Journées européennes du Patrimoine 2021

La Ville de La Fère est de nouveau présente sur l’événement majeur dans le paysage culturel français que sont les Journées Européennes du Patrimoine. Visant à permettre au public le plus large possible d’accéder à son Patrimoine, une approche privilégiée aux lieux d’art et de culture est proposée.
Les 18 et 19 septembre 2021, le Public pourra découvrir de manière totalement gratuite l’église Saint-Montain, édifice classé très important pour le patrimoine architectural axonais et exceptionnellement ouvert pour l’occasion, ainsi que le musée Jeanne d’Aboville, une des plus belles collections Beaux-Arts des Hauts-de-France.
Ce sera aussi l’occasion d’aller à la rencontre du riche patrimoine militaire de la ville en flânant dans les rues, en admirant les perspectives des casernes du XVIIIe siècle ou encore en se promenant aux abords des fortifications, si imprenables qu’il fallut qu’Henri IV inonda la ville pour les prendre lors d’un siège !

Statue de l’artilleur du Pont de l’Alma

 

Voici le programme de l’événement :

/!\ Attention il vous sera demandé votre pass sanitaire pour visiter les lieux.

Eglise Saint Montain
Ouvert samedi 18 et dimanche 19 septembre 2021 de 14h à 17h30
Parcours découverte du bâtiment revenant sur son histoire et ses aspects remarquables.

Collatéral de l’église Saint Montain, marqué par le style Renaissance

 

Musée Jeanne d’Aboville
Ouvert samedi 18 et dimanche 19 septembre 2021 de 10h à 17h30 sans interruption

Visite libre des collections permanentes.
Découverte de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte : consacrée aux représentations et pratiques alimentaires dans la nature morte, elle présente des inédits des réserves et des tableaux restaurés pour l’occasion.

Un portrait d’abbé pour les 900 ans de l’ordre des Prémontrés

A l’occasion de l’anniversaire des 900 ans de l’ordre de Prémontré, on vous propose de découvrir un tableau de l’église Saint-Montain actuellement en dépôt au musée Jeanne d’Aboville !

Il s’agit d’un portrait de l’abbé Guillaume Manoury, qui fut abbé général de l’ordre des Prémontrés de 1769 à 1780. Si l’on sait peu de choses sur cet abbé, la Biographie universelle de Louis Gabriel Michaud indique que Guillaume Manoury, né à Elbeuf, cinquante-sixième abbé de Prémontré, mort à Paris, le 18 juillet 1780, à l’âge de 60 ans, était un homme instruit et d’un jugement exquis. 

Ce type de portait s’inscrit dans la tradition d’établir des galeries, souvent au sein de la salle du Chapitre où les abbés sont représentés avec leur prédécesseurs pour marquer la continuité du pouvoir et l’ancienneté de l’Ordre. Le portrait de l’abbé Manoury témoigne d’une volonté double : insister sur la dignité de la charge et mettre en valeur son érudition. La tenue de l’abbé se compose de matières précieuses, blanches à l’image de l’habit traditionnel de l’Ordre, avec une tunique de dentelle et un camail (pèlerine couvrant le torse) doublé de soie. Son autorité est marquée par les insignes de sa charge : une croix pectorale accrochée à un col de soie et l’anneau pastoral, qui servait à sceller d’un cachet des courriers adressés par l’abbé. Au XVIIIe siècle, cet accessoire était devenu plus symbolique qu’utilitaire, mais notre portrait montre encore son usage avec une lettre cachetée posée devant l’abbé. La présence d’un livre, de lettres et d’un encrier vise à mettre en valeur les activités intellectuelles auxquelles se livrent Guillaume Manoury, qui semble interrompu dans sa lecture.

On trouve également un portrait similaire, sans doute une copie de notre version, conservé au Musée d’Art et d’Archéologie du Pays de Laon, témoignant de l’importance de cet ordre religieux dans le paysage local. En effet, c’est en 1120 que l’évêque de Laon, Barthélemy de Jur donne à Norbert de Xanten un terrain dans la forêt de Voas (aujourd’hui la forêt de Saint-Gobain) au lieu-dit Presmontré pour y fonder une abbaye. Norbert y installe une communauté de chanoines réguliers, soumis à la règle de saint Augustin. Plus tard, ces chanoines réguliers seront appelés Prémontrés ou Norbertins.
Les prémontrés ont une double mission : l’apostolat, en tant que clercs, c’est-à-dire l’action auprès des fidèles dans les paroisses, et l’Office divin, comme les moines. Cette double mission répond à la devise augustine sanctitatem et clericatum (de sainteté et d’apostolat). Ils sont parfois considérés comme des précurseurs des ordres mendiants.

