi à sa résurrection.
Un récit oriental de l’Antiquité tardive explique à ce propos que les mages entendent mettre Jésus à l’épreuve afin de connaître sa nature exacte : s’il est roi, il choisira l’or, s’il est prêtre, l’encens, et s’il est médecin, il optera pour la myrrhe. L’enfant déconcerte les trois sages en choisissant les trois présents.
Les mages sont également représentés avec des barbes de longueur différentes pour suggérer des différences d’âges : les trois réunis symbolisent les trois âges de la Vie.

Ce tableau des réserves n’est actuellement pas visible mais vous pouvez découvrir une autre spectaculaire Adoration des Mages en salle anversoise ! On vous souhaite une belle fête de l’épiphanie, n’abusez pas (trop) de la galette !

Détail du mois de novembre : ange, phylactère et vaisselle flamande…

Le détail du mois provient d’un triptyque de la salle des Primitifs représentant sur son panneau central une adoration des Mages réalisée par l’atelier anversois de Pieter Coecke van Aelst, actif dans la première moitié du XVIe siècle. Notre détail provient du volet gauche représentant l’Annonciation.

On y voit la représentation de Gabriel, l’ange de l’Annonciation qui désigne le ciel et déploie un phylactère. Un phylactère est un moyen graphique semblable à une petite banderole, sur laquelle se déploient les paroles prononcées par le personnage dépeint, ici on peut y lire Ave gratia plena, dominus tecum, soit « Je te salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec toi ». L’ange est somptueusement vêtu et paré car les peintures de l’atelier de Pieter Coecke van Aelst était célèbre pour leurs détails décoratifs d’une certaine préciosité.
A l’arrière-plan, on peut voir de la vaisselle d’étain posée sur une armoire, que l’on s’attend davantage à retrouver dans une maison bourgeoise des Flandres que dans l’habitat de Marie en Palestine, les peintres interprètent alors le décor des scènes bibliques avec une grande liberté et les scènes de l’annonciation sont généralement l’occasion d’expérimentation sur la profondeur avec des jeux de perspectives.

Ce tableau était parti en restauration et revient au cours du mois de novembre et vous aurez l’occasion de le redécouvrir nettoyé et consolidé. En effet, on peut voir une fissure qui court dans le bois et dont l’état a nécessité une intervention des restaurateurs. A bientôt au musée pour le voir en entier !

En ce jour de Toussaint…

Cette fête, comme son nom l’indique, est le jour où l’Église catholique honore tous les saints, connus et inconnus. La célébration de cette fête chrétienne au 1er novembre est une spécificité catholique apparue en Occident au VIIIe siècle. En effet, c’est à partir de cette période qu’elle est fêtée le 1er novembre, lorsque le pape Grégoire III dédicace à tous les saints une chapelle de la basilique Saint-Pierre de Rome.

C’est un jour de visite traditionnelle des cimetières car la Toussaint précède d’un jour la Commémoration de tous les fidèles défunts.

Ci-dessous on vous laisse découvrir le panneau central du triptyque du couronnement de la Vierge, qui présente de nombreux saintes et saints :

Organisé par cercle, vous trouvez au premier rang des personnages de l’Ancien Testament, ainsi que des Pères de l’Eglise, au deuxième rang les saintes et au troisième rang les saints. certains sont aisément reconnaissable à leurs attributs, comme Sainte Barbe, représentée avec la tour à trois fenêtres où elle fut enfermée :

Ou Saint André avec la croix caractéristique de son martyr :