Conférence Les primitifs allemands au coeur de l’Europe

Le musée Jeanne d’Aboville vous propose une nouvelle conférence pour explorer ses collections et découvrir davantage les grands jalons de l’Histoire de l’Art.
Au coeur de l’Europe, de Vienne à Hambourg et de Cologne à Nuremberg, des artistes ont peint d’admirables tableaux pour orner les églises et les demeures des patriciens. Leurs productions sont aujourd’hui peu connues mais elles
possèdent une profonde originalité. Empruntant parfois des caractéristiques à l’art d’autres écoles, elles révèlent de la part de leurs créateurs un grand souci d’expressivité et d’authenticité. La présentation sera l’occasion d’en savoir
davantage sur deux tableaux exposés au premier étage du musée de La Fère.

Saint Acace et les dix-mille martyrs, anonyme allemand de la fin du XVe siècle

La conférencière

Isabelle Dubois-Brinkmann est conservatrice en chef du patrimoine et pensionnaire à l’INHA depuis novembre 2019 dans le domaine de l’Histoire des
collections. De 2004 à 2019, elle est conservatrice au musée des Beaux-Arts de Lyon, puis aux musées de l’Impression sur étoffes, du Papier peint et des Beaux-Arts de Mulhouse.
Elle a publié sur de nombreux sujets correspondant à ces différentes fonctions. La peinture allemande du Moyen-Âge et de la Renaissance constitue son principal champ d’études.

Infos pratiques

La conférence se déroulera le mercredi 26 octobre 2022 à 18h à l’espace Drouot, situé Rue des Bigors à La Fère.
Durée approximative : 1h, ouverture des portes à 17h30.
L’entrée est gratuite et la réservation n’est pas nécessaire.
Le musée sera ouvert préalablement à la visite de 14h à 17h30 au tarif habituel.

Détail du mois d’avril : roseau, Passion et mains…

Le détail du mois vous présente une copie sur bois d’Ecce homo, œuvre de Andrea Solario (1460 – 1524), sans doute exécutée par un artiste nordique du XVIe siècle. Si l’original se trouve au musée des Beaux-arts de Leipzig, d’autres copies, très proches de notre version sont visibles au musée de Dijon et au musée du Louvre.

Ecce homo est une expression latine signifiant « voici l’homme » qu’aurait employé Ponce Pilate pour désigner Jésus lorsque celui-ci est présenté à la foule, après sa flagellation. Il est alors représenté avec une cape, la couronne d’épine et un sceptre de roseau pour singer des attributs royaux, d’où provient la dénomination également de Christ au roseau.
L’utilisation d’un roseau n’est pas anodine car il renvoie à la présence de Dieu, et le bruissement du vent sur la végétation en était une manifestation auditive. C’est également un des outils de la Passion du Christ car les soldats romains le frappent avec ce sceptre dérisoire. La Passion est également évoquée par les traces laissées par la flagellation et les liens qui entravent Jésus.
Le Christ au roseau a été beaucoup représenté par les artistes de la Renaissance qui ont cherché à fixer une expression de tristesse et de renoncement, également perceptible par le langage corporel : les mains entravées figurent l’abattement.

Ce tableau, provenant des réserves, sera présenté exceptionnellement au mois d’avril, venez le découvrir !

Bon voyage Marie-Madeleine !

Madeleine en prière, Jan Massys
MJA 336 bois, 91 x 73

La somptueuse Madeleine repentante de Jan Massys est partie hier pour le musée San Domenico de Forli (Italie) pour l’exposition Marie-Madeleine, le mystère et l’image, du 27 mars au 10 juillet 2022 (MADDALENA. IL MISTERO E L’IMMAGINE).

Représentant flamand du courant maniériste à tendance fortement italianisante, Jan Massys dévoile ici son goût pour les visages de madones italiennes et l’influence de l’école de Fontainebleau par la solidité du corps.

Travaillant à Anvers dans l’atelier de son père Quentin Massys, il fut accusé d’hérésie et banni comme protestant en 1544. Il voyagea alors en Italie et en France pour ne revenir à Anvers qu’en 1558.

