Le détail du mois de juin vous présente le fossile d’un animal aujourd’hui disparu mais qui a été présent dans les océans durant des millions d’années : l’ammonite. Il s’agit d’une espèce de mollusque céphalopode (qui a des tentacules reliés à sa tête) à la coquille enroulée, qui pouvait mesurer de quelques millimètres à deux mètres de diamètre.
Espèce très répandue dans les océans, le fossile ici présenté sert souvent de marqueur chronologique car il permet de dater aisément les couches de sol dans lesquelles il se trouve. Connus depuis l’Antiquité, les fossiles d’ammonites doivent leur nom au fait qu’ils évoquaient pour les hommes d’alors des cornes de béliers. Pline l’Ancien parle d’Ammonis cornua (corne d’Ammon) à leur propos parce que le dieu égyptien Ammon était généralement représenté portant des cornes de bélier.
Vous pouvez découvrir ce fossile dans son intégralité à l’occasion des Journées de l’Archéologie les 15 et 16 juin où il sera exposé avec d’autres pièces inédites des réserves ! On vous propose à cette occasion de suivre une conférence le dimanche 17 juin à 16h, animée par François Duchaussois, secrétaire de la Société Laonnoise et Axonaise de Paléontologie pour mieux connaitre les fossiles !
Un goût de Grand Siècle avec Bon Boullogne
Cette semaine est revenu de l’atelier de la restauratrice Florence Adam un très beau tableau mythologique, attribué au peintre Bon Boullogne.
Bon Boullogne, dit Boullogne l’aîné, (Paris,1649 – 1717), est un peintre et graveur français qui travailla pour le roi Louis XIV. D’abord élève de son père, Bon Boullogne montra de bonne heure de grandes dispositions pour la peinture et remporta le Premier prix de Rome en 1669. Boullogne demeura cinq ans à Rome, où il réalisa surtout des copies d’œuvres célèbres, en particulier quelques fresques de Raphael destinées à être reproduites en tapisseries aux Gobelins. Il eut, par la suite, l’occasion de tromper avec ses imitations, les plus habiles connaisseurs.
Sa peinture est marquée pour le goût pour le thème de la mythologie, comme notre oeuvre en témoigne. Néanmoins nous n’avons pas pour le moment identifié totalement l’épisode représenté même si plusieurs symboles donnent quelques pistes.
La déesse, placée en majesté au centre du tableau, est sans doute une représentation de la déesse Cybèle, divinité d’origine phrygienne adoptée par les Grecs et les Romains, personnifiant la nature sauvage. On l’identifie grâce au lion couché qui garde son trône : selon les mythes, il symbolise le fait que la déesse fut abandonnée à la naissance et recueillie par un lion ou bien évoque l’épisode d’Atalante et d’Hippomène, héros grecs punis pour avoir copulé dans son temple, qui furent transformés en fauves. Cybèle est la protectrice des enfants et des animaux sauvages, qui animent le premier plan du tableau.
Cybèle dispose des clés de la terre donnant accès à toutes les richesses et elle est souvent représentée accompagnée par des allégories de saisons dans la peinture de la période moderne. On peut donc penser que les divinités présentées autour d’elle sur ce tableau ont également cette fonction :
- La femme à gauche, visiblement la déesse Cérès, que l’on représente souvent avec une faucille à la main, est assise sur une botte d’épis fraîchement coupés : elle symbolise l’été et la saison des moissons. Cérès est d’ailleurs la déesse de l’agriculture, des moissons et de la fertilité. Elle est associée à la déesse grecque Déméter.
- Une autre femme est présentée à droite, une guirlande de fleurs sur les genoux : il s’agit sans doute d’une déesse rapprochée du Printemps, soit Flore, déesse de la floraison des fleurs, soit Perséphone (Proserpine pour les Romains), fille de Cérès, Déesse des saisons et de la germination des plantes.
- Une figure féminine se trouve près du bord droit du tableau, moins éclairée que les deux précédentes : il s’agit vraisemblablement d’une évocation de l’automne, comme l’évoque la pomme qu’elle tient dans la main, fruit dont la récolte annonce la morte saison. On pourrait être tenté de la rapprocher de la déesse Discorde, célèbre pour sa “pomme de discorde”, mais il s’agit plutôt ici d’une évocation de Carpo, la déesse des fruits, fille de Flore et suivante de Perséphone.
- Enfin l’un des personnages masculins derrière Cybèle pourrait symboliser l’Hiver. Pour le premier derrière la déesse, on peut penser au dieu des Enfers Hadès (Pluton pour les Romains), mari de Perséphone. En effet, la déesse Perséphone se retire aux enfers pour l’hiver, ce qui pourrait expliquer le geste d’invite que semble faire le personnage masculin. Le deuxième personnage masculin est quand à lui plus facilement identifiable avec sa couronne de vigne et sa peau de bête : il s’agit de Dionysos (Bacchus pour les Romains) qui symbolise peut-être la renaissance prédite après l’hiver car il a connu la mort et la renaissance : son mythe est parfois vu comme une allégorie des saisons en tant que héros qui meurt et renaît périodiquement.
Cette lecture de l’oeuvre reste néanmoins hypothétique car la taille de la toile a été modifiée après son achèvement. On peut voir sur la gauche un personnage incomplet, tenant une coupe et un thyrse (bâton entouré de vigne et de lierre et surmonté d’une pomme de pin) qui renvoie à Dionysos également.
Vous pourrez venir le redécouvrir au musée dans quelques semaines en section française quand il sera ré-encadré, pour vous faire votre propre idée sur l’interprétation mythologique qu’on pourrait en donner !