Aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire d’Antoine Dubost, né le 16 juillet 1769 à Lyon.
Antoine Dubost a un destin singulier : monté à Paris pour ses études, il se retrouve à servir dans l’armée révolutionnaire française. Il parvient au grade de capitaine-adjoint du Génie avant de donner sa démission en 1796 pour poursuivre une carrière artistique. Il suit une formation prodiguée par François-André Vincent, l’un des principaux rivaux de Jacques-Louis David.
Il expose au Salon dès 1799. Il s’y distingue tout particulièrement en 1804, où l’une de ses toiles rejoint la Collection privée de Napoléon Ier : il s’agit d’une scène pastorale (avec des bergers), dont le sujet est tiré de l’Idylle d’Amyntas, un conte bucolique de Salomon Gessner, poète suisse qui relança le genre idyllique par ses poèmes et historiettes. La scène saisie par Dubost évoque le destin du berger Amyntas qui, par son aide désintéressée apportée à une dryade (une nymphe protectrice des arbres), reçoit la santé et la protection de ses troupeaux, dons symbolisés par une corbeille pleine de fruits mûrs pour renvoyer à l’Abondance.
Cette scène pastorale, peinte par Dubost, est saisie avec le reste de la collection impériale lors de l’abdication de Napoléon et rejoint les Collections du Louvre. Le musée parisien placera ensuite cette toile en dépôt au musée de La Fère, alors nouvellement fondé, en 1872, où vous pouvez l’admirer en salle de peinture française.
Après avoir tenté sa chance entre 1806 et 1813 en Angleterre, Dubost revient à Paris où il est surtout connu pour ses représentations de chevaux de course. En 1825, suite à un différend avec l’un de ses voisins, Dubost participe à un duel où il sera mortellement blessé au cœur. Transporté chez lui, il meurt le 6 septembre 1825.
Après une première intervention en juin pour inaugurer l’ouverture de la nouvelle exposition Instants suspendus, la compagnie théâtrale professionnelle laonnoise Hymnalaya revient au musée Jeanne d’Aboville pour proposer cette fois une visite mêlant l’observation des peintures avec celle de la performance théâtrale. Ils proposeront deux représentations d’un ensemble d’extraits de leur pièce Gaby, ou le pardon de Marie, établissant quelques audacieuses correspondances avec les peintures des Collections à l’occasion de la fête de l’Assomption de la Vierge. Suite à cette heure théâtrale, le public sera invité à apprécier les nombreuses peintures religieuses du musée. En effet, la Vierge Marie est une figure importante dans l’iconographie, et elle est présente sur pas moins de 10% des tableaux du musée !
La compagnie Hymnalaya et ses deux acteurs Lucie Geloën et Bernard Namura porteront par la lecture théâtrale un regard inédit sur les collections, avec des passages écrits pour l’occasion. Un événement à ne rater au moins d’août pour les mordus de théâtre, les passionnés d’art ou les curieux qui ont envie de découvrir le musée autrement !
Les intervenants
La Compagnie « Hymnalaya », avec son répertoire de théâtre à deux, une comédienne et un comédien, pouvant certes interpréter l’une et l’autre plusieurs personnages, signe sa démarche artistique, naturellement tournée vers la création permanente. La symbolique hymnalayenne relève d’une volonté des artistes de conjuguer dans leurs créations des thèmes d’une grande actualité, d’un indéniable universalisme et d’une non-moins incontestable spiritualité, le tout dans une simplicité n’excluant pas la virtuosité et dans une multitude de contextes se prêtant à cette trilogie permanente.
www.hymnalaya.fr
En bref :
11 et 15 août à 15h30 : visites théâtrales sur le thème de la Vierge Marie
Tarif : 5€
Réservation obligatoire auprès du musée au 03 23 56 71 91
Il y a 321 ans nous quittait un grand peintre du Siècle d’or hollandais : Pieter Gerritsz van Roestraten.
Elève de Frans Hals dont il épousa la fille en 1654, il vécut à Harlem et Amsterdam avant de déménager à Londres à une date incertaine entre 1660 et 1666, où il sera grièvement blessé lors du grand incendie de la ville. On suppose qu’il a été présenté au roi Charles II par l’intermédiaire du peintre Peter Lely, un autre néerlandais, installé à Londres et spécialiste des portraits. Roestraten abandonna sa spécialité d’alors, les scènes de genre, pour se consacrer aux natures mortes, mettant en scène principalement des orfèvreries et des matières précieuses. Ces natures mortes d’apparat rencontrent un grand succès par le talent de Pieter Gerritsz van Roestraten à rendre les textures sur les métaux et les bijoux. Il va souvent représenter les mêmes objets en changeant seulement la composition pour mettre en exergue un aspect plutôt qu’un autre selon l’effet recherché.
