Détail du mois d’août : Vierge, faussaire et couronne…

Ne vous fiez pas à l’aspect vaguement médiéval du détail du mois d’août car il s’agit vraisemblablement de l’œuvre d’un faussaire allemand du XIXe siècle ! On parle alors de « faux » car il s’agit de faire passer ce tableau pour une œuvre ancienne et originale, et non pas un peintre imitateur cherchant à copier le style.
Il représente l’Adoration des Mages dans un style proche du Gothique international, une phase tardive de l’art gothique au XVe siècle, qui laissera peu à peu sa place au style Renaissance.

Le faussaire ici reprend les codes de ce style, notamment dans l’exaltation de la figure féminine, inspirée de l’esthétique courtoise. La Vierge y est représentée avec un grand front typique des critères aristocratiques de beauté médiévaux. Elle est également représentée avec une couronne, pour renvoyer à la tradition de la Vierge Marie, couronnée aux Cieux. Le thème est présent à partir du Moyen-Âge, mais ne fait pas l’objet d’un dogme reconnu par l’Église. Cette couronne, symbole de puissance, évoque à la fois le fait que Marie est choisie par Dieu et son lignage royal, car elle est une descendante du roi David. Cet accessoire implique que la Vierge, mère de Dieu, sans être elle-même divine, est placée par Dieu au-dessus de toutes les créatures, anges, démons et hommes.

Si la thématique de la Vierge vous intéresse, la Compagnie Hymnalaya vous propose deux lectures théâtrales de « Gaby, ou le pardon de Marie » au musée les 11 et 15 août à 15h30. Attention c’est uniquement sur réservation !

Une lecture théatrale pour l’Assomption

Après une première intervention en juin pour inaugurer l’ouverture de la nouvelle exposition Instants suspendus, la compagnie théâtrale professionnelle laonnoise Hymnalaya revient au musée Jeanne d’Aboville pour proposer cette fois une visite mêlant l’observation des peintures avec celle de la performance théâtrale. Ils proposeront deux représentations d’un ensemble d’extraits de leur pièce Gaby, ou le pardon de Marie, établissant quelques audacieuses correspondances avec les peintures des Collections à l’occasion de la fête de l’Assomption de la Vierge. Suite à cette heure théâtrale, le public sera invité à apprécier les nombreuses peintures religieuses du musée. En effet, la Vierge Marie est une figure importante dans l’iconographie, et elle est présente sur pas moins de 10% des tableaux du musée !
La compagnie Hymnalaya et ses deux acteurs Lucie Geloën et Bernard Namura porteront par la lecture théâtrale un regard inédit sur les collections, avec des passages écrits pour l’occasion. Un événement à ne rater au moins d’août pour les mordus de théâtre, les passionnés d’art ou les curieux qui ont envie de découvrir le musée autrement !

Les intervenants

droits réservés : Compagnie Hymnalaya

La Compagnie « Hymnalaya », avec son répertoire de théâtre à deux, une comédienne et un comédien, pouvant certes interpréter l’une et l’autre plusieurs personnages, signe sa démarche artistique, naturellement tournée vers la création permanente. La symbolique hymnalayenne relève d’une volonté des artistes de conjuguer dans leurs créations des thèmes d’une grande actualité, d’un indéniable universalisme et d’une non-moins incontestable spiritualité, le tout dans une simplicité n’excluant pas la virtuosité et dans une multitude de contextes se prêtant à cette trilogie permanente.
www.hymnalaya.fr

En bref :
11 et 15 août à 15h30 : visites théâtrales sur le thème de la Vierge Marie
Tarif : 5€
Réservation obligatoire auprès du musée au 03 23 56 71 91

16 avril 1755, une portraitiste est née…

Le 16 avril 1755 naissait à Paris Louise-Élisabeth Vigée, fille de Louis Vigée, pastelliste, et promise à un grand avenir. Dès ses six ans, son talent précoce pour le dessin s’exprime : dans ses cahiers, sur les murs du couvent où elle reçoit son éducation. C’est à cette époque que Louis Vigée s’extasie un jour devant un dessin d’homme barbu de sa petite fille prodige. Il prophétise dès lors qu’elle sera peintre.