Ses thèmes de prédilection sont les peintures religieuses et mythologiques. Ici il représente Marie Madeleine lisant les Saintes Ecritures, elle est reconnaissable à ses attributs traditionnels, le pot de parfum qu’elle a déversé sur les pieds du Christ et la fleur de muguet, symbole de modestie. Les coloris sont éminemment nordiques par la gamme de bruns et de bleus qui rappelle la production de Joachim Patinier, alter ego de Durër en Flandre.

Confrontation/Inspirations, c’est lancé !

L’exposition Confrontation/Inspirations a été inaugurée hier et nous remercions les nombreuses personnes venues saluer le travail de Gabriel Martinet, en admirant au passage les œuvres du musée.

Marie-Noëlle Vilain, Maire de La Fère, inaugure l’exposition.

L’inauguration a été suivie d’une visite en compagnie de l’artiste, qui a montré le lien qu’il faisait entre sa production et les œuvres du musée qui l’ont inspiré. Vous pouvez également participer à une visite en compagnie de l’artiste dans les semaines à venir (cliquez ici pour plus de renseignement).

Gabriel Martinet et le “face à face” des homards

Un exposition “bonus” est également à découvrir à la bibliothèque municipale (Espace Drouot, Rue des Bigors, La Fère), l’artiste ayant également investi les lieux pour présenter un cycle de peintures sur le thème de l’Apocalypse.

La bibliothécaire vous accueillera pour découvrir le cycle de l’Apocalypse exposé à l’espace Drouot

La Bibliothèque est ouverte les mercredis de 8h à 12h et de 14h à 18h. Entrée gratuite.

Détail du mois de décembre : cuivre, nimbe et évasion de prison…

Le détail du mois de décembre provient d’une curieuse petite huile sur cuivre qui a la particularité d’être peinte sur les deux faces ! Le détail choisi vient de la face représentant la délivrance de saint Pierre, copiée d’après la gravure de Michel Dorigny en 1638 qui s’inspire lui-même d’un tableau de Simon Vouet, aujourd’hui disparu mais que nous connaissons par un dessin préparatoire.

Ce tableau représente l’épisode décrit dans les actes des Apôtres où Pierre, arrêté par le roi Hérode, réussit à s’enfuir de sa prison guidée par un ange qui fait tomber ses chaines et ouvre les portes devant lui alors que tous les gardes sont miraculeusement endormis.

L’ange n’est pas sans rappeler les représentations nombreuses que l’on trouve au moment des fêtes de Noël. Personnage positif, il est à la fois le symbole de l’intervention divine et du dénouement d’une situation compliquée. Sa représentation ici est relativement archétypale : muni d’un visage aux traits doux, il est blond, androgyne et ailé. Il est également entouré d’un nimbe flamboyant, qui se diffuse en rayons autour de lui : le nimbe est une représentation artistique visant à matérialiser la lumière de nature spirituelle qui émane des êtres liés au divin. De sa représentation découle l’auréole que l’on retrouve au-dessus de la tête des saints.

Ce tableau est inédit dans nos réserves mais son état de conversation ne permet pas de le présenter pour le moment. D’autres tableaux vous attendent au musée, en particulier ceux d’Instants suspendus, visibles jusqu’au 15 décembre 2021 ! Dépêchez-vous !

Une lecture théatrale pour l’Assomption

Après une première intervention en juin pour inaugurer l’ouverture de la nouvelle exposition Instants suspendus, la compagnie théâtrale professionnelle laonnoise Hymnalaya revient au musée Jeanne d’Aboville pour proposer cette fois une visite mêlant l’observation des peintures avec celle de la performance théâtrale. Ils proposeront deux représentations d’un ensemble d’extraits de leur pièce Gaby, ou le pardon de Marie, établissant quelques audacieuses correspondances avec les peintures des Collections à l’occasion de la fête de l’Assomption de la Vierge. Suite à cette heure théâtrale, le public sera invité à apprécier les nombreuses peintures religieuses du musée. En effet, la Vierge Marie est une figure importante dans l’iconographie, et elle est présente sur pas moins de 10% des tableaux du musée !
La compagnie Hymnalaya et ses deux acteurs Lucie Geloën et Bernard Namura porteront par la lecture théâtrale un regard inédit sur les collections, avec des passages écrits pour l’occasion. Un événement à ne rater au moins d’août pour les mordus de théâtre, les passionnés d’art ou les curieux qui ont envie de découvrir le musée autrement !

