Détail du mois de novembre : ange, phylactère et vaisselle flamande…

Le détail du mois provient d’un triptyque de la salle des Primitifs représentant sur son panneau central une adoration des Mages réalisée par l’atelier anversois de Pieter Coecke van Aelst, actif dans la première moitié du XVIe siècle. Notre détail provient du volet gauche représentant l’Annonciation.

On y voit la représentation de Gabriel, l’ange de l’Annonciation qui désigne le ciel et déploie un phylactère. Un phylactère est un moyen graphique semblable à une petite banderole, sur laquelle se déploient les paroles prononcées par le personnage dépeint, ici on peut y lire Ave gratia plena, dominus tecum, soit « Je te salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec toi ». L’ange est somptueusement vêtu et paré car les peintures de l’atelier de Pieter Coecke van Aelst était célèbre pour leurs détails décoratifs d’une certaine préciosité.
A l’arrière-plan, on peut voir de la vaisselle d’étain posée sur une armoire, que l’on s’attend davantage à retrouver dans une maison bourgeoise des Flandres que dans l’habitat de Marie en Palestine, les peintres interprètent alors le décor des scènes bibliques avec une grande liberté et les scènes de l’annonciation sont généralement l’occasion d’expérimentation sur la profondeur avec des jeux de perspectives.

Ce tableau était parti en restauration et revient au cours du mois de novembre et vous aurez l’occasion de le redécouvrir nettoyé et consolidé. En effet, on peut voir une fissure qui court dans le bois et dont l’état a nécessité une intervention des restaurateurs. A bientôt au musée pour le voir en entier !

Détail du mois de juin : un concert d’archiluth…

Le détail du mois de juin est extrait d’une copie d‘après Caspar Netscher intitulée le Concert. Si l’original est conservé à l’Alte Pinacothek de Munich, notre version est l’œuvre d’un peintre anonyme de la fin du XVIIe siècle, issu de l’entourage du Maître.
On connait au moins onze copies répertoriées, prouvant ainsi l’intérêt pour l’œuvre originale pour les peintres de l’entourage de Netscher. Certaines copies présentant des variantes sont attribuées à Netscher lui-même, comme celle visible au musée d’art de l’Université du Michigan depuis 2011. La copie de La Fère présente certaines qualités picturales, notamment dans le rendu des étoffes, une des caractéristiques de Netscher : les vêtements tombent en plis fluides et les motifs du tapis de table sont effectués avec précision.
On y voit un joueur d’archiluth. Cet instrument dérive du luth et se caractérise par des cordes supplémentaires permettant de produire des sons graves. La représentation du luth et ses dérivés est assez courante dans la peinture classique, on le rencontre chez Veermer ou Le Caravage. Il peut être employé comme une allégorie de l’ouïe, et symbolise parfois la poésie lyrique ou la notion d’inspiration. Ici le musicien est plus prosaïquement le participant d’une soirée musicale, dépeinte comme une scène de genre, même si un apport symbolique n’est pas exclu.
Pour découvrir ce tableau des réserves en entier, il faudra venir le découvrir au musée durant le mois de juin, où il sera exceptionnellement présenté dans le cadre des animations le Son des tableaux, qui invite nos plus jeunes visiteurs à découvrir les œuvres du musée en musique !

