En cette journée mondiale des chiens, voici un détail de la Halte durant la chasse de Jean-Baptiste Lallemand (1716-1803), peintre paysagiste français également connu pour ces eaux-fortes. Le détail vous présente une partie de la meute qui accompagnait à la chasse la noblesse. Il s’agit visiblement de chiens courants, c’est-à-dire destinés à poursuivre le gibier, de type anglo-français. On désigne par anglo-français plusieurs races de chiens de chasse issues de l’alliance de chiens anglais et français dont la sélection et le croisement été réalisé à partir du XVIe siècle.
Animal familier par excellence avec le chat, il n’a pas le rôle ambivalent qu’on attribue souvent à celui-ci. Le chien apparaît avant tout comme un symbole de fidélité et de dévouement. Il matérialise souvent le lien fort qui peut lier l’Homme à l’animal dans une proximité plus immédiate que celle des animaux de bat ou les troupeaux.
Loin de se limiter aux chiens de berger, la collection présente une assez large variété de race canines, aux spécialisations marquées. Un grand tableau jouant sur un clair-obscur intense nommé la Querelle de chiens nous présente notamment un couple de molosses, se disputant de la viande tombée d’une table sous l’œil catastrophée d’une servante. Œuvre pour le moment anonyme, on l’a longtemps pensé de l’école hollandaise avant qu’on ne la suppose plutôt allemande, avec une datation proposée du XVIIe siècle. Présentant un profil musculeux et une mâchoire puissante, ces deux chiens qui se disputent la nourriture, préfigurent nos actuels pit-bulls. Présents dès l’Antiquité et très utilisés au Moyen-Age, les chiens de combats ont souvent été croisés avec des chiens de bergers pour obtenir des bouviers, répondant à la fois à la fonction pastorale et de garde, et pouvant défendre les troupeaux bovins.
A l’opposé de ces chiens de travail, plutôt destinés au peuple, on trouve aussi des chiens d’agréments, symbole de confort paisible au sein du foyer bourgeois tel qu’il se développe principalement en Flandres et au Pays-Bas. On trouve également dans la collection des chiens dont le rôle de marqueur social est important : les lévriers. Figurant parmi les plus anciennes races connues (des évangiles apocryphes les mentionnent sur l’arche de Noé), leur profil n’a que peu évolué et est facilement identifiable. Chien destiné à la chasse, il est l’apanage des nobles, notamment dans les contrées vivant sous contrôle espagnol où il faut avoir des quartiers de noblesse pour en posséder. Figurant sur différents tableaux de la collection, on peut citer le tableau Allégorie du goût, production de l’atelier Breughel, où deux lévriers, au profil proche des actuels greyhound anglais, se tiennent entre la table du festin et le gibier issu de la chasse pour marquer leur fonction.
Le sujet extrêmement riche de la représentation du chien s’inscrit dans la volonté de caractérisation de l’animal qu’on voit apparaître durant la Renaissance et qui va concerner en premier lieu les animaux auxquels les Humains prêtent le plus d’affection, voire de l’anthropomorphisme en leur attribuant des sentiments. Le premier portrait animalier en tant que tel connu dans l’Histoire de l’art a été peint en 1548 par le vénitien Jacopo Bassano : il représente les deux chiens de chasse d’un Comte, et ouvre la voie à un grand nombre d’autres portraits canins.
La Collection archéologique n’est pas en reste et livre le crane d’un chien préhistorique en excellent état de conservation. Ce Canis lupus familiaris
a été mis au jour à Vendeuil et témoigne de la familiarisation précoce du loup, premier animal à avoir été domestiqué par l’Homme, conduisant à l’apparition du Chien. Le chien est la seule espèce domestiquée au cours du Paléolithique. Le plus ancien chien découvert est le chien de l’Altai, un canidé domestique de Sibérie qui aurait vécu il y a 33 000 ans.