CONFERENCE Sénèque, sous-bois et crâne de singe

CONFERENCE
Sénèque, sous-bois et crâne de singe
Une vanité de Mathias Withoos décryptée

par Mariel Hennequin, médiateur du musée

A l’occasion du départ en exposition du chef d’œuvre de Mathias Withoos Mors Omnia Vincit en exposition aux Pays-Bas, le musée Jeanne d’Aboville vous propose d’aller à la découverte des symboliques complexes de ce tableau au prisme d’éléments nouveaux découverts via une campagne de photographie infrarouge.
Ce tableau, œuvre-jalon dans la production du peintre, sera une pièce maîtresse de l’exposition Anderlicht op Withoos (Nouvelle lumière sur Withoos), au museum Flehite d’Amersfoort, ville de naissance de Mathias Withoos, qui va retracer la vie et l’œuvre de l’artiste du 12 décembre 2021 au 8 mai 2022.

Mors omnia vincit de Mathias Withoos

A cette occasion, Albert Boersma, historien de l’art spécialiste des peintres néerlandais et régisseur de l’exposition d’Amersfoort, et Mariel Hennequin, médiateur du musée ont réalisé un travail de recherche autour de ce tableau, s’appuyant notamment sur les images réalisées par la société Artéka. L’imagerie multispectrale a révélé des informations invisibles à l’œil nu sur la composition de l’œuvre, permettant de la découvrir sous un nouveau jour. Ces informations sont venues compléter les connaissances actuelles et la recontextualisation de ces symboliques complexes permettent de mieux comprendre le propos de son auteur.

En bref :
Conférence Sénèque, sous-bois et crâne de singe 
6 novembre 2021 à 17h, espace Drouot, rue des Bigors, à La Fère. Ouverture des portes à 16h30.
Gratuit dans la limite des places disponibles, présentation du pass sanitaire obligatoire

Une restauration en vue…

Les restauratrices de tableaux Angélique Bigolet et Juliette Mertens sont passées au musée pour examiner un de nos triptyques, intitulé l’Adoration des mages de l’atelier de Pieter Cocke van Aelst (1502 à Alost – 1550 à Bruxelles).

Ce tableau présente des désordres et des fissures qui ont besoin  d’être traités et les deux restauratrices sont venues l’observer pour proposer des solutions en vue d’une restauration l’année prochaine.

Angélique Bigolet a procédé à des essais sur le tableau pour connaitre la nature des vernis et des repeints.

Une fissure évolutive dans le panneau droit va nécessiter un traitement du support, préconisé par Juliette Mertens, spécialiste des tableaux sur bois.

Affaire à suivre pour ce primitif flamand…

 

Détail du mois d’octobre : luxe, coquilles et mollusque préhistorique…

Le détail du mois d’octobre est un élément original et un peu à part présenté à l’occasion de l’exposition Instants Suspendus. Il s’agit d’une huître préhistorique !

La Gryphaea (gryphée en français) est un genre éteint de mollusques, ancêtre de l’huître, ayant vécu principalement du Trias supérieur au Jurassique, à l’époque des dinosaures. Il existe de nombreuses sous-espèces mais elle est généralement recouverte de stries de croissance bien visibles qui permettent de l’identifier dans les bancs de pierre calcaire. Les paléontologues retrouvent régulièrement d’ailleurs des accumulations massives de coquilles d’ostréidés très épaisses.

L’étude des huîtres fossiles montre que ces mollusques ont joué un rôle écologique important, contribuant notamment au cycle du carbone. Avant l’élevage des huîtres, leurs récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques, comme en attestent les amas coquilliers retrouvés sur les littoraux. Ce sont également des sentinelles écologiques qui alertent sur la sédimentation, la pollution marine et l’érosion du littoral.

Les Grecs et les Romains furent très friands de l’huître plate, l’espèce indigène européenne. L’importation à Rome des huîtres des côtes européennes aussi bien atlantiques que méditerranéennes, a laissé de nombreux témoins archéologiques, montrant un important réseaux de négociants et de transporteurs. Cette tradition perdure pendant le Moyen-Age. On ramasse ainsi les huîtres pour les écailler et les mettre en baril. Vers la fin du XVIIe siècle apparaît chez les nobles la mode de manger les huîtres « tout en vie », mais cela restera un privilège de la partie la plus riche de la population, fait qui a assis sa réputation d’aliment de luxe.

Pour découvrir d’autres éléments sur l’histoire de la cuisine, nous vous invitons à venir au musée les 30 octobre et 13 novembre prochains pour « Le musée passe à table », des après-midis consacrées à l’Histoire de la Cuisine animées par Fabian Müllers, historien de l’Alimentation !

