Un autre départ en restauration

Le tableau Flotte à l’entrée d’un port est parti en restauration !

Œuvre de Bonaventura Peeters (1614-1652), peintre spécialiste des marines qui évolue dans un atelier à Anvers où travaille toute sa fratrie : Jan Peeters I, Gillis Peeters, et Catharina Peeters. Bonventura est célèbre pour ses scènes de naufrage mais réalise également des peintures plus apaisées, en s’inspirant du trafic maritime sur l’Escaut alors florissant grâce au développement des flottes marchandes flamandes et hollandaises.

Gravure avec le portrait de Bonaventura Peeters

Cette grande toile décorative ornée de multiples bateaux souffrait d’un état de présentation plutôt médiocre : la toile a été rentoilée par le passé, c’est-à-dire doublé d’une autre toile pour soutenir la première, et la sous-couche de la peinture présente des faiblesses qui ont causé par le passé des lacunes avec des pertes de matières, heureusement très localisées.
Plusieurs fois restaurée par le passé cette œuvre présente plusieurs retouches anciennes qui se sont désaccordées avec le temps car les matériaux employés par les restaurateurs des XIXe et XXe siècle ne vieillissent pas au même rythme que la peinture d’origine. Elle présente également plusieurs couches d’un vernis, aujourd’hui oxydé et encrassé. Le vernis est également atteint par les chancis, des matités blanchâtres résultant de la désolidarisation du vernis fissuré et de la couche picturale.
Confié au restaurateur Igor Kozak, la toile va être traitée pour retrouver une bonne qualité de lecture : après un nettoyage, un mastic sera appliqué sur les lacunes, les repeints désaccordés seront retirés puis un travail de réintégration illusionniste sera fait sur les zones des repeints et des mastics.

Le tableau sera finalement reverni avant son retour au musée dans quelques mois !

Départ du premier tableau de la campagne de restauration 2024

Le premier tableau de la campagne de restauration 2024 est une œuvre flamande des réserves aux vernis très oxydés. Elle représente le thème classique de Vertumne et Pomone.

PHOTO FRANCK BOUCOURT

Vertumne et Pomone est un mythe romain qui évoque la nymphe protectrice des arbres fruitiers, Pomone qui est poursuivie par les assiduités du dieu des changements, Vertumne. Celui-ci a le pouvoir de se transformer à volonté et va prendre la forme de plusieurs personnes pour faire l’éloge de sa personne auprès de Pomone mais celle-ci reste indifférente. Il prend finalement la forme d’une vieille femme qui peut approcher plus facilement Pomone et lui vante les vertus de l’amour et du mariage. Une fois Pomone convaincue, il change de forme et lui présente son vrai visage : elle tombe instantanément amoureuse.
Ce mythe a été représenté de nombreux fois dans l’art et ici, il s’agit de la version d’un peintre flamand, Jan Pauwel Gillemans, dit le Jeune, pour le distinguer de son père. Sous l’influence de son père spécialiste des natures mortes, Jan Pauwel le jeune réalise des tableaux décoratifs mettant en scène des fleurs et des animaux. Il fut élève de Joris van Son, également spécialiste des natures mortes, tout spécifiquement des représentations de fleurs et de fruits.

Jan Pauwel le jeune développe un style qui lui est spécifique, manifestant une appétence pour la représentation d’animaux exotiques : on trouve par exemple beaucoup de perroquets dans sa production. L’œuvre ici présentée comprend plusieurs espèces de perroquets mais également de manière plus incongrue un dodo, le célèbre oiseau de l’île Maurice dont l’espèce a aujourd’hui disparu et un kiwi, espèce en provenance de Nouvelle-Zélande.
Il a travaillé en collaboration avec des peintres de paysage et des peintres de figures, et on peut supposer que Peter Ykens, un autre peintre anversois, spécialiste des représentations humaines a réalisé sur cette peinture Vertumne, sous les traits d’une vieille femme, et Pomone.
Jan Pauwel Gillemans le Jeune a multiplié les déplacements entre les Flandres et la Hollande, il meurt lors d’un de ses voyages en tombant ivre dans un canal.
Le tableau va faire l’objet d’une restauration complète : le tableau a été rentoilé, ce rentoilage va être démonté pour être remplacé. Sa couche picturale va être décrassée et allégée de ses repeints et vernis assombris. Un vernis sera appliqué avant que le restaurateur réintègre les parties lacunaires avant vernissage final.

Un tableau à redécouvrir dans quelques mois !

Conférence : Juliette Mertens au chevet des support bois le 13 avril

Le 13 avril prochain, le musée vous convie à une conférence de la conservatrice-restauratrice Juliette Mertens, spécialiste de la conservation des supports bois.

