Renouvellement du contenu des vitrines

Ce n’est pas moins de  cinq peintures qui ont quitté les réserves pour être présentées dans les vitrines de l’exposition permanente du musée. Vous pourrez notamment découvrir le Jeu du Canard de Thomas Heermans en salle Siècle d’Or.

photo : Franck Boucourt

A bientôt au musée !

Détail du mois de février : un berger caravagesque…

Le détail du mois de février provient de Berger assis et son troupeau de chèvres, œuvre anonyme d’un artiste italien ou hollandais de la première moitié du XVIIe siècle. En effet, la forte influence de la peinture du Caravage sur cette toile pourrait aussi bien être l’œuvre d’un peintre italien que d’un des membres des Caravagesques d’Utrecht, un groupe de peintres qui a exporté les techniques du Maître en Hollande.

L’artiste semble en tout cas se situer dans le mouvement du caravagisme, diffusé bien au-delà de l’Italie. Rome est au début du XVIIe siècle le centre artistique par excellence et des artistes de tous les pays viennent y travailler et découvrent l’œuvre du Caravage. Dans l’atmosphère de révolution picturale qu’il incarne, beaucoup d’artistes européens suivent la voie qu’il établit et appliquent avec succès la fameuse Manfrediana Methodus qui est une recette pour imiter le style du Caravage, relayée par son premier disciple, Manfredi.

La thématique de notre toile renvoie également au style caravagesque par son sujet naturaliste, qui s’inspire des personnages des classes populaires italiennes, traité avec réalisme. Comme souvent à cette époque, on peut également trouver une connotation religieuse à cette peinture. Le Christ est souvent comparé à la figure du bon pasteur, et saint Jean-Baptiste est également berger : ses attributs sont la houlette de berger et le troupeau. L’animal guidé par le pâtre est une personnification du fidèle, tout comme l’animal, élevé pour sa chair ou son lait, pourrait aussi évoquer le sacrifice du Christ.

Pour découvrir cette peinture, rendez-vous au musée Jeanne d’Aboville, où l’on attirera tout spécifiquement votre attention sur cette oeuvre dans le cadre de l’exposition Des Collections révélées à partir du 29 février !

Fermeture exceptionnelle du musée le 17 janvier

A cause des conditions météorologiques, le musée ne sera pas accessible ce jour. Prenez garde au verglas et limitez vos déplacements pour éviter de vous retrouver comme ce patineur issu du tableau “la Vente de poissons” de Salomon Ruysdael.

Ce tableau répond à la définition d’un paysage d’hiver, qui représente un horizon enneigé animé de personnages se livrant à des activités typiques de l’hiver.

Dans l’art occidental, le peintre flamand Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569) peut être considéré comme le créateur de la tradition du paysage hivernal, particulièrement développée en Hollande ensuite. En effet, les peintres du Siècle d’or vont souvent représenter des patineurs évoluant sur les lacs et canaux gelés, activité courante et très populaire.

Il est aussi intéressant de constater que cette mode du paysage d’hiver correspond à la phase paroxystique du Petit âge glaciaire, situé entre 1565 et 1665.

Détail du mois : une abbaye, des nuages et beaucoup de talent…

Le détail du mois de septembre vous présente l’un des plus beaux paysages réalisés par Salomon Ruysdael (Naarden, vers 1600– Haarlem, 1670), un des grands maîtres de ce genre au XVIIe siècle. Spécialiste des paysages de rivières, d’estuaires ou de dunes, Salomon Ruysdael commence sa carrière à Haarlem et restera toute sa vie aux Pays-Bas. Oncle du célèbre Jacob van Ruisdael (Haarlem, 1628 – Amsterdam, 1682), il entreprend sa formation.

Ce détail est tout à fait typique de son style, avec les effets atmosphériques du ciel et le troupeau venant animer le paysage, mais il est surtout remarquable par la présence de ruines de deux édifices religieux. En effet, le bâtiment semi-détruit est identifié comme l’abbaye d’Egmond, ou abbaye Saint-Adalbert, un monastère bénédictin, situé en Hollande-Septentrionale. L’abbaye fut détruite en 1573, pendant la guerre des quatre-vingts ans qui voit les Hollandais lutter contre les Espagnols. L’abbaye sera laissée à l’état de ruines par les Gueux de mer, une milice hollandaise protestante de corsaires et d’aventuriers qui agit pour le compte de Guillaume d’Orange, le principal constructeur de l’indépendance néerlandaise. Le clocher de l’arrière-plan appartient, lui, à l’ancienne église paroissiale, la Buurkerk, du village voisin de Binnen.