Conférence Le message de l’hospitalité dans les compositions nordiques au XVIIème s.

Conférence

Le message de l’hospitalité dans les compositions symboliques flamandes et hollandaises au XVIIème siècle, par Alain Tapié

A l’occasion de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte, le musée Jeanne d’Aboville propose au public une conférence gratuite où Monsieur Alain Tapié explicitera le message de l’hospitalité dans les compositions symboliques flamandes et hollandaises du XVIIème siècle.

Le conférencier
Alain Tapié est titulaire d’un doctorat d’histoire de l’art et d’une licence d’études hispaniques. Il commence sa carrière à l’Inspection générale des musées de la Direction des musées de France. Nommé en 1984 conservateur et directeur du musée des Beaux-Arts de Caen, poste qu’il occupera jusqu’en 2003, il est en parallèle chargé d’enseignement en muséologie à l’Ecole du Louvre et professeur invité à l’UFR d’histoire de l’université de Caen. Il obtient en 1993 le titre de conservateur en chef du patrimoine. C’est en 2003 qu’il est nommé directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille et de l’Hospice Comtesse, poste qu’il occupera jusqu’en 2012. Conservateur en chef honoraire des musées de France, il a assuré le commissariat de plusieurs expositions de référence comme Les vanités dans la peinture au XVIIe siècle (1990) au musée des Beaux-Arts de Caen, ou L’hospitalité dans les natures mortes flamandes et hollandaises au XVIIe siècle à la fondation Glénat (2016, Grenoble).

La conférence
Un art national hollandais s’affirme depuis l’autonomie reconnue contre l’Espagne en 1579 et l’indépendance en 1648, sous la forme d’une République des Provinces-Unies. Les deux principes fondamentaux qui l’animent sont le réalisme de situation pour le sujet et la conception d’une beauté fondée sur l’exactitude descriptive pour la manière. Ces notions sont profondément redevables au naturalisme flamand, populaire et truculent. Un esprit rationnel et pratique, individuel et optimiste, en est le socle commun dont les lointains ressorts se rencontrent dans la poétique de la devotio moderna.
Du côté d’Anvers, l’ascèse peut être joyeuse et l’excès assumé, tandis qu’autour d’Amsterdam, l’austérité se fait tranquillité et l’abondance est accueillie avec sérénité. Le souvenir des banquets breugheliens du nord se retrouve dans la quête des images de victuailles, volailles, gibiers et poissons. L’imaginaire d’un devenir gourmand entretient le désir – c’est la conception typique du plaisir catholique. Les tableaux de tables dressées ou défaites, sont destinés aux visiteurs de la maison. Ce sont des offrandes et des dons symboliques. Dans cette nouvelle approche des biens naturels, ou les acteurs du tableau sont désormais les objets – présentés dans un équilibre établi pour la mémoire eucharistique et la prescription morale – la tentation se fait désir et appétence.
Ces tables ont ainsi une double fonction : une offrande symbolique et un lieu de délectation. Elles réalisent les nouvelles formes culturelles d’adhésion au présent. Plus allusives qu’explicites, elles sont les héritières des représentations de xenia – rencontrées sur les fresques et mosaïques des maisons antiques, simulant dons d’aliments et boissons comme marques d’hospitalité.

 

Infos pratiques

La conférence aura lieu le samedi 25 septembre 2021 à 17h.

Ouverture des portes à 16h30.

Elle se déroulera à l’espace Drouot, rue des Bigors à la Fère.

Gratuit dans la limite des places disponibles.

Présentation d’un Pass sanitaire valide et port du masque obligatoire.

Journée de la bière : à la rencontre d’une scène de taverne…

En cette journée internationale de la Bière, on vous propose de découvrir cet inédit des réserves : il s’agit d’une scène de taverne, d’un artiste hollandais du XVIIe siècle, peut-être David Teniers le jeune, que nous avons déjà évoqué il y a quelques temps à propos d’une autre scène du même genre.


De très petite taille, 13 cm sur 11, cette scène présente les abords d’une taverne avec un buveur attablé à l’extérieur. Sans surprise la bière était une boisson très populaire en Flandre et en Hollande, elle fait même figure de boisson nationale. Durant le XVIIe siècle, si les riches apprécient le vin exporté, une grande partie de la population a pour seul breuvage la bière, parfois coupée d’eau. On en boit alors à tous les repas et en tout lieu. Il en existe deux sortes différentes, dites simple ou double, selon la teneur en alcool. La consommation est énorme, on en boit pas moins de 250 000 hectolitres dans les seules brasseries de Haarlem, produite bien sûr par la guilde locale.

