Bonne fête à toutes les Catherine !

En ce 25 novembre, nous fêtons les Catherine, en référence à la figure de Sainte Catherine d’Alexandrie.

Vierge et martyre qui aurait vécu aux IIIe et IVe siècles en Egypte, son culte fut très populaire au Moyen-Age, importé en Occident par les Croisés. Sa fête donne maintenant lieu à diverses célébrations populaires, dont celles des jeunes filles à marier, appelées les Catherinettes. Cette fête religieuse a disparu du calendrier romain en 1969, « en raison du caractère fabuleux de sa passion » et du doute qui pèse sur l’existence même de la sainte. Le thème inspira de nombreux peintres de la Renaissance italienne. Le musée possède plusieurs exemples intéressants présentant le moment de la vie de la sainte le plus intense, celui de son mariage mystique avec Jésus.

La légende de sainte Catherine d’Alexandrie

Cette légende nous est connue principalement par la Légende dorée de Jacques de Voragine.

Catherine serait née vers 290 dans une famille noble d’Alexandrie et reçoit une éducation soignée. Un jour, elle voit une séance d’apostasie (abandon et reniement de sa foi) de Chrétiens organisée par l’empereur Maxence ; elle s’adresse à lui et argumente dans un débat contre lui de façon remarquable où elle tente de convaincre l’empereur de l’existence du dieu unique des Chrétiens. Celui-ci constatant qu’il ne pourrait trouver de parade à la sagesse de Catherine convoque une assemblée de cinquante doctes grammairiens et rhéteurs.
Catherine, encouragée par un ange du Seigneur lui recommandant de résister avec constance, s’adresse à l’empereur devant les orateurs puis elle réussit à les faire taire par la pertinence de son argumentation, et à les convertir. L’empereur les fait aussitôt brûler au milieu de la cité. Séduit par sa jeunesse et son « incroyable beauté » l’Empereur lui propose une place dans son palais, en second rang après la reine. Elle répond : « Cesse de tenir de tels propos. Je me suis donnée comme épouse au Christ. Rien ne pourra m’éloigner de l’amour que j’ai pour lui. ». L’empereur la fait alors dévêtir, frapper à coups de croc de fer, et jeter dans une prison obscure sans alimentation pendant douze jours.
Le Christ envoie une colombe blanche qui nourrit la prisonnière « d’un aliment céleste ». À son retour, l’empereur lui propose une nouvelle fois d’être sa compagne, ce qu’elle refuse à nouveau. Un préfet conseille alors au roi un supplice féroce pour la vierge afin d’effrayer les autres Chrétiens. Quatre roues entourées de scies de fer et de clous doivent lui déchirer et broyer le corps. Alors Catherine pria le Seigneur de détruire cette machine. « Et voilà qu’un ange du Seigneur frappa et brisa cette meule avec tant de force qu’il tua quatre mille païens. »
L’empereur propose une dernière fois à Catherine de devenir son épouse. Elle refuse encore et il la condamne à être décapitée. Quand elle est conduite au lieu d’exécution, elle prie Dieu puis, quand elle est décapitée, du lait jaillit de son cou en guise de sang.
Alors des anges prennent son corps, l’emportent jusqu’au mont Sinaï, et l’ensevelissent avec beaucoup d’honneurs jusqu’à sa redécouverte au VIIIe siècle par des moines établis sur le Mont.

 

Sainte Catherine au musée

Le musée possède plusieurs représentations du mariage mystique de la sainte, en voici deux exemples puisés dans les collections italiennes :

PHOTO FRANCK BOUCOURT

Mariage Mystique de sainte Catherine
Biagio Pupini, dit Biagio delle Lame
(Bologne, actif 1511 – après 1575)

Peintre principalement actif à Bologne, il plane plusieurs zones d’ombre sur la vie de Biagio delle Lame. On lui connait néanmoins de nombreuses collaborations avec d’autres artistes et une place importante au sein de la guilde des peintres et sculpteurs de sa ville natale.
Si les visages et les mains aux longs doigts évoquent l’influence du peintre Le Parmesan, les figures ont surtout ici un usage symbolique, sainte Catherine, l’enfant Jésus et enfin saint Joseph, voient leurs têtes alignées dans une évocation des trois âges de la vie.
Le moment que présente le tableau est donc le mariage mystique avec le Christ, puisque Catherine a déclaré qu’elle lui était destinée. Il s’agit d’une élévation spirituelle, qui atteint une forme d’union avec le Christ assimilable à un mariage. Celui-ci est symbolisé par l’anneau que Jésus lui présente.