Pour découvrir le reste du tableau, il faudra vous rendre au musée pour le voir parmi d’autres chefs-d’œuvre du Siècle d’Or hollandais. Pensez notamment au week-end des Journées Européennes du Patrimoine les 16 et 17 septembre, où le musée sera ouvert gratuitement le samedi et le dimanche de 10h à 17h30 !

Retour d’exposition pour des tableaux des collections

Trois tableaux présentés  au Musée Benoît-De-Puydt de Bailleul pour l’exposition Magies Baroques ont fait leur retour au musée cette semaine.

Vous pouvez d’ores et déjà redécouvrir à partir de lundi  :

Vanité de Coenraet van Roepel
Roger délivrant Angélique de Filippo Napoletano

 

Concernant le paysage de ruines d’un suiveur de Bartholomeus Breenbergh, il est retourné en réserves mais sera bientôt visible dans un nouvel accrochage, patience !

Paysage avec ruines, suiveur de Breenbergh
Photo Franck Boucourt

Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et leurs abolitions

 

En ce 10 mai 2023, à l’occasion de la 18ème Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et leurs abolitions et en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, le musée vous présente cette représentation d’esclave, visible sur l’Allégorie du Goût, issu de l’atelier anversois de la famille Brueghel. Le raffinement affiché des détails montre l’influence de Rubens, qui possédait également un atelier dans cette ville.
Réalisé à une époque florissante, où Anvers est l’un des grands ports commerciaux à l’échelle mondiale, ce détail illustre l’importance du tristement célèbre commerce triangulaire dans la réussite économique de la ville. Si le port d’Anvers n’était pas un port négrier à proprement parler, il a néanmoins alimenté ce commerce, en armant des navires espagnols notamment.
La représentation de l’esclave noir symbolise les terres exotiques qui font la richesse des commerçants anversois, il incarne l’allégorie de l’Afrique. Il est représenté avec une coupe à boire et à proximité des contenants pour la boisson, indiquant qu’il est utilisé comme domestique. Les représentations de domestiques noirs restent rares dans la peinture flamande du XVIIe siècle car leur présence était exceptionnelle : avoir un Noir à son service était un signe extérieur de richesse car on l’avait fait venir à prix d’or depuis les comptoirs de Guinée.
Vous pouvez également découvrir jusqu’au 3 juin au musée l’exposition temporaire #CestNotreHistoire consacrée à l’histoire de l’esclavage et de ses abolitions en France.

#PatrimoinesDechaines #journéedemémoiredelesclavage #abolition #droitsdelhomme #esclavage #mémoire

Détail du mois de mars : peintre précieux, gros livre et vieille dame…

Le détail du mois de mars vous présente un intéressant petit panneau, intitulé « Intérieur hollandais avec vieille femme lisant » de Jacob van Spreeuwen. Né à Leyde vers 1609 ou 1610, Jacob van Spreeuwen y travaille toute sa vie. Ses derniers tableaux connus datent de 1658, la date de sa mort est incertaine.
L’influence du peintre Gerard Dou semble par contre essentielle dans sa production de scènes de genre dans le style des fijnschilders. Les Fijnschilders, parfois traduit en français par peintres précieux, sont les artistes hollandais qui, entre 1630 et 1710, se sont employés à représenter la réalité avec un maximum de précision.
La scène représente une femme assise sur une chaise basse qu’on trouvait généralement à proximité d’une cheminée pour en exploiter la chaleur. Le gros livre qu’elle tient sur ses genoux est sans doute un livre religieux même si les Hollandais avaient accès à d’autres lectures. Les femmes hollandaises sont alors parmi les plus lettrées d’Europe et même les filles des classes les moins aisées peuvent accéder à l’école, la maitrise des lettres et des chiffres étant nécessaire pour nombre de métiers exercés dans les Pays-Bas septentrionaux.
Si l’éducation a des vertus d’émancipation, le tableau est néanmoins nuancé par la présence, à l’arrière de la chaise, du rouet symbole du travail domestique féminin au sein des maisons.