Cette consommation importante de bière a laissé son empreinte dans le paysage avec l’excellente réputation des bières belges et hollandaises, le musée vous invite néanmoins à les consommer avec modération… 🙂

Un dauphin antique…

A l’occasion de la Journées mondiale du Dauphin, le musée met à l’honneur une des très belles pièces qui fut découvertes lors des fouilles de Versigny dans l’Aisne. Cette fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze et fer recouvert d’argent date du IIIe siècle. Son exécution montre une stylisation bien éloignée des représentations romaines classiques. Si on peut rapprocher sa silhouette sinueuse d’exemples du Haut Empire, la fibule de Versigny est néanmoins dans son trait très influencée par une certaine barbarisation des pratiques cultuelles romaines. Souvent figuré en dehors de tout contexte aquatique, le dauphin est associé à la protection des foyers.

Fibule zoomorphe à motif de dauphin, en bronze recouvert d’argent du IIIe siècle, fouilles de Versigny, Inv. 2006.0.13.27

Une flotte sur le départ et un Flamand parmi les Hollandais…

Envie de bord de mer ? Nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire d’un peintre qui lui consacré son œuvre : en effet, le 23 juillet 1614 naquit à Anvers Bonaventura Peeters, artiste baroque flamand qui est connu pour ses paysages maritimes.

Issu d’une famille d’artistes, il apprend auprès de son père, qui est maitre à Anvers et membre de la guilde de Saint-Luc, avec sa fratrie :  Jan Peeters I, Gillis Peeters, et Catharina Peeters qui furent également peintres. Il devient lui-même membre de la guilde de Saint-Luc en 1634 et peint avec son frère Gillis, une vue de la bataille de Calloo pour la municipalité d’Anvers qui veut célébrer la victoire de la couronne espagnole sur les Hollandais qui voulaient encercler la ville.

Ses premières œuvres illustrant des paysages sont influencées par l’école hollandaise qui détient alors un presque monopole de la peinture de marine. Il peint des naufrages sur des mers agitées et des vues plus calmes de l’Escaut et du littoral, d’une palette subtile et nuancée.

Un peu plus tard, ses œuvres sont marquées par les couleurs fortes et rappellent les tons propres au classicisme italien. Ce changement de style reflète la demande internationale croissante de paysages italianisants.

La peinture détenue par le musée Jeanne d’Aboville témoigne plutôt de cette deuxième période avec une impressionnante escadrille de bateaux qui séjourne à l’entrée d’un port. S’agit-il d’une flotte de guerre se préparant à l’assaut ou d’un plus lucratif départ en expédition commerciale ?  Les éléments présents n’ont pour le moment pas permis de le déterminer, car nous sommes dans le contexte de la Guerre de Quatre-vingt ans mais également dans un moment d’expansion commerciale important.

Bonaventure Peeters meurt le 25 juillet 1652 dans le village d’Hoboken (en Belgique) où il s’était retiré à cause de sa santé délicate, il n’avait que 38 ans. Son fils Bonaventura II devient également peintre de paysage, mais préfère les rivières et les canaux.

 

Envie d’en savoir plus sur la peinture de marine ? Retrouvez l’article de l’historienne de l’art Eléonore Dérisson consacré aux marines de la collection du musée en cliquant ici !

“Le petit escargonaute” un conte kamishibaï au musée

 

Le musée vous propose, le jeudi 22 juillet de 15h à 16h, de partir à l’aventure avec la comédienne Chloé Duong de la Compagnie Le Compost. Cette artiste polyvalente vous contera « les aventures gourmandes d’un petit gastéropode, qui à force de manger deviendra le premier escargot lunaire de l’histoire, grâce à un prout coincé dans sa coquille! Profitant d’une sieste au soleil, la dilatation du gaz lui fait atteindre des sommets, pour un voyage spatial extraordinaire. Du potager à un jardin d’étoiles, des carottes aux anneaux de saturne, il n’est pas au bout de ses surprises… ».

Cette animation se fera dans le cadre du projet culturel « Que fait-on dans l’Aisne ». Initié pendant la pandémie par Madame Fatima Bendif, directrice de maison de la culture et des loisirs de Gauchy et Agnès Renaud, de la Compagnie l’Esprit de la Forge, ce projet a pour mission de créer du lien entre les différents acteurs culturels du département, les compagnies théâtrales et la population. Piloté par la ville de Gauchy, « Que fait-on dans l’Aisne » est financé par le département de l’Aisne, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et la région des Hauts de France.
Après des centres sociaux, de loisirs, des villes, des bibliothèques, des médiathèques, des EHPAD, des IME et des foyers médicalisés, le musée Jeanne d’Aboville est la première institution muséale à s’inscrire dans ce cet ambitieux projet !