Lors de son intervention, Juliette Mertens reviendra sur le métier méconnu de restaurateur de support des œuvres d’art en explicitant l’utilisation qui en a été faite à travers l’Histoire de l’art. De la fabrication à la restauration, cette conférence sera l’occasion de revenir sur le rôle fondamental des panneaux dans la conservation des chefs d’œuvres du musée Jeanne d’Aboville, dont les restaurations seront évoquées, entre autres cas.

 

La conférencière

Avant d’intégrer l’Institut français de restauration des œuvres d’art dans l’atelier « Mobilier », Juliette Mertens a passé un CAP d’ébéniste. Elle travaille régulièrement dans les ateliers Centre de Restauration et de Recherche des Musées de France ainsi que dans son atelier personnel, parfois dans l’atelier de ses collègues conservateurs-restaurateurs de couche picturale. Elle intervient sur des œuvres de musée comme sur celles classées monuments historiques.

 

Info pratiques : 

Conférence La restauration des peintures sur bois par Juliette Mertens

Le 13 avril à 18h à l’espace Drouot, rue des Bigors, La Fère.

Entrée libre, GRATUIT

Le musée sera ouvert préalablement de 14h à 17h30.

 

Histoire(s) de restaurations

Un premier événement autour de l’exposition Des Collections révélées vous est proposé ce samedi, une visite guidée thématique !

Lors de cette visite, le directeur du musée vous propose de revenir sur dix ans de restauration au prisme des anecdotes et questionnements qui ont accompagnées ces opérations.

Cette visite est proposée les :

-2 mars à 15h (entrée 4€)

-27 avril à 15h (entrée 4€)

-18 mai à 19h (dans le cadre de la Nuit des Musées, entrée gratuite)

Durée : 40 minutes environ, réservation possible auprès du musée par téléphone.

Des Collections révélées à découvrir au musée dans une semaine

A partir de jeudi 29 février, vous pourrez découvrir la nouvelle exposition du musée Jeanne d’Aboville : consacrée aux œuvres restaurées au cours des dix dernières années, elle revient sur l’identification des altérations et les méthodes des restaurateurs-conservateurs pour y remédier. Un parcours parmi les collections permanentes vous permettra de découvrir les œuvres avant restauration via votre smartphone et constater les changements parfois spectaculaires qu’ont connu les peintures.

 

Un programme d’événements accompagnera cette exposition avec deux premiers rendez-vous en mars :

-le 2 mars à 15h : Visite guidée Histoire(s) de restaurations
Lors de cette visite, le directeur du musée vous propose de revenir sur dix ans de restauration au prisme des anecdotes et questionnements qui ont accompagnées ces opérations.

-le 30 mars à 15h : Rencontre avec un restaurateur

La restauration de deux tableaux  de la campagne 2024 sera commenté par le restaurateur Igor Kozak.

 

Les autres événements autour de cette exposition sont à consulter sur la page consacrée, à bientôt au musée !

Détail du mois de novembre : ange, phylactère et vaisselle flamande…

Le détail du mois provient d’un triptyque de la salle des Primitifs représentant sur son panneau central une adoration des Mages réalisée par l’atelier anversois de Pieter Coecke van Aelst, actif dans la première moitié du XVIe siècle. Notre détail provient du volet gauche représentant l’Annonciation.

On y voit la représentation de Gabriel, l’ange de l’Annonciation qui désigne le ciel et déploie un phylactère. Un phylactère est un moyen graphique semblable à une petite banderole, sur laquelle se déploient les paroles prononcées par le personnage dépeint, ici on peut y lire Ave gratia plena, dominus tecum, soit « Je te salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec toi ». L’ange est somptueusement vêtu et paré car les peintures de l’atelier de Pieter Coecke van Aelst était célèbre pour leurs détails décoratifs d’une certaine préciosité.
A l’arrière-plan, on peut voir de la vaisselle d’étain posée sur une armoire, que l’on s’attend davantage à retrouver dans une maison bourgeoise des Flandres que dans l’habitat de Marie en Palestine, les peintres interprètent alors le décor des scènes bibliques avec une grande liberté et les scènes de l’annonciation sont généralement l’occasion d’expérimentation sur la profondeur avec des jeux de perspectives.

Ce tableau était parti en restauration et revient au cours du mois de novembre et vous aurez l’occasion de le redécouvrir nettoyé et consolidé. En effet, on peut voir une fissure qui court dans le bois et dont l’état a nécessité une intervention des restaurateurs. A bientôt au musée pour le voir en entier !