 

Musée Jeanne d’Aboville de la Fère, Hauts-de-France. MENTION OBLIGATOIRE: PHOTO FRANCK BOUCOURT

Mariage mystique de sainte Catherine
Girolamo da Santa Croce
(Santacroce, 1480 – Venise 1556)

Peintre vénitien du XVIe siècle, Girolamo fut un élève de Giovanni Bellini par lequel il acquit la maitrise du style Renaissance. S’il travailla principalement dans et autour de Venise, on trouve également trace de son oeuvre en Dalmatie, notamment un retable situé à l’église paroissiale de Blato (Croatie).
On voit généralement transparaitre dans les oeuvres de ce peintre l’influence de Bellini, dans ce tableau, on remarque plutôt sa volonté de se placer en suiveur d’un autre grand maitre vénitien en la personne de Titien. L’intégration de détails est inspirée des scènes pastorales de celui-ci : la vieille femme juchée sur sa mule à gauche et le vacher à droite, tous deux placés dans le paysage, créent un climat évocateur qui répond à l’aspect verdoyant de l’ensemble.
Les figures principales, la Vierge à l’enfant et Sainte Catherine, semblent quant à elles inspirées de travaux familiaux, Girolamo venant d’une famille de peintres bergamasques. Elles s’inscrivent dans un cadre représentatif typiquement vénitien.

Nuit de la Lecture à La Fère : tous à la bibliothèque !

La Bibliothèque municipale de La Fère va participer cette année à l’événement national de la Nuit de la Lecture, en partenariat avec le musée Jeanne d’Aboville.

 

Le public pourra à cette occasion aller à la rencontre du travail d’illustration de Steven Labeau, qui expose actuellement au musée avec la Nature source d’inspiration. L’artiste présentera ses ouvrages et échangera avec le public, il proposera également des dédicaces de ses livres.

La bibliothèque va également proposer au cours de cette soirée un focus sur les voyages de Robert Louis Stevenson, qui est passé par La Fère durant son périple en canoë à voile sur les rivières du Nord.

A cette occasion, des parties du jeu de plateau l’Aréthuse sur le voyage de Stevenson seront proposées par un membre de l’association de jeux de société la Guilde du Dragon Laonnois, et une sélection de livres de cet auteur sera présentée par la bibliothécaire.

 

En bref :

Nuit de la lecture à la Bibliothèque municipale de La Fère

Espace Drouot, rue des Bigors

Le 20 janvier 2023 de 18h à 20h.

Entrée libre et gratuite

La vaisselle dans les natures mortes

Si les natures mortes font la part belle aux denrées alimentaires, celles-ci sont mise en valeur généralement dans des contenants : du rustique panier d’osier à la délicate porcelaine importée de Chine, les artistes ont puisé largement dans les celliers et vaisseliers pour agrémenter leurs compositions.

L’étain

Détail d’un gobelet en étain sur la nature morte de homard, Johannes Hannot

Métal domestique par excellence, l’étain est le roi des tables bourgeoises au XVIe siècle, imitation bon marché des plats d’argent de la noblesse. Différents types de vaisselle du XVIe au XIXe siècle illustrent la diversité et l’évolution des usages culinaires. La channe (broc à vin à couvercle) et le grellet (écuelle) sont les formes les plus caractéristiques de cette production présente sur toutes les tables au XVIIe siècle, période à laquelle cet art atteignit son apogée.