Louise Élisabeth Vigée Le Brun, Autoportrait de 1790 (Florence, Corridor de Vasari)

Après le décès de son père, Gabriel-François Doyen, ami de la famille encourage Elisabeth à persévérer dans le pastel et dans l’huile ; conseil qu’elle suivra et deviendra la plus grande portraitiste de son temps, souvent comparée à Quentin de La Tour ou Jean-Baptiste Greuze.

Son art et sa carrière exceptionnelle en font un témoin privilégié des bouleversements de la fin du XVIIIe siècle, de la Révolution Française et de la Restauration. Fervente royaliste, elle sera successivement peintre de la cour de France, de Marie-Antoinette et de Louis XVI, du Royaume de Naples, de la Cour de l’empereur de Vienne, de l’empereur de Russie et de la Restauration.

Le musée de La Fère possède un portrait réalisé par cette artiste, celui de Madame Adélaïde. Vous pouvez le retrouver sur youtube également.

Portrait de Madame Adélaide par Elisabeth Vigée-Lebrun

Des dix enfants de Louis XV, seulement deux ont survécu à la Révolution : ses filles Adélaïde et Victoire. Ce portrait d’Adelaïde (1732-1800) fut réalisé alors que celle-ci s’était exilée en Italie en 1791, rejoignant l’ancien palais de l’ambassadeur de France au Vatican.

Ce tableau à la fois sobre dans sa composition et rappelant des fastes royaux disparus par la finesse du rendu des étoffes témoigne de l’état d’esprit mélancolique qui devait sans doute habiter son modèle, qui mourra en exil quelques années plus tard à Trieste.

Élisabeth Vigée Le Brun meurt à Paris à son domicile de la rue Saint-Lazare le 30 mars 1842.

Joyeux anniversaire il Padovanino !

Il y a 433 ans, naissait à Padoue le petit Alessandro Varotari, connu plus tard sous son nom d’artiste Il Padovanino. Fils de l’architecte et peintre Dario Varotari l’Ancien, il fut l’élève de son père, qui s’occupa de la formation de Chiara Varotari (1584 – 1663), sa sœur elle aussi peintre. Il fut par la suite élève d’un disciple de Titien, Damiano Mazza, et les peintures de ses débuts montrent l’influence du Maitre vénitien.

En 1614, il emménage d’ailleurs à Venise, mais voyage également à Rome à deux reprises (vers le milieu de l’an 1610 et en 1625), où il a été souvent employé dans la production de copies de grands tableaux des artistes de la Renaissance classique. Son style influencé par le maniérisme tardif cherche néanmoins l’inspiration dans la gamme chromatique propre à la peinture vénitienne et annonce le baroque.

Portrait gravé d’Alessandro Varotari paru dans Het Gulden Cabinet de Cornelis de Bie (1662)

Le musée possède un joli exemple de la production de ce peintre : l’Allégorie de la Charité. Le sujet allégorique est ici rendu à l’essentiel par un cadrage très serré et une gamme de couleurs limitée. La figure féminine allaite un enfant en même temps qu’elle joue avec un autre, plus âgé et juché sur ses épaules. Loin des codes qui prévalent dans ce genre de scène, la Charité de Padovanino est une célébration prosaïque de l’amour filial, inspirée sans doute des exemples vus durant ses voyages, notamment à Rome. Il a traité à diverses reprises ce thème.

Il meurt à Venise en 1648, s’affirmant jusqu’au bout comme un continuateur du Titien.

L’œuvre est actuellement en dépôt à la Préfecture de l’Aisne.