Départ en restauration : Saint Acace et les dix milles martyrs

Saint Acace et les dix-mille martyrs, anonyme allemand de la fin du XVe siècle

 

C’est l’oeuvre d’un peintre anonyme allemand de la fin du XVe siècle, sans doute originaire d’Augsbourg selon les recherches effectuées par Isabelle Dubois-Brinkmann au sein de l’Institut National d’Histoire de l’art En vue d’établir un répertoire des tableaux de la Renaissance allemande dans les collections françaises.

Cet artiste anonyme s’inspire très largement du travail d’Albrecht Dürer, notamment de cette gravure du martyr des dix mille.

Ce tableau va être prêté en 2024 au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon pour une exposition consacrée à la peinture allemande de la Renaissance.

Mais pour pouvoir voyager correctement, cette oeuvre de cinq-cents ans nécessite une restauration préalable : il a donc été confié aux soins de Juliette Mertens et Igor Kozak, qui vont s’occuper respectivement du support et d ela couche picturale de l’oeuvre.

C’est parti pour un travail de plusieurs mois pour les restaurateurs…

Affaire à suivre…

 

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Détail du mois d’octobre : Jeanne d’Aboville, portrait et restauration…

Le détail du mois d’octobre est l’occasion de vous présenter le portrait de Jeanne d’Aboville. Elle est la mère de la donatrice de la collection du musée, Gabrielle-Uranie d’Héricourt de Valincourt qui a demandé à ce que le musée porte le nom de sa mère en souvenir.  Typique des portraits du XIXe siècle, cette oeuvre ne figure pas dans le legs original mais fut ajouté à la Collection par la sœur de la donatrice, Mme de Vigan.

Jeanne Gabrielle d’Aboville voit le jour le 24 juin 1772, à La Fère. C’est la fille du général et comte François Marie d’Aboville (1730-1817) et d’Angélique Martin de Vraine (x-1831). Elle épouse, le 20 avril 1795, Louis François Le Maistre, inspecteur général des poudres et salpêtres, dont elle a une fille, Gabrielle Uranie Le Maistre (1798-1875), future comtesse d’Héricourt.

Sur ce portrait, l’attention bienveillante adressée par Jeanne d’Aboville s’accompagne d’un sourire discret. Cette peinture illustre l’image sociale que veut renvoyer la modèle, cultivant modestie et compassion, sans renoncer à un certain apparat. Jeanne Gabrielle d’Aboville décède le 2 octobre 1854.

Ce détail vous est présenté avec une photo d’avant restauration, il a depuis été restauré grâce au financement de l’association des Amis du musée Jeanne d’Aboville. Venez le redécouvrir au musée en salle française !

Retour de restauration pour la chasse au canards

Le musée a eu le plaisir d’accueillir la restauratrice Marie-Paule Barrat venue ramener une oeuvre d’un artiste rare du Siècle d’Or : Louwijs Aernouts Elsevier
(Leyde, 1617/1618 – Delft, 1675). Louwijs Aernouts Elsevier est formé par son père, Aernout Elsevier, peintre mais aussi marchand d’art et tenancier d’une auberge leydoise fréquentée par des artistes tels que Jan van Goyen, Jan van de Velde, Jacob Pynas ou Johannes Torrentius.

Comme son père, il devait aussi exercer le métier de marchand d’art. On ne connait qu’un nombre très restreint de tableaux d’Elsiever et ceux-là, fait rare, appartiennent à des genres de peinture très variés, de la nature morte de gibier à la scène de genre en passant par le paysage mais aussi un intérieur d’église. Peu de peintures ont survécu jusqu’à nous, on en dénombre  quatre attribués dans le monde.

La chasse aux canards avant restauration

Le tableau du musée de La Fère est l’un des trois paysages connus de sa main et représente une chasse aux canards, une iconographie répandue dans les Pays-Bas septentrionaux. Le paysage de La Fère
présente de nombreuses similitudes tant iconographiques que
stylistiques avec une autre chasse aux canards d’Elsevier : celui du musée de Dessau en Allemagne.

Tableau similaire visible à Dessau, reproduit avec l’aimable autorisation de Mischa Steidl, droits réservés

Ce tableau de La Fère a fait l’objet d’une restauration importante car il avait fait l’objet par le passé de nombreuses retouches de sa couche picturale. Maire-Paule Barrat a procédé à la suppression des vernis et au retrait d’une partie de ses repeints pour mettre à nu les lacunes. Ses lacunes ont été reprises ensuite après un contrôle du support examiné par Juliette Mertens, restauratrice des tableaux sur bois qui a verifié les taquets retenant les planches entre elles et adapté le cadre.

La chasse aux canards, après restauration

Vous pouvez le redécouvrir dès aujourd’hui dans l’exposition permanente en salle Siècle d’Or.

Vous pouvez découvrir le déballage du tableau sur le compte tiktok du musée en cliquant ici.

Merci à Éléonore Dérisson pour l’apport scientifique à cet article.