L’étain est un métal plutôt souple et se caractérise par une usure assez rapide, les pots et ustensiles sont alors refondus pour couler le métal de nouveau.

 

Le cuivre

Détail avec bassine en cuivre et pot de terre cuite, sur intérieur de célier hollandais du XVIIe siècle

Le cuivre est le tout premier métal utilisé par l’homme. Son utilisation date du néolithique et la production n’a cessé d’évoluer. Dès l’âge de Bronze, le cuivre est allié avec de l’étain ou du zinc pour faire des marmites. Il dispose de la meilleure conductivité thermique après l’argent, c’est à dire qu’il transmet bien la chaleur et la répartit de manière uniforme et rapide. Il possède des qualités antibactériennes naturelles qui aident à lutter contre toute contamination par des champignons et autres bactéries responsables du pourrissement des aliments. D’ailleurs dans les pays chauds, le lait est conservé dans des pots en cuivre.

Le cuivre a néanmoins un défaut : il s’oxyde et nécessite un entretien spécifique pour éviter que le vert-de-gris qui se développe n’empoisonne les aliments, c’est ce fastidieux travail qui est représenté sur le tableau de l’Ecureuse.

L’Ecureuse, anonyme hollandais du XVIIIe siècle

La faïence

Pichet en faïence de Delft et roemer sur le portrait de famille hollandais du milieu du XVIIe siècle

Les manufactures de faïences de Delft furent réputées à partir du début du XVIIe siècle. La faïence de Delft  la plus ancienne est une petite carafe à eau aromatique conservée au musée de Nienburg (Allemagne). Elle est datée de l’année 1609.

Appelée de façon erronée la Hollants Porcelyn, elle concurrence les importations de porcelaine de Chine avec des imitations à moindre coût. Très logiquement, les premières pièces produites furent décorées de bleu à décor de chinoiseries. On ne connaît généralement des faïences de Delft que les blanches à décor bleu, appelées « Bleu de Delft ». Il en existe cependant de nombreuses variétés à vive polychromie.

La manufacture De Koninklijke Porceleyne Fles ou « Royal Delft », fondée en 1653, est la plus ancienne encore en activité.

 

Le verre

Détail de nature morte de homard avec un roemer à pastillage

Le verre concurrence en partie l’étain et la production concerne surtout les contenants pour boire. On retrouve notamment les imposants roemers, fabriqués en Allemagne ou aux Pays-Bas, reconnaissables à leur partie centrale décorées de pastilles, parfois en verre coloré. On trouve également des hautes flûtes étroites réalisées en verre soufflé. La verrerie la plus recherchée est produite évidemment à Venise, même si le cristal de Bohème commence à s’imposer.

 

La terre cuite

Pot de terre cuite dans la nature morte de poisson de Pieter de Putter

Les pots de terre cuite évoquent des atmosphères rustiques ou paysannes, ou renvoient à la vie domestique car il s’agit d’objet utilitaires en cuisine, en opposition aux objets d’apparat placés sur la table.

Les tout premiers objets de terre cuite datent du Paléolithique supérieur : les hommes ont fabriqué des cruches, des plats, des urnes en argile cuite sous un feu de bois, en plein air. D’un faible coût mais relativement fragile, la terre cuite est un objet modeste qui avoisine souvent les travaux de vannerie.

 

Paniers et corbeilles

Détail de scène de cuisine par J. Nollens

Les tables rustiques mise en scène par les peintres présentent généralement au moins un travail de vannerie, réalisé en osier, saule ou châtaignier. Il témoigne de savoir-faire ruraux qui ont alors une importance économique cruciale, aujourd’hui disparu. On a peu de trace historique de ces objets purement utilitaires, à cause de la putrescibilité de leurs matériaux.

La simplicité de ces matériaux, n’empêche en rien la virtuosité des peintres, comme le montre le fameux panier de prunes de Pierre Dupuis.

L’exceptionnel panier de prunes de Pierre Dupuis

 

En espérant que cette brève évocation vous aura donné envie de découvrir l’exposition Instant suspendus !