Une tabagie

Ce tableau est décrit comme un Intérieur de taverne du XVIIe siècle, peint par un peintre flamand anonyme, qui gravitait sans doute autour de l’atelier bruxellois de David Teniers le Jeune (1610-1690). En effet, Tenier est le plus connu des peintres de genre de son époque, il a particulièrement développé le genre paysan, dont les scènes de taverne, créant de véritable recettes de composition que les autres peintres appliquaient.
Dans ces scènes de taverne on peut voir des hommes buvant, jouant et fumant, renvoyant au rôle éminemment social du tabac à cette époque : il est déjà source de polémique et soulève des problématiques qui nous sont totalement contemporaines.
L’herbe à Nicot, du nom de l’ambassadeur qui introduisit le tabac en Europe, était connue au Pays-Bas en qualité de plante médicinale dès la fin du XVIe siècle. On prit l’habitude dans priser et d’en fumer les feuilles assez rapidement et cette pratique avait gagné toutes les couches de la population des Pays-Bas avant 1625. Associés aux boissons dans les tavernes, les fumeurs sont assimilés au buveur d’alcool, on utilise alors l’expression boire une pipe de fumée.
Le tabac à priser devient très courant, accessible même aux couches les plus pauvres de la population. D’abord vendu par les apothicaires, il devient l’objet d’un commerce spécialisé. Les aubergistes en tenaient dépôt pour leurs clients.
On fume le tabac à l’aide de longues pipes de terre cuite au fourneau étroit. Plus rarement on utilise des pipes en argent, qui produisent une fumée âcre, comme sur notre tableau. Il existait dans les seuls Pays-Bas du Nord une dizaine de fabrique de pipes, les plus illustres était celles de Gouda.


Le tabac connait alors un tel succès qu’on cherche à limiter les endroits où fumer, car seules les églises y échappent. Les princes et les villes ont frappé de lourdes taxes le commerce du tabac et organisent des campagnes d’affichage pour mettre la population en garde. Seules les dames de la noblesse et de la grande bourgeoisie répugnent  à cette pratique, jugée malpropre. On a même trace de contrat de mariage entre deux nobles ou l’épousée introduit une clause interdisant à son mari de fumer dans la maison.
On commence alors à associer le tabac à la vie dissolue menée par les messieurs qui vont fumer dans des tavernes appeler tabagies, où l’on jouait et buvait. Le tabac devient alors un signe de rébellion et de débauche.

L’usage du tabac est encore largement répandu dans le monde,  aujourd’hui 13% des décès en France sont imputables au tabac.

 

Le musée primé !

Hier soir, le Syndicat Mixte Pays Picard remettait les trophées du Prix de l’Innovation au Domaine du Mont Rouge à Rogécourt.
22 projets financés par Leader étaient en lice pour les Prix de l’Innovation et nous avons le plaisir de vous annoncer que le projet « Devenez Dessin’Acteur ! » a reçu le prix « Regard extérieur », décerné par les professionnels.

Un grand merci pour ce prix qui récompense le travail conjoint de l’équipe du musée avec l’artiste Pierre Grenier qui avait proposé des cours de dessin gratuit pour le public.

Le financement reçu a permis d’acquérir du matériel de dessin et du mobilier pour vous permettre de vous installer dans les salles et croquer les tableaux si l’inspiration vous en dit !
Félicitations aux autres lauréats et merci à  l’équipe du syndicat mixte du Pays Picard pour l’organisation de cette journée de l’Innovation.

Suite du programme du Bling Bling Summer…

Le Bling Bling Summer continue !

Samedi 6 août, on vous propose un atelier de tissage gallo-romain, c’est uniquement sur réservation et il reste des places ! De 10h à 12h, un atelier familial adapté aux enfants, l’après midi, ce sera plutôt un atelier grand public pour adultes et ados de 14h à 16h.

Il y a également la visite thématique consacrée à la représentation des vêtements dans la collection : la Fashion visit’ vous est proposée à 14h30 les 13, 20 et 27 août, c’est également sur réservation !

Enfin le premier week-end de septembre aura lieu le second atelier consacré à la coiffure romaine, le 3 septembre  de 14h à 16h, venez découvrir les secrets de beauté des (Gallo-)Romaines !