Vous pourrez découvrir ce tableau des réserves durant la visite « les Femmes du musée » consacrée à l’iconographie féminine au sein des collections le 8 mars prochain. Petit bonus, cette visite est gratuite pour les femmes !

La chasse aux canards, de retour

Après un revernissage, l’huile sur bois la Chasse aux canards a retrouvé sa place dans les salles du musée. Cette oeuvre du rarissime Louwys Aernouts Elsevier, peintre de paysage du Siècle d’or, est originale par la présence de nombreuses espèces d’oiseaux soigneusement reproduites.

Une tabagie

Ce tableau est décrit comme un Intérieur de taverne du XVIIe siècle, peint par un peintre flamand anonyme, qui gravitait sans doute autour de l’atelier bruxellois de David Teniers le Jeune (1610-1690). En effet, Tenier est le plus connu des peintres de genre de son époque, il a particulièrement développé le genre paysan, dont les scènes de taverne, créant de véritable recettes de composition que les autres peintres appliquaient.
Dans ces scènes de taverne on peut voir des hommes buvant, jouant et fumant, renvoyant au rôle éminemment social du tabac à cette époque : il est déjà source de polémique et soulève des problématiques qui nous sont totalement contemporaines.
L’herbe à Nicot, du nom de l’ambassadeur qui introduisit le tabac en Europe, était connue au Pays-Bas en qualité de plante médicinale dès la fin du XVIe siècle. On prit l’habitude dans priser et d’en fumer les feuilles assez rapidement et cette pratique avait gagné toutes les couches de la population des Pays-Bas avant 1625. Associés aux boissons dans les tavernes, les fumeurs sont assimilés au buveur d’alcool, on utilise alors l’expression boire une pipe de fumée.
Le tabac à priser devient très courant, accessible même aux couches les plus pauvres de la population. D’abord vendu par les apothicaires, il devient l’objet d’un commerce spécialisé. Les aubergistes en tenaient dépôt pour leurs clients.
On fume le tabac à l’aide de longues pipes de terre cuite au fourneau étroit. Plus rarement on utilise des pipes en argent, qui produisent une fumée âcre, comme sur notre tableau. Il existait dans les seuls Pays-Bas du Nord une dizaine de fabrique de pipes, les plus illustres était celles de Gouda.


Le tabac connait alors un tel succès qu’on cherche à limiter les endroits où fumer, car seules les églises y échappent. Les princes et les villes ont frappé de lourdes taxes le commerce du tabac et organisent des campagnes d’affichage pour mettre la population en garde. Seules les dames de la noblesse et de la grande bourgeoisie répugnent  à cette pratique, jugée malpropre. On a même trace de contrat de mariage entre deux nobles ou l’épousée introduit une clause interdisant à son mari de fumer dans la maison.
On commence alors à associer le tabac à la vie dissolue menée par les messieurs qui vont fumer dans des tavernes appeler tabagies, où l’on jouait et buvait. Le tabac devient alors un signe de rébellion et de débauche.

L’usage du tabac est encore largement répandu dans le monde,  aujourd’hui 13% des décès en France sont imputables au tabac.

 

Détail du mois de février : chevrier, paysage et ami de Rubens…

Le détail du mois provient d’un paysage forestier avec chevriers, œuvre de Lucas van Uden (1595-1672). Peintre anversois où il réalisera la majeure partie de sa carrière, il se spécialise dans le paysage, qu’il restitue sous forme de peintures et de gravures. Ami et collaborateur de Rubens, ce dernier a parfois intervenu sur les oeuvres de van Uden pour y ajouter des figures.

Les paysages de van Uden sont reconnaissables aux nuances subtiles qu’il emploie, en intégrant des pigments bleus dans les zones de vert permettant à l’artiste des jeux de lumière. Son oeuvre montre l’influence des apports de la famille Breughel au genre du paysage de la brillante école anversoise : un naturalisme rigoureux empêche un trop grand idyllisme et les figures rythment la composition.
La forme tourmentée de certains arbres et autres végétaux témoigne également de l’influence du maniérisme qui apprécie les lignes serpentines, apportant mouvement et complexité à l’œuvre.

Vous pouvez découvrir cette œuvre dans son intégralité en salle anversoise, aux côtés d’une paysage de Breughel de Velours !