Le musée possède de ce peintre une majestueuse nature morte aux orfèvreries qui montre ce goût pour les objets récurrents car le grand pot à couvercle en argent orné de mascarons et de décors végétaux travaillés au repoussé se retrouve comme sujet principal de deux autres natures mortes conservées au Rijksmuseum et au Victoria and Albert Museum de Londres. Pour découvrir l’œuvre laféroise du peintre, il faudra vous rendre à l’exposition du Musée de la Nacre de Méru « Coquillages, de la science au kitsch » visible jusqu’au 2 janvier 2022.
Roestraten meurt le 10 juillet 1700 et est enterré à Londres.
C’est l’été mais le musée reste actif dans l’étude et la conservation de ses oeuvres !
David Lainé, de l’PARC (International Platform for Art Research and Conservation) est venu réaliser une étude scientifique préalable à la restauration du triptyque de l’Adoration des mages réalisée par l’atelier du peintre Pieter Coecke van Aelst.
Les panneaux du triptyque présentent des fentes dans le bois qui doivent être surveillées par l’oeil exercé d’un restaurateur, et David Lainé a étudié le phénomène par des clichés utilisant les ultra-violet et les infrarouges. Des radiographies à rayons X ont également été réalisées.
Ces investigations préalables vont permettre de réaliser u n schéma des altérations pour envisager la restauration de l’oeuvre dans de bonnes conditions.
Le détail du mois de juin est extrait d’une nature morte au lièvre, sans doute réalisée par un suiveur de Claude François Desportes, peintre français du début du XVIIIe siècle. Le détail s’attarde sur l’arrière-plan où l’on trouve le roboratif en-cas d’un chasseur, constitué de vin rouge, de vin blanc, de saucisson, de pain et d’une large tranche de fromage.
Apparentée aux scène de cuisine et au motif du garde-manger, la nature morte de chasse est l’occasion d’une caractérisation sociale qui servent les intérêts princiers et aristocratiques, en renvoyant au privilège du droit de chasse. Ces natures mortes sont généralement de grand format et destinées à des palais, ou du moins des intérieurs spacieux.
Si le pain et le vin peuvent renvoyer à l’eucharistie, il s’agit ici de fêter plus prosaïquement la nourriture paysanne, acceptable dans le contexte d’un retour de chasse dans une arrière-cuisine, mais qui ne pourrait être présenté sur une table de château, où fromage et cochonnailles sont considérés comme trop rustre pour les estomacs délicats de la noblesse. Les mets transformés peuvent néanmoins avoir une signification spirituelle, car ils sont issus de l’élevage et de l’agriculture, travail obligé d’Adam après le péché originel alors qu’auparavant il lui suffisait de cueillir les fruits du paradis.
Si les natures mortes font la part belle aux denrées alimentaires, celles-ci sont mise en valeur généralement dans des contenants : du rustique panier d’osier à la délicate porcelaine importée de Chine, les artistes ont puisé largement dans les celliers et vaisseliers pour agrémenter leurs compositions.
L’étain
Métal domestique par excellence, l’étain est le roi des tables bourgeoises au XVIe siècle, imitation bon marché des plats d’argent de la noblesse. Différents types de vaisselle du XVIe au XIXe siècle illustrent la diversité et l’évolution des usages culinaires. La channe (broc à vin à couvercle) et le grellet (écuelle) sont les formes les plus caractéristiques de cette production présente sur toutes les tables au XVIIe siècle, période à laquelle cet art atteignit son apogée.
L’étain est un métal plutôt souple et se caractérise par une usure assez rapide, les pots et ustensiles sont alors refondus pour couler le métal de nouveau.
Le cuivre
Le cuivre est le tout premier métal utilisé par l’homme. Son utilisation date du néolithique et la production n’a cessé d’évoluer. Dès l’âge de Bronze, le cuivre est allié avec de l’étain ou du zinc pour faire des marmites. Il dispose de la meilleure conductivité thermique après l’argent, c’est à dire qu’il transmet bien la chaleur et la répartit de manière uniforme et rapide. Il possède des qualités antibactériennes naturelles qui aident à lutter contre toute contamination par des champignons et autres bactéries responsables du pourrissement des aliments. D’ailleurs dans les pays chauds, le lait est conservé dans des pots en cuivre.
Le cuivre a néanmoins un défaut : il s’oxyde et nécessite un entretien spécifique pour éviter que le vert-de-gris qui se développe n’empoisonne les aliments, c’est ce fastidieux travail qui est représenté sur le tableau de l’Ecureuse.
La faïence
Les manufactures de faïences de Delft furent réputées à partir du début du XVIIe siècle. La faïence de Delft la plus ancienne est une petite carafe à eau aromatique conservée au musée de Nienburg (Allemagne). Elle est datée de l’année 1609.
Appelée de façon erronée la Hollants Porcelyn, elle concurrence les importations de porcelaine de Chine avec des imitations à moindre coût. Très logiquement, les premières pièces produites furent décorées de bleu à décor de chinoiseries. On ne connaît généralement des faïences de Delft que les blanches à décor bleu, appelées « Bleu de Delft ». Il en existe cependant de nombreuses variétés à vive polychromie.