Une artiste randonneuse sur la Via Francigena s’arrête au musée

L’artiste plasticienne Siloé va faire route vers La Fère durant une randonnée le long de la Via Francigena. La Via Francigena (ou la « voie qui vient de France ») est un ancien chemin de pèlerinage vers Rome remontant au Moyen Âge. À l’instar du chemin de Compostelle, c’est une importante voie de pèlerinage qui s’est ouverte peu à peu à un large public, avec une reconnaissance par le Conseil de l’Europe comme « grand itinéraire culturel du Conseil de l’Europe ». La Fédération Française de Randonnée Pédestre vient d’en terminer le balisage.

photo : siloe-elise.fr ©

Durant son périple, Siloé va faire halte notamment au musée Jeanne d’Aboville le 30 juillet où elle proposera un impromptu artistique gratuit et ouvert à tous de 16h15 à 17h30.  Lors de cet impromptu, elle vous initiera à la construction de coiffes réalisées avec des éléments végétaux glanés aux alentours.

Pour découvrir un peu plus la démarche de l’artiste, vous pouvez visiter son site internet, et vous pourrez également suivre son périple sur Instagram : @siloe.elise

 

Pour info, voici les autres lieux où l’artiste posera son sac  :

1/ ST QUENTIN : Le Parc d’Isle au coeur de Saint-Quentin.
Le mardi 26 juillet 2022 à 15h – Thème : « Balisages »
2/ SERAUCOURT-LE-GRAND : Les étangs de pêcheurs : Le Domaine de l’Arc en ciel
Le vendredi 29 juillet 2022 à 14h – Thème : « Apats »
3/ LA FERE : Musée Jeanne d’Aboville via “Le chemin des écoliers”.
Le samedi 30 juillet 2022 à 16h15 – Thème : « Coiffes végétales »
4/ ST NICOLAS AUX BOIS : Forêt Nationale de ST GOBAIN, Abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois.
Le lundi 1 août 2022 à 11h – Thème : « Collections »
5/ LAON : Promenade de la Couloire Lavoir de Laon Ville Haute.
Le mercredi 3 août 2022 à 11 h – Thème : « Ville minérale – Ville végétale »
6/ LAON : Promenade de la Couloire Lavoir de Laon Ville Haute. L’AONTRAIDE ESPACE CULTUREL AUTOGÉRÉ
Le vendredi 5 août 2022 à 14h – Thème : « Le Bourdon du pèlerin »
7/ NEUVILLE-SUR-AILETTE – La Voie Verte
Le dimanche 7 août 2022 à 11h – Thème : « Onde de nature oscillatoire »
8/ BOUCONVILLE-VAUCLAIR : ABBAYE DE VAUCLAIR : Arboretum et jardin de
plantes médicinales.
Le mardi 9 août 2022 à 15h – Thème : « Panoplie médicinale »
9/ CORBENY détour via le Chemin des Dames : Tour observatoire du Chemin des Dames à CRAONNE.
Le jeudi 11 août 2022 à 11h – Thème : « Installation filaire »
10/ BERRY AU BAC : Les berges du canal à la Communauté Emmaüs Berry au bac.
Le samedi 13 août 2022 à 15h – Thème : « Amoncellement »

L’été s’annonce frivole au musée !

Retrouvez le programme complet des animations estivales du musée sur le page consacrée au Bling Bling Summer en cliquant sur l’affiche !

Les réservations pour les ateliers sont officiellement ouvertes ! Attention les places sont limitées !

Une restauration en vue…

Les restauratrices de tableaux Angélique Bigolet et Juliette Mertens sont passées au musée pour examiner un de nos triptyques, intitulé l’Adoration des mages de l’atelier de Pieter Cocke van Aelst (1502 à Alost – 1550 à Bruxelles).

Ce tableau présente des désordres et des fissures qui ont besoin  d’être traités et les deux restauratrices sont venues l’observer pour proposer des solutions en vue d’une restauration l’année prochaine.

Angélique Bigolet a procédé à des essais sur le tableau pour connaitre la nature des vernis et des repeints.

Une fissure évolutive dans le panneau droit va nécessiter un traitement du support, préconisé par Juliette Mertens, spécialiste des tableaux sur bois.

Affaire à suivre pour ce primitif flamand…