L’école hollandaise du XVIIe siècle

Dans un intérieur rustique cinq élèves attendent la leçon de leur professeur assis à son pupitre. Alors qu’un enfant s’approche, le maître regarde par la fenêtre avec un air de lassitude, évoqué par sa position ramassée et sa tête posée négligemment sur sa main. Cette attitude s’oppose à la concentration du garçon blond à gauche de la composition, absorbé dans sa lecture. Une fillette portant un chien sur ses genoux se retourne et fixe l’observateur du tableau, prenant celui-ci à témoin du désintérêt de son professeur. Il s’agit d’une scène facétieuse destinée à distraire les spectateurs.

Ce tableau est l’œuvre de Harmen Hals (Haarlem, 1611 – Haarlem, 1669) l’aîné des fils de Frans Hals (Anvers, 1582/1583 – Haarlem, 1666) et de sa première épouse Anneke Harmensdr. Lui et quatre de ses demi-frères deviendront peintres après une formation dispensée par leur père. Le peintre a laissé une production majoritairement composée de tableaux représentant des scènes populaires.

Si quelques familles riches engagent des “pédagogues” pour diriger les études de leurs enfants, la plupart des bambins fréquentent les “petites écoles”. Les Pays-Bas ne possédaient aucun organisme central chargé d’administrer ou de contrôler l’enseignement, l’organisation des petites écoles, l’équivalent de nos écoles primaires et maternelles, était de l’initiative de particuliers ou d’associations privées qui agissaient avec l’approbation municipale. L’école à l’époque est souvent une annexe de l’église, et les écoles maternelles se trouve directement dans l’habitation de l’institutrice. Les écoles de village peuvent être installées dans des granges ou des étables, alors qu’en ville la population a accès à de véritables écoles avec des pupitres, des bancs, et du chauffage.

Dans les villes, des guildes de maîtres d’école se forment et exercent une surveillance sur le contenu des enseignements. Néanmoins beaucoup de parents se plaignent du faible niveau de ces maître d’école, un rapport de 1611 décrit des professeurs incapables de nommer correctement les lettres de l’alphabet ! Ce n’est qu’en 1665 qu’une ordonnance exigera des maîtres d’école une connaissance correcte de l’écriture et de la lecture. Malgré ses défauts, les petites écoles hollandaises vont permettre une large alphabétisation de la population, qui présente le meilleur taux d’Europe à cette époque.

Les écoles maternelles sont tenues par des femmes qui exerce d’autres profession en même temps telles que couturières ou dentellières. Cette école est fréquentée par des enfants de trois  à sept ans.   L’enseignement s’y limite généralement à l’apprentissage des prières et de l’alphabet.

Le programme de l’enseignement de l’école se réduit a l’histoire sainte, la lecture l’écriture et au calcul. L’arithmétique élémentaire à cause de son importance commerciale fait l’objet d’un soin particulier de la plupart des maîtres. L’écriture et en savoir prestigieux et la calligraphie un véritable art esthétique. La renommée des maîtres hollandais en la matière dépassera les frontières du pays.

 

Nous remercions Eléonore Dérisson pour sa contribution scientifique à cet article.

