La partie italienne de la collection a longtemps végété dans l’ombre des peintures nordiques plus renommées, mais plusieurs restaurations ont permis de mettre en avant des pièces importantes de la Collection en provenance de la péninsule, en particulier sa partie septentrionale. L’école vénitienne s’y affirme avec faste, la grande Annonciation de Simone Peterzano en montre une mise en scène théâtrale dans le sillage du Titien, tout en offrant une image plus apaisée des protagonistes.
Une autre toile vénitienne est un exemple intéressant de l’intense production des grands ateliers vénitiens : il s’agit d’un modelo, un modèle d’atelier, de Carlo Caliari, fils du grand Véronèse. Représentant le martyr de Sainte Afre, il témoigne du sens de la composition des peintres de la Contre-Réforme qui, par des jeux de lignes en opposition, créent la dramaturgie imprégnant la scène.
Une intéressante huile sur cuivre de Carlo Saraceni intitulée le Bon Samaritain vient compléter les exemples vénitiens mais en apportant des influences extérieures : le style sensible et poétique du paysage hérité de l’étude des maîtres hollandais tel Jacob Pynas, répond au goût des jeux de couleurs qu’il a expérimenté lors de voyages à Rome.
Mais cette salle a d’autres exemples tout à fait intéressant du XVIIe siècle italien avec l’Enlèvement de Chloris de Cosimo Ulivelli. Actif principalement à Florence, il manifesta durant sa carrière une appétence pour les scènes mythologiques, leur apportant une sensibilité toute baroque.
Les peintres se sont également inspirés des grands écrivains italiens de la Renaissance et le tableau présente une intéressante interprétation d’un poème épique de l’Arioste avec Roger délivrant Angélique de Filippo Napoletano. Le peintre napolitain se plait ici à revisiter le mythe en y intégrant des références antiques et livre une composition en triangle entre le preux chevalier Roger, la pure Angélique et le monstre marin surgissant des flots, dévoilant sous goût pour les figures monstrueuses.