Les intervenants

droits réservés : Compagnie Hymnalaya

La Compagnie « Hymnalaya », avec son répertoire de théâtre à deux, une comédienne et un comédien, pouvant certes interpréter l’une et l’autre plusieurs personnages, signe sa démarche artistique, naturellement tournée vers la création permanente. La symbolique hymnalayenne relève d’une volonté des artistes de conjuguer dans leurs créations des thèmes d’une grande actualité, d’un indéniable universalisme et d’une non-moins incontestable spiritualité, le tout dans une simplicité n’excluant pas la virtuosité et dans une multitude de contextes se prêtant à cette trilogie permanente.
www.hymnalaya.fr

En bref :
11 et 15 août à 15h30 : visites théâtrales sur le thème de la Vierge Marie
Tarif : 5€
Réservation obligatoire auprès du musée au 03 23 56 71 91

Dernier détail du mois de l’année : Saint Jean et Jésus

Le détail du mois de décembre présente une œuvre plutôt rare, un tondo, que l’on doit à un peintre anonyme, connu sous le nom de maître du tondo Campana. Un tondo est un terme italien désignant une peinture de forme ronde, celui-ci représente la Sainte famille en adoration devant l’enfant Jésus.

Le maître du tondo Campana était a priori un peintre florentin, qui travailla dans l’atelier du Pérugin, célèbre artiste de la Renaissance, qui fut le maître de Raphaël. En effet, il est documenté que le Pérugin, alors à la mode, aurait loué un atelier, une bottega, à la fin du XVe siècle dans la ville de Florence, produisant principalement de la peinture dévotionnelle. 

Le tableau de La Fère illustre l’influence du Pérugin par sa manière douce et élégante, qui reprend des motifs mis au point par le chef de l’atelier.
Le détail vous dévoile une représentation de saint Jean-Baptiste, en adoration devant l’enfant Jésus. Jean-Baptiste est souvent représenté en compagnie de Jésus car la tradition en fait des cousins. Pour l’identifier, le peintre l’a vêtu de son habit d’ascète qui symbolise sa vie en tant qu’ermite, ainsi qu’un bâton crucifère renvoyant à la future crucifixion de Jésus dont Jean a eu la prémonition. Il faut aussi préciser que ce saint était fort populaire à Florence, puisqu’il était un des saints patrons de la ville.
Ce tableau, restauré en 2017, a fait l’objet au mois de novembre d’un nouveau système de fixation pour pouvoir être présenté au public dans de bonnes conditions. Vous pourrez bientôt le redécouvrir au musée Jeanne d’Aboville ! L’équipe vous souhaite une belle fin d’année.

Bonne fête aux Jérôme !

En ce 30 septembre, on souhaite bonne fête à tous les Jérôme ! C’est l’occasion de revenir sur un tableau important de la section française représentant Saint Jérôme méditant sur un crâne.

Saint Jérôme, également connu sous le nom de Jérôme de Stridon, est né vers 347 à Stridon, à la frontière de la Dalmatie, du côté de l’actuelle Croatie. Il meurt en 420 à Bethléem. Il fut moine, traducteur de la Bible, docteur de l’Église et l’un des quatre Pères de l’Église d’Occident.

Jérôme se convertit vers l’âge de 18 ans à la suite d’un rêve mystérieux et part pour la Terre sainte en 373. Il vit en ermite dans le désert à l’est d’Antioche, pour être ensuite ordonné prêtre. Le pape Damase Ier le choisit comme secrétaire et lui demande de traduire la Bible en latin. La marque de confiance que le pape lui avait accordée à cette occasion explique que l’iconographie le représente en cardinal, bien que cette fonction n’existe pas encore à cette époque.

Il meurt en 420 et ses restes sont d’abord enterrés à Jérusalem puis auraient été transférés à la basilique Sainte-Marie-Majeure, l’une des grandes basiliques de Rome.