La mer depuis la plage…

En cette journée mondiale de la mer, on vous propose de découvrir ce tableau inédit des réserves, œuvre d’un artiste anonyme influencé par le style du peintre de marine néerlandais Ludolf Bakhuizen (Emden, 1630 – Amsterdam, 1708). Si l’artiste a emprunté au style de Ludolf Bakhuizen son tracé précis, la relative faiblesse des figures du premier plan, l’anatomie du chien et du cheval présentant quelques défauts, font penser à un suiveur dont l’œuvre serait postérieure, sans doute la génération suivante. En effet, le costume du cavalier évoque le XVIIIe siècle.

Une mer d’huile est représentée depuis la plage, évoquant une atmosphère calme loin des tempêtes et naufrages qu’aiment représenter les peintres hollandais. Il s’agit ici de mettre en valeur le commerce maritime florissant de la Hollande. C’est donc sans surprise que le genre maritime a été très populaire pendant l’âge d’or de la peinture hollandaise et fut porté à son apogée par des artistes néerlandais, qui font fièrement battre pavillon hollandais aux bateaux.

Le musée passe à table

Le musée passe à table,

Après-midis consacrées à l’Histoire de la Cuisine

Dans le cadre de l’événement régional MuséoSciences, le musée Jeanne d’Aboville propose une exposition sur les natures mortes représentant de la nourriture et à cette occasion a convié Fabian Müllers à confronter les tableaux à l’expérimentation culinaire.
Gourmet gourmand, Fabian Müllers est historien de l’Alimentation (Université de Tours), chercheur associé au Programme CoReMA (Corpus des Recettes culinaires du Moyen Âge) et directeur du collectif “Cuisine Historique “.
Spécialisé dans l’interprétation des Recettes culinaires du passé, alliant recherche scientifique et cuisine, on peut habituellement le rencontrer au Musée Arkéos, où il s’occupe notamment de la Taverne Médiévale, somptueux édifice en bois, unique au monde.

Présent au musée Jeanne d’Aboville les 30 octobre et 13 novembre, il sera mis au défi par les équipes du musée de réaliser des Recettes historiques du passé, inspirées par les natures mortes d’hospitalité présentées dans l’exposition.
Un voyage passionnant mêlant histoire, art et gastronomie.

En bref :
Le musée passe à table, animations autour de la cuisine historique par Fabian Müllers au musée Jeanne d’Aboville, à La Fère
30 octobre et 13 novembre 2021 de 14h à 17h30
Entrée gratuite en continu dans la limite des capacités de l’établissement, présentation obligatoire du pass sanitaire pour accéder au musée.

Découverte, couleurs et signature cachée….

Le restaurateur de peintures anciennes Igor Kozak, déjà intervenu cette année au musée Jeanne d’Aboville pour la restauration de deux œuvres présentes dans l’exposition Instants Suspendus était de retour aujourd’hui pour ramener deux autres toiles du musée, pour le moment inédites car conservées dans les réserves.

Igor Kozak durant le déballage des toiles.

La première œuvre intitulée La Marche des animaux du peintre Michiel Carrée (1657-1727), peintre hollandais qui devint peintre du Roi de Prusse, a réservé une très bonne surprise car lors du nettoyage, Igor Kozak a retrouvé la signature de l’artiste, sur un rocher au premier plan de la toile. Le nettoyage a également permis de redécouvrir les couleurs intenses de ce peintre de paysages italianisants, baignant le décor fantaisiste de son paysage d’une lumière dorée.

Marche des animaux, huile sur toile, 70 x 85cm, Michiel Carrée,
avant et après restauration

Le second est une scène très dynamique, un combat de cavalerie, œuvre de Jan Jabosz van der Stoffe (1611-1682), un des principaux peintres hollandais de bataille du milieu du XVIIe siècle. Présentant des manques et des enfoncements, le tableau a subi une grosse restauration pour rendre une certaine planéité à sa toile. Il revient également métamorphosé, débarrassé des vernis jaunis qui le recouvraient.

Combat de cavalerie, huile sur toile, 75 x 106cm, Jan Jabosz van der Stoffe
Avant et après restauration

Si la Marche des animaux sera présentée ce samedi en prélude de la conférence d’Alain Tapié à 17h à l’Espace Drouot de La Fère, il faudra patienter un peu pour le combat de cavalerie qui va devoir bénéficier des soins de l’encadreur avant d’être présenté…

Résultats du concours photo Instants Suspendus

Durant tout l’été était ouvert un concours de nature morte photographique et une quarantaine de participants ont proposé leur vision de la nature morte en respectant la contrainte d’y faire apparaître une fleur et un aliment. Le sujet a été abordé avec beaucoup de diversité et nous a permis de découvrir différents univers.