La manufacture De Koninklijke Porceleyne Fles ou « Royal Delft », fondée en 1653, est la plus ancienne encore en activité.
Le verre
Le verre concurrence en partie l’étain et la production concerne surtout les contenants pour boire. On retrouve notamment les imposants roemers, fabriqués en Allemagne ou aux Pays-Bas, reconnaissables à leur partie centrale décorées de pastilles, parfois en verre coloré. On trouve également des hautes flûtes étroites réalisées en verre soufflé. La verrerie la plus recherchée est produite évidemment à Venise, même si le cristal de Bohème commence à s’imposer.
La terre cuite
Les pots de terre cuite évoquent des atmosphères rustiques ou paysannes, ou renvoient à la vie domestique car il s’agit d’objet utilitaires en cuisine, en opposition aux objets d’apparat placés sur la table.
Les tout premiers objets de terre cuite datent du Paléolithique supérieur : les hommes ont fabriqué des cruches, des plats, des urnes en argile cuite sous un feu de bois, en plein air. D’un faible coût mais relativement fragile, la terre cuite est un objet modeste qui avoisine souvent les travaux de vannerie.
Paniers et corbeilles
Les tables rustiques mise en scène par les peintres présentent généralement au moins un travail de vannerie, réalisé en osier, saule ou châtaignier. Il témoigne de savoir-faire ruraux qui ont alors une importance économique cruciale, aujourd’hui disparu. On a peu de trace historique de ces objets purement utilitaires, à cause de la putrescibilité de leurs matériaux.
La simplicité de ces matériaux, n’empêche en rien la virtuosité des peintres, comme le montre le fameux panier de prunes de Pierre Dupuis.
La Nuit des Musées à La Fère
Le Samedi 03 Juillet 2021 de 17h30 à 22h30
Dans le cadre de la Nuit des Musées, événement national qui a lieu traditionnellement en mai mais décalé à cause du contexte sanitaire, le musée Jeanne d’Aboville de La Fère va proposer une ouverture exceptionnelle en nocturne le 3 juillet 2021.
Le public est invité à aller à la rencontre des tableaux nouvellement restaurés ou sortis des réserves ou encore explorer la collection archéologique.
Visites de l’exposition Instants suspendus, regards sur la nature morte
Les guides du musée proposeront une visite découverte consacrée à l’exposition Instants suspendus, qui met en avant les natures mortes de nourriture. Cette visite d’une demi-heure environ sera l’occasion de découvrir les différents mets représentés dans les natures mortes, entre le XVIIe et le XIXe siècle au prisme de l’identification scientifique des espèces en abordant à la fois leur symbolique et leur usage culinaire.
En bref :
Ouverture en visite libre du musée de 17h30 à 22h30 le 3 juillet 2021.
Visites guidées à 18h, 19h, 20h et 21h. Sans réservation, dans la limite des capacités d’accueil de l’établissement.
Port du masque obligatoire durant toute la durée de la visite.
Dans le cadre de l’exposition Instants suspendus, le musée Jeanne d’Aboville de La Fère continue son exploration des différentes disciplines artistiques : après le théâtre avec la troupe Hymnalaya, c’est la photographie qui rencontre la peinture durant l’été à La Fère.
En effet, le club photo le Zoom laonnois va proposer un atelier photo sur la création de nature morte photographique à plusieurs occasions durant l’été pour inciter les visiteurs à devenir des créateurs de nature morte du XXIe siècle en préférant l’appareil photo aux pinceaux ! Se déroulant sur réservation uniquement et en petits groupes, ces visites-ateliers seront l’occasion de découvrir à travers l’exposition cet art, plus compliqué qu’il n’y parait, avant de composer sa propre nature morte et l’immortaliser sur papier glacé !
A l’issue d’une découverte de l’exposition où les grands principes de la nature morte seront évoqués, des objets typiques des peintures classiques seront mis à disposition du public pour composer leur propre nature-morte. Les apprentis photographes sont néanmoins incités à apporter un ou des objet(s) personnel(s) à intégrer à leur composition pour les rendre plus originales. L’atelier s’adresse à tous, à partir de 12 ans (les mineurs doivent être accompagnés).
Ces visites ateliers seront proposés uniquement sur réservation les 3 juillet, 17 juillet, 7 août, 21 août 2021 de 14h à 17h. Pour réserver, il faut appeler auprès du musée au 03 23 56 71 91.
Le tarif est de 5 € pour assister à l’atelier, une gratuité exceptionnelle est proposée le 3 juillet pour la première date. Places limitées !
Dans le cadre de l’exposition Instants suspendus, les musées de La Fère et Saint-Quentin vous propose un concours photo ouvert à tous du 14 juin au 29 août 2021, pour vous permettre de faire partie d’une exposition consacrée à la nature morte, inaugurée à l’occasion des Journées du Patrimoine.
Pour participer, envoyez-nous votre plus belle nature morte photographique ! Attention, pour être reçue, votre participation devra obligatoirement contenir au moins une fleur et un aliment.