Détail du mois de mars : vierges, lumière et maniérisme

Le détail du mois de mars provient d’un tableau flamand Les vierges sages et les vierges folles, œuvre de Martin de Vos. Né en 1532 à Anvers, où il meurt le 4 décembre 1603, Martin de Vos se spécialise dans les sujets religieux, allégoriques, historiques et de portraits, qu’il mêle fréquemment.
Comme nombre de peintres de son temps, il s’est rendu en Italie où il a résidé entre 1550 et 1558. Après ce voyage, Martin de Vos se définit comme un Romaniste, terme qui désigne les artistes étrangers, et plus particulièrement les artistes nordiques, ayant étudié et travaillé à Rome au XVIe siècle. L’œuvre de De Vos montre une forte influence des couleurs des Vénitiens : il aurait en particulier travaillé dans l’atelier du Tintoret à Venise qui l’initie à l’art maniériste. Le maniérisme se caractérise par des lignes sinueuses et un allongement totalement exagéré des corps, dont ce détail présente un bel exemple avec la silhouette portant une robe rose et bleue.
Ce tableau représente la parabole des dix vierges, que l’on trouve dans l’Evangile selon Mathieu : on y voit dix fiancées qui attendent leur époux, éclairées par des lampes : cinq vierges sages ont pris de l’huile pour alimenter leur lampe, symbolisant la Foi ou les Vertus en fonction des interprétations des exégètes, cinq autres vierges n’ont pas pris d’huile pour leur lampe et se retrouvent perdues dans l‘obscurité. On voit sur le détail les cinq vierges sages qui, éclairées par leur lampe, trouvent la porte du banquet de mariage, et sont accueillies par l’Epoux, symbolisant un mariage spirituel avec Dieu ou son Eglise.
Vous pourrez découvrir le reste du tableau à la réouverture du musée dans la salle consacrée aux peintres anversois !

Le portait de madame Adélaïde à l’honneur

Pour clôturer la petite série de vidéos YouTube consacrées aux portraits de l’exposition la Peinture dévisagée, on finit avec unE artiste, l’excellente Elisabeth Vigée-Lebrun !
Vous pourrez découvrir dans la vidéo le portrait sensible qu’elle livre de madame Adélaïde, l’une des filles de Louis XV, célèbre dans la région puisque le Chemin des Dames est nommé en référence à elle et sa sœur !
Pour découvrir la vidéo, cliquez le portrait :

Départ en restauration du portrait de Jeanne d’Aboville

Le portrait de Jeanne d’Aboville qui présentait d’importants problèmes structurels mettant en péril sa conservation, est parti en restauration il y a deux jours.

Les restauratrices Tatiana Ullois et Marie-Paule Barrat vont veiller sur cette vieille dame de plus de  170 ans pour qu’elle puisse revenir au musée en pleine forme !

Retrouvez le reportage vidéo réalisé par France 3  à l’occasion du départ via le lien suivant. Il faudra mettre le journal du 29 septembre, vers 12m40.

La restauration du portrait de Jeanne d’Aboville est intégralement financée par l’Association des amis du Musée Jeanne d’Aboville, n’hésitez pas à rejoindre ses membres en adhérant à l’association via le bulletin d’inscription suivant.

Détail du mois d’août : bientôt l’Assomption..

Le détail du mois est consacré à une copie ancienne d’une œuvre de Gaudenzio Ferrari, peintre, sculpteur et architecte italien actif en Lombardie dans la première moitié du XVIe siècle, et très influencé par Léonard de Vinci. Cette copie représente les lamentations du Christ, épisode de la Déploration, quand le cadavre de Jésus est décroché de la croix et posé près de sa mère en pleurs. l’original est visible au Musée des beaux-arts de Budapest.

Cet événement de la Passion a donné lieu à de multiples interprétations iconographiques à partir du Haut Moyen Âge en Occident, où les artistes ont cherché à fixer les expressions d’affliction, de manière plus ou moins spectaculaire. Ici Ferrari choisit un cadrage resserré pour mieux mettre l’accent sur les visages, avec celui du Christ défunt, le corps soutenu par sa mère Marie. La femme à gauche, vêtue de couleurs vives, est Marie-Madeleine, une des rares témoins des derniers instants du Christ. Le visage de Marie, représenté en larme, illustre le thème de la Vierge de Pitié, souvent présent dans les pietà, au cadrage encore plus serré.

Pour découvrir l’ensemble de cette œuvre, il faudra participer aux visites de l’Assomption du 10 au 15 août 2020, elle fera partie des pièces inédites qui seront présentées lors de cette visite thématique sur l’iconographie de la Vierge !