N’hésitez plus, et réservez pour que vos enfants puissent profiter de ce nouveau voyage au musée Jeanne d’Aboville.

En bref :
Conte kamishibaï “Le petit escargonaute”
Illustration et interprétation Chloé Duong
Texte Catherine Bernadoux et Chloé Duong
co-production compagnie Le Compost

Jeudi 22 juillet de 15h à 16h
Public : enfants de 4 à 12 ans (accompagnés de leurs parents)
Tarif : Gratuit
Réservation obligatoire auprès du musée au 03.23.56.71.91

Dryade, Napoléon et duel qui tourne mal…

Aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire d’Antoine Dubost, né le 16 juillet 1769 à Lyon.

Antoine Dubost a un destin singulier : monté à Paris pour ses études, il se retrouve à servir dans l’armée révolutionnaire française. Il parvient au grade de capitaine-adjoint du Génie avant de donner sa démission en 1796 pour poursuivre une carrière artistique. Il suit une formation prodiguée par François-André Vincent, l’un des principaux rivaux de Jacques-Louis David.

Il expose au Salon dès 1799. Il s’y distingue tout particulièrement en 1804, où l’une de ses toiles rejoint la Collection privée de Napoléon Ier : il s’agit d’une scène pastorale (avec des bergers), dont le sujet est tiré de l’Idylle d’Amyntas, un conte bucolique de Salomon Gessner, poète suisse qui relança le genre idyllique par ses poèmes et historiettes. La scène saisie par Dubost évoque le destin du berger Amyntas qui, par son aide désintéressée apportée à une dryade (une nymphe protectrice des arbres), reçoit la santé et la protection de ses troupeaux, dons symbolisés par une corbeille pleine de fruits mûrs pour renvoyer à l’Abondance.

photo : Franck Boucourt/ACMHDF

Cette scène pastorale, peinte par Dubost, est saisie avec le reste de la collection impériale lors de l’abdication de Napoléon et rejoint les Collections du Louvre. Le musée parisien placera ensuite cette toile en dépôt au musée de La Fère, alors nouvellement fondé, en 1872, où vous pouvez l’admirer en salle de peinture française.

Après avoir tenté sa chance entre 1806 et 1813 en Angleterre, Dubost revient à Paris où il est surtout connu pour ses représentations de chevaux de course. En 1825, suite à un différend avec l’un de ses voisins, Dubost participe à un duel où il sera mortellement blessé au cœur. Transporté chez lui, il meurt le 6 septembre 1825.

Roestraten, un peintre et un orfèvre…

Il y a 321 ans nous quittait un grand peintre du Siècle d’or hollandais : Pieter Gerritsz van Roestraten.


Elève de Frans Hals dont il épousa la fille en 1654, il vécut à Harlem et Amsterdam avant de déménager à Londres à une date incertaine entre 1660 et 1666, où il sera grièvement blessé lors du grand incendie de la ville. On suppose qu’il a été présenté au roi Charles II par l’intermédiaire du peintre Peter Lely, un autre néerlandais, installé à Londres et spécialiste des portraits. Roestraten abandonna sa spécialité d’alors, les scènes de genre, pour se consacrer aux natures mortes, mettant en scène principalement des orfèvreries et des matières précieuses. Ces natures mortes d’apparat rencontrent un grand succès par le talent de Pieter Gerritsz van Roestraten à rendre les textures sur les métaux et les bijoux. Il va souvent représenter les mêmes objets en changeant seulement la composition pour mettre en exergue un aspect plutôt qu’un autre selon l’effet recherché.

Photo Franck Boucourt

Le musée possède de ce peintre une majestueuse nature morte aux orfèvreries qui montre ce goût pour les objets récurrents car le grand pot à couvercle en argent orné de mascarons et de décors végétaux travaillés au repoussé se retrouve comme sujet principal de deux autres natures mortes conservées au Rijksmuseum et au Victoria and Albert Museum de Londres. Pour découvrir l’œuvre laféroise du peintre, il faudra vous rendre à l’exposition du Musée de la Nacre de Méru « Coquillages, de la science au kitsch » visible jusqu’au 2 janvier 2022.
Roestraten meurt le 10 juillet 1700 et est enterré à Londres.