La cité de l’Artilleur…

Lors de votre visite, vous pouvez découvrir la ville au fil du Chemin des Ecoliers.

Occupée précocement par les Gallo-Romains, la ville de la Fère se situe à un emplacement stratégique à la rencontre de deux rivières. D’abord simple ferme fortifiée, la ville devient rapidement une bourgade sous le contrôle des sires de Coucy au Moyen-Age.

La ville connait un grand développement à la Renaissance, d’abord par Marie de Luxembourg, femme de la grande noblesse créatrice de la lignée des Bourbons-Luxembourg, qui s’entiche de la ville et fait agrandir le château, construire un monastère et rénover l’église. Particulière par son style mêlant éléments romans, gothique flamboyant et les innovations de la Renaissance, l’église Saint Montain est un témoin intéressant des mutations de la période moderne à La Fère, qui voit s’affirmer son rôle, aussi bien politique que militaire.

Assiégée plusieurs fois au XVIe siècle, la ville connaitra le passage des rois François Ier et Henri IV, avant d’être le refuge au XVIIe siècle du Roi Louis XIV durant la révolte de la Fronde. Appréciée de Mazarin, la ville est dotée d’un arsenal en 1666, et devient de fait un lieu de défense important en pleine guerre contre les Flandres. C’est un moment de professionnalisation de l’armée encouragé par Vauban où la noblesse est remplacée par des soldats de métiers.

Plan de la ville et la citadelle de La Fère, XVIIe siècle

Louis XV finalisera ce projet en installant à La Fère dès 1719 la première école d’artillerie du royaume et en construisant les grandes casernes encore visibles aujourd’hui. Typique du style XVIIIe siècle, leur élégance classique est soulignée par le mélange de brique et de pierre blanche qui caractérise les constructions de l’époque.

Vue des casernes du XVIIIe siècle

Parmi les généraux installés à La Fère se trouve des hommes de la famille d’Aboville, qui vont marquer l’histoire de la ville. La petite fille du général François-Marie d’Aboville, Gabrielle-Uranie va léguer à la ville l’importante collection de tableaux qui constituera le noyau dur de la collection du musée  Jeanne d’Aboville, du nom de sa mère.

La ville restera marquée par la présence militaire des garnisons durant tout le XXe siècle, et sera au cœur des combats de la Première Guerre mondiale, qui cause de fortes destructions.

 

Un retour aux sources pour l’artilleur…

Statue de l’artilleur du Pont de l’Alma

Situé face aux anciennes casernes, cette statue du XIXe siècle témoigne du passé militaire de la ville. Elle est l’œuvre d’Auguste Arnaud, un sculpteur académique, qui l’a réalisé dans les années 1850 pour orner le pont de l’Alma à Paris. Sur commande de l’Empereur Napoléon III qui voulait commémorer la bravoure de ses soldats durant la guerre de Crimée, Auguste Arnaud réalisera deux des statues monumentales qui ornent le pont : l’artilleur et le chasseur. C’est cette statue de l’artilleur qui s’est retrouvée à La Fère au cours des années 1970 suite à la modification profonde du pont de l’Alma : à cause de son étroitesse et d’un tassement, le pont est totalement remplacé. Le nouveau pont de l’Alma ne comportant qu’une seule pile seul le zouave, cher aux Parisiens, fut conservé.

Le choix de La Fère pour accueillir cette statue aux dimensions conséquente, six mètres de haut pour soixante tonnes, s’explique par la présence de la première école d’artillerie de France, implantée en 1720, et dont la présence perdura jusqu’en 1993, avec le départ du 41e régiment d’artillerie de marine.

La statue montre l’équipement d’un soldat français du XIXe siècle notamment le képi, la redingote, et les épaulettes, complété par des objets évoquant l’artillerie sous la forme d’un canon placé à l’arrière-plan, accompagné de boulets, disposés autour de l’artilleur. Le soldat porte un également un fusil à baïonnette, typique de l’artilleur à pied.