Voici les résultats des trois meilleures propositions établie par notre jury, que nous remercions également.
A la première place :
Clémence Rolland et Armâne Magnier, pour la photo “Vanité au crâne et grenade”
A la deuxième place :
Nina Cléton, pour la photo “Fruits et fleurs d’été”
A la troisième place :
Lyla Marécat et Léa Mouton, pour la photo “Paradis dansant”
Le choix du public a doublement récompensé la photo “Fruits et fleurs d’été” de Nina Cléton, avec 194 “j’aime” reçus le 13 septembre à 15h !
Félicitations aux gagnants ! Les photos des douze finalistes désignés par le jury seront visibles au musée Jeanne d’Aboville à partir du 18 septembre et jusqu’à la fin du mois. Profitez des Journées Européennes du Patrimoine les 18 et  19 septembre pour les découvrir gratuitement.
Les gagnants et finalistes vont être contactés par email par les organisateurs.

Il y a 316 ans, la mort d’un Maître du Baroque

Il y a 316 ans jour pour jour nous quittait Cosimo Ulivelli (1625-1705), à Santa Maria a Monte, un petit village à côté de Pise.

Cosimo Ulivelli, élève du pisan Volterrano, réalise une grande partie de sa carrière à Florence. Peintre très actif en son temps et spécialiste du Baroque, on lui doit des décors de fresques d’églises florentines, comme le cycle des Sept Œuvres de miséricorde à l’Oratorio dei Santi Jacopo e Filippo. Il avait également participé à la décoration du plafond de la troisième galerie des Offices.

ACMHDF/FRANCK BOUCOURT

Le musée Jeanne d’Aboville possède de sa main un intéressant Enlèvement de Chloris. Les compositions mythologiques d’Ulivelli sont aujourd’hui plutôt rares, mais présentent, à l’image de cet enlèvement, un dynamisme renforcé par les lignes serpentines et les torsions montrant l’héritage de l’élégant maniérisme florentin du siècle précédent. Chloris, nymphe d’une grande beauté est emportée sur l’Olympe par le dieu Zéphyr, personnification du Vent d’Ouest. Elle devient son épouse et reçoit en cadeau de mariage le pouvoir de contrôler la floraison des fleurs du printemps. C’est alors que, devenue déesse, elle aurait pris le nom de Flore.

Ce tableau possède un exemplaire jumeau également de la main d’Ulivelli que vous pouvez retrouver au musée des Beaux-Arts de Dole. Les pigments mieux conservés de cette version montre que la robe de Chloris était rose…

Détail du mois de septembre : fruits, insectes et ex-taulard…

Le détail du mois de septembre vous invite à vous arrêter sur de petites choses pas forcément perceptibles au premier coup d’œil avec une nature morte de fruits, œuvre d’Ernst Stuven (vers 1657–1712). Né à Hambourg, Stuven s’installe à Amsterdam à dix-huit ans, où il fréquente plusieurs ateliers. Se dirigeant vers la peinture de fleurs, il rejoint l’atelier d’Abraham Mignon (1640-1679), grand spécialiste des natures mortes. Il est surtout célèbre pour avoir été emprisonné dans une maison de correction d’Amsterdam à cause de relations abusives avec un de ses apprentis, Willem Grasdorp. Après avoir déménagé à Rotterdam, il a trouvé un mécène qui le finança jusqu’à sa mort en 1712.

Notre détail représente des insectes attirés par de succulents fruits, ici une grappe de raisin noir et des pêches. Au XVIIe siècle, les raisins noirs étaient principalement importés depuis l’Espagne et le climat imposait de cultiver les pêches sous serres, ces deux fruits étaient donc luxueux, sinon rares. Les raisins montrent les premiers signes de décomposition et sont déjà la cible des insectes, évoquant le concept de la fugacité de la vie, au centre de la vanité.

Le carabe des bois et les fourmis qui courent sur les pêches sont représentés avec une grande minutie et témoigne du souci de naturalisme du peintre. Le plus souvent liés à l’idée de souillure les insectes ont une charge symbolique plutôt négative, ils symbolisent le mal qui peut s’immiscer partout.

Vous pouvez découvrir ce tableau et plusieurs autres dans l’exposition Instants Suspendus, regards sur la nature morte, et aller à la rencontre des insectes présents sur les toiles au Musée des papillons de Saint-Quentin. N’oubliez pas non plus la conférence sur la notion d’hospitalité qui sera présentée à la fin du mois par Alain Tapié à l’Espace Drouot de La Fère !