Les représentations de Jérôme de Stridon ont très vite été présentes dans l’art occidental dès le début du Moyen Âge. On l’identifie sur l’œuvre de Vien à son manteau pourpre qui renvoie à l’habit des cardinaux. Il est représenté traditionnellement en vieillard retiré au désert alors qu’il avait entre 25 et 30 ans à cette période. Le crâne symbolise la réflexion sur la vanité des biens terrestres, en opposition à sa volonté de se concentrer sur une vie spirituelle.

Cette peinture relativement sévère s’inscrit dans une période plutôt classicisante pour le peintre, qui fut un précurseur du Néoclassicisme. Joseph-Marie Vien, né à Montpellier en 1716, est un peintre, dessinateur et graveur français. Monté à Paris en 1740, il fut, dès lors, élève de l’Académie royale. En 1743, il remporte le prix de Rome et part pour la Ville éternelle. Il découvre lors de son séjour les peintures dégagées des ruines d’Herculanum, et se passionne dès lors pour l’art antique. Après son retour d’Italie, son style devient plus sévère, mais n’est pas apprécié du public habitué à la peinture libertine de Boucher.

Il fonda une école où il forma de nombreux élèves, dont Jacques-Louis David, qui allait vraiment créer et théoriser le mouvement de retour vers l’Antiquité.

Vien meurt en 1809, Napoléon lui fait l’honneur de funérailles nationales au Panthéon, où il est le seul artiste peintre à reposer.

Départ en restauration de deux tableaux de l’exposition permanente

Ce jeudi 13 août, le guide du musée a eu le plaisir d’accueillir Florence Adam, restauratrice de tableaux, venue chercher deux œuvres du musée, confiées à ses bons soins. Ces deux tableaux présentent des problématiques au niveau de leur conservation qui nécessitent l’intervention de professionnels.

Petit remue-ménage dans la Salle des Primitifs, qui contient les plus anciennes peintures du musée car le premier tableau, une peinture du bois ayant cinq cent ans, a dû être décrochée délicatement. C’est une œuvre de Pieter Aertsen (1508-1575), surnommé Pierre le Long à cause de sa grande taille et qui fit carrière successivement à Anvers et Amsterdam. Il excellait dans les natures mortes et les scènes religieuses, comme pour le tableau du musée, représentant une Crucifixion. C’est un exemple plutôt rare de cet artiste car beaucoup de ses peintures ont disparu durant les Guerres de Religions. Ce tableau nécessite une intervention car il faut reprendre les restaurations anciennes qu’il a subi et le nettoyer. Le panneau fera également l’objet d’une intervention de Juliette Mertens, restauratrice spécialisée dans le traitement des supports en bois qui viendra notamment contrôler des fentes dans les planches et effectuer un dépoussiérage.

Le Calvaire, attribué à Peter Aertsen (Amsterdam, 1508-1575)

Le second tableau provient quant à lui de la Salle des Vanités, où l’on rencontre les célèbres natures mortes du musée. Œuvre de Nicolas Veerendael (1640-1691) artiste anversois spécialisé dans les peintures de vases floraux, elle témoigne de la dernière période de ce peintre, où il complexifie sa composition autour d’une diagonale avec un jeu subtil d’effet miroir, livrant un bouquet de fleurs exubérant et fastueux. Outre un vernis assombri qui ne permet pas d’en apprécier véritablement les couleurs, le tableau est victime de plusieurs problèmes de conservation : ayant fait l’objet de restaurations anciennes également, il a été rentoilé, c’est-à-dire que la toile d’origine a été doublée d’une seconde toile pour la renforcer. Le restaurateur spécialiste du support Emmanuel Joyerot va intervenir pour retirer cette seconde toile et la remplacer, le tableau va être déposé de son châssis pour cette opération délicate avant d’être de nouveau confié à Florence Adam qui nettoiera la couche picturale et remplacera les repeints devenus discordants.

Fruits et Fleurs, Nicolaes van Veerendael (Anvers, 1640 – 1691)

Ces deux restaurations vont durer plusieurs mois et les œuvres ne sont pas attendues au musée avant 2021. Il faudra un peu de patience avant de redécouvrir ces deux incontournables lors d’une visite…